L'anarchie amoureuse telle qu'annoncée ici est
une reformulation personnelle de la vision moderne de l'amour libre.
Initié par l'esprit libertin du siècle des lumières, l'amour libre a été
véritablement conçu par les anarchistes à la fin du XIXème siècle. Puis
il a été exploré et interrogé par les générations suivantes selon
divers courants de pensée anarchistes (libertaire, pluraliste,
pluraliste radical...). Après avoir traversé l'Atlantique, il a été
adopté et réinventé par la beat generation et le flower power
qui l'ont diffusé dans nos sociétés grâce à la révolution culturelle
sociale et sexuelle des années 70. Chamboulé par le SIDA, oublié avec la
popularisation de l'échangisme et du BDSM, l'amour libre revient depuis
les années 90-2000 à travers le polyamour qui était déjà une de ses
concrétisations possibles.
À cause de multiples débats philosophiques et pseudo intellectuels – ainsi que de multiples histoires de cul qui ont mal tourné – l'amour libre s'est souvent perdu dans une foultitude d'aberrations, comme la revendication misogyne de la supériorité naturelle de l'homme. Mais c'est par l'erreur qu'on apprend, et plus d'un siècle d'expérimentations ont abouti à des règles/guides nécessaire à l'évitement de ces errances. Ce qui est intéressant, c'est que si ces conseils permettent le polyamour, elles sont tout aussi efficaces pour un couple. Qui peut le plus peut le moins...
Si ce manifeste se veut assez représentatif d'une politique sexuelle polyamoureuse inspirée par l'anarchisme, il est l'œuvre d'un individu et donc non représentatif de la pensée anarcho-amoureuse dans sa globalité. Ce n'est pas un livre de recettes universelles à suivre, mais une des possibilités existantes qui, au mieux, contribuera à ce que vous vous construisiez vos propres manifestes, si tant est que vous ayez besoin de poser vos règles. La seule vraie règle, c'est qu'il n'y en a pas.
L'anarchie n'est pas synonyme de chaos, et encore moins de malveillance, de loi du plus fort. Étymologiquement, cela signifie l'absence de commandement, c'est à dire le refus des lois dogmatiques ou politiques qui ordonnent une norme et appellent à ce que tout le monde s'y conforme. Un anarchiste peut très bien se donner des règles de conduite. Comme l'athée (qu'il est d'ailleurs très souvent aussi), ce n'est pas parce qu'il est contre le dogme qu'il est dépourvu de conscience du bien ou du mal, de valeurs, de conceptions vertueuses. C'est simplement qu'il refuse qu'on lui dise ce qui est bon pour lui et la société tant qu'il n'a pas éprouvé, puis approuvé ; et quand bien même est il d'accord avec cela, il ne prétend pas que ces règles sont justes dans tous les cas de figure et pour tout le monde.
En amour, les Églises ont édicté des règles, comme par exemple dans la Bible : tu ne prendras pas de plaisir sexuel en dehors du mariage ; ce mariage ne pourra être rompu : c'est à la vie à la mort ; il sera monogame et hétérosexuel ; même en son sein tu ne t'adonneras pas à la fornication avec ton époux(se) ; tu ne commettras pas d'adultère.
L'anarchiste, pour qui le "Ni Dieu ni maître" est souvent une règle phare, s'oppose par pensée politique et philosophique à ces lois. Donc il tire un gros trait dessus avec son marqueur noir ou rouge, et il reprend...
À cause de multiples débats philosophiques et pseudo intellectuels – ainsi que de multiples histoires de cul qui ont mal tourné – l'amour libre s'est souvent perdu dans une foultitude d'aberrations, comme la revendication misogyne de la supériorité naturelle de l'homme. Mais c'est par l'erreur qu'on apprend, et plus d'un siècle d'expérimentations ont abouti à des règles/guides nécessaire à l'évitement de ces errances. Ce qui est intéressant, c'est que si ces conseils permettent le polyamour, elles sont tout aussi efficaces pour un couple. Qui peut le plus peut le moins...
Si ce manifeste se veut assez représentatif d'une politique sexuelle polyamoureuse inspirée par l'anarchisme, il est l'œuvre d'un individu et donc non représentatif de la pensée anarcho-amoureuse dans sa globalité. Ce n'est pas un livre de recettes universelles à suivre, mais une des possibilités existantes qui, au mieux, contribuera à ce que vous vous construisiez vos propres manifestes, si tant est que vous ayez besoin de poser vos règles. La seule vraie règle, c'est qu'il n'y en a pas.
L'anarchie n'est pas synonyme de chaos, et encore moins de malveillance, de loi du plus fort. Étymologiquement, cela signifie l'absence de commandement, c'est à dire le refus des lois dogmatiques ou politiques qui ordonnent une norme et appellent à ce que tout le monde s'y conforme. Un anarchiste peut très bien se donner des règles de conduite. Comme l'athée (qu'il est d'ailleurs très souvent aussi), ce n'est pas parce qu'il est contre le dogme qu'il est dépourvu de conscience du bien ou du mal, de valeurs, de conceptions vertueuses. C'est simplement qu'il refuse qu'on lui dise ce qui est bon pour lui et la société tant qu'il n'a pas éprouvé, puis approuvé ; et quand bien même est il d'accord avec cela, il ne prétend pas que ces règles sont justes dans tous les cas de figure et pour tout le monde.
En amour, les Églises ont édicté des règles, comme par exemple dans la Bible : tu ne prendras pas de plaisir sexuel en dehors du mariage ; ce mariage ne pourra être rompu : c'est à la vie à la mort ; il sera monogame et hétérosexuel ; même en son sein tu ne t'adonneras pas à la fornication avec ton époux(se) ; tu ne commettras pas d'adultère.
L'anarchiste, pour qui le "Ni Dieu ni maître" est souvent une règle phare, s'oppose par pensée politique et philosophique à ces lois. Donc il tire un gros trait dessus avec son marqueur noir ou rouge, et il reprend...
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- Je peux aimer charnellement avant le mariage, et puis c'est tout.
Cette pensée est aujourd'hui relativement bien admise, ou du moins pratiquée par la majorité de la population sans que cela pose apparemment de problème.
- Si je me marie (j'ai autant le droit de le faire que de ne pas le faire) et qu'on finit par se détester et s'entretuer, j'ai le droit de divorcer si ça me chante.
Cela aussi commence à être admis depuis un bon moment.
- Si je suis homosexuel, j'ai autant droit au bonheur et à l'amour que n'importe qui d'autre. Ça vous pose un problème ? Regardez ailleurs !
Là, ça grince un peu plus ; ça gueule, ça manifeste en faisant déambuler des quadripoussettes sous les lacrymos par amour des enfants... Mais bon : notre société a quand même fini par accepter qu'il est disproportionné de brûler les homos et qu'ils ne sont pas si méchants ou pervers qu'on le disait.
- Si avec mon partenaire on a envie de baiser comme des lapins et de faire la brouette japonaise, on ne va pas se limiter au missionnaire et à quelques frissons sous prétexte qu'un curé – censé ne rien connaître du sexe – a décidé de prêcher que c'était mal.
Je peux me tromper, mais je crois qu'à part quelques mal-baisants et une bande d'hypocrites, tout le monde a intégré cela et dit que l'on peut faire ce que l'on veut, tant que les mariés/concubins/partenaires sont mutuellement consentants.
- Je peux aimer autant de personnes que je veux, parce que j'en suis capable. Ce n'est pas parce qu'on prend notre pied que c'est différent du fait que je peux aimer autant d'amis ou de gens de ma famille que je veux. La seule différence, c'est que je ne mets pas ma bite dans mes amis ou mes parents ; quoique ma cousine… Même le Pape a l'air d'accord, des fois... C'est de l'amour, et l'amour c'est le progrès humain, l'émancipation.
C'est là que l'anarchiste amoureux va plus loin que la majorité de ses contemporains. Il défie la sacro-sainte fidélité monogame. Son postulat de départ, c'est d'abord qu'on a tous le droit de faire ce qu'on veut avec son corps et son esprit, et que par nature on est presque tous polyamoureux. La très grande majorité d'entre nous a des amours de collège, de lycée, de fac, d'adulte, voire de retraité. On est capable d'aimer des personnes différentes pour des raisons différentes et on ne s’en prive pas. La seule limite qu'on se fixe, c'est "pas plus d'un à la fois". Alors évidemment, à une époque où les problèmes se réglaient avec une massue ou une lance, ça pouvait mettre un joyeux bazar ; et quand le bazar est violent, il faut des lois pour éviter que ça devienne le chaos. Mais maintenant, on a des cerveaux aussi, et on peut s'en servir pour mettre en place des règles qui évitent les débordements sans pour autant interdire une chose qui peut être belle et utile pour l'évolution et le bonheur de chacun.
- L'adultère, ce n'est pas mauvais parce que Jésus, un apôtre ou un des gars qui a réécrit la Bible au fil des siècles l'a dit. Ça l'est parce que c'est une source de souffrance s'il est réalisé dans le mensonge et que le partenaire n'est pas d'accord avec ça. S'il est d'accord, vraiment d'accord, où est le problème ? Le plus grand péché dans un couple, ce n'est pas "comment" on baise, ni "qui" on baise, en fait : c'est le mensonge et le non-respect du consensus commun.
Voilà les plus grands piliers de l'anarchisme amoureux : le respect, la franchise, la communication et le consensus. Attention : le consensus n'est pas un compromis ! Il est le fruit de la compréhension mutuelle qui permet d'appliquer pour chaque cas l’adage : "La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres". Elle est un peu désuète, et en vérité elle est de plus en plus comprise de cette manière : "La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui.". Il s’agit de l’article 4 de la Constitution révolutionnaire de 1789, qui a été enlevé et jamais remis depuis, un des faits historiques qui peut rendre une population peu encline à respecter les lois. Comme d'avoir enlevé son droit inaliénable à se soulever contre la tyrannie... Mais l'idée est là : tant qu'on est d'accord et qu'aucun de nous ne souffre, rien ne nous empêche moralement de faire ce qu'on veut. Ce qui, au moins sur le papier, est plus responsable et moins hypocrite que de faire cocu son conjoint.
Tout ça c'est de la philosophie ; le problème, c'est que dans les faits il y a plein de détails qui rendent la chose très complexe, comme notamment la jalousie. Il y a un autre gros détail qui ruine le plan, comme toujours quand on s'oppose au chemin suivi par les moutons : c'est que le reste du monde a accepté les lois édictées, et qu'en s'y opposant on se retrouve souvent seul et contre tous pour vivre comme on l'entend. Il est difficile trouver des personnes qui sont d'accord et peuvent donc accepter les consensus libertaires ; et quand bien même, ça fait jaser les voisins qui les regardent de travers. Alors on écrit des chansons pour se défouler ; mais bon, ça reste énervant, frustrant et injuste.
Alors, à force de prendre des râteaux, des
retours de flamme, l'anar a composé de nouvelles règles qui lui
permettent le plus souvent de vivre dans le bonheur, le bonheur
multiple...
- Chaque relation est unique ; et la seule loi, c'est qu'il n'y a pas de loi.
Toutes les autres règles doivent prendre en considération qu'elles ne sont que des guides ; il n'y a rien de pire que la loi qui s'impose à tous et ne correspond vraiment à personne. Or, non seulement chaque individu est unique, mais la combinaison de deux individus est d'autant plus unique. À plus forte raison quand ils sont trois, quatre, cinq...
- L'amour avant tout.
Le sexe, c'est bien agréable. Si les partenaires sont OK pour avoir ensemble du sexe sans amour, pourquoi pas ? Mais le but du jeu, c'est de nous aimer et de grandir puisque l'amour est un fabuleux facteur d'évolution en plus du bonheur qu'il apporte. D'autant qu'il rend le sexe encore meilleur ! L'anarchiste est en général un grand amoureux. Il aime ses idéaux, il aime ses combats, ses amis, l'humanité etc. Dans une relation amoureuse, il est dans l'apogée de ce qu'il aime plus que tout : l'amour et l'humain.
- La liberté juste après.
L'anar est en général très friand des libertés individuelles. D'ailleurs, depuis qu'on a rendu péjoratif le mot "anarchiste", il se dit libertaire. Bon, maintenant ce terme aussi est pourri par son détournement volontaire "libéral" ou "libertarien" qui ne sont que des arnaques reposant sur le libéralisme économique qui s'oppose trop souvent au respect des libertés humaines ; mais c'est une autre histoire... Toujours est-il que si la liberté de chacun doit moralement s'arrêter là où commence la souffrance d'autrui, quand rien ne s'y oppose la liberté est la plus grande des valeurs à défendre car cela revient à défendre le droit de chacun à être ce qu'il est et faire ce qu'il veut.
- L'amour ne doit pas être enfermé dans une boîte, mais peut être profitablement défini.
Toute relation dans une chaîne d'amour anarchique est unique, tout amour est unique ; mais manquer d’exprimer correctement ce qu’un partenaire ressent pour un autre peut générer beaucoup de confusion, de douleur, et donc de problèmes. On se doit d'être aussi clair que possible, au moins dans les grandes lignes. Entre l'amitié et la passion amoureuse, il existe une myriade de nuances ainsi que d'autres options totalement différentes. Comme les Esquimaux ont cinquante mots pour qualifier la neige, les Grecs devaient être dans un environnement drôlement amoureux pour avoir défini autant d'amours différents : Agape (amour dans sa forme la plus absolue, sacralisée, divinisée), Charis (amour volontaire et généreux, construit sur l'acceptation et la bienveillance), Eros (amour désireux, pas seulement d'un point de vue sexuel, mais brûlant, vif), Pathos (amour possessif, obsessionnel et angoissé au point d'en devenir douleur), Philia (amour amical mais teinté de désir), Porneia (amour immature, passif et dépendant), Storge (amour "familial" fait de tendresse et de volonté de tendre vers l'autre de façon attentive et attentionnée). On peut y ajouter l'amour platonique, où l'affection est d'autant plus forte que le désir physique est nul. Et puis le français est riche, lui aussi... Exprimons nos amours de la façon la plus fidèle qui soit, et méfions-nous de l'idée que l'amour ne peut se définir et qu'il est inutile de chercher à le comprendre : cela peut sentir le roussi, la volonté d'éluder la question... Trop chercher à définir l'amour peut être néfaste, mais ne pas le faire l'est tout autant ; à chacun de trouver son équilibre.
- L'amour est pluriel et n'a de limite en nombre qu'à cause du temps disponible.
Le polyamour est une possibilité naturelle. Nous pouvons aimer plusieurs personnes durant une vie ; on évite de le faire simultanément, non pas parce qu'on n'en est pas capable, mais parce qu'on suit des règles ou que notre partenaire les suit et qu'on se refuse à le trahir. Le seul problème, c'est que nos journées ne font que 24 heures, et qu'une seule relation amoureuse est déjà très chronophage. À moins d'être rentier, on ne peut pas vivre une foultitude d'amours simultanés ; ce n'est pas une question morale, mais simplement temporelle.
- L'amour n'est pas forcément synonyme d'actes sexuels.
L'amour platonique est bien plus que de l'amitié, et permet pourtant de pleinement vivre son sentiment amoureux. Certains disent qu'il s'agit même de la forme la plus puissante et accomplie d'amour passionnel. Par contre, l'amour platonique se doit d'être réciproque pour exister.
- La sexualité est un droit inaliénable.
Tout ce qui constitue un corps lui appartient sans aucune limitation acceptable. Brider ou exploiter la sexualité d'autrui va à l'encontre des droits les plus fondamentaux de l'individu. Toutefois, entre les deux, il existe une hiérarchie de gravité : le pire est l'exploitation sexuelle qui s'apparente au viol. La limitation n'implique qu'une frustration. Ainsi, selon la règle qui veut que la liberté s'arrête où commence la souffrance d'autrui, il vaut largement mieux se brider qu'exploiter. Et si on a vraiment besoin de plus et que la frustration n'est pas supportable, alors il faut se regarder en face et faire les choix qui s'imposent : vivre plus de sexualité avec quelqu'un d'autre si son partenaire est d'accord, ou bien tout bonnement changer de partenaire pour en trouver un qui sera en accord avec ce que l'on est (cf. la connaissance de soi, de l'autre, et l'intégrité).
- L'amour n'est pas contractuel.
Il apparaît, diminue, revient, disparaît ou reste... Sa seule constante, c'est qu'il n'est pas un négoce ; on n'échange pas de l'amour : on le donne. Si on n'en reçoit pas en retour alors que c'est ce dont on a besoin, eh bien on va voir ailleurs s'il s'y trouve. Mais en tout cas on n’achète pas l'amour, on ne le force pas. Il est là ou pas.
- L'amour n'est pas autosuffisant.
Même s'il s'impose de lui-même comme une évidence, il ne se suffit pas à lui-même éternellement. Même si on ne l'achète pas, même si on ne doit pas le forcer, il convient de le nourrir ; et son aliment, c'est l'attention qui se concrétise par les petits mots doux, les belles déclarations, les cadeaux, le temps que l'on passe ensemble à vivre des expériences marquantes. Autant l'amour ne peut tenir longtemps s'il manque d'attentions, il peut étouffer si on le gave. Il faut aussi savoir maintenir sa faim et trouver l'équilibre entre le trop et le pas assez.
- Tout commence par la connaissance de soi...
La seule chose que l'on apporte dans une relation amoureuse et que l'on peut améliorer, c'est soi-même. Qui suis-je ? Qu'est-ce que je veux devenir et accomplir ? Avec qui est-ce que je veux le faire ? Comment ? Autant de questions qui permettent de savoir ce que l'on est, ce que l'on veut, et donc de mettre les choses au clair dans sa vie, à tous les niveaux, dont l’amoureux.
- ...et se poursuit dans la découverte de l'autre.
On se connaît, on sait ce que l'on veut ? Très bien. Mais dans une relation, on est au moins deux, et le tout est d'être en adéquation avec l'autre afin que chacun puisse s'épanouir. On se doit donc d'apprendre à connaître l'autre en profondeur, ce qui en fait est une base en amour normalement... En effet, comment pouvons-nous dire "je t'aime" à une personne que nous ne connaissons pas vraiment ? Quand on le fait, c'est qu'on aime l'idée qu'on se fait d'elle plus qu'on ne l'aime réellement. Ici, quand on parle d'amour, on ne parle pas d'autre chose.
- Tout passe par la communication...
La découverte de l'autre, la résolution des problèmes, l'établissement de consensus mais aussi l'épanouissement des joies, tout cela passe par la communication. Il n'y a rien de plus indispensable en amour que de communiquer. Mais il ne faut pas perdre de vue que si cela permet de faire face aux aléas de la vie, cela sert aussi à décupler le bonheur que l'on a d'être ensemble. Il faut apprendre à correctement communiquer, et le faire même quand tout va bien.
- ...dans le but sincère d'une coopération humaine.
Le couple est une société restreinte à deux partenaires. La chaîne amoureuse est une société amoureuse élargie. Or, les sociétés ne parviennent à fonctionner malgré leurs vices et erreurs que grâce à un minimum de coopération. Coopérer, c'est fonctionner ensemble dans un but commun ; on ne coopère pas seul, et on arrive vite à toucher certaines limites quand on fournit plus d'efforts que les autres : il faut donc que chaque intervenant coopère avec un investissement égal d'efforts.
- Tous les intervenants de la chaîne amoureuse sont libres et égaux.
Pas plus qu'il n'est tolérable que les hommes ne tiennent pas les femmes pour leurs égales, il ne doit y avoir de hiérarchie dans un polyamour anarchique. On se doit d'accepter toutes les personnes engagées dans la relation comme étant égales en valeurs humaines et droits.
- Tous les intervenants doivent savoir dans quoi ils sont engagés.
Les nouveaux arrivants doivent avoir conscience qu'ils sont en train d’entrer dans une chaîne d'amour libre. Après, on l'accepte ou pas, mais on a le droit absolu de savoir à quelle sauce on va être mangé. Cela signifie aussi qu'il faut indiquer le fonctionnement qui a été décidé jusque là.
- Tout s'accepte par le consensus manifeste et unanime.
À bas les contrats liberticides, les règles figées dans le marbre qui ne sont que des tue-l'amour ! Un consensus, c'est un accord verbal et moral auquel on restera fidèle. Ici, il se doit d'être manifeste, c'est à dire clairement exposé, et son acceptation clairement exprimée. Il n'y a pas de consensus tacite qui tienne ; le non-dit n'est pas une option d'accord. Enfin, il doit être unanime, et ce qu'il y ait deux, trois, quatre... personnes concernées. Un couple "central" qui prend des décisions seul et méprise l'opinion des partenaires qu'il implique n'est pas dans l'amour libre : il est dans une forme de dictature. Certains peuvent parfaitement s'y retrouver et le vivre avec bonheur, mais souvent au détriment des autres, et cela n'est pas libertaire.
- L'indulgence est une vertu cardinale.
Quand on est épris de libertés individuelles et que l'on va au bout de ses idées, on tient autant à ce qu'on respecte les siennes qu'à ce qu'on respecte celles des autres. On se refuse au jugement qui enferme l'individu dans des généralités, et on sait que l'erreur est humaine, celle des autres comme la sienne. On se doit donc d'être indulgent – pas tolérant, car cela signifie qu'on réprouve mais qu'on ferme les yeux – juste indulgent. Il faut véritablement savoir se pardonner, savoir pardonner à autrui, accepter ce que nous sommes, individuellement et collectivement.
- Le respect remplace le devoir.
Cela ne se fait pas de pisser sur la lunette des chiottes, et encore moins de ne pas essuyer, non pas parce qu'une loi universelle dicte que c'est mal, mais parce qu'on respecte la personne qui va venir s'asseoir après notre passage. Le respect est à la base de tout et évite un bon gros paquet de problèmes. À plus forte raison que si on dit aimer une personne, il tombe sous le sens qu'on la respecte. Dont acte.
- L'intégrité est à la base d'une relation heureuse.
On est comme on est, avec nos qualités et nos défauts ; si on ne se l'avoue pas et qu'on n'assume pas qui on est, on rend l'amour impossible car l'autre aime alors une illusion. On est un sale con ? Pas de problème : il suffit de l'assumer et on trouvera bien quelqu'un qui nous aimera pour ce que nous sommes et qui ne souffrira pas de le découvrir.
- La fidélité est aussi nécessaire que l'intégrité.
On s'y attendait pas, à celle là... et pourtant. La fidélité est une vertu anarchiste très forte ; l'Histoire l'a montré : quand il jure fidélité à ses camarades et à ses idées, il est prêt à les défendre au sacrifice de sa vie. Pas un résistant anti-franquiste, quelle que soit son idéologie, peut remettre en cause la fidélité absolue des anarchistes qui ont combattu à ses côtés contre la dictature. Un anarchiste est fidèle à ses idées, à sa conception de la justice, à ses amis, et forcément à ses amours. Il doit donc être fidèle aux personnes qu'il aime, mais en suivant toutes les règles qu'il n'a pas admises mais construites... Si la personne dont il est amoureux lui dit qu'elle a besoin de savoir avec qui il fricote et qu'il la tienne au courant de ses changements émotionnels, sa fidélité, poussée par le respect, le fera honorer cette demande. Tant qu'on est d'accord, tant que le consensus est accepté de toutes et tous, il n'y a pas d'infidélité.
- La confiance est une vertu indispensable.
L'amour meurt étouffé par l'égocentrisme, le contrôle et la méfiance. Il n'y a pas d'amour épanoui sans abandon de soi ni confiance réciproque. L'amour se développe dans un sentiment de sécurité ; l'insécurité, la peur, polluent l'amour jusqu'à le détruire. On se prend des claques ? Ben oui, c'est la vie. Mais il n'y a pas d'autre choix possible que la confiance : on prend le risque de perdre un peu de temps, mais sans cela on ne peut s'épanouir dans l'amour. Il faut accepter que les relations amoureuses ne sont pas vouées à réussir à chaque fois ; et si notre confiance est trahie, ce n'est pas nous qui sommes en faute mais celui qui nous a trahi.
- Il faut être inébranlable et assumer sa nature.
L'anarchiste remet toutes les lois en question. Il doit, s'il est intègre, savoir aussi se remettre en question. Mais au-delà d'exercer son esprit critique, il sait qu'il est le grain de sable dans la machine toute puissante qui fait tourner la société : c'est son rôle. Il va contre la doxa, et à moins d'être totalement utopiste et naïf, il sait qu'à force de gratter il va provoquer des irritations, et que la main qui va s'abattre est incommensurablement plus grande et forte que lui. Il sait que sa vie va être un combat pour se faire accepter, et il doit se blinder pour faire face aux critiques de la majorité de ses contemporains.
Ni Dieu, ni maître, ni frustration !
Auteur : BitterSweet
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