vendredi 21 octobre 2016

New-York darkness (4)

Relire le chapitre 3

CHAPITRE QUATRE : Pause en douceur

Alice est restée jusqu’à la fermeture et nous somme rentrées bras dessus bras dessous au studio. Pour la taquiner, une fois arrivées, je lui lançai :

— Tu arriverais à me faire un strip-tease ? Bien sensuel… Mais sans Joe Cocker, je t’en supplie. Tu nous choisis une chanson sexy…
— Ma chanteuse préférée, Adele ; elle a une voix qui me fait mouiller…
— Parfait, je l’adore aussi… Mais tu as intérêt à assurer.

Je me suis assise en tailleur sur le lit pendant qu’elle cherchait sur sa playlist ; la sublime voix d’Adele a envoyé « Rolling in the deep ». Et Alice s’est tournée vers moi en ondulant, mains croisées sur la nuque, le visage illuminé par un beau sourire et les yeux brillants de plaisir. Elle a ensuite fait glisser les fines bretelles sur ses bras avant de laisser couler sa robe jusqu’à ses hanches. Elle portait un joli soutien-gorge noir à balconnets, et ses mamelons étaient gonflés et durs car ils tendaient la fine dentelle. J’ai sifflé doucement quand elle a accompagné sa robe sur ses cuisses fuselées pour l’enjamber sans enlever ses escarpins à talons hauts.

— Alice, ta prestation sera notée de zéro à dix. Et je te donnerai autant d’orgasmes que de points obtenus…

Elle me tira la langue mais ne put s’empêcher d’afficher une mine ravie aussitôt après. Me tournant le dos, elle dégrafa son soutien-gorge puis elle le laissa choir en me faisant face, les seins cachés sous ses deux mains. Malgré moi, je me prenais au jeu et mon ventre s’humidifiait à vitesse grand V. Elle dévoila un sein puis l’autre, ondulant toujours en rythme avec la chanson. Bon Dieu, Steph, si tu savais siffler entre les dents... Mais les bonnes sœurs, c’était pas dans leur programme scolaire. Encore une grosse lacune de l’éducation catho !

Elle souleva ses longs cheveux et secoua la tête en fermant les yeux ; elle savait l’effet qu’elle me faisait… Je résistai à l’envie de poser une main sur mon pubis au prix d’un petit gémissement. Quasiment inaudible, mais Alice sourit diaboliquement. Elle fit rouler son bassin et baissa à moitié sa petite culotte noire, exposant sa toison châtain, la remonta puis se tourna pour la baisser jusqu’aux genoux ; elle glissa seule sur le soyeux des bas, et ma nouvelle amie la ramassa pour me la jeter d’un geste négligeant. Quand elle se tourna vers moi dans sa nudité triomphante rehaussée par les bas autofixants, je humai sa culotte très humide.

La chanson finissant, Alice enleva ses escarpins et vint s’asseoir à genoux devant moi ; elle arracha ma perruque brune, la jeta sur le petit canapé, et m’embrassa. Pas le baiser presque chaste de cette nuit, non. Un baiser vorace, ses lèvres ventousées aux miennes et sa langue agile venant danser dans ma bouche ; j’avais posé les mains sur ses épaules nues et je caressais sa peau satinée, elle serrait mon cou et ma nuque entre les siennes, ses ongles me griffant dans l’urgence du moment. Enfin Alice a libéré mes lèvres, un peu essoufflée et les yeux troubles de désir.

— Alors, tu ne m’as pas dit comment tu as noté ma prestation.
— Tu mérites un neuf ; un peu plus de déhanchés et tu récoltais la note maximale. Mais le jury de professionnels a tenu à t’encourager.
— Merci, je suis honorée. Quand recevrai-je ma récompense ?
— Elle est à effet immédiat. Le temps d’enlever les miens, d’effets...
— En effet, je vais t’aider pour tes effets. Voilà, c’est fait. Je fantasme sur toi depuis la nuit dernière, je me suis caressée sans parvenir à jouir, j’avais peur de te réveiller. Tu es un fantasme ambulant, Steph ; même ta coupe G.I. ne peut le masquer.
— Merci, flatteuse ; si tu espères me faire oublier un de tes dix orgasmes, tu te fourres le doigt...
— Dans l’œil ?

Je plaçai avec autorité mon amie dans la position que je souhaitais, allongée sur le dos et les jambes écartées de part et d’autre de moi. Nul besoin de se pencher pour voir qu’elle était excitée : ses mamelons pointaient et ses lèvres intimes brillantes de mouille étaient gonflées de désir. Je surplombai son ventre, soufflant sur sa vulve. Alice frémit et ses cuisses se resserrèrent jusqu’à toucher mes jambes avant de s’ouvrir encore plus. J’ai hésité à la faire languir mais elle en avait trop envie ; j’en avais trop envie. J’ai plongé la langue au centre de sa fente, goûtant son jus iodé et suave. Elle a poussé un cri aigu et planté ses ongles sur ma nuque, m’écrasant contre son intimité alors que son bassin se soulevait. J’eus à peine le temps de capturer son clitoris pour l’aspirer qu’elle jouissait bruyamment.
Elle me tira à elle et mon corps épousa le sien, poitrine contre poitrine, bouche contre bouche. Elle picora mes lèvres amoureusement et éclata de rire.

— Ah, Steph, merci. J’en avais tellement envie, ça fait si longtemps… Dommage que tu ne sois pas lesbienne car je pourrais tomber amoureuse de toi.
— Oh ! Je t’en prie, je ne voudrais pas te briser le cœur. Je suis désolée.
— Je comprends ; mon cœur est déjà pas mal amoché et je préfère savoir à quoi m’en tenir.
— Merci. Un !
— Un quoi ?
— Un orgasme ; tu en as encore huit. C’est parti…

J’ai embrassé et tété ses jolis seins tout durs puis je suis descendue en serpentant, léchant et mordillant, continuant sur ses cuisses et ses mollets. Elle a poussé un couinement de dépit quand elle a compris que j’évitais sciemment sa féminité, mais son corps tremblait sous mes caresses. Je la butinai jusqu’à ses pieds avant de revenir doucement, hypnotisée par sa vulve impudiquement offerte d’où sourdait en abondance la cyprine. J’ai écarté ses grandes lèvres à deux mains, exposant le tendre corail de son intimité, puis j’ai risqué un coup de langue de bas en haut.

Alice s’est cambrée en criant, déjà prête à jouir, son bassin agité de mouvements incontrôlables. J’ai levé la tête, incrédule.

Bon sang, un coup de langue bien placé et elle décolle déjà ? Je n’ai pas une grande expérience, mais là, elle va se retrouver dans le Guinness, la petite Alice ! Ces huit orgasmes, je vais les lui claquer en huit minutes, moi.

J’ai sorti le grand jeu : deux doigts recourbés dans le vagin qui ont arraché un nouveau cri de plaisir quand j’ai caressé l’intérieur dans la zone sensible, l’autre main passant d’un mamelon à l’autre, les caressant un peu rudement, et la bouche en plus… Je léchais, aspirais le bouton engorgé, le mordillais, et Alice criait, rebondissait d’orgasme en orgasme, agitée de soubresauts qui manquaient de me désarçonner. À six, j’ai arrêté de compter, mais j’ai continué, heureuse d’apporter autant de plaisir à cette jeune femme que j’appréciais vraiment.

C’est elle qui me signifia la fin des hostilités en me délogeant de son entrejambe ruisselant ; se redressant, elle me tira par les aisselles jusqu’à pouvoir m’embrasser et lécher sur mon visage la preuve de sa jouissance. Son visage était délicieusement rouge et ses yeux trahissaient la fatigue.

— Je pense que tu as eu les neuf en tout…
— Bien plus ; tu as été géniale ! Tu es sûre de ne pas vouloir virer lesbienne pur sucre ? Je te ferais oublier… Non, pardonne-moi.
— C’est rien, ma chérie. Tu es divine quand tu jouis ; j’ai adoré, crois-moi. Mais maintenant il faut dormir.
— Je voudrais te rendre tout ce plaisir, ma chérie...
— Plus tard, je suis trop bien dans tes bras et je veux y dormir.
— Bien, mais je te promets de te faire grimper aux rideaux à ton tour.

Le soir, Alice est arrivée comme la veille un tout petit peu avant 23 heures ; je ne l’avais pas vue de la journée, mais elle m’avait téléphoné pour m’expliquer qu’elle était coincée au boulot jusqu’à pas d’heure. Elle s’excusait presque de ne pouvoir me voir ; je l’avais rassurée. Même si je n’étais pas complètement surprise de la voir entrer dans le bar, j’étais super contente et je lui ai adressé mon plus beau sourire. J’arrivais à sa table quand Joe Cocker attaqua son couplet, et j’enlevai mon short en la regardant. Je la vis nettement déglutir, troublée au delà du possible à la vision de mon corps presque nu. Ses yeux étaient noirs et sa bouche tremblait ; j’eus soudain pitié d’elle car je ne voulais pas qu’elle tombe amoureuse de moi.

— Alice, bonsoir... Tu vas venir tous les soirs pour me voir ?
— Tu... Tu ne veux pas ? Ça te gêne ?
— Non : au contraire, ça me fait plaisir. Mais fais attention ; j’ai un homme qui m’aime et que j’aime, tu le sais.
— Oui, je le sais. Mais tu es si belle que je... Pardon, je vais partir.

Elle s’est levée brusquement en manquant de reverser sa chaise et commença à partir pour cacher ses larmes, mais je posai mon plateau vide et l’attrapai par un poignet pour la tirer contre moi. Elle était plus grande que moi mais elle réussit à se nicher contre mon épaule qu’elle inonda de grosses larmes. Je sentais ses épaules tressauter mais elle restait silencieuse ; aussi je lui chuchotai des paroles d’apaisement en la serrant dans mes bras.

— Alice, c’est bon. Tu es mon amie, je t’aime. Et nous ferons l’amour ensemble autant que tu veux, mais il ne faut pas t’attacher à moi, je t’en supplie.
— Tu as raison, Steph. Je suis conne, mais je me sens si seule ici. Si seule.
— Allez, embrasse-moi et je vais te servir un mojito bien tassé, tu le mérites.
— Oui, j’en ai besoin. Et excuse-moi. Cette nuit, je t’en dois neuf. Orgasmes. Et demain, c’est samedi, nous serons tranquilles toutes les deux.

La vérité est que j’ai été émoustillée par le programme concocté par ma jolie coloc. J’ai fais le service sur un nuage, de plus en plus excitée comme le temps passait, les aréoles toute dures et le string mouillé, ce qui amusa grandement Carmen et Aminata. Qui allèrent féliciter en riant Alice pour l’émoi qu’elle provoquait chez moi.

Ouais, et moi, je dois faire la serveuse pour des clients libidineux qui passent leur temps à me coller des billets verts le plus près possible de ma foufoune. C’est pas une vie, mais au moins je la gagne.
Comme la veille, nous sommes revenues enlacées au studio ; et là, Alice m’a montré l’étendue de son talent ; elle connaissait les ressorts de ma jouissance mieux que moi, jouant avec mon corps comme une virtuose de son instrument. Rapidement, ses doigts et sa langue m’ont fait décoller vers des sommets d’extase sans me laisser la possibilité de redescendre et j’ai enchaîné les orgasmes sans discontinuer tout le temps qu’elle a joué de mon corps.

Pantelante, repue et les membres gourds, je n’ai pu que l’embrasser quand elle m’a enfin laissée revenir sur terre. Elle a ri en me voyant dans cet état d’hébétude profonde post-coïtale, mais j’ai vu aussi une expression inquiète dans ses yeux si expressifs.

— Steph, ça va ? Tu es toute pâle.
— Mmm. Tu m’as tuée, je peux plus remuer le petit doigt. Mais c’était génial, Alice. Je ne sais pas où tu as appris à faire l’amour, mais je te mets un dix.

Au matin, c’est moi qui l’ai réveillée en la faisant jouir, tétant son clitoris exacerbé, bloquant ses cuisses écartées au maximum pour qu’elle ne puisse m’échapper ; elle était émouvante quand elle atteignait l’orgasme, poussant de petits cris de gorge et m’inondant de son liquide intime. Ses yeux suppliants m’intimaient alors de ne pas l’abandonner à cet instant, de l’accompagner et de la conduire encore plus haut. Et bien entendu, je ne pouvais que lui obéir.

Plus tard, à son retour de la douche, elle me trouva en larmes sur le canapé, serrant compulsivement mon téléphone. Toute nue et fraîche, portant juste une serviette enroulée sur la tête, elle s’agenouilla devant moi.

— Steph, tu as eu des nouvelles... Jason ?
— Il est tiré d’affaire. Jason est tiré d’affaire. Mon Dieu, je vous remercie, mon Dieu...
— Je suis heureuse pour toi, j’ai eu peur ; s’il... Non, je... On va fêter ça, je vais faire des pancakes.

J’ai souri béatement, voire bêtement toute la matinée et Alice était aux anges ; puis j’ai bien vu que quelque chose la travaillait car son visage s’est assombri lentement. Nous étions sorties pour marcher sous sa conduite ; après tout, elle connaissait Manhattan, elle. Nous sommes arrivées sur Battery Park, en face de la statue de la Liberté. Mon cœur s’est serré sous le coup de l’émotion car cette femme magnifique symbolisait pour moi l’espoir d’être libre enfin, de revenir chez moi et de retrouver Jason.

Alice a compris mon émotion et m’a entourée de ses bras pour m’appuyer dos contre elle avant de chuchoter à mon oreille, la voix tremblante :

— Je suis arrivée en bateau, il y a trois ans ; ça se fait plus : les immigrants arrivent souvent en avion maintenant. Mais j’avais tenu à entrer aux USA ici, en face de cette statue.
— Tu n’es pas américaine ; d’origine, je veux dire. Tu viens d’Europe ?
— Oui, d’un petit pays dont personne n’a entendu parler.
— J’ai une amie de Belgique, et je croyais que c’était en France. Mais non...
— Oui, je connais, je suis d’à côté. Je suis américaine maintenant, mais je ne sais pas si je ne vais pas repartir en Europe. Je n’ai pas de vrais amis, à part toi. Et tu vas repartir à Miami maintenant que Jason est sauvé...

Je me suis écartée pour lui faire face. Il fallait mettre les choses au point, et vite.

— Attends, Alice. Tu as tout faux. Je suis coincée ici jusqu’à... je sais pas. Sûrement longtemps, plusieurs mois. Un gang de Miami me recherche, et pas pour m’offrir des fleurs. Des amis tentent de régler ce problème, mais en attendant je reste ici. Ça, c’est le premier point. Ensuite, tu es mon amie. Je ne te connais pas beaucoup encore, mais tu l’es. Dans mon cœur et là (je tapotai mon crâne abrité sous la perruque brune). Je n’abandonne jamais mes amis. Jamais. J’en ai pas beaucoup, et j’y tiens. Quand je sortirai de cette merde, et j’en sortirai d’une manière ou d’une autre, je te proposerai de m’accompagner.
— Toi, tu auras Jason ; moi...
— Hé ! Tu auras... Mes amis te plairont, j’en suis sûre ; tu leur plairas, à Jason aussi. Miami, c’est pas le paradis, mais tu auras un travail, le soleil, et je ne te laisserai jamais tomber.

Elle a retenu ses larmes de justesse et hoché la tête pour me signifier qu’elle comprenait que j’étais sérieuse. Puis m’a étreinte avec une force telle que j’ai poussé un couinement. Heureusement que mes fractures costales étaient guéries, sinon j’aurais autrement crié.

— Merci, Steph ; j’avais besoin de l’entendre. Je te souhaite de pouvoir revenir chez toi le plus vite possible, mais je ne sais pas ce que je ferai à ce moment-là. Je ne veux pas m’imposer.
— Essaie pas de m’énerver. Si je te le propose, c’est que ça ME fait plaisir. À moi. Histoire de pouvoir me regarder dans les yeux quand je me coiffe.
— Pfff ! Pour te coiffer, t’as pas besoin de miroir. Pourquoi tu as fait ça, d’ailleurs ? Non pas que tu sois pas jolie comme ça, mais...
— Mmm... C’est une longue histoire. Pour faire court, j’avais déjà fui Miami il y a deux ans et j’avais teint mes cheveux en noir. Et la teinture était top, elle a jamais voulu partir ; alors à mon retour à Miami, j’ai rasé tout.
— Et... si je comprends bien, tu as été en cavale deux ans ; tu reviens chez toi et hop, il t’a fallu repartir te cacher ? Putain, comment tu fais pour sourire encore à la vie ?
— Je sais pas ; je fais de belles rencontres aussi.

Elle a ri pour la première fois depuis un bon moment avant de reprendre son sérieux.

— Moi, en tout cas, je suis super heureuse de t’avoir rencontrée. Même si tu n’es pas lesbienne, tu fais une bi très convenable et... tu n’es pas banale. Tu te trimbales un calibre dans la valise, tu te rases le crâne, tu acceptes de ranger ta fierté pour servir presque à poil dans un bar. Et pourtant, ça te coûte.
— Je me dis que j’ai pas le choix, tant que je ne trouve pas un restaurant correct pour m’embaucher... Et puis, depuis que tu viens me voir, ce n’est plus aussi terrible ; je le fais pour toi maintenant, pour t’allumer...
— Et ça marche, espèce de dévergondée !

Nous sommes reparties en riant aux éclats, heureuses de vivre et de partager ces moments de détente et de communion.

Le lendemain, Alice m’a fait découvrir le MET et ses sublimes tableaux, puis nous avons parcouru Central Park, paradis des enfants, joggers, promeneurs de tout poil ; à la nuit, la faune changerait du tout au tout et il ne ferait pas bon de nous y aventurer.

À compter de ce week-end, notre vie s’est organisée harmonieusement ; j’ai pris l’habitude de me lever avec Alice, puis après un petit déjeuner frugal je partais courir vers Hudson River Park et jusqu’au sud, à Battery Park ; de nombreux joggers faisaient un peu le même circuit et j’ai commencé à courir avec un groupe informel, hommes et femmes, adoptant la même vitesse de croisière que moi. Et le dimanche, j’ai réussi à convaincre Alice de courir avec moi, en général vers Central Park. Même si elle n’était pas une fana de course à pied, elle y mettait de la bonne volonté. En plus, avec ses longues jambes, elle avait une foulée géniale ; parfois je me remémorais les footings matinaux avec Anita, des siècles auparavant.

Eh oui, plus de deux ans déjà que tu n’as pas couru avec Anita. Deux ans ; autant dire une éternité. Tu étais jeune, innocente et naïve. Regarde ce que la vie a fait de toi : une meurtrière fugitive, blessée et neurasthénique. Pas à dire, tu a le chic pour te coller dans les emmerdes.

Et j’avais le bourdon. Jason me manquait, Anita me manquait, Clea me manquait. Miami me manquait. Oh, New York est une ville géniale, Greenwich spécialement. Mais j’attendais désespérément le feu vert d’Anita pour revenir chez moi.

Mi-septembre, Jason est sorti de la clinique privée où il était soigné. Ça faisait un mois et demi que j’étais partie ; je n’avais pas trouvé de travail durable dans un vrai restaurant et je continuais à servir au Moon’. Le 14 septembre, juste après sa sortie de clinique, Jason m’a appelée pour la première fois.

— Salut, Steph.
— Jason ! Dieu merci ! Tu vas bien ? Tu es encore à l’hôpital ? Tu n’as plus mal ? Tu…
— Arrête, Steph, s’il te plaît… Oui, ça va un peu mieux ; je repars en rééduc à San Francisco, pour mettre un peu de distance avec les Zoe.
— Je vais te rejoindre ; San Francisco, je connais bien…
— Non, surtout pas. Reste cachée là où tu es. Comment tu vas ? Tu t’en sors ?
— J’ai connu mieux. J’ai un travail, un studio avec une fille géniale ; elle me fait visiter New-York et…
— Steph, merde !
— Oui, bon. Je l’ai dit. Désolée.
— Bon, c’est pas grave, je suis pas sur écoute. Ta copine Anita monte un coup pour se débarrasser des Duvallier mais ça prend du temps. Et elle monte un dossier sur certains Zoe pour le FBI et la DEA (Drug Enforcement Administration), ce qui devrait les calmer pour longtemps.
— Mais c’est quoi, longtemps ? Jason, tu me manques…
— Et à moi donc, Steph. Et à moi donc ! Il te faut tenir : à Thanksgiving ce sera fini, je te promets.
— Putain, ça fait plus de trois mois !
— Je sais, je suis désolé. Tu me manques… Et aussi… Merci, Steph. Tu m’as sauvé la vie, et c’est la deuxième fois. Je sais pas ce que tu me trouves pour t’acharner à me sauver.
— Moi non plus, je vois pas ; à part ta jolie voiture, bien sûr. Elle me manque aussi.
— Puisque tu es… où tu es, je te donne les coordonnées d’un vieil ami qui pourrait t’aider. Mais ne le contacte que si tu es dans la merde. On s’est connu en squat quand j’étais ado ; il a quitté Miami quand j’étais à l’hôpital mais a continué à me donner des nouvelles tous les ans.
— Avant tout, dis-moi qu’il n’est pas comme ton ami Thomas.
— Non, Angel est un défenseur des droits civiques de la communauté noire ; il a milité pour les Black Panthers et la Black Guerrilla Family, et je ne te dirai pas que c’est un petit saint ; mais si tu as de gros soucis…
— Jason, c’est quoi que tu ne me dis pas ?
— Oui, tu me connais trop bien… C’est un fou de blondes et il va tout faire pour t’avoir ; et s’il t’aide, tu pourras pas lui refuser.
— Merci ; je ferai en sorte de ne pas le rencontrer.

Moralité, j’avais le moral dans les chaussettes. Et j’avais beau me morigéner, me rappeler que Jason s’en était sorti, qu’il allait mieux, rien n’y faisait. Alice ne m’a pas lâchée d’une minute de tout le week-end, m’accompagnant même au Moon’.

Le lendemain était un dimanche ; je me suis réveillée d’un rêve torride pour apercevoir mon amie couchée entre mes cuisses, sa langue jouant avec mon clitoris. Ses yeux pleins de malice ne m’ont plus quittée alors que mon ventre se liquéfiait. Elle avait plongé deux doigts recourbés dans mon vagin et massait lentement l’intérieur tout en mordillant mon bouton engorgé.

— Alice, je vais jouir… Surtout n’arrête pas…

Elle aspira mon clitoris si fort que je me cabrai, tétanisée par la fulgurance de l’orgasme qui m’a emportée si loin que j’ai eu un instant d’absence. Quand mes yeux ont pu à nouveau accommoder, Alice était collée contre moi, un sourire angélique illuminant son doux visage.

— Alors, c’était comment ?
— Génial. C’est un nouveau concept de réveil qui devrait beaucoup plaire. Merci, Alice. J’en avais besoin.
— Tu as eu de mauvaises nouvelles ?
— Oui et non. Jason va mieux, et c’est le principal ; mais il ne veut pas que je le rejoigne : je dois rester cachée ici pendant… je sais pas, encore plusieurs mois sûrement.

Les jours ont défilé, et les semaines. J’ai recommencé à aller nager, deux jours par semaine, à la piscine olympique de Sport Park sur Roosevelt Island. Bon, je nageais moins vite et moins longtemps qu’avant à cause de mon épaule, mais je m’en fichais. Je retrouvais des sensations qui m’avaient manqué plus que je ne l’aurais cru. Glisser dans l’eau souplement, attentive aux battements du cœur, à la régulation de la respiration. Aux mouvements des bras qui frappent la surface du bassin en cadence, au fond qui défile vite deux mètres en dessous… Cela faisait partie des petits plaisirs de ma vie d’avant que je retrouvais enfin.

À San Francisco, Jason se rétablissait doucement ; il avait eu son compte de gros soucis depuis que je le connaissais ; il avait bien failli mourir deux fois. Il se battait pour retrouver toute son intégrité physique, tout en prenant peu à peu les rênes de l’empire Fishburne.

Auteur : Matt Démon

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