vendredi 21 avril 2017

New-York darkness (10)

Relire le chapitre 9

CHAPITRE DIX : Retrouvailles

Dans mon souvenir suivant, je regardais un plafond blanc et flou. Aucune douleur, aucune sensation non plus. Juste un bruit qui me berçait, des bips sonores. Sommeil. Puis je suis revenue. Et repartie. Puis j’ai pris conscience de l’endroit où j’étais : un lit d’hôpital, avec tout un tas de tubes qui me reliaient à la vie. Je m’étouffai et m’agitai, et Jason est apparu au-dessus de moi. Il a caressé mon front d’une main chaude et douce.

— Salut. L’infirmière arrive. Et le docteur. Calme-toi, elles vont enlever le tube qui te gêne.

Je n’avais pas l’air de pouvoir faire grand-chose, de toute manière ; mes muscles ne répondaient pas, ou si peu. À ma surprise, le visage de Cléa est apparu dans mon champ de vision. Empreint d’un sérieux tout professionnel. Je ne pouvais pas parler, alors je lui ai fait un clin d’œil ; j’ai été récompensée par un sourire.

Pas mal ! Steph, tu es vivante. Même si tu ne sais pas pourquoi. Amochée ? C’est pas la première fois ; tu vas avoir une nouvelle boutonnière sur le bras… Allez, petit mec, souris, tu t’en es sortie, en fin de compte.

Je suis restée quinze jours à l’hôpital ; et j’ai à peu près tout compris, à force.

Mes blessures : une vilaine entaille sur le bras droit qui avait nécessité trente-six points de suture ; une autre qui m’avait complètement échappée dans le feu de l’action sur la cuisse droite pour dix points de suture. Un éclat de métal provenant d’une balle de 44 avait découpé ma pommette gauche, ratant l’œil de peu ; plus une fracture du gros orteil gauche.

Là, je savais comment je m’étais fait ça. La coque kevlar des ballerines fournies par Lewis s’était trop déformée. Ou j’avais frappé trop fort. Ça me mettait mal à l’aise de penser que j’avais pris une vie. Encore.

En fin de compte, le type basané qui était entré alors que j’étais blessée n’était pas un méchant. Il travaillait pour une Agence gouvernementale bien connue et surveillait les Duvallier. Il avait pourtant failli me liquider en me découvrant armée près d’un cadavre. Je comprenais que je n’aurais pas fait le poids, malgré mon riot-gun, contre un agent surentraîné ; le fait que j’abandonne mon arme l’avait amené à ne pas me tuer.

Et au contraire, il avait appelé une équipe médicale en hélicoptère, mais j’avais perdu tellement de sang que j’avais bien failli y rester ; deux jours entre la vie et la mort.

Et puis voilà, une ambulance m’a ramenée chez Jason le 30 décembre. J’avais passé Noël à l’hôpital, mais j’étais de retour chez moi pour le nouvel an.

Lewis avait dû repartir à New York, hélas. Mais Alice était restée près de moi et tenait le rôle peu enviable d’infirmière à domicile et de souffre-douleur. Il semblerait que mon caractère était difficile, ces temps-ci. Je ne guérissais pas assez vite, et ça m’énervait de devoir me déplacer en fauteuil à roulettes. Que je ne pouvais même pas utiliser normalement : mon bras droit avait été trop sévèrement amoché.

Je n’ai abandonné le fauteuil que mi-janvier et j’ai continué la rééducation avec d’autant plus de détermination ; Jason osait à peine me toucher, alors ne parlons pas de faire l’amour. Il a fallu que je l’attaque, le soir où j’ai mis le fauteuil au rancard. Je suis sortie de la douche comme une fusée, nue et déterminée, pour le toiser, assis au bord du lit, magnifique dans son bermuda bariolé.

— Bon, Jason ; soit nous faisons l’amour tout de suite, soit je vais chercher Alice et nous partons draguer sur Biscayne.
— Je suis là, Steph. C’est juste que… J’ai peur de te faire mal ; tu le sais.
— Oh, ne t’en fais pas : on ne fera pas de Pacer aujourd’hui. Juste l’amour, tendrement, lentement. Tu crois que c’est dans tes cordes ?
— Si je fais un effort… Viens ici, ma puce. Je veux examiner tes dernières blessures de guerre.
— Bien plus impressionnantes que celle de ton ventre, gros douillet !

En fait, la sienne aurait pu avoir des conséquences bien plus graves si un organe vital avait été touché. Il en gardait une cicatrice rose de cinq centimètres de long, la moitié de celle qui ornait mon bras. Je me suis assise sagement sur ses genoux ; il caressa amoureusement la marque qui soulignait ma pommette gauche et sourit.

— Avant, tu avais un visage d’ange ; maintenant, nul ne peut plus ignorer que tu es un démon. Un joli démon, quand même.

Sa main droite courait sur mon torse, empaumait mon sein droit avant de pincer doucement l’aréole qui durcit aussitôt. Il sentit mon corps frissonner et répondre à ses caresses ; je me mordis la lèvre inférieure pour retenir un gémissement alors que mon ventre se creusait et que ma respiration devenait erratique. Je me suis assise face à lui, cuisses écartées, pour l’embrasser sur la bouche.

Nos langues se sont trouvées pour un baiser torride qui m’a embrasée ; je retrouvais enfin son goût inimitable qui me rendait folle sur sa langue qui fouillait ma bouche délicatement, dans sa salive que j’échangeais avec la mienne. Fébrilement, j’ai libéré son sceptre congestionné, j’ai avancé le bassin pour le surplomber et le guider au centre de ma féminité.

Les yeux dans les yeux de mon amant, je me suis laissée glisser, l’absorbant dans un mouvement lent mais constant jusqu’à me retrouver pubis contre pubis.

— Que tu es étroite ! Je suis serré dans un piège brûlant…
— C’est peut-être toi qui es très large. Et très long aussi : tu m’emplis complètement. J’en rêvais depuis si longtemps… Tu ne peux pas savoir à quel point.
— Je crois que j’en ai une petite idée. Avant que tu partes à New York, tu étais blessée, et déjà nous étions en manque. Plusieurs mois à espérer, à attendre ce soir. Merci d’être là, Steph. Quand je t’ai vue à l’hôpital, j’ai cru que tu étais morte tellement tu étais pâle. Tellement il y avait de sang.
— Tu sais, quand j’ai dû te laisser pour fuir Miami, tu n’étais pas beau à voir non plus ; il y avait du sang partout. Je croyais aussi que tu étais mort, et si j’avais eu une seule balle dans mon Glock, je l’aurais utilisée. Quelle conne j’étais…
— Ma puce, tu es tout sauf conne. Obstinée, intelligente, pugnace, adorable et têtue… Allez, pense à nous, fais-nous jouir ensemble, chevauche-moi à ton rythme.
— Bien chef, à vos ordres…

Etourdie pas les caresses, emportée par le lent va-et-vient de mes hanches sur le pal qui me procurait tant de plaisir, j’ai commencé à geindre sous la montée inexorable de la jouissance. Je me doutais qu’après une si cruelle et si longue abstinence l’orgasme serait puissant, mais il fut pire et meilleur à la fois, dévastateur comme un ouragan. J’ai hurlé en m’embrasant avant de m’écrouler, à moitié évanouie alors que Jason se vidait en flots intarissables tout au fond de ma matrice.

Plus tard, c’est lui qui m’a prise à son gré, visitant mes reins conquis à sa cause et les prenant sans vergogne, satisfait de m’entendre le supplier de continuer et de ne pas me ménager. Cette nuit-là, j’ai dormi mieux que jamais, d’un sommeil sans nuages, comblée et repue. Et ce ne sont pas les petites douleurs et courbatures du matin qui ont terni mon bonheur.

Mon docteur préféré est passé en fin de matinée, ce samedi, accompagné d’Anita ; à ma surprise, Alice les a embrassées plus que chaleureusement. Je n’avais rien vu venir quand elle vint m’enlacer et, d’une voix à peine audible, m’annoncer :

— Steph, maintenant que tu n’as plus besoin de moi, je pars vivre chez ces deux insupportables vantardes. Elles pensent arriver à me supporter et m’acceptent dans leur vie. En vérité, je suis terrorisée. Elles sont si belles et si sûres d’elles ; ce n’est pas une question d’âge, mais je ne me sens pas digne de leur amour.

Elle chuchotait, la lèvre inférieure tremblante, comme si elle allait pleurer. J’ai appuyé mon front contre le sien pour lui communiquer ma force ; ses yeux inquiets à quelques centimètres des miens luisaient de larmes contenues.

— Tu sais, Alice, ces deux femmes-là sont parmi les personnes que je chéris le plus au monde. J’étais prête à donner ma vie pour Cléa et j’aurais fait pareil pour Anita ; ou pour toi. Alors de vous savoir ensemble et heureuses, c’est le plus beau cadeau de Noël que j’aie jamais eu.

Bien sûr, Anita a ricané pour cacher son émotion.

— Ouais ! D’une part, pour Noël, c’est trop tard, ou alors bien trop tôt pour le prochain. Et pour les cadeaux de Noël, Steph, rappelle-moi quand tu en as eu un vrai, avec la vie de merde qui est la tienne.
— Pas faux. Mon plus beau cadeau, c’est Kachina qui m’avait offert un bracelet indien en argent. Kach…

Alice m’a serrée plus fort pour tenter de dissiper ma tristesse. Mon amie Kach qui m’avait abandonnée aux mains de son pervers de petit ami…

— Merci, Alice ; je ne sais pas ce que je dois faire pour elle. L’abandonner à mon tour, mais je ne peux pas l’oublier, ou aller la voir pour lui pardonner ?
— Je ne la connais pas, mais avec le cœur que tu as, tu vas trouver une solution, affirma Alice.
— Oui, sûrement. Et toi, tu vas vivre avec des femmes géniales, comme toi. Si elles t’acceptent, crois-moi, fonce. Elles sont ce qui peut t’arriver de mieux dans ta vie.

Elles s’étaient approchées, la grande doctoresse et l’ex-Marine, et elles nous ont encerclés de leurs bras aimants.

— Elles sont ma famille, Alice. Et toi aussi. Je n’en ai jamais eue, et crois-moi, cette famille-là, je l’aime. Alors tu vas écouter ton cœur et aller poser tes valises fatiguées dans leur maison qui est aussi la tienne. Et me laisser me débrouiller avec mon grand costaud qui croit toujours que c’est lui qui commande ici.
— Oh non, ça fait longtemps que je ne me berce plus d’illusions, Steph, intervint Jason, amusé. Je l’ai cru, c’est vrai. Mais j’ai compris que je ne t’arrivais pas à la cheville pour ce qui est du courage, de la volonté, et même de l’amour.

Mes amies m’avaient libérée de leur étreinte en riant et je m’étais tournée vers l’arrivant, le dévorant des yeux ; magnifique, comme toujours, Jason était appuyé contre le chambranle de la porte du salon, veste négligemment posée sur le bras. Il portait une chemise noire déboutonnée plus que de raison et un pantalon beige clair en lin au pli impeccable. Une gravure de mode, mais sans la morgue qui va souvent avec. Il m’a adressé un sourire éclatant qui a fait fondre mon petit cœur et mouiller ma culotte.

— Jason, tu ne renonceras pas à me promener en Pacer, tout de même ?
— Oh non, mais je sais que, même si c’est moi qui tiens le volant, c’est toi qui indique la route à suivre. Bon, ça tombe bien que tes amies soient présentes, j’ai quelque chose à te dire…

Il était sérieux tout à coup, et je fronçai les sourcils en le voyant approcher ; mes copines s’étaient tues et on aurait entendu une mouche voler. Il s’est agenouillé devant moi, un peu gauche ; il n’avait pas l’habitude de cette posture, c’est sûr.

— Stephanie Leblond, acceptes-tu de m’épouser ?

Il présentait dans ses mains jointes un petit écrin blanc en souriant. Mais j’étais sûre qu’il n’en menait pas large de s’exposer ainsi, devant ma petite bande qui plus est. Mes jambes ont choisi ce moment pour trembler, les idiotes ; et mon cœur s’est emballé comme jamais, cognant si douloureusement dans ma poitrine que tout le monde devait l’entendre.

— Tu crois quoi, que je vais te laisser partir et t’en tirer à bon compte ? Je suis avec toi, Jason. Merci, j’accepte à condition que ce soit un mariage discret, sans chichi, juste notre petite famille et nous.
— Dans quatorze jours à Las Vegas, le samedi 1er février. J’ai réservé un vol pour nous cinq plus Callie. Je tenais moi-aussi à partager ça avec tes proches ; nos proches.
— Jason ! Tu as déjà réservé ? Avant de me demander ? Ton cadeau a intérêt à être à la hauteur, sinon tu vas passer une soirée mémorable ! le prévins-je en ouvrant l’écrin. J’ai découvert, émerveillée... Oh putain… Qu’elle est belle ! Jason, tu es fou.
— Ce n’est pas un scoop. Complètement fou de toi. C’est une bague de fiançailles, et un repas est prévu ce soir au Biltmore, pour nous cinq. Callie ne peut pas venir, hélas. Enfin… Un repas, si tu es d’accord pour m’épouser, sinon ceinture.
— Ouiiii !

Je me suis agenouillée pour embrasser mon amoureux à pleine bouche avant de me tourner vers mes trois adorables complices, prenant un air furibond.

— Et vous, vous étiez au courant, bande de pestes ! vous m’avez caché ça !
— Oui, mais c’était pour la bonne cause ! rétorqua Alice avant de me tirer la langue.

La soirée au Biltmore fut mémorable ; à nous cinq nous avons dû mettre à mal leur stock de champagne avant de réquisitionner la piste de danse pour un show déjanté à la chorégraphie libertine et joyeuse. Heureusement, Jason avait réservé deux suites pour la nuit ; je n’étais pas aussi bien remise que je ne croyais car vers deux heures du matin j’étais épuisée, et même mon bras droit me rappelait à son – mauvais – souvenir.

Nous étions dans la même suite que nous avions occupée quelques années plus tôt et j’étais troublée. Rien n’avait changé autour de moi, tout était identique au souvenir que j’en avais. Mais Jason et moi étions passés par tellement d’aventures, de coups du sort et de dangers que nous étions irrémédiablement changés. De mon côté je n’avais plus rien à voir avec la jeune fille encore vierge, tout juste sortie de l’adolescence et projetée dans le grand bain de la vie.

J’avais vécu deux ans et demi de galères loin de Miami, rencontrant anges et démons, mêlant le sublime et le sordide ; j’avais reçu des coups, j’en avais rendus, j’avais survécu tant bien que mal. J’ai soupiré longuement, soudain déprimée en me voyant dans le miroir de l’entrée. Les yeux cernés, les traits tirés et livides. Jason s’est approché dans mon dos pour m’enserrer et m’appuyer contre son torse.

Tu vois, il est là, Steph. Il sait que tu es fatiguée, un peu déprimée aussi ; il t’aime et il fera tout son possible pour te rendre heureuse. Regarde ta bague : elle est magnifique ? Et tu t’en fiches royalement, elle n’est rien pour toi. Ce que tu veux, c’est ça, être dans ses bras, enveloppée par son regard aimant. Si tu frissonnes, c’est de plaisir, pas de froid.

— Tu vois des fantômes dans ce miroir. Moi aussi, ma chérie. Nous aurions pu être heureux il y a bien longtemps mais j’étais trop con pour le voir.
— Tant pis, c’est le passé et nous n’y pouvons rien. Notre avenir par contre… J’espère goûter au bonheur, enfin. Je ne sais pas si je le mérite, mais je suis si fatiguée…
— Viens, on va dormir et demain matin, nous ferons l’amour tranquillement, sans contrainte et sans peur. Et nous préparerons notre mariage.
— D’accord ; j’accepte d’attendre un peu pour te sentir tout au fond de moi ; mon corps se languit de toi.

Mais il avait raison ; je me suis quasiment endormie sous la douche et je ne me rappelle même pas de m’être séchée ni couchée. Par contre je me suis réveillée blottie contre son épaule, sa large main englobant mes fesses. Je me suis étirée en bâillant comme une chatte et me suis libérée de sa douce étreinte pour aller aux toilettes ; après, j’ai lubrifié mon anus : je le voulais en moi, et je voulais tout lui donner. Tu as vu, Steph : il est sept heures du matin, il a intérêt à avoir assez dormi. S’il dort encore je crois que tu vas le violer jusqu’à ce qu’il émerge !

A mon retour dans la chambre, heureusement il était réveillé et très en forme ; nous avons échangé un baiser long et tendre devenant de plus en plus torride. Je me suis échappée en riant pour descendre saluer la verge fièrement érigée ; je l’ai caressée du bout des doigts, soufflant sur le gland et arrachant un gémissement à son possesseur.

— Dis donc, je te fais de l’effet on dirait ; tu es si dur et si gros… Mmm ! Tu dois avoir bon goût, toi…

J’ai aspiré la grosse prune dans ma bouche pour la cajoler de la langue et du bout des dents, et j’ai été récompensée par un soupir profond. Puis sans plus tarder je l’ai englouti ; j’en avais trop envie. Déglutissant au bon moment, j’ai avancé jusqu’a plonger le nez dans ses poils pubiens alors que Jason ne pouvait retenir ni gémissements ni mouvements du bassin.

Juste avant de jouir il m’a repoussée sur le dos et a écarté mes cuisses pour appuyer mes genoux contre mes épaules. Ainsi je lui offrais tout ; il a tout pris. Lentement, posément, certain de mon accord total. Dans cette position il allait profondément en moi, emplissant mon vagin et le dilatant à son gabarit.

— Que tu es serrée, Steph. Et brûlante... Tu m’inondes de ton plaisir. Ça va ?
— Continue, prends-moi plus fort, encore. Je vais...

Un premier orgasme a traversé mon ventre et j’ai couiné en plantant les ongles dans les flancs de mon amant ; je redescendais à peine sur terre qu’il en profitait pour se retirer et s’imposer posément dans mes reins. D’abord avec beaucoup de retenue, mais quand il a senti que j’étais prête et ouverte pour lui, il a lâché les chevaux.

Je me suis redressée pour pouvoir apercevoir le gros mandrin noir disparaître dans mon anus distendu. Quand j’ai touché mon clitoris tout gonflé et si sensible, j’ai joui à nouveau, me projetant au devant des coups de boutoir de plus en plus violents. A croire qu’il voulait me briser tellement il y mettait de cœur ; mais ses yeux n’exprimaient qu’amour pour moi. Puis il s’est arqué en criant et s’est déversé au fond de mes entrailles ; alors ma jouissance a été si fulgurante qu’un voile noir est passé fugacement dans mes prunelles convulsées. Repu, Jason s’est laissé glissé à mon côté, s’extrayant doucement de mes reins ; je me suis à nouveau blottie contre lui et nous avons repris notre souffle en nous caressant.

— Tu es à moi, ma chérie, comme je suis à toi... A Las Vegas, c’est pour les autres qu’on le fait, mais tu es ma femme, déjà ; aujourd’hui, j’ai rempli les papiers qui font de toi mon héritière. Je ne voyais pas pourquoi il fallait attendre pour ça.
— Je m’en fiche complètement, de ton fric ; je présume que tu le sais...
— Oui. Je te connais bien, ma puce. Mais je devais le faire.
— Pfff ! Tu pouvais tout garder, oui ! Et puis je suis pas pressée d’hériter, moi ! Tout ce que je veux de toi, je l’ai ici, dans ce lit, et ma foi j’en reprendrais bien. Si tu n’es pas trop fatigué, du moins. A ton âge...

Il n’était pas trop fatigué bien sûr, et il me l’a fait savoir. J’avais un gros retard d’orgasmes depuis plusieurs mois et il a contribué à en rattraper une partie. Une matinée de sexe et de sueur entrecoupée d’une solide brunch, ce qui ne nous a pas empêchés de continuer à faire l’amour jusqu’à rendre les armes, complètement épuisés tous deux.

Nous n’avons rendu la suite qu’à 17 heures, et j’avoue que j’étais percluse de courbatures, endolorie à des endroits stratégiques, mais dans un état de fatigue euphorisante. Dans la Pacer qui nous ramenait à notre maison (Jason avait encore insisté sur le "notre"), nous sommes restés silencieux, nous contentant de petits regards complices et de sourires béats. Je n’ai ouvert la bouche que sur le perron.

— J’espère que les copines ont passé une aussi bonne nuit que nous ; elles ont l’air de s’apprécier...
— Oui, ta belle Alice s’est fondue dans le couple Anita-Cléa tellement bien qu’on aurait dit qu’elles n’attendaient qu’elle pour former une famille.
— C’est vrai ; Alice se sentait tellement seule à New-York...
— Tu as eu du bol de tomber sur elle, non ?
— Mmm... La première fois qu’elle m’a vue, j’ai cru qu’elle allait me tuer. Elle avait pour habitude de fracasser les filles que le propriétaire voulait lui imposer. Je ne suis pas passée loin de la bastonnade. Et puis voilà, c’est mon amie... Merde.
— Toi, tu repenses à Kachina...
— Oui. Je m’en veux de ne pas l’oublier, de ne pas savoir comment faire pour lui pardonner.
— Tu trouveras, je te fais confiance ; tu es la fille la plus ouverte, la plus compatissante que je connaisse. Et tu es intelligente, belle à se damner, solide, et...
— Et j’ai les chevilles qui enflent, idiot ! Tu vas devoir me masser pour me guérir !
— Ouais ! Si tu crois que je vais râler, je paierais pour avoir le droit de te masser les pieds. Je te fais couler un bain, ça te dit ?
— Non. Tu nous fais couler un bain, là ça me dit, et même le dimanche !

Rien que pour voir sa tête quand je lui ai dit ça... Un gamin à qui on offre le ballon du Superbowl signé par tous les joueurs. Il s’est illuminé de l’intérieur et m’a adressé un sourire à la fois ému et espiègle qui transforma ma petite culotte en buvard.

Heureusement que tu n’en portes pas, de petite culotte. Ça va t’épargner de perdre du temps à l’enlever. Tu crois qu’il est partant pour faire des galipettes dans le bain ?

Il était partant, comme je m’en doutais un peu. Nous avons fait l’amour dans la baignoire, et comme nous étions tous deux pas mal entamés et rassasiés, ça a duré longtemps. Assise sur mon fiancé, face à lui, je montais et descendais sur sa bite bien raide, je faisais rouler mon bassin et mes hanches alors qu’il flattait mes fesses et mordillait mes tétons. Divin. Nous avons évité de peu la glissade quand il s’est levé en me tenant fermement planté sur lui pour se diriger vers notre lit.

— Tu pourrais me poser le temps que je nous essuie, on inonde tout et tu n’es pas loin de te casser la figure, gros malin !
— C’est vrai, mais je ne veux pas sortir de toi une seconde, je suis trop bien.
— Eh ! Moi aussi je suis bien ; mais je n’ai pas envie de me fracasser sur le carrelage non plus !

Le lit a craqué quand Jason a atterri peu gracieusement sur le dos ; j’ai éclaté de rire en voyant son air inquiet ; il a roulé sur moi et j’ai levé les jambes pour encercler ses hanches. Il se tenait dressé sur les bras tendus pour ne pas m’écraser de sa masse et j’ai caressé tendrement ses joues, son menton mal rasé. J’étais bien.

— Tu as un air… béat, comblé ; j’aimerais que tout soit toujours aussi bien entre nous, mais je sais que… commença-t-il.
— Chhht ! Je suis heureuse, Jason, plus que ce que tu crois encore. D’être avec toi, de te sentir en moi ; de mourir à petit feu chaque fois que nous faisons l’amour. En Pacer, à pieds ou à vélo, je te veux avec moi. Si je me marie avec toi, c’est pour partager ta vie ; alors des accrochages, des engueulades, nous en aurons certainement. Nous avons tous deux des tempéraments de cochon ; oui, moi aussi, je ne me leurre pas. Il nous faudra nous rappeler de ce que nous sommes l’un pour l’autre. J’ai confiance en toi, mon chéri.

Il était profondément remué, je l’ai senti à la douceur du baiser qu’il a déposé sur mon front ; puis, sans transition, il a commencé à se mouvoir en moi de plus en plus vite, de plus en plus fort. Ses coups de rein brusques tout au fond de mon ventre m’arrachaient des cris rauques qui le rendaient fou. Mes yeux ont plongé dans les siens et s’y sont rivés, j’ai pu suivre la montée du plaisir au fond de ses prunelles sombres comme il suivait la croissance du mien.

Il a ralenti la cadence pour me prendre sur un tempo lent mais il ressortait presque complètement pour plonger de toute sa puissance, et mon corps remontait dans le lit ; j’ai levé les mains pour repousser la tête de lit à chaque ruée, allant au-devant de ses rudes assauts.

— Tu es prête ? Je vais venir…
— Oui, je t’attends, jouis, emplis-moi et je vais décoller façon Saturn…
— J’y suis… Oh, Seigneur…

Il cria sa délivrance dans un grand coup de reins ; sa puissante verge plus épaisse que jamais a rempli mon vagin de rasades de sperme qui ont précipité mon orgasme. J’ai joint un long cri aigu à ses grondements de plaisir, puis nous sommes retombés, éreintés mais souriant aux anges.

— Ouaouh ! Je suis cassée là. Demain je vais avoir mal partout. Bon, ça m’a donné faim, tout ça.
— On va voir ce qu’il y a dans le frigo, mais je ne te garantis rien…
— T’en fais pas, tu as devant toi une ex-employée modèle de restaurant gastronomique. Je t’embauche comme petites mains. Enfin… Petites mains, toi, avec tes battoirs…

Auteur : Matt Démon

Lisez la suite bientôt

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