dimanche 6 septembre 2015

San Francisco Blues (4)

CHAPITRE QUATRE : AMOUR ET PACER

À mon arrivée au centre, j’ai salué la secrétaire et suis allée dans la salle où Jason s’entraînait la fois précédente ; trois hommes couverts de sueur s’activaient d’arrache-pied, chacun sur son appareil de torture, sous la surveillance de deux coachs en blouse blanche ; mais Jason n’était pas là et je suis allée à sa chambre. J’ai frappé doucement et il m’a ouvert aussitôt, comme s’il était derrière la porte à m’attendre.

Éblouissant, en jean taille basse et chemise hawaïenne outrageusement bariolée. Il m’a adressé un sourire éclatant qui m’a fait mouiller ma petite culotte, et je me suis pendue à son cou pour masquer ma faiblesse soudaine : mes jambes en coton ne me portaient plus. Comme il était pieds nus et que j’avais mes escarpins, j’ai pu embrasser sa joue sans trop sauter en l’air, bien aidée par ses mains sur mes fesses. Mon corps s’est embrasé, d’autant que j’avais pris une gélule miracle une heure plus tôt, pour la première fois depuis deux ans.

— Salut, tu as l’air mieux aujourd’hui.
— Je le suis ; savoir que tu venais m’a boosté. Dis donc, tu es superbe dans cette robe ; tu l’es sûrement encore plus sans...
— C’est une proposition ?

Sa virilité bien dure pressait contre mon ventre, déclenchant des vagues brûlantes jusqu’au bout de mes doigts. Pas de doute, il te fait toujours autant d’effet, tu as envie d’être à lui, de lui appartenir, tu veux qu’il te prenne... Oui, même ton cul, Steph, tu lui donnes tout...

— Oui, je te veux nue, soumise, complètement offerte. Tu peux faire ça pour moi ?
— Oui, et plus encore, je crois...
— Plus ? Tu ne sais rien de ce que j’ai envie de te faire, Steph, et...
— Stop ! J’ai décidé de te faire confiance.

Voilà, c’était dit ! Je repoussai Jason et fis glisser ma robe au sol, enlevai mon string dans la foulée et fis sauter l’attache de mon soutien-gorge ; nue, un peu oppressée, j’ai écarté les jambes et placé mes bras le long de mes flancs pour m’offrir.

— Ton épilation laisse à désirer, Steph.
— Je sais ; ces épilations définitives, c’est surfait. Les poils ont repoussé au bout d’un an. Et vu l’état de mes finances...
— Ils ne sont pas très denses : je vois tous les détails de ta vulve. Tu mouilles ?
— Oui, j’ai besoin de toi dans ma petite chatte, elle est en manque.
— Toi aussi, tu m’as manqué, ma puce. Plus que je ne le croyais. Tourne-toi... Putain, il t’a salopé, le chirurgien ; tu as eu droit à un boucher.
— Il faut croire qu’il y a deux médecines dans notre beau pays ; la Fondation n’a rien réglé, et j’ai été reversée en hôpital public ; je pense qu’ils me cherchent toujours pour me faire payer la note.
— Tu devrais les faire payer, oui...

Il était en colère ; mais j’étais là, offerte. Ses mains ont massé mes épaules, l’une d’elle s’attardant sur la longue cicatrice horizontale. Puis elles ont couru de ma nuque à mes reins, et je ne pouvais empêcher mon corps de réagir. Ma poitrine gonflait, avide de caresses, ma fente suintait de cyprine ; j’ai gémi de frustration quand il a cessé. Puis j’ai compris qu’il se déshabillait et pliait ses vêtements ; enfin il m’a tirée contre lui. J’avais gardé mes sandales et mes fesses se sont appuyées contre sa virilité alors qu’une main se posait en conque sur mon pubis doré et que l’autre englobait mon sein droit. Là, tu es bien, Steph ; mais tu veux sa bite bien profond, deux ans de jachère à rattraper. Pourvu qu’il soit assez solide...

Il l’a été. Il m’a jetée sur le lit et m’a prise comme un sauvage, brutalement, en m’écrasant de toute sa masse ; il avait perdu quelques kilos, certes, mais il lui en restait bien assez pour me coincer sous lui. Il a investi mon vagin en trois ou quatre poussées, bloquant mes mains au-dessus de ma tête. J’ai noué mes jambes autour de sa taille pour l’encourager à continuer. Quand il a vu que mes yeux se révulsaient, il m’a intimé :

— Tu ne jouis pas. Pas encore. Attends-moi...
— Oui, mais viens, vite, remplis-moi de ta semence, je ne vais pas tenir longtemps...

Il est parti sur un rythme dément, m’arrachant des hurlements qui ont dû s’entendre dans tout le centre. Je m’en fichais, j’étais en train de décoller direction la stratosphère. Mais j’ai réussi à attendre Jason. Quand il a grogné et s’est planté en moi plus loin encore, j’ai joui, resserrant mon vagin comme pour traire la puissante verge de mon amant.

Nous avons repris notre souffle, toujours emboîtés, couverts de sueur. J’ai embrassé et léché son cou avant de passer à ses lèvres ; sa langue a poussé sur mes dents et je l’ai aspirée, arrachant un nouveau grognement à Jason. Le baiser est devenu torride ; la verge dans mon ventre a durci à nouveau. Mais Jason s’est redressé, me laissant pantelante et frustrée.

— Je présume que tu n’as pas utilisé de plug depuis...
— Tu présumes bien : je n’en ai pas pris un seul. Mais viens, sodomise-moi. Je sais que tu feras attention.
— Oui, et il y a du beurre dans le frigo. On va faire ça façon « Dernier tango à Paris ». Ouais, tu connais pas, bien sûr ; je t’expliquerai.

C’est moi qui ai lubrifié sa queue, après un passage aux toilettes ; sa verge était plus épaisse que jamais ; je savais que j’allais souffrir, mais je m’en délectais par avance. J’avais tellement souffert dans ma chair que cette fois, ce serait une catharsis, une libération de mes terreurs ; j’en avais besoin, et je crois que Jason aussi.

Quand je me suis positionnée en levrette, bien cambrée, il a plongé deux doigts joints dans mes reins, m’arrachant une petite plainte ; mais je n’ai pas bougé et il a pu lubrifier mon conduit, finissant par adjoindre un troisième doigt.

— Je suis prête, Jason, viens.
— Tu veux que je t’encule ? Demande-moi, Steph. Allez, vite !

Je ne pouvais ignorer la douce pression de son gland en plein sur mon anus bien lubrifié. Je tentai de reculer pour le faire pénétrer mais Jason bloqua mes hanches. Bon, d’accord, tu n’as plus qu’à demander : tu en a vraiment envie, Steph !

— Viens, encule-moi ; vas-y, défonce-moi... Oh !

Il s’enfonçait lentement mais sûrement en moi ; j’ai eu brièvement l’image du Titanic plongeant inexorablement dans les eaux glacées de l’Atlantique. Sauf que je n’étais pas glacée, moi. J’étais chaude comme de la braise. J’ai glissé une main sous mon ventre et caressé le mandrin qui m’envahissait ; il était épais et rigide, et mes muscles intimes étaient mis à la torture. Je savais que j’aurais des douleurs mal placées le lendemain, mais je m’en fichais : je n’aurais voulu être nulle part ailleurs à cet instant.

Je titillai mon clitoris engorgé, le pinçai ; tout mon ventre était parcouru de tremblements. Mais Jason tenait fermement mes hanches et flattait mes flancs comme pour une pouliche rétive, me maintenant en position.

— Ne jouis pas encore, s’il te plaît. Tu es si serrée… Tu n’as pas mal ?
— Continue, c’est trop bon, défonce mon petit cul !

Il a obéi au-delà de ma demande ; sous ses coups de boutoir, je suis tombée en avant, mes fesses bien cambrées, et il les a pilonnées avec une vigueur à laquelle je ne m’attendais pas. Je mordis le drap pour m’empêcher de crier ; puis sur une impulsion, je croisai mes poignets sur mes reins, les offrant à mon suborneur qui les a immobilisés d’un de ses battoirs. Sa sueur ruisselait sur mon dos, son ventre claquait contre mes fesses avec un bruit mouillé que j’accompagnais de gémissements.

— Tu es bien, comme ça ?
— Oui, je vais mourir de plaisir. Démolis-moi, Jason, fais-moi jouir.
— À ton service, ma chérie.

Jamais tu n’as parlé comme ça, Steph. Jamais tu n’as rêvé d’être ainsi prise, dominée ; et tu es heureuse comme tu ne l’as pas été depuis si longtemps… Alors oui, donne-toi plus si tu peux ; sans Jason, tu n’es plus rien. Il t’aime et tu ne l’as pas oublié depuis…

— Maintenant, jouis pour moi, Steph, je n’en peux plus…

Il a explosé, planté jusqu’à la garde, et j’ai joui si fort que j’ai eu comme un trou noir de quelques secondes. Ou un peu plus, car j’ai repris contact avec la réalité dans ses bras alors qu’il me portait vers la douche, où a eu lieu un savonnage intense et voluptueux à titre réciproque ; beaucoup trop d’eau et de câlins, des caresses intimes et beaucoup de plaisir. Nous sommes revenus dans la chambre enveloppés de grands draps de bain et nous nous sommes assis côte à côte sur le grand lit qui sentait la sueur et le sexe.

— Steph, j’ai une proposition à te faire. Tu es absolument libre de la refuser, ça ne changera rien entre nous.

Je l’encourageai du regard.

— Tu sais que j’ai un tempérament autoritaire en matière de sexe.
— Toi, autoritaire ? pouffai-je. Oui, on peut dire ça, en effet ; mais pas qu’en matière de sexe, je crois.
— Tu te rappelles de ce que je t’imposais ? Le vouvoiement, l’usage de « Monsieur ».

Je me rembrunis à ce souvenir pas du tout agréable. Pour ça oui, je me rappelais.

— Je te propose de faire des séances en mode dominant / soumise. Ou maître / esclave, si tu préfères.
— Euh… Je ne sais pas trop, Jason. Dit comme ça, je ne suis pas trop partante.
— Rassure-toi, les séances auront une durée limitée et tu pourras en sortir à tout moment. J’espère que tu me fais assez confiance pour ne pas abuser.
— Euh… Oui, je te fais confiance. Mais j’ai besoin d’explications, n’oublie pas que je suis blonde en dessous. Ce n’est pas clair, Jason. Explique-moi.
— Bon, attends ; pour démarrer une séance et pour la stopper ensuite, on utilise un code, un mot simple. J’ai pensé à « Pacer ». Ma défunte voiture que tu aimais bien. Si je te dis, ouvrez les guillemets « Steph, la Pacer te plaisait ? », je te propose de devenir ma soumise. Si tu me réponds « Désolée, je préfère la Mustang. », tu refuses.
— OK. Et si je te réponds « Oh oui, chéri, c’était une super voiture ! », on attaque ? Comme ça, c’est fun, je trouve.
— Merci, Steph. Et pour sortir de la séance, il suffit de dire « Pacer » à nouveau, ou « non », ou « ça suffit », et on arrête tout.
— Mouais… C’est vrai que je l’aimais bien, cette voiture, moi. Mais de là à aimer les séances, comme tu dis...
— Ensuite, dans le cadre de la séance, les limites seront ce que nous en ferons. Avec toi, je suis prêt à aller très loin, à te pousser dans tes limites. C’est une affaire de confiance. Et voici d’autres codes pour toi seulement, ceux-là. Simples : « Vert » et « Rouge ». « Rouge » : arrêt, mais en restant dans la séance. Pour en sortir complètement, « Pacer ». « Vert » : tu en veux plus.
— Je veux plus de quoi ? Tu risques de ne pas l’entendre souvent, tu sais.
— Non, je ne sais pas. Tu es intelligente ; très. Indépendante, rebelle, mais aussi tendre et soumise par nature, je crois.
— C’est ce que tu penses ; moi, je n’en sais rien. Mais une chose est sûre : toi, tu as un tempérament dominant. Un mâle alpha, et plus que ça. Et je crois que je t’aime toujours, sinon je ne serais pas là. Alors je suis prête pour jouer avec toi autant que tu voudras.
— Et tu n’auras pas la haine de m’appeler « Monsieur » ?
— La haine, non. Dans la mesure où je saurai qu’un mot suffit à arrêter tout. Je te fais confiance.
— Merci, Steph, sincèrement. C’est le plus beau cadeau que j’aie jamais eu, venant de la femme que j’aime.

Mes yeux se sont embués et je n’ai pu empêcher de grosses larmes de couler sur mes joues, larmes qu’il a cueillies de ses lèvres. C’est la première fois qu’il le dit, Steph ! Il vient de dire qu’il t’aime, toi, Stephanie LeBlond. Alors pleure, c’est pas grave. Par contre, « Monsieur », ça ne te plaît plus tant que ça, à la réflexion.

— Merci aussi, Jason. Je pense à un truc. « Maître » te plairait aussi ?
— Comme tu veux. Du moment que tu le fais avec plaisir et déférence.
— Alors ce sera « Maître ». « Monsieur », ça me rappellerait trop nos débuts, et « Maître », jamais je ne l’ai dit à personne ; alors autant que ce soit toi. Tu me fais faire un tour en Pacer ?
— D’accord, jolie petite soumise.

Je frissonnai en entendant ces mots, mais un regard vers Jason m’apprit qu’il était aussi ému que moi.

— Maître, faites de moi ce qu’il vous plaît. Ça va comme ça ?
— Oui. Lève-toi et enlève cette serviette, je te veux nue. Tu n’es pas épilée : tu mérites une bonne punition.
— Mais je…
— Silence ! Une esclave ne parle que quand on la questionne, à part pour prononcer les mots-codes. Tu mériterais que je double la punition, mais comme je ne l’ai pas encore choisie… Tu n’as pas été attachée depuis longtemps ; je vais y remédier. Des cravates feront l’affaire.

Il a ouvert le grand placard pour en sortir plusieurs ; avec la première, il a attaché mes poignets croisés dans mon dos, puis il m’a fait allonger sur le ventre, m’accompagnant pour pallier le non-usage de mes mains. Il a attaché mes chevilles aux pieds du lit, m’écartelant à l’extrême, avant de glisser deux coussins sous mon ventre pour surélever mes fesses, qu’il a caressées un peu rudement, à deux mains, avant de glisser deux doigts dans mon vagin. Approbateur, il a constaté que j’étais trempée et brûlante de désir. Pas de doute, tu aimes ça, Steph. Ça craint, mais tu lui fais confiance, et il aime ça aussi ; laisse-le te guider. S’il veut aller loin, tu vas l’étonner en acceptant de le suivre. Ou pas.

— Une bonne fessée, pour t’échauffer. Tu te rappelles les codes ?
— Oui, Maître. Je suis prête.

La première claque me prit par surprise ; je suis sûre que l’empreinte de main a été visible en quelques secondes. Après une brève caresse qui m’a mise en émoi, Jason a claqué à nouveau, mais sur l’autre fesse. Je n’ai pas plus réagi, et il a enchaîné avec une douzaine de claques violentes qui résonnaient sèchement dans la chambre. Il alternait avec des caresses aux endroits devenus si sensibles. J’étais bien, mais la douleur que j’attendais n’était pas au rendez-vous.

— Vert, Maître.
— Vert ? Tu es sûre ?
— Oui. Ouch ! (il m’avait envoyé une solide claque sur la fesse droite). Oui, Maître.
— Mmm. Tu as conscience que je pourrais m’abîmer les mains en frappant plus fort ?
— Non, je n’y avais pas pensé ; pardon, Maître.
— Je peux utiliser une ceinture, mais…
— Je vous fais confiance, Maître.

Il a retiré la ceinture en cuir de son jean. Du coin de l’œil, je l’ai vu la doubler pour la tenir par la boucle et l’extrémité collées ; j’ai frémi délicieusement. Je ne te reconnais plus, Steph. Tu vas souffrir. Mais je sais que tu en as besoin, désespérément besoin. Tu veux être marquée dans ta chair comme la chute de la Pacer t’avait marquée. Et ton ventre est brûlant et liquide comme jamais.

— Serre les dents, et n’oublie pas les codes.
— Merci… Ah ! Maître…

Là, ça faisait quand même mal. Largement supportable, mais douloureux ; je serrai les dents. La ceinture ne claquait pas plus fort que la main, mais elle cinglait plus. Malgré moi, je tressautais à chaque impact, les mâchoires contractées ; Jason tirait mes poignets vers mes omoplates pour bien dégager mes fesses et frappait en variant la cadence et les angles, du haut des cuisses au bas des reins. Parfois il suspendait les coups pour glisser deux ou trois doigts en moi et vérifier si j’étais toujours trempée. Je me suis rendu compte que des larmes coulaient en abondance sur le drap et que mon nez se remplissait de mucosités. La classe ! Je poussais des cris de gorge à chaque coup, mais je refusais de dire « Rouge ». C’est lui qui a compris le premier.

— Petite chienne, tes fesses sont en feu ; si je continue, je risque de te blesser. Donc ça suffit.

Je tentai de ravaler mes pleurs, comprenant alors qu’il avait brisé toute velléité de résistance de ma part. J’étais à lui maintenant, et j’avais refusé d’abdiquer et de l’arrêter malgré la douleur. Il a libéré mes chevilles puis m’a guidée avec douceur par les épaules pour m’agenouiller devant lui sur le parquet. Puis il a pris ma bouche lentement et de plus en plus loin. Attentif à mes réactions, il a compris que j’étais heureuse de lui faire ce plaisir. Je l’acceptais ; plus que ça : je le voulais et j’en avais envie, j’en avais besoin. Il tenait ma nuque d’une main souple et se guidait tout au fond de ma bouche ; je bavais et suffoquais, mais il n’en avait cure.

Il s’est arrêté juste avant de jouir ; il m’a soulevée jusqu’à ce que nos nez se touchent presque et a plongé son regard noir dans mes yeux voilés par le plaisir et l’attente de son orgasme.

— Alors, petite chienne, tu choisis quoi : le cul ou la chatte ?
— Comme vous préférez, Maître ; je vous appartiens et je vous attends.
— Bonne réponse...

Me soulevant à bonne hauteur, il s’est guidé dans mon vagin et m’a lâchée. Je me suis empalée jusqu’à la garde sous l’effet de la pesanteur en poussant un cri de plaisir. J’étais ruisselante et torride comme jamais je ne l’avais été, je crois. Il m’a soulevée jusqu’à sortir complètement, m’arrachant un râle de dépit, pour me lâcher encore. Le gland a buté tout au fond de moi et j’ai couiné sous la douleur diffuse tout au fond de mon ventre.

— Tu aimes ça, on dirait. Étroite, mais complètement offerte. Tu es une vraie soumise...
— Je ne sais pas… Mais oui, Maître, j’aime ; vous me manquiez tant...

Il se retira et me jeta sur le lit. Surprise par son changement d’attitude, j’ai hoqueté en rebondissant sur le sommier ; je ne comprenais pas pourquoi il avait fait ça. Attention, Steph ; s’il se met à délirer, il te faut oser l’arrêter. « Rouge », ou carrément « Pacer »... Je ne sais plus, merde, il paraît vraiment en colère et tu ne sais même pas pourquoi !

— Tu ne parles que si je te pose une question. Je ne t’ai rien demandé, il me semble. T’ai-je demandé quelque chose ? Réponds !
— Mais je croyais... Pardon, non, Maître, non.
— Tu vas être punie ; tu comprends ça ?
— Oui, Maître. C’est ma faute.

Il dénoua rapidement la cravate qui entravait toujours mes poignets. Merde, je n’arrive pas à voir s’il est sérieux ou s’il joue. Il a l’air à fond dedans. Alerte, Steph ! Si tu penses qu’il ne joue plus, tu arrêtes tout ! Je crois qu’il te faudra du temps pour t’habituer à tout ça.

— Alors sur le dos, lève les jambes ; place tes mains derrière les genoux, écarte-les largement. Encore. Tu vas tâter de la ceinture sur des endroits très sensibles. Tu as quelque chose à dire ?
— Non, Maître. Putain si, Steph : il va te marquer, dis-lui que tu ne veux pas ! Mais si tu fais ça, il va être déçu, il ne voudra peut-être plus de toi ; alors tais-toi pour l’instant. Mais si tu as trop mal, c’est fini.

J’étais crispée, les jambes agitées de tremblements, la respiration courte et oppressée alors que je le voyais armer son bras. Le plus terrible, c’était donc ça : mes yeux suivant la ceinture brune dans sa course, image rendue floue par la vitesse jusqu’à l’impact sur ma peau la plus tendre. Il a retenu son coup, je m’en suis bien rendu compte ; et pourtant j’ai poussé un cri rauque sous la douleur jaillissant de mon ventre atteint du nombril au pubis.

Il recula d’un pas et ses yeux cherchèrent les miens. Je compris immédiatement qu’il quêtait mon assentiment ; c’était moi qui décidais, et non lui. Je lui avais donné ma confiance, et il n’entendait pas l’outrepasser. Nous étions en plein dans une relation dominant / soumise dont je ne connaissais pas grand-chose, mais je devais tester mes limites entre douleur et plaisir. Je réussis à sourire tout en le défiant du regard à travers mes larmes. Déconne pas non plus, petit mec, ne l’énerve pas, mais essaie aussi de ne pas dire « Rouge » trop vite : tu ne supporterais pas sa déception. Alors calme, tu peux le faire.

Jason hocha la tête puis frappa l’intérieur de la cuisse, au ras de la vulve. Douloureux ! Je serrai les jambes mais les écartai bien vite ; même si j’étais incapable de retenir mes larmes, je tentais toujours de me donner. L’autre cuisse maintenant, la même douleur, la même réaction. Et je me décidai :

— « Rouge ! » Pardon, Maître. J’ai trop mal.
— Excuses acceptées, petite douillette ! Tourne-toi, je crève d’envie de te prendre.

Ouf ! J’avais réussi à surmonter ma compulsion à la souffrance ; j’avais défini mes limites. Je me suis placée en levrette en soupirant ; mes muscles étaient noués et douloureux, pas seulement aux endroits où j’avais été frappée, mais sur tous mes membres. J’ai senti les doigts de Jason préparer mes reins en y enfonçant deux doigts gras et je me suis cambrée. Ses gestes précis m’avaient calmée en un instant, et je m’offrais, consciente de la parfaite obscénité de ma position. Ses doigts ont dansé longtemps dans mon anus, bientôt rejoints par un troisième, s’enfonçant jusqu’à la jointure. Je n’avais même pas mal et je sentais la cyprine ruisseler à flots de mon vagin délaissé.

Il a retiré ses doigts et s’est enfoncé sans coup férir d’une bonne poussée, son ventre claquant contre mes fesses. J’ai grimacé ; elles étaient en feu. Empoignant mes cheveux, il m’a tirée en arrière, m’obligeant à ployer ma colonne vertébrale. Dans cette position, il allait plus loin et plus fort, et sous les coups de boutoir violents qui me secouaient comme un pantin désarticulé j’ai joui en criant.

— Alors comme ça, tu jouis sans mon autorisation ? Je devrais te punir pour cela.
— Pardon, Maître ; je n’ai pu m’en empêcher... Et j’en avais trop envie.

Il était à bout lui aussi car il se déversa dans mes reins en grognant. Et il tomba en avant, m’écrasant de sa masse ; il respirait fort et je sentais son cœur battre aussi vite que le mien. Rapidement il bascula sur le côté, me permettant de respirer mieux ; je poussai un gros soupir lorsque sa verge sortit de mon anus distendu.

— Fini pour aujourd’hui, la Pacer, Steph.
— D’accord, merci. Je suis désolée, tu as dû me trouver nulle. J’ai eu trop mal et j’ai craqué.
— Attends, Steph, tu dis n’importe quoi. Tu as accepté des choses dont je ne te croyais pas capable. Tu as surmonté ta peur, tu as accepté de souffrir bien au-delà de ce que je pensais possible pour me faire plaisir.
— Tu crois ? Merci alors. J’ai aimé ça la plupart du temps. J’ai adoré la fessée, et même ensuite avec la ceinture, je pense que j’ai aimé et détesté en même temps. Par contre, sur la chatte, c’est terminé : ça fait trop mal. Je voulais te montrer que j’étais capable de souffrir pour toi, et voilà...
— Tu as souffert pour moi ; et pour toi aussi, j’espère. Sinon jamais nous ne recommencerons.
— Pourquoi tu dis ça ? Je ne comprends pas tout.
— La domination / soumission, ce n’est pas un jeu pour moi. Je suis exigeant et dominateur, mais nous sommes deux et nous devons y trouver du plaisir tous les deux. Si tu ne vis ça que comme une contrainte et non une joie, autant y mettre un terme tout de suite.
— Mais non ! Je te l’ai dit : j’ai adoré ça ! Il faut juste que je comprenne où sont mes limites.
— Dans ce cas, d’accord. Mais j’avais l’impression que tu refusais de m’arrêter par crainte de me décevoir.
— C’est vrai, excuse-moi ; je n’avais pas tout compris. Je pensais effectivement qu’il me fallait arriver à tout accepter, même quand ce serait trop dur.
— Non. La seule souffrance que tu dois recevoir est celle qui est associée au plaisir. Les punitions, tu n’as pas à les accepter si elles ne te conviennent pas. Tu es libre de les refuser, de les moduler, et je ne t’en voudrai pas. Nous sommes égaux, ne l’oublie jamais. J’aime dominer, mais j’aime surtout te voir prendre du plaisir et jouir avec moi. Tu es prête à recommencer ? Non, pas aujourd’hui, ne fais pas cette tête...

Auteur : Matt Démon

Lisez la suite bientôt

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