samedi 21 juin 2014

Léa, l'apprentissage de la vie

Léa arriva chez son père en taxi. Il était quinze heures ; il faisait chaud, même pour le mois de juillet. Elle tira ses valises jusqu’à la porte et sonna ; son demi-frère Joris lui ouvrit en souriant. Grand, mince et musclé, il était aussi brun que Léa était blonde.

— Alors, ça y est, tu viens vivre ici ? Félicitations pour ton bac !
— Merci, tu as l’air en forme, dis donc !

Joris était en short de bain, tout mouillé, bronzé ; il ouvrit les bras, ému, et serra Léa contre lui. Elle se jeta contre lui compulsivement, ses mains se refermant autour de la taille de son frère ; il ne fut pas surpris quand il sentit qu’elle sanglotait, d’abord silencieusement, comme si elle avait honte ; puis elle se lâcha et pleura sans retenue. Ils restèrent ainsi enlacés sur le pas de la porte jusqu’à ce que Léa se reprenne et recule en essuyant ses yeux.

— Excuse-moi, je suis conne. J’arrive, je suis heureuse de vous revoir et je craque complètement.
— Tu as toutes les raisons pour ça, tu sais. Entre, je prends tes bagages. Bienvenue chez nous, malgré la situation. Bienvenue chez toi, sœurette.
— Je dois être affreuse. Les yeux bouffis et tout, heureusement que je ne suis pas maquillée.
— Tu ressembles à une lapine qui a chopé la myxomatose ! Une jolie lapine quand même !
— Idiot ! Ça fait plaisir de se revoir, presque trois ans déjà.
— Tu avais quatorze ans, tu étais maigrichonne et casse-burettes, mais déjà tu avais de jolis yeux verts qui te mangeaient le visage. Tu t’es améliorée de partout.

— Pour ce que ça m’a rapporté…
— Désolé, sister. Je ne voulais pas…
— Ce qui m’a le plus écœurée, en fin de compte, ce n’est même pas le viol, mais que ce salaud ne soit même pas poursuivi. Les femmes ne sont pas à la fête, en Arabie Saoudite ; mais si le violeur est riche et influent, c’est même plus la peine. Surtout si la plaignante est européenne ; j’étais assimilée à une prostituée qui cherche à pervertir les Saoudiens.
— Tu as bien fait de te barrer. Maman aurait dû…
— Maman ne pense qu’à sa carrière, à sa banque, à son fric ! En réalité, je n’avais pas le choix : il fallait que je parte, si tant est que j’aie eu envie de rester.
— Écoute, nous sommes tous les trois hyper contents que tu viennes vivre avec nous ; tu ne connais pas la maison, mais elle est grande et agréable à vivre. Il y a une piscine, même si elle ne sert pas bien longtemps. Rouen, ce n’est pas Riyad. Nos chambres sont à l’étage. Cédric doit finir sa sieste, on va le virer.

La chambre de Léa lui a plu tout de suite : des murs coquille d’œuf, un parquet clair, une grande fenêtre aux rideaux blancs, un grand lit de style futon, un bureau d’angle, un grand placard penderie, une salle d’eau toute neuve… Léa avait les larmes aux yeux après avoir parcouru son nouveau home. Ils allèrent ensuite réveiller Cédric, le jumeau de Joris. Monozygotes, ils se ressemblaient comme deux gouttes d’eau. Vingt ans, ils partageaient parfois leurs copines de fac sans qu’elles s’en rendent compte !

Léa rangea rapidement ses affaires ; elle n’avait pas pris grand-chose : quelques vêtements et des choses auxquelles elle tenait, livres, peluches. Rien d’autre. Il lui faudrait voir ça au fur et à mesure. Et s’inscrire en fac si c’était encore possible, puisque rien n’avait été fait en ce sens. Et rencontrer la psy pour essayer d’y voir plus clair dans son esprit perturbé. En attendant, elle passa le seul maillot de bain qu’elle possédait, un mono de compétition bleu roi qui lui était légèrement trop petit.

Son père arriva un peu après 18 heures et serra Léa dans ses bras presque à lui faire mal, sans un mot ; les yeux pleins de larmes, elle l’embrassa sur les deux joues.

— Ma puce, je ne sais pas quoi te dire ; tu es ici chez toi, les jumeaux t’attendaient avec impatience, et moi aussi. Nous t’aiderons à oublier autant que nous pourrons. Mon collègue va arriver dans un instant avec sa femme ; elle est psychologue et a accepté de venir te rencontrer pour savoir si ça colle entre vous. D’ailleurs, je crois qu’ils arrivent déjà, Michel roule vite.

Léa vit son père conduire sur la terrasse un couple qui lui parut mal assorti, un géant en costume de lin bleuté à la peau très noire, crâne rasé, l’air très sérieux, tenant par l’épaule une petite blonde au cheveu ras vêtue d’une minijupe beige et d’un débardeur blanc.

— Léa, je te présente mon collègue Michel et son épouse Julie ; ne te fie pas à sa mine d’ado attardée : elle est psychologue diplômée.

Sur une impulsion, Léa ignora la main tendue pour embrasser Julie sur les joues en murmurant un merci, les yeux brillants, puis fit de même avec Michel qui se baissa en lui faisant un large sourire qui transforma son visage. Léa pensa un instant à Omar Sy, l’acteur au rire ravageur, et sourit brièvement.

— Maintenant, tout le monde se change pour profiter de la piscine ! J’ai prévu des grillades et du rosé.

Léa nageait, détendue pour la première fois depuis longtemps, quand elle a vu revenir le couple en maillot ; bermuda bariolé pour Michel, tout petit bikini blanc pour Julie, laquelle monta sur un bain de soleil pour enlacer son mari et l’embrasser langoureusement, les grandes mains du Black empaumant naturellement les petites fesses laissées nues par le maillot. Puis ils se séparèrent ; Julie s’approcha du bord et s’accroupit devant Léa ; ses jolis yeux verts pleins d’étoiles et de joie donnaient envie de partager avec elle.

— Léa, je suis psy, mais je n’exerce pas depuis longtemps, et pas avec des personnes qui ont eu des problèmes comme les tiens. Mais je suis prête à essayer, avec ton aide.
— Vous savez, j’ai perdu tous mes repères, toutes mes illusions en pas longtemps ; alors c’est moi qui demande votre aide.
— Tu peux me tutoyer, tu sais, je ne suis pas une psy à divan, et je préfère casser les clichés, rompre avec les méthodes vieillottes. J’aurai 25 ans demain ; tu as quoi, 17 ou 18 ans ?
— 17 ans ; sans ton diplôme, je t’aurais donné 18 ans ; moins de 20 en tous cas.
— Tu viens ? On va discuter sur les bains de soleil, ils serviront de divan. On va en installer deux un peu à l’écart.

Léa examina discrètement Julie : elle faisait la même taille qu’elle, mais était plus mince ; sportive, musclée, son soutien-gorge couvrait de petits seins pointus. Une jolie jeune femme, pétillante, saine, pleine de vie. Elle s’allongea sur le ventre juste à côté d’elle.

— Tu vivais à Riyad, donc ; lycée français, mère dans la finance, beau-père dans les sphères du pouvoir. On va attaquer sur tout ça. Tu me racontes comme tu le sens avec tes mots ; tes sentiments, ta vie à l’étranger.

Léa parla, lentement d’abord, cherchant ses mots, décrivant une vie confinée dans un palais, dans un pays où les femmes sortent voilées, ne conduisent pas, où une jeune Européenne blonde se fait violer par son beau-père.

— Tu as crevé un œil de ce salaud ? Léa, tu as eu du courage, à un point que je ne peux imaginer.
— Je sens encore l’œil sous mes ongles – c’est dégueulasse – et mon ventre qui fait mal…
— Tu sais, le viol, beaucoup de femmes sinon toutes ont dans un recoin de l’esprit la crainte de le subir ; après, la honte ressentie est telle que beaucoup encore hésitent à se plaindre. Comment tu as vécu la suite ?
— C’était il y a 10… non, 11 jours ; j’attendais les résultats du bac ; j’ai l’impression que c’est arrivé à quelqu’un d’autre…

Léa continua à vider son cœur, un flot de paroles libérateur, des phrases hachées, entrecoupées de respiration oppressée, de soupirs ; Julie avait pris sa main et lui communiquait sa force, sa compréhension.

— En fait, tu as souffert à plusieurs niveaux distincts : le viol bien sûr, mais ensuite l’injustice, puisqu’on te reproche d’avoir blessé un notable local, et le choix de ta mère, qui t’a trahie.
— En plus, elle s’appelle Sophie.
— Tu pratiques l’humour du désespoir. Styron aurait apprécié, je pense.
— Je crois que c’est ça le pire : maman qui a préféré sa carrière et son salaud de mari à sa fille ; tu ne peux pas savoir ce que ça fait mal !

Julie lui serra la main un peu plus fort en lui faisant un sourire d’une tristesse infinie. À sa surprise, Léa vit des larmes couler sur ses joues.

— Je sais trop bien ce que ça fait, hélas. Ça m’est arrivé il y a des années et je ne l’ai toujours pas évacué.
— Je suis désolée, vraiment, Julie.
— Tu vois un peu la psy que je fais ? Je ne suis pas sûre de mériter mon titre, là…
— Si, je t’assure ; je suis en confiance avec toi, c’est le principal.
— Merci ; dans ce cas, on commence mardi 15 à 14 heures, ça te va ? On pourra se promener toutes les deux.
— Oui, tu pourras m’aider à choisir des vêtements ; je n’ai pas grand-chose qui m’aille, ici.

C’est ainsi que Léa devint la première patiente attitrée de Julie, mais aussi son amie, et plus encore.

Léa sonna chez Julie le mardi suivant à 14 heures pile ; celle-ci la fit entrer et referma la porte vivement. Léa sourit en voyant la tenue succincte de la jeune psy, juste enroulée dans une serviette nouée sur sa poitrine. Elles se firent la bise et Julie rit, les yeux pétillants de bonheur. Ses cheveux courts étaient encore mouillés, sa peau sentait le savon.

— Excuse-moi, Léa. Mike vient de partir bosser ; il ne revient pas toujours le midi, et là il était plein d’entrain ; je l’ai un peu allumé et ça s’est terminé au lit. Je sors juste de la douche.
— Oui, je vois ça ! C’était bien ? Excuse-moi, je ne sais pas pourquoi je te demande ça, ça ne me regarde pas.
— Il n’y a pas de mal. C’était super ; nous vivons ensemble depuis plus de sept ans et c’est toujours l’amour fou.
— Vous êtes un couple fusionnel, comme on dit…
— Attention, tu parles à une psy ! Mais disons que dans son acception courante, c’est ça. Allez, viens m’aider à m’habiller ; tu vas jouer la dame de compagnie avec moi avant de commencer la « séance ».

Julie avait fait des guillemets avec les doigts avant de prendre la main de Léa et de la conduire dans sa chambre. Là, elle jeta sa serviette sur le lit et se tourna vers Léa, exposant son corps nu qui respirait la santé.

— Tu m’a vue presque nue, alors… Viens, regarde mes robes : j’en ai des sages et des un peu moins ; tu voudras en essayer ?
— Mmm. Je ne sais pas ; on a à peu près les mêmes mensurations, je pense.
— Tu rigoles, on dirait deux sœurs, oui ! Blondes, les yeux verts, mais tu as une paire de seins que je t’envie, tu sais !
— Tes seins sont superbes, Julie ; et j’ai trois kilos à perdre : le manque de sport. En Arabie, ce n’est pas évident pour les femmes.

Léa a choisi une mini-robe blanche en lin pour Julie, avec bretelles agrafées sur la nuque et dos nu. Dessous, juste un string en coton blanc. Pour elle-même, elle accepta de quitter jean et tee-shirt ample pour passer une robe claire sans manches à motifs verts et bleus sur un joli tanga en dentelle noire. Elle accepta de ne pas mettre de soutien-gorge, pour faire comme Julie, qui ne pouvait pas lui en prêter à sa taille de bonnet, entre C et D.

Elles burent un café assises dans la cuisine en discutant, et Léa comprit que sa séance avait commencé sans qu’elle s’en rende compte. Elle sourit, émue, et tendit la main pour serrer l’épaule de Julie.

— Merci, Julie, de me recevoir comme ça, chez toi, et de me traiter comme une amie.
— Léa, je te connais peu encore, mais tu es déjà plus qu’une patiente ou une cliente pour moi. Tu as vécu un trauma fort, violent, mais tu es jeune et plus solide que tu le crois. Je veux juste de donner plus de chances de repartir d’un bon pied, entourée, aimée.
— Tu fais ce métier depuis longtemps ?
— Un peu plus d’un an, en fait. Normalement, le mardi, je reçois des gens pour une association de réinsertion sociale ; c’est dur, gratifiant et utile. L’association fonctionne au ralenti et je suis en vacances, sauf si on m’appelle. Donc je suis toute à toi.
— Merci, je n’en demande pas autant ; tu as ta vie, ton mari.
— Oui. Il t’a trouvée jolie, émouvante.
— Il m’a fait un peu peur, quand je l’ai vu ; mais il a un sourire d’enfer !

Une heure plus tard, Léa et Julie sont sorties dans Rouen par une température estivale bienvenue. Elles ont parcouru la rue du Gros-Horloge bras dessus bras dessous, entrant dans de nombreuses boutiques de mode. Léa, prise par la fièvre acheteuse, a acheté une robe, deux jupes, un corsaire, deux chemisiers, une petite veste de toile et quelques sous-vêtements, un bikini fleuri en fibre synthétique plus deux paires de chaussures d’été.

— Bon, stop ! J’ai dépensé plus que prévu ; et toi, tu n’as rien acheté, Julie !
— Non, c’est vrai, mais ça m’a fait plaisir de t’aider.
— Il est… déjà 18 heures ! Papa vient me chercher dans un quart d’heure !
— On rentre, on est tout près.
— Tu reviens demain ?
— Ou toi, tu viens à la maison ; on mangera ensemble, avec mes frères s’ils sont là, je ne sais pas. Tu profiteras de la piscine avec moi.
— D’accord, demain 10 heures chez toi.

Mercredi, 10 heures ; Julie sonna à la porte. Léa lui ouvrit et l’embrassa avant de la faire entrer ; elle portait juste un tee-shirt sur un slip de bain, alors que Julie était en jean, blouson moto rose et noir, bottines noires aux pieds.

— Ouah ! Tu fais de la moto !
— Je viens d’avoir le permis, et j’ai acheté une Honda 500.
— Allez, viens au bord de la piscine ; il n’y a que nous, on pourra bronzer tranquille.
— Oui, mais j’espère que tu as des produits de protection solaire : je sais pas, toi, mais moi je fais super attention.
— J’ai tout ce qu’il faut ! De te voir, ça me rend heureuse, c’est déjà pas mal.
— C’est les bons psys, ça, Madame. Rien que de voir ma photo, souvent on se sent mieux !
— Surtout si tu es en petite tenue : ça aide !
— Petite coquine…

Julie s’est déshabillée sur la terrasse cette fois ; une fois nue, elle interrogea Léa du regard, laquelle hocha la tête et fit glisser son slip avec un sourire tendre et un peu crispé, exposant sa toison blonde naturelle.

— Tu fais ça si naturellement, Julie ! Moi, j’ai du mal ; tu crois que je devrais m’épiler ?
— C’est personnel, tu sais ; pour ma part, Michel en avait envie : j’ai fait ça à Paris il y a des années. Définitif, sauf que ça repoussait toujours un peu la première année. Tu aimes ?
— Oui, ça fait gamine impudique et innocente ; ça te va bien.
— Je suis tout sauf une gamine innocente. Mais je comprends l’idée.

Julie a plongé rapidement, s’ébrouant dans l’eau limpide et tiède, rejointe par Léa ; elles batifolèrent une bonne demi-heure avant de sortir ensemble et de s’allonger côte à côte sur deux bains de soleil.

— Dès que je suis sèche, tu me mets de la pommade !
— D’accord, mais tu me rends la pareille juste après !
— Léa, tu ne sais pas à quoi tu t’exposes avec moi. J’ai des mains très baladeuses et des mœurs très libres.
— Tu as fait l’amour avec des filles ?
— Oui, pas souvent, mais chaque fois avec un plaisir immense. Toi non, jamais ?
— Non ; et j’étais vierge quand… quand…
— Stop, la séance commence dans dix secondes. Tu as eu des flirts, des amours de jeunesse, garçon ou fille, homme ou femme ?

En fait non, Léa avait eu des amourettes de cours de récré, des garçons de son âge ; elle se rappelait encore de certains, de 8 ans à 13 ans. Puis elle était partie en Arabie à 14 ans, ne revenant quasiment pas en France. Peu de contacts avec les garçons là-bas ; les jeunes étaient souvent très imbus de leur personne, fils de dignitaires, de diplomates. Peu d’occasions de se dévergonder aussi ; alors Léa n’avait pas de souvenir tendre d’un amour partagé à opposer au souvenir de son viol.

Là-bas, elle avait été une adolescente trop solitaire vivant dans un cadre trop strict, avec une mère trop absente et trop indifférente. Elle était passée à côté d’une bonne partie de son adolescence pour entrer dans le monde des adultes de la pire des façons.

— Allez, temps mort ! J’ai chaud aux épaules ; à partir de maintenant, tu es ma masseuse perso, mais tu as intérêt à t’appliquer si tu veux que je m’applique ensuite.
— D’accord, tu me guides.

Léa s’agenouilla devant le bain de soleil et ouvrit son gros tube de crème de protection solaire ; elle en versa sur le dos de sa psy préférée et commença à étaler le produit en le faisant pénétrer par des mouvements des épaules au creux des reins. Il lui semblait que Julie ronronnait sous ses doigts comme ils couraient sur ses fesses bien fermes ; Léa descendait lentement sur le corps offert, les cuisses, les mollets, puis Julie se retourna, exposant son côté face.

— Tu veux que je fasse aussi le devant ? Tu peux le faire facile.
— Tu ne veux pas ? Tu n’en as pas envie ?
— Non… Si, mais…
— Après, ce sera mon tour, et je n’oublierai pas un centimètre carré. Mais si tu ne veux pas, ou n’oses pas, je ferai ce que tu me demanderas, promis.
— J’ai envie de caresser tes seins ; je n’ai jamais fait ça, tu sais.
— Léa, considère que je suis ta poupée. Tu joues avec ; ça ne prête pas à conséquence, je sais que tu ne me feras que du bien.
— D’accord…

Les minutes suivantes passèrent dans le silence le plus total ; Léa toucha, oignit, caressa, massa, pétrit, palpa, frictionna ; Julie soupirait, les yeux clos, mordillant ses lèvres, la respiration un peu courte. Ses mamelons étaient érigés et durs ; son bassin se souleva et elle frissonna lorsque les doigts de Léa coururent sur son pubis lisse et effleurèrent la fente humide. Léa descendit sur les cuisses et finit en massant les pieds, et regarda sa jeune psy d’un air canaille.

— Alors, tu dors ? C’est mon tour, maintenant ! Et tu as intérêt à t’appliquer si tu veux que je continue mes séances.
— Tu me virerais, tu oserais ?
— Fais du travail bâclé et tu verras !
— Alors je vais fignoler…

Léa s’allongea sur le ventre, satisfaite d’elle et tira une jolie langue mutine à Julie qui rit de la voir si heureuse. Elle s’installa jambes écartées, à califourchon sur les cuisses de Léa ; elle envoya une solide dose de produit entre les omoplates et se pencha en avant, étalant lentement et caressant les épaules qui ont commencé à rouler inconsciemment sous ses doigts ; elle passa les mains sur les côtés du torse, caressant les seins écrasés par la posture, massa souplement le creux des reins, les hanches, avant de continuer sur les fesses, les faisant rouler tout en les palpant.

— Julie ! Tu me fais…
— Du bien ?
— Oui, continue, s’il te plaît.

Julie se souleva pour pouvoir masser les cuisses et les mollets, sans oublier les plantes des pieds qu’elle manipula longuement, arrachant des gémissements sourds à sa patiente.

— Tu veux bien te tourner ?
— Je n’attendais que ça, à vrai dire...
— Tu as des seins superbes. Oh ! Que les bouts sont durs, et bien gonflés ! Je peux les lécher ? Ils sont trop... alléchants.
— Oui.
— Comment ? Je n’ai pas entendu, tu as soupiré, là.
— Oui, vas-y : lèche-les, suce-les, mords-les, je t’en supplie !

Julie se replaça à califourchon sur les cuisses de Léa puis plongea ses yeux dans ceux de l’adolescente qui l’imploraient, au bord des larmes. Elle s’approcha jusqu’à ce que leurs lèvres s’effleurent presque ; dans cette position, leurs tétons se touchaient un peu, les mamelons roses turgescents de Julie se posant sur la chair douce et tendre des beaux seins de Léa. Ce fut elle qui tendit ses lèvres pour embrasser Julie ; ce fut elle qui sortit une langue pointue pour lécher les lèvres de son amie ; ce fut elle qui glissa sa langue entre les lèvres à peine écartées pour enfin l’attirer à elle de ses deux mains.

Leurs peaux nues se sont embrasées à ce contact charnel ; Julie s’est redressée, surprise de sentir de l’humidité sur sa bouche : Léa pleurait à chaudes larmes. Elle lui a adressé un pauvre sourire, mais ses lèvres tremblaient.

— Je suis désolée, Julie. C’est trop de bonheur d’un coup ; je ne suis pas prête à le recevoir.
— Ne dis rien, ma chérie. Tu mérites d’être aimée. Tu es belle, intelligente. Je voudrais que tu me fasses l’offrande de ta vulve, de ton clito ; je voudrais pouvoir t’honorer sans les doigts, juste te faire danser au bout de ma langue. Juste ma langue, pour te laper, te goûter, te lécher.

Julie s’était redressée et se tenait debout aux pieds de Léa, mais elle s’était agenouillée en parlant, les mains jointes en position de prière. Implorante, inoffensive et innocente.

— Je vais fermer les yeux et te laisser, je te fais confiance ; personne ne m’a jamais fait ça.

Julie hocha la tête et s’inclina, léchant un genou puis l’autre, remontant en prenant tout son temps, donnant des coups de langue sur les cuisses qui se sont écartées imperceptiblement, lui permettant de glisser la langue sur la chair très tendre au parfum de monoï. Léa a soupiré et écarté plus franchement les jambes d'elle-même, exposant un peu de son entrejambe. Puis elle a sorti les deux pieds de part et d’autre du bain de soleil, et Julie a pu donner un premier coup de langue sur la vulve rose.

Léa s’est cambrée puis relâchée, son bassin s’est tendu vers la langue agile ; elle tremblait, émettait des petits cris plaintifs, des gémissements et des bruits de gorge alors que Julie faisait glisser sa langue de bas en haut dans la fente qui ruisselait maintenant dans sa bouche. Elle n’osait pas aller plus loin, respectant scrupuleusement ses limitations.

Mais Léa a soudain saisi sa nuque et a collé la bouche de Julie contre sa vulve ; Julie respirait les effluves iodées et capiteuses, buvait le nectar coulant à flot du vagin, aspirait les nymphes roses et délicates. Elle se donnait à fond, avec tout son cœur, consciente que cette catharsis était nécessaire pour que Léa revive et puisse faire l’amour sans être bloquée par sa blessure profonde à l’âme. Elle comprit qu’elle était en bonne voie quand les ongles de Léa se plantèrent dans son crâne, l’écrasant contre l’entrejambe alors que le corps de Léa s’arquait et se tordait convulsivement.

Puis Léa retomba, pantelante, la respiration hachée, les yeux clos et un sourire béat. Elle se redressa lentement, comme si elle s’éveillait d’un profond sommeil. Elle s’assit, ramenant ses genoux serrés contre sa poitrine et encerclant ses jambes de ses bras. Puis elle posa sa tête sur ses genoux, une expression rêveuse sur son doux visage ; elle sourit, un sourire qui est monté à ses yeux verts, les illuminant de l’intérieur.

— J’espère que tu acceptes la carte vitale ; ce que tu m’as fait était divin.
— Merci ; j’ai adoré le faire, tu sais.
— Tu as le visage trempé de mon plaisir…
— Oui, tu as un goût super agréable : je ne m’en lassais pas.
— Nous rentrons ? Il commence à faire chaud. J’aimerais prendre une douche avec toi.

Les deux jeunes femmes sont allées directement dans la chambre de Léa, marchant à l’unisson, main dans la main. La douche a duré longtemps, occasion de se rencontrer, de se caresser, de s’embrasser. Julie tentait de garder son self control, laissant Léa prendre des initiatives ; Léa l’embrassait passionnément, quémandait des caresses, choquant son corps contre celui plus gracile de Julie.

— Viens, Julie, je n’en peux plus… Je veux que tu recommences, avec la bouche, avec tes doigts, avec tout ce que tu veux.

Elles ont fait l’amour sur le grand lit défait, enlacées et complices, dans un concert de gémissements et de râles de plaisir. Léa en voulait toujours plus, réclamant des caresses en s’offrant complètement, impudique et magnifique, les tétons érigés et les cuisses trempées de cyprine. Julie se pliait à tout, heureuse de donner autant de jouissance.

Epuisée, comblée, Léa entraîna ensuite Julie à la cuisine ; elle avait une faim de louve et confectionna deux énormes sandwichs salade tomates et thon, dont Julie ne put manger guère plus de la moitié. Nues, assises face à face à la table de teck de la terrasse, sous un auvent bien utile, elles mangèrent et burent de l’eau pétillante. Léa était détendue, apaisée ; elle observait Julie d’un œil évaluateur.

— Tu n’as pas joui du tout, non ?
— Maintenant, non. Mais ce matin, avant que mon mari parte travailler, si.
— Vous faites l’amour tous les matins ?
— Pas tous, non : souvent ; et souvent aussi le soir.
— Et tu jouis toujours ?
— Oui, toujours, et souvent plusieurs fois.
— Vous êtes un joli couple, mais tu es si douce, si petite… C’est lui qui commande, tu lui obéis ? Tu lui es soumise ?
— Plutôt, oui.
— À Riyad, tu serais une simple esclave sexuelle, une femme dans un harem. Juste là pour donner du plaisir, pas pour en recevoir. Comme ça s’est passé ici. Tu as encore faim ?
— Merci, ça va. Un fruit, si tu as.
— J’ai. Passe sous la table et viens lécher mon abricot. Vite !

Julie ouvrit de grands yeux, sa bouche s’arrondit de surprise, puis elle sourit jusqu’aux oreilles avant de se laisser glisser souplement sous la table. Léa avait avancé son bassin et écarté largement ses jambes. Que de changements en deux heures ! Julie aspira aussitôt les lèvres intimes puis le clitoris dardé, plongea sa langue dans le joli abricot largement fendu qui dégoulinait déjà.

— Pas les doigts ; juste la bouche. Et tu ne te caresses pas. Tu me fais jouir et tu auras droit à faire du café.

Léa faisait tout pour retarder sa jouissance le plus possible, mais Julie était habile et la fit décoller en quelques minutes, lui arrachant de petits cris aigus. Puis Julie se redressa, les yeux brillants de fièvre et le visage poisseux. Elle prépara le café qu’elles sirotèrent en silence, assises nues à l’ombre de l’auvent. Puis Léa reprit son questionnement.

— Est-ce que ton mari te punit, te bat ?
— Non, jamais.
— Il t’insulte, t’humilie ?
— Non plus.
— Tu le regrettes ?
— Non. Oui, un peu. Mais je l’aime comme ça.
— Si je viens vivre chez vous, il voudra faire l’amour avec moi, tu crois ?
— Si je suis d’accord, oui, sûrement. Tu es jolie et intelligente : ça compte pour lui. Et pour moi.

Léa médita, se mordant la lèvre inférieure. Elle plongea ses yeux dans ceux de Julie et lui sourit timidement.

— Accepte-moi, s’il te plaît. Je ferai tout ce que tu voudras. Tu crois que ton mari me battra ?
— Non, ce n’est pas son truc. Ni le mien, d’ailleurs.
— Oh ! D’accord.
— Mais je veux bien avoir une servante très docile qui m’obéit au doigt et à l’œil.
— Merci. J’aimerais te faire jouir, pour te montrer combien je t’aime.
— Alors viens à genoux entre mes jambes. Montre que tu es une bonne servante.

Auteur : Matt Démon

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