Relisez le chapitre 9
Le grand jour était arrivé… celui de la saillie. Michel avait loué à cet effet une petite salle de théâtre qui avait la particularité d’être presque circulaire, non loin de chez lui, place de Clichy. Elle ne comptait que deux ou trois cents fauteuils, mais c’était largement suffisant pour accueillir les quelques dizaines de privilégiés qui allaient assister à l’acte final.
Les invitations avaient été lancées ; d’autres, virtuelles, s’adressaient à des connaissances qui résidaient trop loin de Paris pour se déplacer. Mais il s’était assuré le concours de techniciens qui allaient retransmettre le spectacle en vidéo HD sur un réseau Intranet privé destiné à un club très fermé dont Michel faisait partie depuis longtemps. Un club bien particulier puisqu’il ne rassemblait que des Maîtres, des adeptes de la domination. Et le père de Camille en faisait partie…
Toute la journée, le retraité pervers avait maintenu sa jeune locataire en haleine à l’aide du sextoy perfectionné dont il lui imposait le port quotidien, l’amenant au bord de l’orgasme tout en évitant de lui procurer le plaisir qui l’aurait soulagée. Jouant avec les différentes fonctions de l’appareil, Michel observait avec délectation l’étudiante sursauter lorsqu’il en activait une, puis se raidir au fur et à mesure que le plaisir montait en elle ; mais dès qu’elle commençait à haleter, il arrêtait tout, maintenant Camille était dans un état d’excitation insoutenable pendant des heures et des heures.
De son côté, afin d’être à la hauteur des attentes de la jeune fille, Michel s’était fait prescrire des comprimés de Cialis, une molécule aux effets plus puissants que le Viagra puisqu’ils se prolongent pendant 24 heures. Il prit une petite pilule jaune-beige au cours de l’après-midi, puis une autre peu de temps avant de rejoindre le théâtre.
À peine arrivés, il amena Camille dans une loge pour l’apprêter selon ses désirs, puis il la conduisit sur la scène, derrière le rideau de velours rouge encore fermé. Ceci fait, il retourna dans la loge afin de se préparer au rôle qu’il allait tenir.
Les spectateurs – pour la plupart des hommes dans la force de l’âge, accompagnés de filles nettement plus jeunes qu’eux – s’étaient regroupés sur les fauteuils des premiers rangs. Les lumières baissèrent progressivement tandis qu’une musique lancinante s’élevait, à base d’accords dissonants produits par des synthétiseurs. À présent, la salle était plongée dans l’obscurité ; une curiosité teintée d’impatience gagnait l’assistance.
Michel avait discrètement rejoint l’avant-scène ; tous les regards se fixèrent sur lui lorsque le faisceau d’un projecteur de poursuite l’illumina. Revêtu d’une longue cape sombre et d’un feutre noir à larges bords, il prit la parole quand les derniers accords, après un long decrescendo, laissèrent la salle dans le silence le plus complet.
— Mes chers amis, je vous remercie d’avoir répondu à mon invitation ; je constate avec plaisir que les Maîtres sont venus accompagnés de leur soumise. Merci également à tous les amis lointains qui sont reliés par l’Intranet. Cette soirée sera l’occasion de vous présenter une jeune fille qui m’est particulièrement dévouée depuis que j’ai commencé à me charger de son éducation. Mesdames et Messieurs, voici Camille !
Le rideau s’ouvrit sur une apparition quasi-irréelle : au centre de la scène illuminée par des projecteurs diffusant un éclairage bleu et mauve et dont le sol disparaissait sous des volutes de fumée mouvante, une jeune fille entièrement nue était attachée par les poignets à des liens qui pendaient des cintres. Ses bras étaient tendus vers le haut mais ses pieds reposaient sur une petite estrade circulaire, ce qui lui permettait d’adopter une posture très suggestive, un léger déhanché ajoutant une composante sensuelle aux courbes harmonieuses de son corps.
— Elle est belle, n’est-ce pas ? poursuivit Michel.
Un murmure approbateur parcourut la salle.
— Et c’est devant cette assistance de choix que je vais avoir l’honneur de saillir pour la première fois cette magnifique soumise ; mais avant ça, je vous demande votre participation. Mademoiselle Caroline, s’il vous plaît…
Une jeune Black aux formes sculpturales sortit des coulisses pour rejoindre le héros de la soirée. Elle ne portait qu’un string minimaliste et des chaussures à talons vertigineux. Répondant aux acclamations des spectateurs, elle pivota sur elle-même afin qu’ils puissent la découvrir sous tous les angles puis, avec un sourire éclatant qui fit ressortir la blancheur de ses dents, elle s’inclina devant le public en guise de salutation. Camille la reconnut aussitôt : c’était la prostituée africaine qu’elle avait rencontrée rue Saint-Denis, l’experte en fellations.
— Mademoiselle Caroline, vous allez faire circuler ceci parmi l’assistance.
Il lui tendit la télécommande du sextoy.
— Mes chers amis, ma soumise est déjà bien excitée, comme vous pouvez le constater.
S’étant approché de Camille, il lui fit écarter une jambe. En effet, sa vulve gonflée de désir et les filets de cyprine qui s’écoulaient le long de ses cuisses ne laissaient aucun doute sur son état… Le public était subjugué par ce tableau d’un érotisme troublant. Michel, sous l’effet du Cialis, sentit sa verge se gonfler de sang et s’ériger pesamment.
— Pourtant, je vais vous demander de l’exciter encore plus. Camille porte un sextoy perfectionné que vous pourrez actionner à votre guise grâce à la télécommande que Mademoiselle Caroline va vous confier. Une seule contrainte : vous ne devrez pas l’amener jusqu’à l’orgasme. Si vous m’entendez dire « Stop ! », vous devrez arrêter immédiatement ; est-ce bien compris ? Elle ne doit pas jouir. Enfin, pas encore. Mademoiselle Caroline, si vous voulez bien…
La jolie Black descendit les quelques marches qui la séparaient de la salle ; les mains se tendaient pour obtenir la télécommande. Elle la confia à l’homme qui occupait le fauteuil à l’extrémité de la première rangée. Celui-ci appuya sur une touche au hasard. Brusquement, le corps entravé de Camille se tendit, comme sous l’effet d’une décharge électrique. L’homme – ignorant la main de la jeune soumise qui l’accompagnait – passa le boîtier à son plus proche voisin, qui l’étudia pendant quelques secondes avant d’actionner une touche. Sur scène, les genoux de Camille fléchirent ; à présent, elle était suspendue aux liens qui étiraient ses bras. Michel surveillait attentivement les réactions de sa jeune locataire : elle ne devait pas jouir ! La télécommande continuait à circuler de mains en mains ; selon les touches choisies, le corps de la jeune étudiante ne faisait que frissonner ou allait jusqu’à se tétaniser.
— Stop !
Camille était au bord de la jouissance ; quelques secondes de plus, et l’orgasme libérateur allait la submerger. Elle posa un regard implorant sur Michel…
— Maître, je vous en supplie, ô mon Maître… Venez en moi… Je ne peux plus supporter cette attente intenable !
C’est le moment que Michel espérait. Prestement, il se débarrassa du grand feutre qui le coiffait ; sa tête apparut, recouverte d’une cagoule équipée de deux petites cornes qui le faisaient ressembler à un démon. Cette ressemblance s’accentua encore lorsqu’il défit l’attache de sa grande cape et qu’elle glissa au sol, révélant le corps mince du sexagénaire moulé dans un justaucorps noir ; de ses reins pendait une longue queue factice. D’une ouverture située à l’entrejambe émergeait une verge noueuse gonflée de sang, dont l’imposant gland violacé semblait désigner la jeune victime consentante.
Il retira le sextoy du vagin suintant et, l’ayant remplacé par son gland boursouflé, il écarta d’un coup de pied la petite estrade qui supportait Camille. Elle s’empala jusqu’à la garde sur le vit en érection.
— Aaaaaahhhhhh…
Une longue plainte franchit les lèvres de l’adolescente qui, après une si longue frustration, venait de jouir instantanément lorsque la verge, écartant les chairs tendres, s’inséra dans le vagin juvénile. Michel ressentait les contractions incontrôlables de l’étroit fourreau qui enserrait son membre distendu par les effets du Cialis. Bien qu’elles fussent délectables, les sensations qu’il éprouvait étaient incapables de l’amener aussi rapidement à l’orgasme. Il se retira et, ayant fait pivoter le corps de l’étudiante d’un demi-tour, il positionna son gland à l’entrée de l’anus de la jeune fille.
Il dut s’y prendre à plusieurs reprises pour faire franchir au gros champignon violacé le passage étroit du sphincter qui se distendait de plus en plus. Lorsqu’il fut arrivé à ses fins, il fit pénétrer la totalité de son membre dans le rectum de Camille d’une unique et lente poussée. Le visage grimaçant, l’étudiante haletait et geignait sous l’effet de la douleur causée par cette intromission contre nature ; mais lorsque Michel commença à effectuer de doux va-et-vient, elle sentit renaître le désir dans ses entrailles qui s’enflammaient, et sa croupe s’activa pour aller à la rencontre de ce dard qui la transperçait.
Dans la salle, la tension était à son comble ; beaucoup de Maîtres se faisaient sucer par leur soumise. Caroline, la jolie prostituée africaine, s’occupait des hommes qui n’étaient pas accompagnés, passant de fauteuil en fauteuil pour soulager des lèvres et des mains les verges érigées.
Sur scène, le spectacle d’un faune profanant un cul vierge était torride ; l’accouplement bestial d’un satyre et d’une nymphe dont il labourait les reins aurait pu faire bander un eunuque. Michel, sentant le plaisir monter, avait saisi les hanches de la jeune fille qui oscillait, pendue par les poignets aux liens qui la maintenaient, s’enfonçant encore plus profondément dans ce cul accueillant tandis que son bassin s’activait de plus en plus rapidement.
Soudain, il s’immobilisa ; se déversant en chaudes giclées dans le ventre de Camille, emporté dans une jouissance inimaginable, il sentit sa conscience se dissoudre. Il s’abattit contre le dos de l’étudiante. Ses jambes fléchirent ; sa verge luisante de leurs sécrétions intimes et encore en érection glissa hors du rectum de sa locataire et il se retrouva agenouillé derrière elle, ses bras enserrant ses cuisses, le visage contre son petit cul cambré. Il demeura immobile.
Dans la salle, une longue ovation retentit et se prolongea pendant plusieurs minutes.
Lorsqu’elle faiblit, les spectateurs s’attendaient à ce que les acteurs viennent saluer ; mais il n’en fut rien. L’inquiétude se répandit rapidement. Un médecin qui faisait partie du public se précipita pour examiner le retraité ; lorsqu’il se releva, il était livide.
— J’ai une bien triste nouvelle à vous annoncer : notre ami Michel semble avoir succombé. Quelqu’un peut-il téléphoner au SAMU ?
Il entreprit un massage cardiaque en attendant l’arrivée des secours. Lorsque ceux-ci arrivèrent, l’urgentiste tenta de ranimer le sexagénaire ; mais même le recours au défibrillateur se révéla vain. Le médecin s’adressa à Camille :
— Vous qui semblez être une proche, savez-vous si cet homme suivait un traitement ?
— Non, pas à ma connaissance. Tout ce que je sais, c’est qu’il a pris deux doses de Cialis il y a peu de temps.
Tandis que les secouristes emportaient le corps inerte de Michel sur une civière, le médecin qui était intervenu le premier prit la parole :
— Mes amis, Michel vient de nous quitter. C’est une triste nouvelle ; mais quelle plus belle mort aurait-il pu désirer ? Il est parti en plein orgasme : c’est ce que je vous souhaite à tous.
Depuis plusieurs jours, Camille ne fréquentait plus la fac ; elle se morfondait dans l’appartement devenu trop vaste pour elle seule. Elle réalisait à quel point elle était attachée à Michel, cet homme, son initiateur, qui avait su lui révéler les satisfactions que peut procurer la soumission. Il lui manquait tant…
Ses pensées furent interrompues par la sonnerie de l’interphone.
— Oui ? Qui est-ce ?
— C’est Charles, le traiteur, un ami de Michel. J’étais présent au dîner un peu particulier qu’il avait offert à quelques amis. Vous vous souvenez de moi ?
— Bien sûr ; vous pouvez monter.
Elle débloqua la serrure de la porte de l’immeuble et se rendit sur le seuil de l’appartement pour accueillir ce visiteur inattendu.
— Bonsoir, Monsieur.
— Bonsoir, Camille.
— Que désirez-vous ?
— Je viens vous faire part des dernières volontés de notre cher défunt.
— Installez-vous ; désirez-vous boire quelque chose ?
— Non, merci.
— Alors, venons-en à ce qui vous amène, si vous le voulez bien.
— Voilà. Depuis quelque temps, mon ami Michel se savait atteint d’une cardiopathie ; un problème cardiaque, autrement dit. En cas de malheur, il m’a chargé de vous remettre chaque mois une certaine somme pour vous maintenir à l’abri du besoin et vous permettre de poursuivre vos études.
Il tira une enveloppe de sa poche et la remit à Camille avant de poursuivre :
— Je sais également qu’il a pris des dispositions afin de vous permettre de continuer à demeurer ici. Voici un acte notarié qui vous accorde l’usufruit de cet appartement jusqu’à ce que ses dispositions testamentaires prennent effet.
La gorge de Camille se serra en découvrant la bonté de son bienfaiteur. Elle sentit ses yeux s’embuer, et ne put retenir ses larmes. Constatant l’émotion de la jeune fille, Charles préféra se retirer.
— Je dois prendre congé, Mademoiselle ; mon commerce m’attend. Je viendrai au début de chaque mois pour vous remettre une enveloppe semblable ; si vous avez besoin de quoi que ce soit entretemps, n’hésitez pas à faire appel à moi : voici ma carte de visite.
L’étudiante le raccompagna jusqu’à la porte de l’appartement.
— Merci beaucoup, Monsieur ; au revoir.
— Au revoir, Camille.
Lorsqu’il fut parti, curieuse, Camille ouvrit l’enveloppe : mille euros en billets verts. Quelle générosité ! Ainsi, elle allait pouvoir poursuivre ses études jusqu’à leur terme : elle ne serait jamais une minable caissière dans un supermarché de province. L’avenir s’annonçait radieux…
Quelques jours plus tard, elle reçut un courrier portant l’en-tête d’un office notarial, Georges Pittet et Rosalie Frei, notaires associés : « Mademoiselle, dans le cadre du règlement de la succession de M. Michel Lambert, je vous serais reconnaissant de bien vouloir convenir d’un rendez-vous en mon étude. ».
C’est ainsi que, la semaine suivante, elle fut introduite dans le bureau de Georges Pittet par une mignonne petite blonde.
— Asseyez-vous, Mademoiselle ; je vais vous donner lecture des dispositions testamentaires reçues en mon étude par feu M. Michel Lambert.
Le notaire ouvrit un dossier et lut le testament à la jeune fille.
— Bon, je résume : Monsieur Lambert était veuf et n’a pas eu d’enfants. Ses parents sont décédés ; il était fils unique, et il n’y a pas d’héritiers collatéraux. Cela signifie que vous êtes la légataire universelle de feu mon client. Acceptez-vous cette succession, Mademoiselle ?
— Oui, Maître ; je l’accepte.
— Bien. L’appartement de 115 mètres carrés est estimé à 854 105 €. S’y ajoutent le solde des comptes bancaires et d’épargne détenus par le de cujus, soit 2 853,27 €. Avec les meubles meublants estimés forfaitairement à 5% de la valeur du bien immeuble, l’actif net de succession atteint presque 900 000 €.
Devant l’importance de la somme, Camille ne put retenir un « Oh ! » de surprise. Maître Pittet apporta cependant quelques précisions :
— Toutefois, comme vous n’êtes pas membre de sa famille, vous ne pourrez pas bénéficier des abattements prévus par la loi. Vous aurez à vous acquitter de droits de succession importants, qui se montant à 60% de l’actif taxable. Dans votre cas, ils vont s’élever à 539 798 €. Il vous resterait 359 865 €, moins mes émoluments, bien entendu ; comptez donc sur 330 000 €. Dans ces conditions, vous ne pourrez pas conserver l’appartement du défunt : vous devrez le revendre pour vous acquitter des droits dus au Trésor Public. Mais avec la somme restante, vous pourrez acquérir un appartement tout à fait convenable, même s’il est plus petit que celui-ci. Si vous le désirez, je peux vous trouver un acquéreur ; me donnez-vous mandat pour le faire, Mademoiselle ?
— Bien sûr, Maître ; faites comme vous l’entendez.
— Dans ce cas, je vais vous confier aux bons soins de mon associée pour régler les formalités d’usage.
Il actionna une touche de l’interphone placé sur son bureau.
— Maître Frei, voulez-vous nous rejoindre, s’il vous plaît ?
La porte de communication s’ouvrit ; Camille reconnut la petite blonde qui l’avait introduite dans l’étude. Rosalie – puisque c’était elle – prit note des demandes de Georges Pittet, puis elle s’adressa à Camille :
— Voulez-vous bien m’accompagner dans mon bureau, Mademoiselle ?
Maître Pittet ne put s’empêcher d’évaluer les formes de sa nouvelle cliente lorsqu’elle s’éloigna en lui tournant le dos…
Des mois ont passé. À présent, Camille est propriétaire d’un petit appartement dans le même immeuble. Même si elle a retrouvé assez de moral pour retourner à la faculté, Michel lui manque encore. Sa sexualité se résume à quelques masturbations devant l’écran de son ordinateur tout en lisant des récits de soumission sur un site qu’elle a découvert, Xstory. Mais ses plaisirs solitaires n’ont pas la même intensité que ceux qu’elle éprouvait sous la houlette de Michel ; elle a besoin d’être dominée pour jouir pleinement. Il lui faut un nouveau Maître !
Elle s’inscrivit sur le site sous le pseudonyme de « Camille », tout simplement. Craignant d’être grondée par « Tartuffe Dauphinois » (un modérateur pourtant cordial…) elle respecta les usages du site en rédigeant un message de présentation : « Bonsoir à tous ; je suis une jeune fille de 19 ans résidant à Paris, et lectrice fidèle de ce site depuis déjà un petit bout de temps. J'avoue être limite accro : j'apprécie le fait que certains thèmes soient peu communs (inceste, zoo, SM...) mais qu'on en parle sans gêne. Petite précision : j'aime les hommes mûrs (dominateurs de préférence). Et j'adorerais un échange par mails ou textos de dialogues hots. À bientôt ! »
Dans les jours qui suivirent, elle reçut une trentaine de propositions. D’emblée, elle élimina celles qui émanaient d’hommes trop jeunes à son goût, ou qui étaient rédigées dans un français approximatif. Elle n’en retint que trois, puis se rendit sur le forum pour lire les interventions et les récits de leurs auteurs ; finalement, son choix se porta sur un certain « Lioubov », à qui elle répondit.
S’ensuivit un échange de mails où ils se découvrirent mutuellement ; Camille comprit qu’elle avait fait le bon choix lorsqu’ils se transmirent des photos : « Lioubov » ressemblait physiquement à Michel, et se montrait aussi pervers que lui, si ce n’est plus ! Leur relation se poursuivit et prit une tournure décisive lorsqu’elle reçut un contrat de soumission ; « Lioubov » s’était inspiré d’un contrat rédigé par l’un des membres du site, « claude4472 », en l’aménageant selon ses désirs particuliers. La jeune fille sentit son intimité se liquéfier lorsqu’elle imprima le contrat et y apposa sa signature avant de le retourner par la poste.
Un soir, au cours d’un échange sur Skype, la jeune fille osa aborder la relation particulière qu’elle avait eue avec Michel, son initiateur. « Lioubov » – à qui il arrivait de publier quelques récits sur Xstory – trouva cette histoire intéressante ; sans plus attendre, il envoya ces quelques mots à sa soumise : « Cela mérite d’être écrit : je vais en faire une série que je publierai sur le site. J’ai déjà trouvé un titre : Échange de mauvais procédés. ».
Le grand jour était arrivé… celui de la saillie. Michel avait loué à cet effet une petite salle de théâtre qui avait la particularité d’être presque circulaire, non loin de chez lui, place de Clichy. Elle ne comptait que deux ou trois cents fauteuils, mais c’était largement suffisant pour accueillir les quelques dizaines de privilégiés qui allaient assister à l’acte final.
Les invitations avaient été lancées ; d’autres, virtuelles, s’adressaient à des connaissances qui résidaient trop loin de Paris pour se déplacer. Mais il s’était assuré le concours de techniciens qui allaient retransmettre le spectacle en vidéo HD sur un réseau Intranet privé destiné à un club très fermé dont Michel faisait partie depuis longtemps. Un club bien particulier puisqu’il ne rassemblait que des Maîtres, des adeptes de la domination. Et le père de Camille en faisait partie…
Toute la journée, le retraité pervers avait maintenu sa jeune locataire en haleine à l’aide du sextoy perfectionné dont il lui imposait le port quotidien, l’amenant au bord de l’orgasme tout en évitant de lui procurer le plaisir qui l’aurait soulagée. Jouant avec les différentes fonctions de l’appareil, Michel observait avec délectation l’étudiante sursauter lorsqu’il en activait une, puis se raidir au fur et à mesure que le plaisir montait en elle ; mais dès qu’elle commençait à haleter, il arrêtait tout, maintenant Camille était dans un état d’excitation insoutenable pendant des heures et des heures.
De son côté, afin d’être à la hauteur des attentes de la jeune fille, Michel s’était fait prescrire des comprimés de Cialis, une molécule aux effets plus puissants que le Viagra puisqu’ils se prolongent pendant 24 heures. Il prit une petite pilule jaune-beige au cours de l’après-midi, puis une autre peu de temps avant de rejoindre le théâtre.
À peine arrivés, il amena Camille dans une loge pour l’apprêter selon ses désirs, puis il la conduisit sur la scène, derrière le rideau de velours rouge encore fermé. Ceci fait, il retourna dans la loge afin de se préparer au rôle qu’il allait tenir.
Les spectateurs – pour la plupart des hommes dans la force de l’âge, accompagnés de filles nettement plus jeunes qu’eux – s’étaient regroupés sur les fauteuils des premiers rangs. Les lumières baissèrent progressivement tandis qu’une musique lancinante s’élevait, à base d’accords dissonants produits par des synthétiseurs. À présent, la salle était plongée dans l’obscurité ; une curiosité teintée d’impatience gagnait l’assistance.
Michel avait discrètement rejoint l’avant-scène ; tous les regards se fixèrent sur lui lorsque le faisceau d’un projecteur de poursuite l’illumina. Revêtu d’une longue cape sombre et d’un feutre noir à larges bords, il prit la parole quand les derniers accords, après un long decrescendo, laissèrent la salle dans le silence le plus complet.
— Mes chers amis, je vous remercie d’avoir répondu à mon invitation ; je constate avec plaisir que les Maîtres sont venus accompagnés de leur soumise. Merci également à tous les amis lointains qui sont reliés par l’Intranet. Cette soirée sera l’occasion de vous présenter une jeune fille qui m’est particulièrement dévouée depuis que j’ai commencé à me charger de son éducation. Mesdames et Messieurs, voici Camille !
Le rideau s’ouvrit sur une apparition quasi-irréelle : au centre de la scène illuminée par des projecteurs diffusant un éclairage bleu et mauve et dont le sol disparaissait sous des volutes de fumée mouvante, une jeune fille entièrement nue était attachée par les poignets à des liens qui pendaient des cintres. Ses bras étaient tendus vers le haut mais ses pieds reposaient sur une petite estrade circulaire, ce qui lui permettait d’adopter une posture très suggestive, un léger déhanché ajoutant une composante sensuelle aux courbes harmonieuses de son corps.
— Elle est belle, n’est-ce pas ? poursuivit Michel.
Un murmure approbateur parcourut la salle.
— Et c’est devant cette assistance de choix que je vais avoir l’honneur de saillir pour la première fois cette magnifique soumise ; mais avant ça, je vous demande votre participation. Mademoiselle Caroline, s’il vous plaît…
Une jeune Black aux formes sculpturales sortit des coulisses pour rejoindre le héros de la soirée. Elle ne portait qu’un string minimaliste et des chaussures à talons vertigineux. Répondant aux acclamations des spectateurs, elle pivota sur elle-même afin qu’ils puissent la découvrir sous tous les angles puis, avec un sourire éclatant qui fit ressortir la blancheur de ses dents, elle s’inclina devant le public en guise de salutation. Camille la reconnut aussitôt : c’était la prostituée africaine qu’elle avait rencontrée rue Saint-Denis, l’experte en fellations.
— Mademoiselle Caroline, vous allez faire circuler ceci parmi l’assistance.
Il lui tendit la télécommande du sextoy.
— Mes chers amis, ma soumise est déjà bien excitée, comme vous pouvez le constater.
S’étant approché de Camille, il lui fit écarter une jambe. En effet, sa vulve gonflée de désir et les filets de cyprine qui s’écoulaient le long de ses cuisses ne laissaient aucun doute sur son état… Le public était subjugué par ce tableau d’un érotisme troublant. Michel, sous l’effet du Cialis, sentit sa verge se gonfler de sang et s’ériger pesamment.
— Pourtant, je vais vous demander de l’exciter encore plus. Camille porte un sextoy perfectionné que vous pourrez actionner à votre guise grâce à la télécommande que Mademoiselle Caroline va vous confier. Une seule contrainte : vous ne devrez pas l’amener jusqu’à l’orgasme. Si vous m’entendez dire « Stop ! », vous devrez arrêter immédiatement ; est-ce bien compris ? Elle ne doit pas jouir. Enfin, pas encore. Mademoiselle Caroline, si vous voulez bien…
La jolie Black descendit les quelques marches qui la séparaient de la salle ; les mains se tendaient pour obtenir la télécommande. Elle la confia à l’homme qui occupait le fauteuil à l’extrémité de la première rangée. Celui-ci appuya sur une touche au hasard. Brusquement, le corps entravé de Camille se tendit, comme sous l’effet d’une décharge électrique. L’homme – ignorant la main de la jeune soumise qui l’accompagnait – passa le boîtier à son plus proche voisin, qui l’étudia pendant quelques secondes avant d’actionner une touche. Sur scène, les genoux de Camille fléchirent ; à présent, elle était suspendue aux liens qui étiraient ses bras. Michel surveillait attentivement les réactions de sa jeune locataire : elle ne devait pas jouir ! La télécommande continuait à circuler de mains en mains ; selon les touches choisies, le corps de la jeune étudiante ne faisait que frissonner ou allait jusqu’à se tétaniser.
— Stop !
Camille était au bord de la jouissance ; quelques secondes de plus, et l’orgasme libérateur allait la submerger. Elle posa un regard implorant sur Michel…
— Maître, je vous en supplie, ô mon Maître… Venez en moi… Je ne peux plus supporter cette attente intenable !
C’est le moment que Michel espérait. Prestement, il se débarrassa du grand feutre qui le coiffait ; sa tête apparut, recouverte d’une cagoule équipée de deux petites cornes qui le faisaient ressembler à un démon. Cette ressemblance s’accentua encore lorsqu’il défit l’attache de sa grande cape et qu’elle glissa au sol, révélant le corps mince du sexagénaire moulé dans un justaucorps noir ; de ses reins pendait une longue queue factice. D’une ouverture située à l’entrejambe émergeait une verge noueuse gonflée de sang, dont l’imposant gland violacé semblait désigner la jeune victime consentante.
Il retira le sextoy du vagin suintant et, l’ayant remplacé par son gland boursouflé, il écarta d’un coup de pied la petite estrade qui supportait Camille. Elle s’empala jusqu’à la garde sur le vit en érection.
— Aaaaaahhhhhh…
Une longue plainte franchit les lèvres de l’adolescente qui, après une si longue frustration, venait de jouir instantanément lorsque la verge, écartant les chairs tendres, s’inséra dans le vagin juvénile. Michel ressentait les contractions incontrôlables de l’étroit fourreau qui enserrait son membre distendu par les effets du Cialis. Bien qu’elles fussent délectables, les sensations qu’il éprouvait étaient incapables de l’amener aussi rapidement à l’orgasme. Il se retira et, ayant fait pivoter le corps de l’étudiante d’un demi-tour, il positionna son gland à l’entrée de l’anus de la jeune fille.
Il dut s’y prendre à plusieurs reprises pour faire franchir au gros champignon violacé le passage étroit du sphincter qui se distendait de plus en plus. Lorsqu’il fut arrivé à ses fins, il fit pénétrer la totalité de son membre dans le rectum de Camille d’une unique et lente poussée. Le visage grimaçant, l’étudiante haletait et geignait sous l’effet de la douleur causée par cette intromission contre nature ; mais lorsque Michel commença à effectuer de doux va-et-vient, elle sentit renaître le désir dans ses entrailles qui s’enflammaient, et sa croupe s’activa pour aller à la rencontre de ce dard qui la transperçait.
Dans la salle, la tension était à son comble ; beaucoup de Maîtres se faisaient sucer par leur soumise. Caroline, la jolie prostituée africaine, s’occupait des hommes qui n’étaient pas accompagnés, passant de fauteuil en fauteuil pour soulager des lèvres et des mains les verges érigées.
Sur scène, le spectacle d’un faune profanant un cul vierge était torride ; l’accouplement bestial d’un satyre et d’une nymphe dont il labourait les reins aurait pu faire bander un eunuque. Michel, sentant le plaisir monter, avait saisi les hanches de la jeune fille qui oscillait, pendue par les poignets aux liens qui la maintenaient, s’enfonçant encore plus profondément dans ce cul accueillant tandis que son bassin s’activait de plus en plus rapidement.
Soudain, il s’immobilisa ; se déversant en chaudes giclées dans le ventre de Camille, emporté dans une jouissance inimaginable, il sentit sa conscience se dissoudre. Il s’abattit contre le dos de l’étudiante. Ses jambes fléchirent ; sa verge luisante de leurs sécrétions intimes et encore en érection glissa hors du rectum de sa locataire et il se retrouva agenouillé derrière elle, ses bras enserrant ses cuisses, le visage contre son petit cul cambré. Il demeura immobile.
Dans la salle, une longue ovation retentit et se prolongea pendant plusieurs minutes.
Lorsqu’elle faiblit, les spectateurs s’attendaient à ce que les acteurs viennent saluer ; mais il n’en fut rien. L’inquiétude se répandit rapidement. Un médecin qui faisait partie du public se précipita pour examiner le retraité ; lorsqu’il se releva, il était livide.
— J’ai une bien triste nouvelle à vous annoncer : notre ami Michel semble avoir succombé. Quelqu’un peut-il téléphoner au SAMU ?
Il entreprit un massage cardiaque en attendant l’arrivée des secours. Lorsque ceux-ci arrivèrent, l’urgentiste tenta de ranimer le sexagénaire ; mais même le recours au défibrillateur se révéla vain. Le médecin s’adressa à Camille :
— Vous qui semblez être une proche, savez-vous si cet homme suivait un traitement ?
— Non, pas à ma connaissance. Tout ce que je sais, c’est qu’il a pris deux doses de Cialis il y a peu de temps.
Tandis que les secouristes emportaient le corps inerte de Michel sur une civière, le médecin qui était intervenu le premier prit la parole :
— Mes amis, Michel vient de nous quitter. C’est une triste nouvelle ; mais quelle plus belle mort aurait-il pu désirer ? Il est parti en plein orgasme : c’est ce que je vous souhaite à tous.
—ooOoo—
Depuis plusieurs jours, Camille ne fréquentait plus la fac ; elle se morfondait dans l’appartement devenu trop vaste pour elle seule. Elle réalisait à quel point elle était attachée à Michel, cet homme, son initiateur, qui avait su lui révéler les satisfactions que peut procurer la soumission. Il lui manquait tant…
Ses pensées furent interrompues par la sonnerie de l’interphone.
— Oui ? Qui est-ce ?
— C’est Charles, le traiteur, un ami de Michel. J’étais présent au dîner un peu particulier qu’il avait offert à quelques amis. Vous vous souvenez de moi ?
— Bien sûr ; vous pouvez monter.
Elle débloqua la serrure de la porte de l’immeuble et se rendit sur le seuil de l’appartement pour accueillir ce visiteur inattendu.
— Bonsoir, Monsieur.
— Bonsoir, Camille.
— Que désirez-vous ?
— Je viens vous faire part des dernières volontés de notre cher défunt.
— Installez-vous ; désirez-vous boire quelque chose ?
— Non, merci.
— Alors, venons-en à ce qui vous amène, si vous le voulez bien.
— Voilà. Depuis quelque temps, mon ami Michel se savait atteint d’une cardiopathie ; un problème cardiaque, autrement dit. En cas de malheur, il m’a chargé de vous remettre chaque mois une certaine somme pour vous maintenir à l’abri du besoin et vous permettre de poursuivre vos études.
Il tira une enveloppe de sa poche et la remit à Camille avant de poursuivre :
— Je sais également qu’il a pris des dispositions afin de vous permettre de continuer à demeurer ici. Voici un acte notarié qui vous accorde l’usufruit de cet appartement jusqu’à ce que ses dispositions testamentaires prennent effet.
La gorge de Camille se serra en découvrant la bonté de son bienfaiteur. Elle sentit ses yeux s’embuer, et ne put retenir ses larmes. Constatant l’émotion de la jeune fille, Charles préféra se retirer.
— Je dois prendre congé, Mademoiselle ; mon commerce m’attend. Je viendrai au début de chaque mois pour vous remettre une enveloppe semblable ; si vous avez besoin de quoi que ce soit entretemps, n’hésitez pas à faire appel à moi : voici ma carte de visite.
L’étudiante le raccompagna jusqu’à la porte de l’appartement.
— Merci beaucoup, Monsieur ; au revoir.
— Au revoir, Camille.
Lorsqu’il fut parti, curieuse, Camille ouvrit l’enveloppe : mille euros en billets verts. Quelle générosité ! Ainsi, elle allait pouvoir poursuivre ses études jusqu’à leur terme : elle ne serait jamais une minable caissière dans un supermarché de province. L’avenir s’annonçait radieux…
—ooOoo—
Quelques jours plus tard, elle reçut un courrier portant l’en-tête d’un office notarial, Georges Pittet et Rosalie Frei, notaires associés : « Mademoiselle, dans le cadre du règlement de la succession de M. Michel Lambert, je vous serais reconnaissant de bien vouloir convenir d’un rendez-vous en mon étude. ».
C’est ainsi que, la semaine suivante, elle fut introduite dans le bureau de Georges Pittet par une mignonne petite blonde.
— Asseyez-vous, Mademoiselle ; je vais vous donner lecture des dispositions testamentaires reçues en mon étude par feu M. Michel Lambert.
Le notaire ouvrit un dossier et lut le testament à la jeune fille.
— Bon, je résume : Monsieur Lambert était veuf et n’a pas eu d’enfants. Ses parents sont décédés ; il était fils unique, et il n’y a pas d’héritiers collatéraux. Cela signifie que vous êtes la légataire universelle de feu mon client. Acceptez-vous cette succession, Mademoiselle ?
— Oui, Maître ; je l’accepte.
— Bien. L’appartement de 115 mètres carrés est estimé à 854 105 €. S’y ajoutent le solde des comptes bancaires et d’épargne détenus par le de cujus, soit 2 853,27 €. Avec les meubles meublants estimés forfaitairement à 5% de la valeur du bien immeuble, l’actif net de succession atteint presque 900 000 €.
Devant l’importance de la somme, Camille ne put retenir un « Oh ! » de surprise. Maître Pittet apporta cependant quelques précisions :
— Toutefois, comme vous n’êtes pas membre de sa famille, vous ne pourrez pas bénéficier des abattements prévus par la loi. Vous aurez à vous acquitter de droits de succession importants, qui se montant à 60% de l’actif taxable. Dans votre cas, ils vont s’élever à 539 798 €. Il vous resterait 359 865 €, moins mes émoluments, bien entendu ; comptez donc sur 330 000 €. Dans ces conditions, vous ne pourrez pas conserver l’appartement du défunt : vous devrez le revendre pour vous acquitter des droits dus au Trésor Public. Mais avec la somme restante, vous pourrez acquérir un appartement tout à fait convenable, même s’il est plus petit que celui-ci. Si vous le désirez, je peux vous trouver un acquéreur ; me donnez-vous mandat pour le faire, Mademoiselle ?
— Bien sûr, Maître ; faites comme vous l’entendez.
— Dans ce cas, je vais vous confier aux bons soins de mon associée pour régler les formalités d’usage.
Il actionna une touche de l’interphone placé sur son bureau.
— Maître Frei, voulez-vous nous rejoindre, s’il vous plaît ?
La porte de communication s’ouvrit ; Camille reconnut la petite blonde qui l’avait introduite dans l’étude. Rosalie – puisque c’était elle – prit note des demandes de Georges Pittet, puis elle s’adressa à Camille :
— Voulez-vous bien m’accompagner dans mon bureau, Mademoiselle ?
Maître Pittet ne put s’empêcher d’évaluer les formes de sa nouvelle cliente lorsqu’elle s’éloigna en lui tournant le dos…
—ooOoo—
Des mois ont passé. À présent, Camille est propriétaire d’un petit appartement dans le même immeuble. Même si elle a retrouvé assez de moral pour retourner à la faculté, Michel lui manque encore. Sa sexualité se résume à quelques masturbations devant l’écran de son ordinateur tout en lisant des récits de soumission sur un site qu’elle a découvert, Xstory. Mais ses plaisirs solitaires n’ont pas la même intensité que ceux qu’elle éprouvait sous la houlette de Michel ; elle a besoin d’être dominée pour jouir pleinement. Il lui faut un nouveau Maître !
Elle s’inscrivit sur le site sous le pseudonyme de « Camille », tout simplement. Craignant d’être grondée par « Tartuffe Dauphinois » (un modérateur pourtant cordial…) elle respecta les usages du site en rédigeant un message de présentation : « Bonsoir à tous ; je suis une jeune fille de 19 ans résidant à Paris, et lectrice fidèle de ce site depuis déjà un petit bout de temps. J'avoue être limite accro : j'apprécie le fait que certains thèmes soient peu communs (inceste, zoo, SM...) mais qu'on en parle sans gêne. Petite précision : j'aime les hommes mûrs (dominateurs de préférence). Et j'adorerais un échange par mails ou textos de dialogues hots. À bientôt ! »
Dans les jours qui suivirent, elle reçut une trentaine de propositions. D’emblée, elle élimina celles qui émanaient d’hommes trop jeunes à son goût, ou qui étaient rédigées dans un français approximatif. Elle n’en retint que trois, puis se rendit sur le forum pour lire les interventions et les récits de leurs auteurs ; finalement, son choix se porta sur un certain « Lioubov », à qui elle répondit.
S’ensuivit un échange de mails où ils se découvrirent mutuellement ; Camille comprit qu’elle avait fait le bon choix lorsqu’ils se transmirent des photos : « Lioubov » ressemblait physiquement à Michel, et se montrait aussi pervers que lui, si ce n’est plus ! Leur relation se poursuivit et prit une tournure décisive lorsqu’elle reçut un contrat de soumission ; « Lioubov » s’était inspiré d’un contrat rédigé par l’un des membres du site, « claude4472 », en l’aménageant selon ses désirs particuliers. La jeune fille sentit son intimité se liquéfier lorsqu’elle imprima le contrat et y apposa sa signature avant de le retourner par la poste.
Un soir, au cours d’un échange sur Skype, la jeune fille osa aborder la relation particulière qu’elle avait eue avec Michel, son initiateur. « Lioubov » – à qui il arrivait de publier quelques récits sur Xstory – trouva cette histoire intéressante ; sans plus attendre, il envoya ces quelques mots à sa soumise : « Cela mérite d’être écrit : je vais en faire une série que je publierai sur le site. J’ai déjà trouvé un titre : Échange de mauvais procédés. ».
FIN
Auteur : Lioubov
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