CHAPITRE DIX : Retrouvailles
Dans mon souvenir suivant, je
regardais un plafond blanc et flou. Aucune douleur, aucune sensation non
plus. Juste un bruit qui me berçait, des bips sonores. Sommeil. Puis je
suis revenue. Et repartie. Puis j’ai pris conscience de l’endroit où
j’étais : un lit d’hôpital, avec tout un tas de tubes qui me reliaient à
la vie. Je m’étouffai et m’agitai, et Jason est apparu au-dessus de
moi. Il a caressé mon front d’une main chaude et douce.
— Salut. L’infirmière arrive. Et le docteur. Calme-toi, elles vont enlever le tube qui te gêne.
Je
n’avais pas l’air de pouvoir faire grand-chose, de toute manière ; mes
muscles ne répondaient pas, ou si peu. À ma surprise, le visage de Cléa
est apparu dans mon champ de vision. Empreint d’un sérieux tout
professionnel. Je ne pouvais pas parler, alors je lui ai fait un clin
d’œil ; j’ai été récompensée par un sourire.
Pas mal ! Steph,
tu es vivante. Même si tu ne sais pas pourquoi. Amochée ? C’est pas la
première fois ; tu vas avoir une nouvelle boutonnière sur le bras…
Allez, petit mec, souris, tu t’en es sortie, en fin de compte.
Je suis restée quinze jours à l’hôpital ; et j’ai à peu près tout compris, à force.
Mes
blessures : une vilaine entaille sur le bras droit qui avait nécessité
trente-six points de suture ; une autre qui m’avait complètement
échappée dans le feu de l’action sur la cuisse droite pour dix points de
suture. Un éclat de métal provenant d’une balle de 44 avait découpé ma
pommette gauche, ratant l’œil de peu ; plus une fracture du gros orteil
gauche.
Là, je savais comment je m’étais fait ça. La coque kevlar
des ballerines fournies par Lewis s’était trop déformée. Ou j’avais
frappé trop fort. Ça me mettait mal à l’aise de penser que j’avais pris
une vie. Encore.
En fin de compte, le type basané qui était entré
alors que j’étais blessée n’était pas un méchant. Il travaillait pour
une Agence gouvernementale bien connue et surveillait les Duvallier. Il
avait pourtant failli me liquider en me découvrant armée près d’un
cadavre. Je comprenais que je n’aurais pas fait le poids, malgré mon
riot-gun, contre un agent surentraîné ; le fait que j’abandonne mon arme
l’avait amené à ne pas me tuer.
Et au contraire, il avait appelé
une équipe médicale en hélicoptère, mais j’avais perdu tellement de
sang que j’avais bien failli y rester ; deux jours entre la vie et la
mort.
Et puis voilà, une ambulance m’a ramenée chez Jason le 30
décembre. J’avais passé Noël à l’hôpital, mais j’étais de retour chez
moi pour le nouvel an.
Lewis avait dû repartir à New York, hélas.
Mais Alice était restée près de moi et tenait le rôle peu enviable
d’infirmière à domicile et de souffre-douleur. Il semblerait que mon
caractère était difficile, ces temps-ci. Je ne guérissais pas assez
vite, et ça m’énervait de devoir me déplacer en fauteuil à roulettes.
Que je ne pouvais même pas utiliser normalement : mon bras droit avait
été trop sévèrement amoché.
Je n’ai abandonné le fauteuil que
mi-janvier et j’ai continué la rééducation avec d’autant plus de
détermination ; Jason osait à peine me toucher, alors ne parlons pas de
faire l’amour. Il a fallu que je l’attaque, le soir où j’ai mis le
fauteuil au rancard. Je suis sortie de la douche comme une fusée, nue et
déterminée, pour le toiser, assis au bord du lit, magnifique dans son
bermuda bariolé.
— Bon, Jason ; soit nous faisons l’amour tout de suite, soit je vais chercher Alice et nous partons draguer sur Biscayne.
— Je suis là, Steph. C’est juste que… J’ai peur de te faire mal ; tu le sais.
—
Oh, ne t’en fais pas : on ne fera pas de Pacer aujourd’hui. Juste
l’amour, tendrement, lentement. Tu crois que c’est dans tes cordes ?
— Si je fais un effort… Viens ici, ma puce. Je veux examiner tes dernières blessures de guerre.
— Bien plus impressionnantes que celle de ton ventre, gros douillet !
En
fait, la sienne aurait pu avoir des conséquences bien plus graves si un
organe vital avait été touché. Il en gardait une cicatrice rose de cinq
centimètres de long, la moitié de celle qui ornait mon bras. Je me suis
assise sagement sur ses genoux ; il caressa amoureusement la marque qui
soulignait ma pommette gauche et sourit.
— Avant, tu avais un visage d’ange ; maintenant, nul ne peut plus ignorer que tu es un démon. Un joli démon, quand même.
Sa
main droite courait sur mon torse, empaumait mon sein droit avant de
pincer doucement l’aréole qui durcit aussitôt. Il sentit mon corps
frissonner et répondre à ses caresses ; je me mordis la lèvre inférieure
pour retenir un gémissement alors que mon ventre se creusait et que ma
respiration devenait erratique. Je me suis assise face à lui, cuisses
écartées, pour l’embrasser sur la bouche.
Nos langues se sont
trouvées pour un baiser torride qui m’a embrasée ; je retrouvais enfin
son goût inimitable qui me rendait folle sur sa langue qui fouillait ma
bouche délicatement, dans sa salive que j’échangeais avec la mienne.
Fébrilement, j’ai libéré son sceptre congestionné, j’ai avancé le bassin
pour le surplomber et le guider au centre de ma féminité.
Les
yeux dans les yeux de mon amant, je me suis laissée glisser, l’absorbant
dans un mouvement lent mais constant jusqu’à me retrouver pubis contre
pubis.
— Que tu es étroite ! Je suis serré dans un piège brûlant…
—
C’est peut-être toi qui es très large. Et très long aussi : tu m’emplis
complètement. J’en rêvais depuis si longtemps… Tu ne peux pas savoir à
quel point.
— Je crois que j’en ai une petite idée. Avant que tu
partes à New York, tu étais blessée, et déjà nous étions en manque.
Plusieurs mois à espérer, à attendre ce soir. Merci d’être là, Steph.
Quand je t’ai vue à l’hôpital, j’ai cru que tu étais morte tellement tu
étais pâle. Tellement il y avait de sang.
— Tu sais, quand j’ai dû te
laisser pour fuir Miami, tu n’étais pas beau à voir non plus ; il y
avait du sang partout. Je croyais aussi que tu étais mort, et si j’avais
eu une seule balle dans mon Glock, je l’aurais utilisée. Quelle conne
j’étais…
— Ma puce, tu es tout sauf conne. Obstinée, intelligente,
pugnace, adorable et têtue… Allez, pense à nous, fais-nous jouir
ensemble, chevauche-moi à ton rythme.
— Bien chef, à vos ordres…
Etourdie
pas les caresses, emportée par le lent va-et-vient de mes hanches sur
le pal qui me procurait tant de plaisir, j’ai commencé à geindre sous la
montée inexorable de la jouissance. Je me doutais qu’après une si
cruelle et si longue abstinence l’orgasme serait puissant, mais il fut
pire et meilleur à la fois, dévastateur comme un ouragan. J’ai hurlé en
m’embrasant avant de m’écrouler, à moitié évanouie alors que Jason se
vidait en flots intarissables tout au fond de ma matrice.
Plus
tard, c’est lui qui m’a prise à son gré, visitant mes reins conquis à sa
cause et les prenant sans vergogne, satisfait de m’entendre le supplier
de continuer et de ne pas me ménager. Cette nuit-là, j’ai dormi mieux
que jamais, d’un sommeil sans nuages, comblée et repue. Et ce ne sont
pas les petites douleurs et courbatures du matin qui ont terni mon
bonheur.
Mon docteur préféré est passé en fin de matinée, ce
samedi, accompagné d’Anita ; à ma surprise, Alice les a embrassées plus
que chaleureusement. Je n’avais rien vu venir quand elle vint m’enlacer
et, d’une voix à peine audible, m’annoncer :
— Steph, maintenant
que tu n’as plus besoin de moi, je pars vivre chez ces deux
insupportables vantardes. Elles pensent arriver à me supporter et
m’acceptent dans leur vie. En vérité, je suis terrorisée. Elles sont si
belles et si sûres d’elles ; ce n’est pas une question d’âge, mais je ne
me sens pas digne de leur amour.
Elle chuchotait, la lèvre
inférieure tremblante, comme si elle allait pleurer. J’ai appuyé mon
front contre le sien pour lui communiquer ma force ; ses yeux inquiets à
quelques centimètres des miens luisaient de larmes contenues.
—
Tu sais, Alice, ces deux femmes-là sont parmi les personnes que je
chéris le plus au monde. J’étais prête à donner ma vie pour Cléa et
j’aurais fait pareil pour Anita ; ou pour toi. Alors de vous savoir
ensemble et heureuses, c’est le plus beau cadeau de Noël que j’aie
jamais eu.
Bien sûr, Anita a ricané pour cacher son émotion.
—
Ouais ! D’une part, pour Noël, c’est trop tard, ou alors bien trop tôt
pour le prochain. Et pour les cadeaux de Noël, Steph, rappelle-moi quand
tu en as eu un vrai, avec la vie de merde qui est la tienne.
— Pas faux. Mon plus beau cadeau, c’est Kachina qui m’avait offert un bracelet indien en argent. Kach…
Alice
m’a serrée plus fort pour tenter de dissiper ma tristesse. Mon amie
Kach qui m’avait abandonnée aux mains de son pervers de petit ami…
—
Merci, Alice ; je ne sais pas ce que je dois faire pour elle.
L’abandonner à mon tour, mais je ne peux pas l’oublier, ou aller la voir
pour lui pardonner ?
— Je ne la connais pas, mais avec le cœur que tu as, tu vas trouver une solution, affirma Alice.
—
Oui, sûrement. Et toi, tu vas vivre avec des femmes géniales, comme
toi. Si elles t’acceptent, crois-moi, fonce. Elles sont ce qui peut
t’arriver de mieux dans ta vie.
Elles s’étaient approchées, la grande doctoresse et l’ex-Marine, et elles nous ont encerclés de leurs bras aimants.
—
Elles sont ma famille, Alice. Et toi aussi. Je n’en ai jamais eue, et
crois-moi, cette famille-là, je l’aime. Alors tu vas écouter ton cœur et
aller poser tes valises fatiguées dans leur maison qui est aussi la
tienne. Et me laisser me débrouiller avec mon grand costaud qui croit
toujours que c’est lui qui commande ici.
— Oh non, ça fait longtemps
que je ne me berce plus d’illusions, Steph, intervint Jason, amusé. Je
l’ai cru, c’est vrai. Mais j’ai compris que je ne t’arrivais pas à la
cheville pour ce qui est du courage, de la volonté, et même de l’amour.
Mes
amies m’avaient libérée de leur étreinte en riant et je m’étais tournée
vers l’arrivant, le dévorant des yeux ; magnifique, comme toujours,
Jason était appuyé contre le chambranle de la porte du salon, veste
négligemment posée sur le bras. Il portait une chemise noire déboutonnée
plus que de raison et un pantalon beige clair en lin au pli impeccable.
Une gravure de mode, mais sans la morgue qui va souvent avec. Il m’a
adressé un sourire éclatant qui a fait fondre mon petit cœur et mouiller
ma culotte.
— Jason, tu ne renonceras pas à me promener en Pacer, tout de même ?
—
Oh non, mais je sais que, même si c’est moi qui tiens le volant, c’est
toi qui indique la route à suivre. Bon, ça tombe bien que tes amies
soient présentes, j’ai quelque chose à te dire…
Il était sérieux
tout à coup, et je fronçai les sourcils en le voyant approcher ; mes
copines s’étaient tues et on aurait entendu une mouche voler. Il s’est
agenouillé devant moi, un peu gauche ; il n’avait pas l’habitude de
cette posture, c’est sûr.
— Stephanie Leblond, acceptes-tu de m’épouser ?
Il
présentait dans ses mains jointes un petit écrin blanc en souriant.
Mais j’étais sûre qu’il n’en menait pas large de s’exposer ainsi, devant
ma petite bande qui plus est. Mes jambes ont choisi ce moment pour
trembler, les idiotes ; et mon cœur s’est emballé comme jamais, cognant
si douloureusement dans ma poitrine que tout le monde devait l’entendre.
—
Tu crois quoi, que je vais te laisser partir et t’en tirer à bon compte
? Je suis avec toi, Jason. Merci, j’accepte à condition que ce soit un
mariage discret, sans chichi, juste notre petite famille et nous.
—
Dans quatorze jours à Las Vegas, le samedi 1er février. J’ai réservé un
vol pour nous cinq plus Callie. Je tenais moi-aussi à partager ça avec
tes proches ; nos proches.
— Jason ! Tu as déjà réservé ? Avant de me
demander ? Ton cadeau a intérêt à être à la hauteur, sinon tu vas
passer une soirée mémorable ! le prévins-je en ouvrant l’écrin. J’ai
découvert, émerveillée... Oh putain… Qu’elle est belle ! Jason, tu es
fou.
— Ce n’est pas un scoop. Complètement fou de toi. C’est une
bague de fiançailles, et un repas est prévu ce soir au Biltmore, pour
nous cinq. Callie ne peut pas venir, hélas. Enfin… Un repas, si tu es
d’accord pour m’épouser, sinon ceinture.
— Ouiiii !
Je me suis
agenouillée pour embrasser mon amoureux à pleine bouche avant de me
tourner vers mes trois adorables complices, prenant un air furibond.
— Et vous, vous étiez au courant, bande de pestes ! vous m’avez caché ça !
— Oui, mais c’était pour la bonne cause ! rétorqua Alice avant de me tirer la langue.
La
soirée au Biltmore fut mémorable ; à nous cinq nous avons dû mettre à
mal leur stock de champagne avant de réquisitionner la piste de danse
pour un show déjanté à la chorégraphie libertine et joyeuse.
Heureusement, Jason avait réservé deux suites pour la nuit ; je n’étais
pas aussi bien remise que je ne croyais car vers deux heures du matin
j’étais épuisée, et même mon bras droit me rappelait à son – mauvais –
souvenir.
Nous étions dans la même suite que nous avions occupée
quelques années plus tôt et j’étais troublée. Rien n’avait changé autour
de moi, tout était identique au souvenir que j’en avais. Mais Jason et
moi étions passés par tellement d’aventures, de coups du sort et de
dangers que nous étions irrémédiablement changés. De mon côté je n’avais
plus rien à voir avec la jeune fille encore vierge, tout juste sortie
de l’adolescence et projetée dans le grand bain de la vie.
J’avais
vécu deux ans et demi de galères loin de Miami, rencontrant anges et
démons, mêlant le sublime et le sordide ; j’avais reçu des coups, j’en
avais rendus, j’avais survécu tant bien que mal. J’ai soupiré
longuement, soudain déprimée en me voyant dans le miroir de l’entrée.
Les yeux cernés, les traits tirés et livides. Jason s’est approché dans
mon dos pour m’enserrer et m’appuyer contre son torse.
Tu
vois, il est là, Steph. Il sait que tu es fatiguée, un peu déprimée
aussi ; il t’aime et il fera tout son possible pour te rendre heureuse.
Regarde ta bague : elle est magnifique ? Et tu t’en fiches royalement,
elle n’est rien pour toi. Ce que tu veux, c’est ça, être dans ses bras,
enveloppée par son regard aimant. Si tu frissonnes, c’est de plaisir,
pas de froid.
— Tu vois des fantômes dans ce miroir. Moi
aussi, ma chérie. Nous aurions pu être heureux il y a bien longtemps
mais j’étais trop con pour le voir.
— Tant pis, c’est le passé et
nous n’y pouvons rien. Notre avenir par contre… J’espère goûter au
bonheur, enfin. Je ne sais pas si je le mérite, mais je suis si
fatiguée…
— Viens, on va dormir et demain matin, nous ferons l’amour
tranquillement, sans contrainte et sans peur. Et nous préparerons notre
mariage.
— D’accord ; j’accepte d’attendre un peu pour te sentir tout au fond de moi ; mon corps se languit de toi.
Mais
il avait raison ; je me suis quasiment endormie sous la douche et je ne
me rappelle même pas de m’être séchée ni couchée. Par contre je me suis
réveillée blottie contre son épaule, sa large main englobant mes
fesses. Je me suis étirée en bâillant comme une chatte et me suis
libérée de sa douce étreinte pour aller aux toilettes ; après, j’ai
lubrifié mon anus : je le voulais en moi, et je voulais tout lui donner.
Tu as vu, Steph : il est sept heures du matin, il a intérêt à avoir
assez dormi. S’il dort encore je crois que tu vas le violer jusqu’à ce
qu’il émerge !
A mon retour dans la chambre, heureusement il
était réveillé et très en forme ; nous avons échangé un baiser long et
tendre devenant de plus en plus torride. Je me suis échappée en riant
pour descendre saluer la verge fièrement érigée ; je l’ai caressée du
bout des doigts, soufflant sur le gland et arrachant un gémissement à
son possesseur.
— Dis donc, je te fais de l’effet on dirait ; tu es si dur et si gros… Mmm ! Tu dois avoir bon goût, toi…
J’ai
aspiré la grosse prune dans ma bouche pour la cajoler de la langue et
du bout des dents, et j’ai été récompensée par un soupir profond. Puis
sans plus tarder je l’ai englouti ; j’en avais trop envie. Déglutissant
au bon moment, j’ai avancé jusqu’a plonger le nez dans ses poils pubiens
alors que Jason ne pouvait retenir ni gémissements ni mouvements du
bassin.
Juste avant de jouir il m’a repoussée sur le dos et a
écarté mes cuisses pour appuyer mes genoux contre mes épaules. Ainsi je
lui offrais tout ; il a tout pris. Lentement, posément, certain de mon
accord total. Dans cette position il allait profondément en moi,
emplissant mon vagin et le dilatant à son gabarit.
— Que tu es serrée, Steph. Et brûlante... Tu m’inondes de ton plaisir. Ça va ?
— Continue, prends-moi plus fort, encore. Je vais...
Un
premier orgasme a traversé mon ventre et j’ai couiné en plantant les
ongles dans les flancs de mon amant ; je redescendais à peine sur terre
qu’il en profitait pour se retirer et s’imposer posément dans mes
reins. D’abord avec beaucoup de retenue, mais quand il a senti que
j’étais prête et ouverte pour lui, il a lâché les chevaux.
Je me
suis redressée pour pouvoir apercevoir le gros mandrin noir disparaître
dans mon anus distendu. Quand j’ai touché mon clitoris tout gonflé et si
sensible, j’ai joui à nouveau, me projetant au devant des coups de
boutoir de plus en plus violents. A croire qu’il voulait me briser
tellement il y mettait de cœur ; mais ses yeux n’exprimaient qu’amour
pour moi. Puis il s’est arqué en criant et s’est déversé au fond de mes
entrailles ; alors ma jouissance a été si fulgurante qu’un voile noir
est passé fugacement dans mes prunelles convulsées. Repu, Jason s’est
laissé glissé à mon côté, s’extrayant doucement de mes reins ; je me
suis à nouveau blottie contre lui et nous avons repris notre souffle en
nous caressant.
— Tu es à moi, ma chérie, comme je suis à toi... A
Las Vegas, c’est pour les autres qu’on le fait, mais tu es ma femme,
déjà ; aujourd’hui, j’ai rempli les papiers qui font de toi mon
héritière. Je ne voyais pas pourquoi il fallait attendre pour ça.
— Je m’en fiche complètement, de ton fric ; je présume que tu le sais...
— Oui. Je te connais bien, ma puce. Mais je devais le faire.
—
Pfff ! Tu pouvais tout garder, oui ! Et puis je suis pas pressée
d’hériter, moi ! Tout ce que je veux de toi, je l’ai ici, dans ce lit,
et ma foi j’en reprendrais bien. Si tu n’es pas trop fatigué, du moins. A
ton âge...
Il n’était pas trop fatigué bien sûr, et il me l’a
fait savoir. J’avais un gros retard d’orgasmes depuis plusieurs mois et
il a contribué à en rattraper une partie. Une matinée de sexe et de
sueur entrecoupée d’une solide brunch, ce qui ne nous a pas empêchés de
continuer à faire l’amour jusqu’à rendre les armes, complètement épuisés
tous deux.
Nous n’avons rendu la suite qu’à 17 heures, et
j’avoue que j’étais percluse de courbatures, endolorie à des endroits
stratégiques, mais dans un état de fatigue euphorisante. Dans la Pacer
qui nous ramenait à notre maison (Jason avait encore insisté sur le "notre"),
nous sommes restés silencieux, nous contentant de petits regards
complices et de sourires béats. Je n’ai ouvert la bouche que sur le
perron.
— J’espère que les copines ont passé une aussi bonne nuit que nous ; elles ont l’air de s’apprécier...
—
Oui, ta belle Alice s’est fondue dans le couple Anita-Cléa tellement
bien qu’on aurait dit qu’elles n’attendaient qu’elle pour former une
famille.
— C’est vrai ; Alice se sentait tellement seule à New-York...
— Tu as eu du bol de tomber sur elle, non ?
—
Mmm... La première fois qu’elle m’a vue, j’ai cru qu’elle allait me
tuer. Elle avait pour habitude de fracasser les filles que le
propriétaire voulait lui imposer. Je ne suis pas passée loin de la
bastonnade. Et puis voilà, c’est mon amie... Merde.
— Toi, tu repenses à Kachina...
— Oui. Je m’en veux de ne pas l’oublier, de ne pas savoir comment faire pour lui pardonner.
—
Tu trouveras, je te fais confiance ; tu es la fille la plus ouverte, la
plus compatissante que je connaisse. Et tu es intelligente, belle à se
damner, solide, et...
— Et j’ai les chevilles qui enflent, idiot ! Tu vas devoir me masser pour me guérir !
—
Ouais ! Si tu crois que je vais râler, je paierais pour avoir le droit
de te masser les pieds. Je te fais couler un bain, ça te dit ?
— Non. Tu nous fais couler un bain, là ça me dit, et même le dimanche !
Rien
que pour voir sa tête quand je lui ai dit ça... Un gamin à qui on offre
le ballon du Superbowl signé par tous les joueurs. Il s’est illuminé de
l’intérieur et m’a adressé un sourire à la fois ému et espiègle qui
transforma ma petite culotte en buvard.
Heureusement que tu
n’en portes pas, de petite culotte. Ça va t’épargner de perdre du temps à
l’enlever. Tu crois qu’il est partant pour faire des galipettes dans le
bain ?
Il était partant, comme je m’en doutais un peu. Nous
avons fait l’amour dans la baignoire, et comme nous étions tous deux pas
mal entamés et rassasiés, ça a duré longtemps. Assise sur mon fiancé,
face à lui, je montais et descendais sur sa bite bien raide, je faisais
rouler mon bassin et mes hanches alors qu’il flattait mes fesses et
mordillait mes tétons. Divin. Nous avons évité de peu la glissade quand
il s’est levé en me tenant fermement planté sur lui pour se diriger vers
notre lit.
— Tu pourrais me poser le temps que je nous essuie, on inonde tout et tu n’es pas loin de te casser la figure, gros malin !
— C’est vrai, mais je ne veux pas sortir de toi une seconde, je suis trop bien.
— Eh ! Moi aussi je suis bien ; mais je n’ai pas envie de me fracasser sur le carrelage non plus !
Le
lit a craqué quand Jason a atterri peu gracieusement sur le dos ; j’ai
éclaté de rire en voyant son air inquiet ; il a roulé sur moi et j’ai
levé les jambes pour encercler ses hanches. Il se tenait dressé sur les
bras tendus pour ne pas m’écraser de sa masse et j’ai caressé tendrement
ses joues, son menton mal rasé. J’étais bien.
— Tu as un air… béat, comblé ; j’aimerais que tout soit toujours aussi bien entre nous, mais je sais que… commença-t-il.
—
Chhht ! Je suis heureuse, Jason, plus que ce que tu crois encore.
D’être avec toi, de te sentir en moi ; de mourir à petit feu chaque fois
que nous faisons l’amour. En Pacer, à pieds ou à vélo, je te veux avec
moi. Si je me marie avec toi, c’est pour partager ta vie ; alors des
accrochages, des engueulades, nous en aurons certainement. Nous avons
tous deux des tempéraments de cochon ; oui, moi aussi, je ne me leurre
pas. Il nous faudra nous rappeler de ce que nous sommes l’un pour
l’autre. J’ai confiance en toi, mon chéri.
Il était profondément
remué, je l’ai senti à la douceur du baiser qu’il a déposé sur mon front
; puis, sans transition, il a commencé à se mouvoir en moi de plus en
plus vite, de plus en plus fort. Ses coups de rein brusques tout au fond
de mon ventre m’arrachaient des cris rauques qui le rendaient fou. Mes
yeux ont plongé dans les siens et s’y sont rivés, j’ai pu suivre la
montée du plaisir au fond de ses prunelles sombres comme il suivait la
croissance du mien.
Il a ralenti la cadence pour me prendre sur
un tempo lent mais il ressortait presque complètement pour plonger de
toute sa puissance, et mon corps remontait dans le lit ; j’ai levé les
mains pour repousser la tête de lit à chaque ruée, allant au-devant de
ses rudes assauts.
— Tu es prête ? Je vais venir…
— Oui, je t’attends, jouis, emplis-moi et je vais décoller façon Saturn…
— J’y suis… Oh, Seigneur…
Il
cria sa délivrance dans un grand coup de reins ; sa puissante verge
plus épaisse que jamais a rempli mon vagin de rasades de sperme qui ont
précipité mon orgasme. J’ai joint un long cri aigu à ses grondements de
plaisir, puis nous sommes retombés, éreintés mais souriant aux anges.
— Ouaouh ! Je suis cassée là. Demain je vais avoir mal partout. Bon, ça m’a donné faim, tout ça.
— On va voir ce qu’il y a dans le frigo, mais je ne te garantis rien…
—
T’en fais pas, tu as devant toi une ex-employée modèle de restaurant
gastronomique. Je t’embauche comme petites mains. Enfin… Petites mains,
toi, avec tes battoirs…
Auteur : Matt Démon
Lisez la suite bientôt
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