CHAPITRE SEPT : Lewis
— Steph, tu me dis ce qui ne va pas ?
— Rien, ça va ; je suis juste fatiguée.
—
Fatiguée, toi ? Mon cul ! Iron Girl, c’est toi ! Tu as autre chose ; je
te connais assez pour savoir que quelque chose te tracasse. Et c’est en
rapport avec Lewis, j’en suis sûre. Et avant que tu te replies dans ta
coquille, je peux te dire qu’il est inquiet lui aussi.
— Pff… T’es
trop futée, toi. J’ai peur de tomber amoureuse comme une gamine. Et
j’aime Jason. Alors ça fait désordre et je sais plus quoi faire. Je n’ai
pas fait l’amour avec un homme depuis des mois, mais ça, je peux gérer.
Et là, il suffit qu’il touche ma main pour m’enlever les gants de boxe
et je tremble. Je n’ai jamais connu ça et j’ai peur.
— Merde, ça craint. Et tu crois que lui aussi ressent quelque chose ?
— Je le pense aussi. Merde et merde !
— Tu veux qu’on parte ?
— D’abord je dois lui parler ; savoir ce qu’il en pense. Je descends dans le living.
Il
était allongé dans le canapé, tout seul, à moitié endormi devant un
film de guerre. Je me suis assise en tailleur à côté de lui et il m’a
fixée de ses yeux sombres. Avant de faire une grimace amère. Il n’a pas
tendu la main vers moi mais il me regardait toujours avec cet éclat
douloureux au fond de ses prunelles.
— Pas facile, hein ! Tu as
ta vie qui t’attend à Miami, et je ne peux être qu’une parenthèse. Alors
le seul choix, c’est de se demander si on souffre tout de suite ou dans
un mois, ou deux.
— Toi aussi, tu es…
— Quand je t’ai vue me
rejoindre ce matin, dans ta tenue de jogging grise pas frimeuse pour
deux sous, j’ai été surpris. Et quand je t’ai vue courir, me suivre sans
peine et pouvant sûrement me semer si tu l’avais voulu, j’ai été
ébloui.
— En somme, tu es amoureux d’une joggeuse, pas de moi…
—
Oui, amoureux de la plus belle joggeuse que j’ai jamais vue, si belle
que j’ai envie de la prendre dans mes bras et de l’embrasser et de me
perdre dans son corps.
— Et merde…
Je me suis laissée tomber
en avant contre son torse ; les yeux fermés, j’ai respiré son odeur
musquée et poivrée, écouté son cœur qui battait fort, comme un gros
moteur V8. J’étais perdue. Ses mains se sont posées sur moi sans
chercher à me caresser, me communiquant juste leur chaleur au creux des
reins.
— Juste des câlins, Steph ; je serai là pour toi quand tu en auras besoin. Tu crois qu’on va y arriver ?
— Je ne sais pas ; je pense que je peux tenir physiquement, mais c’est dans mon cerveau que tout est chamboulé.
Bien plus tard, je me suis relevée en le remerciant d’être… lui. Tout simplement. Et
tu ne l’embrasses pas, Steph ; juste un sourire sinon tu vas péter les
plombs. Et te retrouver avec sa bite dans la chatte en moins de deux. Et
ça, ce serait le début de la fin pour ton couple. Pour toi aussi.
Comme
un bon petit soldat, je suis passée voir si Angel était rentré. Sa
chambre était vide. Je suis revenue dans la mienne où Alice dormait
profondément. Je me suis serrée contre elle pour lui voler un peu de
chaleur et de tendresse. Et me suis endormie comme une masse.
À 7
heures du matin, fidèle au poste, Lewis est venu me chercher ; Alice
nous a surpris en se levant en même temps que moi. Le menton levé sur un
air de défi, elle a enfilé sa tenue de running et nous sommes
descendues rejoindre Lewis, qui a rigolé franchement en la voyant.
— Tu as ton chaperon ? On fera plus court, je pense, alors.
— Hey, Lewis ! Si je t’emmerde, je remonte me coucher !
Il
a levé les mains ouvertes en signe de reddition ; j’ai fait attendre
tout le monde le temps d’aller chercher mes poignets lestés, puis nous
sommes partis pour huit miles à bon rythme. Quoi qu’il en dise, ma
copine courait super bien ; bon, à l’arrivée elle était épuisée, mais
elle avait tout donné pour nous. Autant dire qu’elle a soigneusement
évité les deux séances de combat, préférant lire et écouter de la
musique.
À la fin du cours de l’après-midi, Lewis m’a fait monter
sur le ring contre un jeune Black à peine plus grand que moi ; il
pensait que cette fois je ne retiendrais pas mes coups contre un homme.
J’ai sautillé en restant derrière ma garde jusqu’à ce qu’il feinte puis
envoie son tibia dans mes côtes. J’ai baissé les bras et ai reçu un
poing sur le menton. Après ? Je ne sais pas trop. J’ai ouvert les yeux
pour apercevoir Lewis qui engueulait quelqu’un ; le protège-dents était
toujours en place mais j’avais le goût du sang sur mes papilles et je
m’étouffais. Il m’a fallu une bonne seconde pour recracher le
protège-dents et me redresser en toussant ; mon nez saignait, ma lèvre
saignait, et mon orgueil aussi.
— Steph, ça va ?
— À ton avis ?
Je me suis pris un pain dans la gueule, et pourtant j’avais ce putain
de casque ! Non que j’aie pas l’habitude de prendre des coups, mais…
Ma
voix était inutilement hargneuse, il n’y était pour rien ; il s’était
agenouillé à côté de moi et me tendait un stick hémostatique. Qu’il
appliqua lui-même sur mes lèvres, j’étais trop faible pour le faire.
Bon
Dieu, Steph, tu vas mal finir si tout le monde se sert de toi comme
punching-ball. Change d’activités, fais du yoga, de la peinture sur
soie, prends des cours de cuisine. Mais pas du karaté, de la boxe…
— Je l’ai engueulé ; il m’avait dit qu’il ferait attention à toi.
— Pour faire attention, pas de souci : il s’est bien occupé de moi…
Je
me suis relevée en marmonnant des injures ; Dieu merci, tout le monde
était reparti à ses petites affaires et je n’étais plus le centre
d’intérêt du dojo. En grimaçant, j’ai soulevé mon débardeur et découvert
le large hématome qui courait sur mon côté gauche. Pas seyant, et
douloureux, en plus ; mes côtes flottantes n’avaient pas aimé.
À
notre retour au loft, Angel a marqué un temps d’arrêt en me voyant ; mes
lèvres avaient doublé de volume, au moins. Elles commençaient à peine à
dégonfler depuis leur rencontre avec les clients de l’Eden. Je devais
ressembler à un canard. Le vilain petit canard… Je pouffai et vis une
lueur d’inquiétude dans les yeux sombres d’Angel.
— Dis donc, Lewis, elle n’est pas bien ? Elle a fumé ? On dirait qu’elle rigole.
— C’est rien. On se sert tellement souvent de moi comme sparring-partner que maintenant ça me fait rire.
—
Non, Angel, son cerveau n’a pas été touché ; elle est partie dans les
cordes et elle est tombée à genoux. Donc c’est son état normal.
Ce
n’est que trois nuits plus tard que j’ai payé le loyer. Pour une fois,
Angel était resté et il m’a fait signe avant de monter à sa chambre ; je
l’ai rejoint après m’être douchée. Il a souri et ses yeux ont lancé des
éclairs en me voyant approcher de lui, vêtue en tout et pour tout d’un
grand tee-shirt blanc. Que j’ai enlevé juste avant de me glisser sous la
couette et de me blottir contre lui. Sa peau était douce, chaude et
moelleuse, juste ce qu’il me fallait pour évacuer mon spleen.
—
Je te remercie, Steph ; tu es une fille bien, en plus d’être belle. Et
si tu ne veux pas… Enfin bon, j’honorerai ma part de marché. Je te
protègerai, pas pour Jason, mais pour toi, pour ce que tu es.
—
Dis-moi, Angel, je ne comprends pas ce que tu fais exactement. Pour moi,
un gang, c’est… je sais pas, des trafics de drogue, d’alcool, du
racket… Enfin, tu n’as pas l’air d’être du genre à faire ça.
Il a
commencé à rire de plus en plus fort et son gros ventre a été secoué de
vagues d’hilarité qui m’ont amenée à me joindre à lui, plus
discrètement. C’était ça, l’effet Angel.
Et tu connais quoi,
au monde des gangs de New-York, Steph ? Il a pas l’air d’un tueur, c’est
sûr, mais ce sont les pires, ceux-là. Des psychopathes au sang froid
qui tuent comme toi tu manges un donut. Alors n’oublie jamais de rester
sur tes gardes en sa présence.
— Ouais, bon. Tu n’as pas
tort. Mon gang n’en est plus vraiment un. Quand je suis arrivé de Miami,
il y a quelques années, j’ai bossé comme videur de boîte de nuit et
j’ai rencontré des frères de la Black Guerrilla Family ; ensemble nous
avons évolué vers la défense des droits civiques des Blacks, leur
protection contre des racketteurs. Notre fric vient de la promotion et
production de rap East Coast, de hip-hop, de jazz rap.
— Et vous êtes nombreux ?
—
La BGF, nous sommes une centaine de membres. Dont beaucoup de rappeurs
et de musicos. Mais ne t’y trompes pas : nous sommes capables de nous
battre pour notre cause. Et là, je peux rameuter du monde.
Je réfléchis un moment à ce qu’il venait de dire, jouant avec les tétons qui durcissaient sous mes doigts.
— Et Lewis et Rhonda, qu’est-ce qu’ils font dans ton… gang ?
—
Rhonda va être notre infirmière attitrée et chante dans un groupe de
jazz rap. C’est tout. Quant à Lewis, lui c’est sport du matin au soir,
combats pro et cours au dojo ; il se fait plein de thunes. Et j’ai vu
que tu lui plaisais beaucoup. Vous avez fait l’amour ?
— Non, et je crois pas que ce soit possible.
— Explique. Ton contrat s’étend à lui, et…
—
Mon contrat ? Merde, c’est pas ça le problème. Nous sommes en train de
tomber amoureux et ce n’est pas possible. J’ai Jason à Miami et il le
sait. Alors on préfère rester amis, quelque chose comme ça.
— Merde, comme tu dis. Je suis désolé, j’ai rien vu venir. Mais tu es pile le genre de femme qu’il devait aimer, c’est sûr.
J’ai
descendu la main pour caresser sa verge qui a rapidement pris de belles
proportions. Je l’ai caressée doucement, descendant encore pour malaxer
les testicules, arrachant un long soupir à leur propriétaire. Puis j’ai
repoussé la couette pour me glisser plus bas et mes lèvres se sont
posées sur le gland épais pour déposer un baiser. Je l’ai aspiré avant
d’avaler la totalité de la colonne, déglutissant pour l’accueillir dans
ma gorge. Angel gémissait et respirait fort ; ses mains sur ma nuque
m’empêchaient tout retrait, et ses mouvements de bassin essayaient de le
projeter encore plus loin dans ma gorge.
Il a éjaculé en longues
salves de semence que j’ai avalées avant de reculer enfin pour
reprendre ma respiration, puis je suis revenue poser ma tête sur son
épaule.
— Je n’avais pas joui depuis longtemps ; je te remercie.
Mais la prochaine fois, je te promets de m’occuper de toi. Et de te
donner du plaisir.
— C’est gentil, mais tu n’es pas obligé.
En
vérité, je n’éprouvais aucune excitation particulière à son contact ;
j’étais bien, au chaud et en sécurité. Mais l’émotion n’avait pas gagné
mon ventre pour le rendre lourd et humide. Je me suis assoupie en rêvant
à Jason et Lewis, Lewis et Jason se partageant mon corps, me possédant
sans trêve par tous mes orifices.
Je me suis réveillée quand
Lewis est venu me chercher pour le footing matinal, et je suis sortie du
lit nue et le ventre en feu ruisselant sur mes cuisses. Mes aréoles
turgescentes n’ont laissé aucun doute au superbe mâle en face de moi.
— Mon Dieu, Steph…
— Tais-toi, s’il te plaît…
Il
m’a ouvert les bras et je me suis serrée contre lui, les yeux clos,
respirant son odeur envoûtante. Ses mains ont englobé mes fesses et ont
appuyé, me faisant apprécier la dureté et la taille de son membre viril à
travers son short moulant.
— C’est trop dur, Lewis. Je voudrais que tu me possèdes maintenant, je n’en peux plus.
— Je sais. Allez, viens courir, si tes côtes vont mieux. Alice ne vient pas ce matin, elle dort avec ma sœur.
Notre
course dans la nuit noire du Bronx n’a été qu’une longue fuite, comme
si nous cherchions l’oubli dans l’épuisement, dans le dépassement de soi
en puisant jusqu’à nos dernières réserves. Le second souffle envolé,
j’ai atteint l’ivresse due aux hormones libérées dans mon cerveau en
ultime cadeau. Presque vingt miles d’enfer et de purgatoire qui allaient
me coûter cher en récupération pour plusieurs jours. Lewis n’était pas
mieux. Il m’a embrassée sur le front avant de m’abandonner dans la
cuisine, effondrée sur la table.
Alice a récupéré les morceaux
épars de mon corps pour me conduire sous la douche brûlante après
m’avoir déshabillée en me grondant doucement. À midi, Jason a appelé et a
tout de suite compris que je n’étais pas bien.
— Raconte. Tu as des soucis avec Angel ?
— Non, il est adorable, ton pote.
—
C’est… Tu couches avec lui ? Je t’ai dit que ta sécurité passe avant
tout. S’il veut ton corps et que tu acceptes, je suis d’accord à cent
pour cent. Je préfèrerais être là pour profiter de toi en même temps,
moi dans ton petit cul et lui dans ta bouche, mais…
— Jason ! Tu fantasmes sur des trucs comme ça ?
—
Je suis un type dépravé, tu veux dire ? Oui, parfois j’aimerais te voir
jouir sous mes assauts conjugués à ceux d’un autre homme… Bon, tu ne
m’as pas dit ce qui te tracasse.
— Non. C’est pas drôle du tout.
J’avais accepté de coucher avec Lewis, le frère d’Angel, contre leur
protection. Je suis en train de tomber amoureuse de lui. Et lui de moi.
Mais je t’aime, Jason ; je veux vivre avec toi, porter tes enfants,
vieillir avec toi. J’ai failli craquer ce matin. Je suis perdue.
— Tu m’aimes ?
Sa
voix est rauque et un peu sèche, il est inquiet. Bienvenu au club,
Jason ; moi aussi je suis vachement inquiète ! Je te vois en coup de
vent depuis plus de deux ans et tu frôles la mort à chaque fois.
— Jason, je t’aime plus que tout.
— Bon, alors tu vas me passer ce Lewis, je vais discuter entre hommes. Il est là ?
— Il n’est pas loin, je te le passe...
—
Toi, n’oublie pas que je suis à l’autre bout du pays ; je ne peux ni te
protéger, ni te satisfaire. Je vais bien mieux maintenant, mais j’irais
mieux si je savais que tu es heureuse.
— Je ne serai pas heureuse
tant que nous serons loin l’un de l’autre, Jason. Je te passe Lewis...
Et je te préviens, j’ai mis l’ampli !
J’ai tendu le portable à Lewis qui l’a pris, un grand point d’interrogation suspendu au-dessus de lui.
— Allô, oui ?
— Lewis, c’est Jason, le pote d’Angel.
— Bonsoir, Jason. Angie m’a beaucoup parlé de toi. En bien.
— Tu éprouves quoi pour Steph ?
—
Tu vas droit au but, toi. Je vais te répondre de la même façon : c’est
la femme que j’attendais. Et je suis mal. Très mal. Elle t’aime et a
peur de moi.
— Oui, elle éprouve exactement le même sentiment pour toi. Or Steph n’est pas du genre à s’amouracher.
— Je ne la connais pas bien, mais je l’ai compris.
— Tu sais qu’elle est en danger ?
— Oui. Et avant que tu me demandes quoi que ce soit, je te réponds que je suis prêt à mourir pour elle.
—
Merci. Ce n’est pas facile pour moi. Je vous donne ma bénédiction pour
faire ce que vous voulez. J’aime Steph ; je veux avant tout son bonheur,
et si ça passe par toi, je suis d’accord. Par contre, ne lui fais pas
mal : elle a déjà tellement souffert à cause de ma famille qu’elle
mérite enfin du bonheur. Quand toute cette merde sera finie, nous
trouverons un arrangement tous les trois.
— Merci de ta confiance, Jason. Je me retirerai quand elle sera tirée d’affaire.
Putain,
c’est quoi cette histoire encore ? Et Lewis qui me regarde, c’est rien
de dire qu’il est étonné par la proposition de Jason. D’un autre côté,
nous ne savons pas si nous en sortirons vivants et entiers ; pas la
peine que les mâles alpha s’entretuent pour moi tant que l’ennemi n’est
pas vaincu. Mais je ne vais pas supporter ça non plus, merde !
J’ai arraché le téléphone de la main de Lewis.
—
À quoi tu joues, Jason ? Je te parle d’amour et tu parles de baise ! Il
n’est pas question que je baise avec Lewis et que je l’abandonne
ensuite pour revenir à Miami, tu comprends ça ? Je préfère revenir tout
de suite, quitte à me faire tuer par les Duvallier.
— Non, il n’en
est pas question. Demande-lui s’il acceptera de t’accompagner et de
venir vivre à Miami avec nous, alors. Mais ne fais pas une connerie
pareille !
J’ai levé la tête vers Lewis qui secouait la tête négativement, découragé.
— Je ne sais pas. J’ai ma vie à New-York, mes amis, mon travail. Mais je viendrai à Miami si je peux t’aider, expliqua-t-il.
— Tu as entendu ? Merci, Jason, je t’aime.
Je
suis repartie sans demander mon reste, évitant de croiser le regard du
free fighter sonné. Plus tard, en allant au dojo tous les deux, nous
avons discuté de sa vie à Big Apple, de son désir de monter son propre
dojo, des livres et des films qu’il aime. Mais pas d’amour, oh non. À ma
surprise, Lewis m’a fait monter sur le ring pour affronter le Black qui
m’avait descendue. Il affichait un air rogue, condescendant ; il me
narguait en sautillant allègrement à deux mètres de moi.
Pauvre garçon.
Il
n’avait aucune chance tellement j’avais la haine. J’avais appris à la
dure que les protections n’étaient pas parfaites, loin de là. Après
quelques attaques-parades d’échauffement, j’ai envoyé un coup de pied
retourné du droit qu’il bloqua facilement. En plein déséquilibre je
lançai aussi mon pied gauche qui percuta sa coquille. Qui se déforma de
fort belle manière sous la violence de l’impact. Mon adversaire se
dégonfla dans un gémissement de bon aloi.
Bon, j’évitai de
justesse la chute puis j’expédiai mon plus beau direct du gauche. Un peu
téléphoné, certes, mais mon pote l’a regardé venir avec l’œil expressif
d’un merlan frit. Sa tête est partie en arrière et il est descendu dans
les cordes. Knock out. Quand le sang a arrêté de gronder dans mes
veines, j’ai réalisé le silence régnant dans la grande salle ; je me
suis penchée sur mon malheureux adversaire et je l’ai soulevé un peu
pour qu’il ne s’asphyxie pas dans le sang qui ruisselait de son nez
fatigué. Lewis est venu me remplacer, et quand je me suis relevée,
encore hagarde après la furie du combat, j’ai entendu les
applaudissements.
À l’américaine : très lents, puis accélérant
peu à peu. Pourtant je n’étais pas fière de moi d’avoir blessé ce type
qui avait juste eu le tort de me montrer combien j’étais friable en
combat.
Un peu plus tard, nous sommes revenus en silence, Lewis
ayant compris que ce n’était pas le moment de me divertir. J’étais
plongée dans de sombres pensées de luttes, d’amour et de haine, de
combat et de mort.
Auteur : Matt Démon
Lisez la suite bientôt
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