— Je t’aime, mon amour, lance-t-il en levant son verre.
— Moi aussi je t’aime.
— Joyeuse Saint-Valentin.
— À toi aussi.
La Saint-Valentin, la fête des amoureux. Quoi de mieux que de la passer avec Alexandre ? Cet homme est tout ce que j’aime chez les hommes. Il a un physique d’Apollon. Il est en plus doux, attentionné et pas mal cultivé. J’ai conscience d’avoir une perle rare entre les mains. D’ailleurs, je sais que beaucoup de mes connaissances m’envient. C’est pour cela que, contrairement à mes précédentes conquêtes, j’ai tenu à prendre mon temps et à faire les choses bien avec lui. Et Alex a su répondre à toutes mes attentes. Il s’est montré patient et compréhensif. Mais pourtant…
— Moi aussi je t’aime.
— Joyeuse Saint-Valentin.
— À toi aussi.
La Saint-Valentin, la fête des amoureux. Quoi de mieux que de la passer avec Alexandre ? Cet homme est tout ce que j’aime chez les hommes. Il a un physique d’Apollon. Il est en plus doux, attentionné et pas mal cultivé. J’ai conscience d’avoir une perle rare entre les mains. D’ailleurs, je sais que beaucoup de mes connaissances m’envient. C’est pour cela que, contrairement à mes précédentes conquêtes, j’ai tenu à prendre mon temps et à faire les choses bien avec lui. Et Alex a su répondre à toutes mes attentes. Il s’est montré patient et compréhensif. Mais pourtant…
Alexandre est là, assis devant moi, à la table de
ce petit restaurant pittoresque et charmant, parfaitement décoré pour
l’occasion. Le son de violoncelle glissant sur une partition de
Jean-Sébastien Bach berce l’atmosphère de la pièce. Il accompagne un
léger parfum de rose. La douce lueur des bougies éclaire les traits
anguleux et virils de mon homme.
Il me dévore des yeux. Il tente de
se contrôler mais il ne peut s’empêcher de zieuter vers ma poitrine. Je
n’ai pas mis de soutien-gorge sous ma robe ; il le sait et il aime ça.
D’ailleurs, moi aussi. J’aime cette sensation de liberté. Je lui lance
un sourire coquin et mon regard de braise. Il sait qu’après le repas
l’ambiance sera chaude. Autant fêter cette Saint-Valentin comme il se
doit.
C’est la première fois que j’ai une relation si intime et
si intense avec un homme. Habituellement, je finis toujours par gâcher
mes histoires. De toute façon, j’ai toujours voulu aller trop vite. Du
coup, je n’ai pas laissé le temps aux hommes de vraiment me séduire et
donc, je n’ai jamais été amoureuse. Le grand mystère de ce sentiment
puissant ne m’a jamais éclairée. Changement de stratégie pour Alex : je
lui ai laissé le temps. Il en valait la peine. Et puis, je voulais enfin
connaître cette émotion. De plus en plus d’amies semblaient trouver
leur âme-sœur. Pourquoi la vie refusait-elle de m’accorder la même grâce
? C’était injuste.
Tandis que nous finissons notre apéritif, un
serveur nous apporte la carte des entrées. Ce dernier louche timidement
du côté de mon décolleté mais je n’en prends pas ombrage. Je ne suis pas
du genre à m’offusquer pour si peu. Bien au contraire, c’est même
flatteur. Et puis, je suis plutôt de bonne humeur ce soir. Nous lisons
la carte, le serveur se prépare à noter notre commande ; scène banale.
Sous la table, une tout autre scène se joue : mon pied remonte
légèrement le long de la jambe de mon compagnon. Il arrive finalement
sur son entrejambe qu’il flatte. Je sens déjà Alex opérationnel pour
notre futur corps-à-corps. Je jette un rapide coup d’œil vers lui. Il
fait semblant de se concentrer sur la carte mais son visage empourpré
trahit son émoi.
Finalement, nous choisissons notre entrée et le serveur nous laisse.
Avec
Alex, je peux enfin éprouver ce miracle de la vie ; enfin, je crois.
Est-ce vraiment cela l’amour ? Bien sûr, je l’apprécie beaucoup. Il est
merveilleux. Il me comble de joie. Et il faut être honnête, au lit c’est
vraiment l’extase. Mais pourtant, cela me semble bien fade par rapport à
tout ce que mes copines m’ont décrit.
D’ailleurs, que m’ont-elles
vraiment décrit quand j’y pense ? Elles ont plutôt été vagues sur le
sujet. Aucune n’a su exactement me définir ce sentiment. Du coup, cela a
soulevé encore plus de questions en moi. J’avais l’impression qu’elles
me parlaient chinois quand elles décrivaient ce qu’elles ressentaient.
Vraiment, ça m’a laissée perplexe.
En fait, c’est plutôt leur ton
enjoué et leurs yeux brillants quand elles en parlent qui laissent
rêveur. Et puis, j’en suis venue à douter qu’elles puissent vraiment me
renseigner. Connaissent-elles au moins véritablement de quoi elles
parlent ?
Prenons Julia, par exemple. C’est peut-être la plus
apte à me renseigner. Après tout, elle est en couple avec Florent depuis
le lycée. Malgré toutes ces années, ils se dévorent encore des yeux en
affichant des sourires béats quand ils sont ensemble et se couvent de
surnoms plus ridicules les uns des autres du genre « mon petit poussin »
ou « mon sucre d’orge ». Est-ce cela être amoureux ? Se comporter d’une
façon nauséabonde et pathétique avec l’autre ? J’ai longtemps cru que
Julia et Florent avaient peut-être la réponse, qu’ils étaient vraiment
âmes-sœurs. Pourtant, ça n’a pas empêché Florent d’essayer de me peloter
la dernière fois en boîte.
Sarah, celle-là, elle pourrait
disserter des heures sur l’amour. À l’entendre, ça semble être plutôt
exceptionnel. Pourtant, elle est amoureuse d’un type différent tous les
quatre matins. Elle en plaque un, et une semaine après elle se dit déjà «
follement amoureuse » d’un nouveau. Elle parle de l’homme de sa vie
pour chaque mec ; moi, je préfère parler d’homme de son mois. Et le
pire, c’est qu’elle est loin d’être la seule à se comporter ainsi.
Il
y a aussi Ludivine. Elle, elle ne change pas de mec tout le temps mais
se remet sans arrêt avec le même. Un coup elle aime, un coup elle le
déteste. Et il faut dire qu’elle a toutes les raisons de le détester vu
comment il la traite. Il la violente : elle le quitte puis lui pardonne.
Il la trompe : elle le quitte puis lui pardonne. Il la vole : elle le
quitte puis lui pardonne. Cette idiote finit toujours par retomber dans
ses bras quand il fait semblant d’avoir des remords et qu’il promet ne
plus jamais recommencer. Ce mec est la pire chose qui lui soit arrivée,
et pourtant elle s’entête à lui pardonner à chaque fois. Il est
peut-être là, le véritable amour ; mais quel amour ! Il ne donne pas du
tout envie d’être vécu.
Quant à moi, je cherche toujours la
réponse. J’ai pensé la trouver avec Alex. Après tout, il est tout ce que
je recherche chez un homme. La logique voudrait que je l’aime, mais
pourtant je n’ai pas le cœur qui saute quand je le croise, et il ne me
manque pas quand il est absent.
Bien sûr, j’aime passer du temps avec
lui. Il est toujours aux petits soins avec moi. Il m’est d’un grand
soutien. J’ai pu lui confier certains de mes doutes et angoisses. Et
puis, ça finit toujours dans une scène chaude au lit. C’est vrai que je
me sens bien avec lui. Mais est-ce suffisant pour savoir si on aime ?
Est-ce cela l’amour ? J’ai de plus en plus de doutes.
Alex, lui,
m’aime. J’en suis sûre ! Il n’arrête pas de me le dire à longueur de
temps. Il est toujours aux petits soins pour moi. Rien que le regard
qu’il me porte en ce moment même me fait comprendre que je suis tout
pour lui. J’ai soudain une boule au ventre. Peu importent mes véritables
sentiments pour lui, ils sont loin d’être aussi forts que les siens. Il
y a déjà un moment que je m’en suis rendu compte. Peut-être que ça
viendra plus tard, qu’il me faut plus de temps. En attendant je mime un
amour sincère, je fais semblant, je joue la comédie. Je suis plutôt
douée puisqu’il ne s’est encore rendu compte de rien.
Alors
après, je me dis que j’ai peut-être un problème. C’est peut-être moi qui
suis incapable d’aimer. J’ai passé toute mon enfance à être trimballée
de famille d’accueil en famille d’accueil. Je n’ai jamais eu le temps de
m’attacher. Peut-être que finalement je n’ai jamais appris à aimer. Il
est probable aussi que l’amour ne soit pas quelque chose qui vous tombe
dessus sans prévenir. Il faudrait se battre pour l’emporter. On ne peut
pas gagner à la grande loterie si on n’achète pas de ticket. C’est pour
ça que j’ai décidé de me battre pour Alex en faisant les choses bien. Je
sentais que je pouvais tomber amoureuse de lui. Je ne voulais pas faire
comme avec mes précédentes conquêtes : abandonner et finir par aller
voir ailleurs.
D’un seul coup, le téléphone d’Alex sonne. Il s’excuse et répond.
— Allô…oui…oui…..oui. Bien, j’arrive tout de suite, fait-il avec une mine contrariée avant de raccrocher.
— Un problème ?
— C’était la caserne, il y a eu un grave accident. Ils ont besoin de renforts. Je suis désolé, mais il faut que je m’en aille.
— Quoi ? Mais c’est la Saint-Valentin et on est en plein repas.
—
Je sais, mais je n’ai pas le choix. Tu n’as qu’à finir le repas seule
et on se rattrapera un autre jour. Je suis désolé. Tu n’as qu’à prendre
ma carte, tu connais le code. Finis le repas, fais-toi plaisir et à plus
tard. Je t’aime, ma puce.
— Arrête de m’appeler comme cela, rouspété-je avec une mine boudeuse. Tu sais très bien que je n’aime pas.
Il
sourit et m’embrasse avant de disparaître. Dans un sens, son départ
tombe bien. Cette fête amoureuse commençait vraiment à me mettre mal à
l’aise.
Je suis bien décidée à profiter de ma soirée à fond. Il m’a
laissé sa carte de crédit : autant en profiter. Le serveur vient
justement chercher ma commande pour le plat principal. Il en profite
pour rapidement bigler dans mon décolleté. Je lui souris ; il est
mignon. Il fut un temps où je lui aurais fait sa fête, même si j’avais
été en couple. Mais aujourd’hui je suis avec Alex et je ne me le
permettrais pas. J’aime peut-être vraiment Alex après tout.
Le
plat arrive et je m’empresse de le goûter. Je remercie d’abord mon
serveur d’un magnifique sourire, ce qui ne manque pas de le faire
rougir. Ah, il serait très facile de le mettre à genoux, celui-là. Je
n’ai encore rien perdu de mon charme, c’est rassurant.
Le plat est un délice sublimé par une sauce parfaite. Quel régal !
J’ai
presque fini ce magnifique festin quand je surprends plusieurs yeux
tournés vers moi. Il y a un couple en face ; la femme me porte un regard
désolé du genre de se dire « Pauvre fille, dîner seule le soir de la
Saint-Valentin… » Je tourne la tête sur le côté : une autre femme me
regarde, l’air moqueur « Ha ha ! Elle a beau être très jolie, elle est
seule ce soir. » Et ce ne sont pas les seules à me jeter ce type de coup
d’œil. Pff, elles me dégoûtent ! Pourquoi n’aurais-je pas le droit de
dîner seule ce soir ? Pourquoi me jugent-elles pour ça ? Qu’est-ce
qu’elles savent de moi, de ma vie ?
Elles m’ont coupé l’appétit,
alors je saute le dessert et paye l’addition. Mon serveur a l’air désolé
de me voir partir. Il est trop chou. Je lui aurais bien laissé mon
numéro, mais non.
J’appelle un taxi et grimpe dedans. Le chauffeur, un gras à la barbe grisonnante, me lance un regard salace.
— Rue de Montferrat à Méronze, s’il vous plaît, commandé-je.
— Bien, Mademoiselle.
La
voiture démarre tranquillement et je repense à cette soirée. Elle
n’avait pas trop mal commencé, même si je me sentais pas très à l’aise
avec toute cette pression amoureuse. Dommage qu’Alex ait été appelé en
renfort. Du coup, on me prive de la meilleure partie de la soirée. Là,
Alex risque de rentrer dans quelques heures et même si, par chance, il
ne rentrait pas trop tard, il serait trop éreinté pour faire quoi que ce
soit.
En tout cas, mon chauffeur a l’air partant pour me faire un
tas de trucs, à en croire les regards pervers qu’il me lance à travers
le rétroviseur. Il ne se gêne pas pour me reluquer. Il peut toujours
rêver, il n’est pas mon type d’homme.
— Qu’est-ce qu’une jolie fille comme vous fait seule le soir de la Saint-Valentin ?
— Ça ne vous regarde pas, réponds-je d’un ton froid.
Qu’il me guigne passe encore, j’ai l’habitude ; mais qu’il ne s’imagine pas qu’il peut me draguer.
— Du calme ma p’tite dame, je voulais juste faire la causette.
Je
ne me donne même pas la peine de répondre. Pour qui il me prend ? J’ai
bien vu ses regards. Ce n’est pas la causette qui l’intéressait, mais
mon cul. D’ailleurs, je repère une alliance à son doigt. Encore un mari
infidèle, encore quelqu’un qui me fait douter de l’amour.
Quoi qu’il
en soit, je m’efforce d’ignorer les regards de ce vicieux et le chemin
se passe rapidement. Je règle la course, descends et me dirige vers
l’appartement d’Alexandre.
Me voilà enfin arrivée. Plus qu’une
porte à franchir et je pourrai enfin finir ma soirée au calme, peut-être
prendre un bon bain chaud. J’ouvre et pénètre rapidement à l’intérieur.
Un geste brusque attire mon regard vers le centre de la pièce, où sont
positionnés canapé, table basse et télé. Ébahie, je surprends Raphaël,
le petit frère d’Alex, en pleine séance de masturbation devant un film
pornographique ! Me découvrant, il cache rapidement son sexe tendu et,
pris de honte, court se réfugier dans sa chambre en oubliant d’éteindre
la télé.
Je jette un coup d’œil curieux sur l’écran : une femme est
aux prises avec trois mâles plantés chacun dans un de ses trous. Cela me
rappelle des souvenirs. Je coupe finalement le film après une
demi-minute de visionnage et pars dans la cuisine me servir un verre de
vin blanc que je déguste doucement en repensant à cette drôle de soirée,
et surtout à son dernier rebondissement.
Pauvre Raphaël… Il a
voulu s’offrir un petit plaisir solitaire pour cette soirée spéciale.
Être seul, pour lui, ne doit pas être facile. Depuis que je connais les
deux frères, il l’est. Et pourtant il est loin d’être moche. Au
contraire, son physique se rapproche pas mal de son aîné, mais avec une
carrure plus svelte et un air plus enfantin. Son problème, c’est
vraiment son manque de confiance en lui. Je suis sûre qu’il pourrait
séduire un paquet de filles s’il prenait confiance. D’ailleurs, je lui
en ai déjà fait la remarque mais il a toujours paru sceptique.
Raph
vit chez son aîné depuis la mort de leur père. Alex l’a accueilli afin
de lui permettre de poursuivre son BTS électrotechnique dans les
meilleures conditions possibles. Actuellement, Raph en est à sa seconde
année.
Bon, allez, je retourne dans le salon, pose la bouteille et un verre sur la table basse et pars frapper à la porte de Raphaël.
— Ça te dit de regarder un DVD avec moi ?
— Non, répond-t-il.
— Allez, s’il-te-plaît, le supplié-je. Je n’ai pas envie d’en regarder seule.
— Non, je te dis.
— Quoi ? C’est par rapport à tout à l’heure ? Tu sais, ce n’est pas grave.
Il ne répond pas.
— T’inquiète. Tu te branlais ; et alors ? C’est tout à fait naturel. Tu n’as pas à en avoir honte.
— Ouais mais…laisse-t-il en suspens.
—
Quoi ? C’est la vidéo qui te pose problème ? C’est ça ? Il n’y a rien
de mal. Il y a des fois où on a juste besoin de stimulation. C’est
normal. Tu sais, ça m’arrive souvent.
— T’es sûre ? Tu ne dis pas ça pour me faire sentir moins minable ?
— Mais non. Je te dis qu’il n’y a rien de choquant là-dedans. Allez, sors maintenant.
— Bon OK, finit-il par abandonner.
Et
le voilà justement qui fait son apparition. Il n’ose pas me regarder
dans les yeux. Je lui prends la main et l’attire vers le canapé.
— Tu veux un verre de vin ? proposé-je.
— Ouais. Il est où, Alex ?
—
Il a été appelé à la caserne. Il ne risque pas de rentrer de sitôt, lui
réponds-je en lui servant un verre de vin. Allez, bonne Saint-Valentin,
lui fais-je en trinquant.
— Ouais, grimace-t-il. Qu’est-ce qu’on regarde, du coup ? Une comédie romantique pour coller au thème du jour ?
— Pouah non, c’est pourri ! Faisons-nous un bon film d’horreur. L’exorciste, par exemple.
— Je ne l’ai jamais vu.
— Sérieux ? Alors faut que tu le regardes, lancé-je en remplaçant le DVD dans le lecteur. C’est incontournable !
Le
film commence et l’intrigue se met en place doucement. Mais je ne sais
pas : contrairement à d’habitude, je ne suis pas dedans. La présence de
Raph me perturbe. Je repense à la scène que j’ai surprise tout à
l’heure. Du coup, j’observe du coin de l’œil mon voisin. Il est vraiment
mignon, en fait. Dommage pour lui qu’il soit si réservé. Et dommage
pour les filles aussi. Je suis sûre qu’il aurait beaucoup à offrir.
Finalement, lui et moi, nous avons un point en commun : il doit être lui
aussi en quête du grand amour.
Prise par une envie inexpliquée
de tendresse et une certaine désinhibition probablement due au vin, je
me blottis à ses côtés et pose ma tête sur son épaule. Il semble surpris
mais ne me repousse pas. J’essaie de me concentrer maintenant sur le
film ; mais tout ce que je vois, c’est notre reflet dans l’écran qui se
mêle aux images d’horreur. C’est là que je remarque que lui aussi semble
distrait : le coquin profite de ma position pour lorgner dans mon
décolleté. Bizarrement, je ne m’y attendais pas. Le découvrir fait
naître une douce chaleur dans mon ventre. Je devrais protester ; c’est
quand même le frère de mon copain. Mais il ne fait rien de mal après
tout, et puis il est mignon. Alors je laisse et observe son manège à
travers notre reflet. Je modifie même légèrement ma position pour lui
offrir un meilleur angle. Il croit être discret mais il n’a pas réalisé
que la télévision le trahissait.
— Alors, ça te plaît ? lui demandé-je, coquine.
— Oui, c’est plutôt pas mal, en fait.
— Je ne parlais pas du film.
— Oh…désolé, finit-il par comprendre.
— Ce n’est pas grave.
J’ai
envie de vraiment l’allumer, alors je me blottis plus fortement contre
lui et une main innocente atterrit sur sa cuisse. Il semble très mal à
l’aise et se tend légèrement… de partout. Lui aussi recherche le vrai
amour comme moi, bien que j’aie quelque chose de proche avec Alex. Mais
Raph, contrairement à moi, connaît au moins l’amour fraternel. Il lui
manque juste l’amour d’une femme. Je pourrais le lui faire découvrir si
j’en avais envie. Pas le grand amour, mais un amour d’un soir, un amour
éphémère. Mais il y a Alex que je suis censée aimer. Je me suis promis
de bien faire les choses avec lui. Pourtant, il faut que je sache ce que
j’éprouve vraiment pour lui, que je teste mes sentiments. Si jamais je
ne suis effectivement pas amoureuse, je dois le savoir. Serais-je prise
de remords si jamais je le trompais ? Qu’est le plus fort entre l’amour
fraternel et celui d’une femme ? L’appel du sexe lui ferait-il trahir
son frère comme beaucoup d’hommes trahissent leur femme ? À ce que je
vois, c’est très probable mais je n’en sais rien. Il n’y a qu’une façon
de le savoir : il faut que je fasse l’expérience.
Ma main sur sa cuisse remonte et commence à caresser son entrejambe.
— Mais qu’est-ce que tu fais ? balbutie-t-il.
— Chut, laisse-toi faire, lui réponds-je simplement.
— Mais Alex…proteste-t-il.
— Il n’en saura rien, le coupé-je en l’embrassant.
Il
ne résiste pas longtemps, et bientôt une langue part à la rencontre de
la mienne. Je sens aussi un volume prendre de l’ampleur sous ma main. Je
le savais : l’amour n’est rien face à l’appel de la chair. Cette fois,
plus de retour en arrière possible. J’ai encore du mal à réaliser ce que
je m’apprête à faire. Tous mes sens sont en feu. Une vive émotion s’est
emparée de moi ; je ne reculerai pas. J’ouvre son pantalon et en
extrais une belle bite. C’est bien ce que j’avais cru voir tout à
l’heure : elle est appétissante.
Je me baisse et y dépose
quelques délicats baisers. Ce sexe ne demande qu’à être cajolé. Je vais
lui offrir ce qu’il désire. Je l’embouche et le caresse de ma langue.
Son goût est exquis. J’ai toujours adoré la saveur suave des hommes.
Raph frémit à mon contact. Il semble à peine croire à ce qui lui arrive.
Il n’a encore rien vu, pourtant : ce n’est que le début. J’ai envie de
lui offrir tellement ! Ma bouche aspire son membre, ma langue le flatte
et mes mains massent ses bourses. Raph se met à gémir. Il commence à
prendre confiance et ose plonger sa main dans mon décolleté pour venir
tester la fermeté de mes seins. Lui aussi se montre doux. Il ne me les
pince pas maladroitement comme le ferait un puceau trop pressé. C’est
très agréable. Son autre main se pose sur ma tête et glisse dans mes
cheveux. Il gémit de plus en plus alors que ma langue lape la chair
soyeuse de son gland. Comme je m’en doutais, Raph confirme qu’il va
bientôt jouir. Je le laisse exploser dans ma bouche. Un feulement rauque
s’échappe de la sienne.
Je me redresse et le fixe du regard. Il a
les yeux brillants, tout émerveillés. Je peux lire l’honneur que je
viens de lui faire.
Je me colle à lui et l’embrasse passionnément. Il
répond très positivement. Ses bras m’enlacent et me caressent le dos
puis descendent sur mes fesses.
Je recule finalement afin de me
défaire de mes vêtements. Tout d’abord la robe, bien évidemment. Je la
fais glisser de haut en bas, dévoilant ma poitrine nue en premier, puis
mon ventre et enfin une petite culotte noire. La vue semble le
satisfaire. J’ôte enfin ma culotte, mon dernier rempart, et me voilà nue
devant lui.
C’est à son tour d’être débarrassé de ses
encombrants vêtements. Je me colle de nouveau à lui, l’embrasse et
défais les boutons de sa chemise un à un. Une fois cette dernière à
terre, je m’occupe de lui retirer son pantalon et son caleçon,
découvrant ses jambes musclées.
Je dépose plusieurs baisers sur son
torse. Je teste la saveur de sa peau. Elle a un léger goût de sueur. Ma
bouche descend peu à peu le long de son ventre pour retrouver finalement
le sexe qu’elle a abandonné plusieurs minutes auparavant. Je le gobe et
m’applique à lui faire retrouver toute sa vigueur. Une fois l’objectif
atteint, je m’empale sans plus attendre.
J’accueille dans mon antre bouillant ce pieu de chair. Hum, que c’est bon de se sentir remplie !
Sans
perdre de temps, j’ondule sur ce sexe et laisse le plaisir me bercer.
Ma tête commence à tourner. Raph m’embrasse dans le cou puis lèche mes
seins. Peu après, ses lèvres aspirent mes tétons qu’il mordille
délicatement. Ses mains voyagent sur mon corps, déclenchant un incendie
sur leur passage. Raphaël sait faire honneur à mon corps. Il sait le
respecter. Il se montre un amant tout aussi attentionné que son frère.
Chaque aller-retour le long de sa tige virile me submerge d’une vague de
plaisir.
Nous gémissons en chœur. Nos souffles se font solidaires.
Qu’il est beau, le visage inondé de bonheur ! À la fois si proche et si
différent de son frère.
Notre corps-à-corps arrive finalement à son
paroxysme lorsque l’orgasme me dévaste. Lui aussi jouit. Je suis fière
de le sentir exploser dans mon ventre.
Éreintée, je me laisse
tombée sur lui. Il m’enlace et me caresse le dos doucement. Tandis que
la pression diminue peu à peu en moi, je cherche la présence d’un
quelconque remords. J’ai beau chercher, je dois admettre que je n’en
trouve pas. J’en déduis donc que je ne suis pas amoureuse d’Alex.
— Je t’aime, soupire Raphaël.
Quoi
? Il m’aime ? Vraiment ? Non, je ne crois pas. Il doit se tromper. On
couche une fois ensemble, et alors, quoi ? Il tombe amoureux de moi
comme cela ? Ce n’est pas possible. Je suis l’amour d’un soir, pas le
vrai amour. Je ne peux être plus, c’est une illusion. Oui, ça doit être
ça ! L’amour est une illusion, une illusion nourrie par le vrai besoin
de l’être humain : l’appel de la chair. Un mensonge qu’on se répète pour
se déculpabiliser des désirs qui nous animent vraiment. Toutes mes
expériences et observations confirment pourquoi j’ai vu tant de personne
trahir l’être aimé pour une vulgaire histoire de fesses.
L’amour
est un canular qui cache aussi notre peur de la solitude. Une
mystification véhiculée par notre société. Dès notre plus jeune âge, on
nous apprend qu’on a toutes droit à notre prince charmant. Cette
croyance continue à être transmise en grandissant à travers tout ce qui
nous entoure : les films par exemple, comme les comédies romantiques qui
vont même jusqu’à codifier la relation amoureuse idéale. On nous fait
croire que l’on ne peut être parfaitement épanoui que si l’on est en
couple. Toute la société nous pousse vers ce mensonge et nous force à
être en couple. On est stigmatisé si l’on est célibataire, et c’est pire
si en plus on le revendique fièrement puisqu’on exige de nous
justifier.
Je n’ai jamais été amoureuse. J’ai toujours assumé
mes différentes expériences sexuelles à cent pour cent. Je n’avais pas
besoin de l’illusion de l’amour pour me justifier. Finalement, ce n’est
pas moi qui ai un problème : ce sont tous les autres. Ils se mentent à
eux-mêmes tandis que moi je reste honnête. J’ai donc eu tort de
culpabiliser de ne pas être capable d’aimer. Me voilà rassurée. Je ne
suis ni amoureuse d’Alex, ni de Raph, et je n’ai pas besoin de l’être.
Je n’ai pas non plus besoin d’être fidèle à Alex maintenant que j’ai
enfin compris ce qu’est vraiment l’amour. Cela tombe bien : je me
laisserais bien tenter une nouvelle fois par Raph. De plus, il y a
quelques collègues d’Alex qui ne sont pas trop mal foutus. Et si jamais
l’un d’entre eux est assez idiot pour s’imaginer être amoureux de moi,
ce ne sera pas mon problème.
Auteur : Nathan Kari
Le titre fait référence à une chanson du groupe punk Guerilla Poubelle.
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