vendredi 18 avril 2014

Le combat de cocks

— Bienvenue, chers téléspectateurs ! Ce soir, pour animer cette grande finale d’Invertilles entre les villes de Burnes-sur-Yvette et Jouis-en-Josette, la charmante Siconne Carnier, le sémillant Lee Gux et moi-même : votre serviteur, Litron Zéone. Comment est l’atmosphère à Burnes, Siconne ?
— Eh bien, mon cher Litron, ici c’est presque l’émeute, tellement les Burnés sont impatients de voir leur équipe remporter cette finale. J’ai d’ailleurs à côté de moi monsieur Couillu, le maire de Burnes. Quelques mots pour nos téléspectateurs, Monsieur Couillu ?

La blonde lui tend le micro ; le gros homme s’en empare et éructe :

— Nos Burnés sont prêts à exploser, tellement la pression est importante !

Une ovation monte de la foule rassemblée autour du maire ; dans le car-régie, le réalisateur sélectionne l’image en gros plan de la trogne avinée d’un ancien combattant, un casque sur la tête, qui souffle dans un clairon à s’en faire péter les veines du cou.

Un gnome aux cheveux gris coiffés avec une raie sur le côté, surplombant un large front reprend le micro au maire :

— Et à Jouis-en-Josette, est-ce que l’atmosphère est aussi chaude qu’ici, Litron ?
— Tout à fait, mon cher Lee Gux. Elle est survoltée ; n’est-ce pas, les Jouisseurs ?

Une clameur assourdissante monte des gradins.

— Madame le maire, quels sont vos pronostics ?
— Bonsoir Lee, bonsoir Siconne, bonsoir Litron, et bonsoir à tous les téléspectateurs. Je suis Josette Quibèze, le maire de Jouis-en-Josette. D’après ce que je vois, mes administrés vont donner du fil à retordre à l’équipe de Burnes !

Les Jouisseurs reprennent tous en chœur en scandant « Allez Jou-is ! Allez Jou-is ! Allez Jou-is ! ».

— Cette finale s’annonce chaude ! Alors, ma chère Siconne, quelle est la première épreuve ?
— Il s’agit d’un rodéo de vaches landaises, mon cher Litron ; mais d’un rodéo bien particulier. Chaque participant devra se maintenir le plus longtemps sur la croupe de la vachette en s’agrippant aux cornes, mais il pourra s’aider de son membre viril pour éviter d’être désarçonné trop rapidement.
— Est-ce que les concurrents ont bien compris ? Les équipes sont-elles prêtes ?

Derrière des bâches, les soigneuses s’escriment à parfaire l’érection des deux hommes qui vont défendre les couleurs de leur ville, soit en leur frottant la verge avec des feuilles d’orties, soit en l’enduisant de purée de piment. Dehors, la foule s’impatiente. Enfin les candidats pénètrent sur la place, arborant des érections monstrueuses, sous les clameurs du public. Ils se dirigent vers les vachettes qui sont maintenues immobiles par des assistants et, d’un mouvement souple, se hissent sur leur croupe, s’aplatissent sur leur échine et attrapent les cornes des animaux. Deux assistantes introduisent les braquemarts dans l’intimité des vachettes, qui sont aussitôt lâchées.

Les pauvres bêtes lancent des ruades pour désarçonner les cavaliers, surtout celle dont le mandrin qui la pénètre est enduit de piment ; n’y arrivant pas, la vachette se couche sur le flanc et meugle de douleur en se débattant. Au même moment, l’autre candidat vole en l’air sous l’effet d’une ruade particulièrement puissante et va s’écraser à plat-ventre dans la sciure, à deux mètres de l’autre concurrent. Il se relève en hurlant :

— Arrêtez tout ! Il y a tricherie ! Regardez : il la sodomise au lieu d’employer la voie normale. Il l’encule !

En effet, le Burné est encore planté dans le fondement de l’animal. Lee Gux est obligé d’intervenir :

— Est-ce que c’est prévu dans le règlement ? Il faut le vérifier, car cela pourrait relever de la concurrence déloyale : un rectum est bien plus serré qu’un vagin. Allô, J’ai du Cognac, veuillez vérifier s’il vous plaît.

Quelques secondes plus tard, une voix off : « Vérification faite, Lee Gux, il n’est pas précisé dans quel orifice le pénis doit être introduit. En conséquence, c’est l’équipe de Jouis-en-Josette qui remporte cette épreuve. ».

Une clameur de protestation s’élève des gradins de Burnes ; par provocation, le Jouisseur se branle au centre de la place et éjacule en direction de la tribune des officiels avant de partir en zigzaguant pour éviter les projectiles de toutes sortes qui cherchent à l’atteindre. Pour éviter d’être étripé, il se réfugie bien vite dans les loges où il s’enferme à double tour.

Le gnome grisonnant se tourne vers sa collègue :

— Eh bien, Siconne, les Burnés acceptent mal cette décision ! Mais l’épreuve suivante devrait leur permettre de se rattraper ; dites-nous en quoi elle consiste.
— Il s’agit de la célèbre épreuve du « combat de cocks », mon cher Lee Gux. Il s’agit, tout comme au « bras de fer », de faire plier l’adversaire ; mais là, il ne s’agit pas de bras, comme nos chers téléspectateurs le savent bien…
— Monsieur Couillu, en qualité de premier magistrat de la commune de Burnes-sur-Yvette, pensez-vous que la victoire peut revenir à un Burné ?
— Eh bien, Monsieur Lee Gux, lorsque vous aurez vu notre champion, vous devrez convenir qu’elle ne peut pas nous échapper ; n’est-ce pas, amis Burnés ?

Une clameur répond à son interrogation, et l’ancien combattant, de plus en plus aviné, souffle tellement fort dans son clairon qu’il ne peut retenir un jet de vinasse rougeâtre qui s’échappe de la commissure de ses lèvres collées à l’embouchure de l’instrument, et qui jaillit même par le pavillon du cuivre. L’ancêtre hoquette et, les joues remplies d’un liquide nauséabond, il s’écroule aux pieds du maire. Bien vite, deux brancardiers l’emportent sur une civière.

— J’espère qu’ils ne devront pas lui faire du bouche-à-bouche pour le ranimer ! s’esclaffe la blonde Siconne Carnier.

Elle tente de calmer son fou-rire, puis parvient à annoncer :

— Place à l’épreuve suivante : le combat de cocks !

Le gros Litron Zéone, remontant ses lunettes, reprend la parole :

— Eh bien nous allons passer à la deuxième épreuve, qui se déroulera ici même à Jouis-en-Josette, ma chère Siconne ; je rappelle à nos téléspectateurs que nous sommes en duplex avec Siconne Carnier et Lee Gux qui se trouvent à Burnes-sur-Yvette, où les Burnés vont soutenir leur champion.

Une longue clameur se fait entendre. Il reprend :

— Je m’adresse maintenant à Josette Quibèze, maire de Jouis, qui va nous présenter le champion de sa commune.
— Il s’agit de Monsieur Gauliatte.

Sous les vivats de la foule, un homme de haute stature – un quasi-géant de plus de deux mètres – revêtu d’un peignoir de satin bleu-nuit se dirige vers l’arène où le combat va avoir lieu. Savourant les encouragements de la foule, il s’arrête à hauteur du plateau, les poings sur les hanches, attendant de pied ferme l’autre concurrent. Le gros Litron le rejoint.

— Comment vous prénommez-vous, Monsieur Gauliatte ?
— Yves.
— Et quelle profession exercez-vous, Yves ?
— Je suis dentellière-brodeuse.
— Si vous remportez cette épreuve, vous assurez la victoire de votre ville sur celle de Burnes-sur-Yvette, Yvette… euh, pardon, Yves. Mais voici que l’autre candidat pénètre dans l’arène.

En effet, sans se presser, en traînant les pieds, les épaules voûtées, un petit bonhomme apparaît sous les huées des Jouisseurs qui le conspuent. La différence entre les concurrents est phénoménale : autant le premier est colossal, autant celui-ci est courtaud et maigrichon.
Visiblement surpris par son apparence, Litron Zéone lui tend le micro.

— Vous avez le redoutable honneur de défendre les couleurs de votre commune qui, je vous le rappelle, vient de perdre la première manche de cet Invertilles ; les Burnés comptent sur vous pour obtenir un match nul ! Mais avant de débuter cette seconde épreuve, vous allez vous présenter à nos téléspectateurs.
— Eh bien, je m’appelle Leroy ; Leroy David.
— Et quelle est votre profession, Monsieur Leroy ?
— Je suis inséminateur dans une coopérative agricole.
— Alors, allez-y, les champions ; et que le meilleur gagne !

Le petit homme s’approche de son adversaire qui le toise de haut, affichant un sourire goguenard. Réalisant l’importance de leur différence de taille, le gros Litron propose une estrade pour amener les deux concurrents à la même hauteur, mais David Leroy refuse. Et pour cause…

Son adversaire vient de se dépouiller de son peignoir ; il est à présent totalement nu, et arbore un sexe en érection de taille respectable qu’il exhibe à l’assistance en le secouant dans tous les sens. Lorsque le petit homme laisse glisser au sol son vêtement, un « Oh !… » de stupeur s’élève des gradins. Des mâchoires s’abaissent, laissant apparaître des bouches béantes, tant la surprise est extraordinaire ; on voit même quelques dames de la bonne société, venues s’encanailler, se trémousser sur place, un filet de bave à la commissure des lèvres tandis qu’elles observent le phénomène à la dérobée avec des regards chargés de lubricité. Devant les supporters ébahis, un braquemart monstrueux se dresse ; une hampe d’une cinquantaine de centimètres, veinée et noueuse, supporte un gland disproportionné, déjà décalotté, de la taille d’un pamplemousse, qui arrive au niveau du front du petit homme.

Sur la face de son adversaire déstabilisé par ce mandrin qui va lui être opposé, le sourire condescendant qu’il arborait jusque là se fige instantanément, puis se transforme en rictus ; il recule d’un pas, hébété, comme hypnotisé par ce monstre dont il ne peut détacher son regard.

Deux mignonnes assistantes rapprochent les combattants l’un de l’autre et, après avoir fait glisser le prépuce d’Yves Gauliatte pour dégager son gland, entreprennent de relier les deux verges au moyen d’une ligature. Un gong résonne. Le combat de cocks commence !

Immédiatement, le géant tire avantage de sa taille pour tenter d’écraser le petit David, qui résiste pourtant vaillamment, arc-bouté derrière sa verge monstrueuse qui plie à peine sous les assauts.
À Burnes-sur-Yvette, les spectateurs encouragent leur champion du mieux qu’ils peuvent ; la fanfare locale massacre une marche militaire tandis que de jeunes majorettes lèvent les jambes en cadence. Les hurlements de la foule redoublent d’intensité lorsque les jupettes qui arrivent tout juste en haut des cuisses juvéniles découvrent par moments la foufoune des adolescentes : elles ne portent pas de culotte ! Sur les gradins, quelques pervers extirpent discrètement leur verge de leur pantalon et se branlent furieusement.

Lorsque la musique prend fin sur un dernier « couac » discordant d’une trompette, la chef des majorettes se met à hurler :

— Qui est-ce qui a les plus grosses burnes ?

La foule scande en chœur :

— C’est les Bur-nés ! C’est les Bur-nés ! C’est les Bur-nés !

À Jouis-en-Josette, c’est l’enthousiasme : le colosse, pivotant sur lui-même, a fait décoller son adversaire du sol et le fait tournoyer autour de lui. Le public hurle sa joie : à présent, la victoire ne peut échapper aux Jouisseurs ! Tout le monde s’attend à voir céder le lien qui relie les deux concurrents et le petit homme s’envoler dans les airs ; mais ils sont rapidement déçus, car le lien tient bon : à peine s’est-il légèrement distendu sous l’effet de la force centrifuge.

Gauliatte adopte une autre tactique : contractant rythmiquement ses sphincters, il raidit encore plus sa verge tout en s’inclinant de gauche à droite pour faire fléchir celle de son adversaire ; les deux membres luttent dans un corps à corps acharné, mais l’énorme bite du Burné résiste. Par contre, les frottements des deux glands qui glissent l’un contre l’autre – les freins hypersensibles en contact – provoquent une excitation irrépressible chez le Jouisseur ; en effet, même s’il s’en était défendu jusque là, il doit bien admettre qu’il n’est pas insensible à cette queue monstrueuse et à l’énorme gland violacé qui semble le narguer : oui, il a des tendances homosexuelles qu’il n’avait jamais assumées, lui, ce grand gaillard d’apparence si virile…

Plus les frottements entre les deux glands se font fréquents, plus il sent le plaisir monter au creux de ses reins ; puis une vague impérieuse de jouissance l’emporte, et il déverse des flots de sperme sur son adversaire. Confus, il s’immobilise, stupéfait, tandis que son membre débande ; le Burné profite de l’occasion et, d’une secousse bien placée, son braquemart phénoménal fait ployer la bite du Jouisseur.

Les arbitres déclarent David vainqueur de Gauliatte sous les protestations de la foule qui crie à la trahison. Le gros Litron Zéone tente d’apaiser l’assistance avant que ça ne tourne à l’émeute :

— Mesdames et Messieurs, du calme, je vous en conjure ! Tout n’est pas perdu pour Jouis-en-Josette ; les deux communes sont actuellement à égalité : il reste une épreuve pour vous départager. Ma chère Siconne, quelle est-elle ?
— Eh bien, mon cher Litron, il s’agit de la course d’escarbites.
— Pour les téléspectateurs qui ignoreraient encore ce que sont les escarbites, ces animaux chimériques, voulez-vous, professeur Dugland, nous rappeler leur origine ?
— Ils résultent d’un processus d’ingénierie génétique faisant intervenir l’ADN humain et celui de l’escargot. Les chromosomes humains qui codent les caractères sexuels primaires ont été insérés dans le génome de l’escargot, ce qui produit l’extraordinaire résultat que vous pouvez constater : une sorte d’escargot géant de plusieurs mètres de long, surmonté d’une coquille  proportionnelle à la taille de l’animal. Mais, de l’escargot, il n’en a que l’apparence puisque le corps de ce gastéropode, ainsi que vous le voyez, est un phallus géant. Un phallus humain de cinq à six mètres de longueur. C’est pour cette raison qu’il n’existe que des escarbites mâles, contrairement aux escargots qui sont hermaphrodites. Et c’est pourquoi il est impossible de les faire se reproduire entre eux : chaque individu est conçu en laboratoire, ce qui les rend extrêmement onéreux.
— Merci, professeur. Quelques mots encore sur leur mode de déplacement, s’il vous plaît.
— Étant dépourvus de pieds, ces animaux se déplacent à la manière des gastéropodes, par reptation ; mais le fluide visqueux nécessaire au glissement consiste en sperme, qui est produit par un unique et énorme testicule logé à l’intérieur de la coquille, qui ne contient aucun autre organe.
— Encore merci pour toutes ces précisions, professeur Dugland. Mais je vois que les concurrents de cette dernière épreuve ne vont pas tarder à prendre le départ ; je vous les présente rapidement.

Le gros Litron Zéone consulte ses fiches.

— Goldikova, qui court pour Burnes-sur-Yvette, appartient à l’écurie d’Isaac Schlomo, le célèbre industriel qui a fait fortune dans la clouterie. Il est monté par un Burné de pure souche, Jésus dos Santos, toque claire et casaque blanche frappée de l’emblème des industries Schlomo qui, comme vous pouvez le voir, consiste en une simple croix. Le jockey a l’avantage du poids car, ainsi que vous le constatez, Jésus est maigre comme un clou.

Sur les écrans, on voit les Burnés lancer des acclamations pour encourager leur favori.

— Quant à Storm Bird, qui représente la commune de Jouis-en-Josette, il appartient au comte de Feule, un mystérieux personnage qui vit retiré du monde ; on dit de lui qu’il serait propriétaire d’un site de littérature érotique. Storm Bird est monté par Lou Beauf, un Jouisseur d’adoption, toque sombre et casaque foncée, qui arbore le blason de Monsieur de Feule : d´azur semé de billettes d´or au lion du même, armé et lampassé de gueules.

L’ovation des Jouisseurs couvre ses dernières paroles. Maintenant, les montures sont sur la ligne de départ ; sur leur dos, chaque jockey tient les rênes qui permettent de diriger l’animal grâce à un mors inséré dans le méat, qui commence à répandre du sperme sur le sol.

— Comme vous le voyez, chers téléspectateurs, Isaac Schlomo a fait circoncire Goldikova pour des raisons d’aérodynamisme ; mais voici le départ !

En effet, la barrière vient de se relever et les escarbites commencent à glisser, d’abord lentement, puis ils accélèrent progressivement.

— Et c’est parti ! Pour l’instant, Goldikova prend l’avantage sur Storm Bird, qu’il devance d’un court gland, et on aborde le premier virage ; Storm Bird est à la corde, et il tente de profiter de son avantage pour dépasser Goldikova, qui s’accroche et ne se laisse pas devancer.

Les Jouisseurs encouragent Storm Bird de toutes leurs forces pour qu’il rattrape son léger retard.

— À la sortie du premier virage, c’est toujours Goldikova qui mène le train, et il accélère même de plus en plus !

Le spectacle est fascinant : plus leur vitesse augmente, plus les escarbites projettent loin le sperme devant eux. Ce sont de violents jets de foutre qui arrosent à présent la pelouse.

— Goldikova toujours en tête ; et c’est à un train extrêmement soutenu que les jockeys mènent leur monture… Storm Bird a encore perdu un peu de terrain ; mais attention… attention ! Le voici qui remonte, et qui tente de prendre la corde à l’entrée du dernier virage. Oui ! Il est à la corde, et il profite de cet avantage pour remonter son adversaire.

Sur les gradins de Jouis-en-Josette, la foule trépigne d’impatience en attendant de voir les concurrents à la sortie du virage, qui est masqué partiellement par des arbres. Les voilà enfin…

— À la sortie du dernier virage, Storm Bird, toujours à la corde. Les deux concurrents sont actuellement au gland à gland, et il me semble même que Storm Bird accélère encore ; Goldikova va être obligé de céder la tête… Oui ! Storm Bird  prend un léger avantage, et à l’entrée de la dernière ligne droite, c’est Storm Bird qui mène !

La foule se déchaîne ! Les hurlements d’encouragement couvrent les commentaires du gros Litron.

— …nouveau rebondissement : Jésus dos Santos cravache sa monture… Il remonte Storm Bird et… Hou-là-là… C’est extraooordinaire ! Goldikova repasse en tête à quelques centaines de mètres du poteau d’arrivée !

Plus le dénouement approche, plus la voix de Litron Zéone monte dans les aigus et accélère son débit. Parmi les supporters de Jouis-en-Josette, Sœur Marie-Virginie – la Mère Supérieure de la congrégation des Vierges Effarouchées – accompagnée d’une cohorte de jeunes nonnes, est en prière ; les religieuses égrènent leur chapelet, espérant un miracle divin.

— Et c’est toujours Goldikova qui est en tête, devant Storm Bird ; mais, mais… Nouveau rebondissement : voici que Lou Beauf, dans un ultime effort, semble emmener Storm Bird à la victoire ; il éperonne violemment sa monture, qui revient au gland à gland avec Goldikova ! Ils ne sont plus qu’à quelques dizaines de mètres du poteau…

Les quelques supporters téméraires qui sont parvenus à se glisser au bord de la piste sont éclaboussés par les jets de sperme des deux escarbites déchaînés ; sur les gradins, c’est de la folie…

— Mais que fait Lou Beauf ? Il vient de lâcher les rênes… Quelle maladresse, alors qu’il allait remporter la victoire !

Ce qu’ignore le commentateur, c’est que le jockey a volontairement lâché les brides. Sa tactique est payante : alors que les deux montures allaient franchir ensemble le poteau d’arrivée, son geste a relâché la tension qu’il exerçait sur le prépuce de son escarbite qui, en reprenant sa place, a fait gagner la cinquantaine de centimètres qui manquaient pour devancer son adversaire.

— Et c’est Storm Bird qui l’emporte !

Le gros Litron est à court d’air ; il suffoque…

— Très, très, très très belle victoire de Storm Bird qui l’emporte sur Goldikova, devancé d’un court prépuce ! Incroyable dénouement…

Sur les gradins, c’est l’enthousiasme ! La Mère Supérieure se prosterne à genoux puis, les bras tendus vers le ciel, elle s’extasie :

— Merci, merci, ô mon Dieu !

À ce moment-là, un éclair fulgurant traverse le ciel et une voix profonde, qui roule d’un bord à l’autre de l’horizon, retentit comme un coup de tonnerre :

— Y’a pas d’quoi, ma poule !

Litron Zéone, tout en s’épongeant le front, conclut :

— Cette course d’escarbites était le clou de la soirée ! Il faut reconnaître que Lou lui a bien rivé son clou, à ce Jésus ! Bonsoir à tous, et encore bravo à Jouis-en-Josette, qui l’emporte par le score sans appel de deux victoires à une. Chers téléspectateurs, n’oubliez pas que vous pourrez revoir cette magnifique course demain soir dans Sport du Manche. Ici Jouis-en-Josette, qui a vu la victoire de Storm Bird, sur les commentaires de votre serviteur, Litron Zéone. Je rends l’antenne ; à vous Paris, à vous les studios des Putes Chômeront !

Auteur : Lioubov

2 commentaires:

  1. Très drôle, j'adore les parodies, et celle-là est bien menée !
    Il faut avoir au moins quarante ans pour goûter l'ironie des références détournées (les étés à regarder ce genre de programme populaire, les fêtes de Noël avec Tino Rossi en smoking et Henri Salvador qui rigole…
    Très chouette.
    Riga from Voissa

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  2. c'est idiot mais qu'est ce que j'ai rit... Ça doit représenter du boulot, le rythme est soutenu du début à la fin. Bravo ! U.

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