Lisez le chapitre 5
--- Chapitre 6 : Vengeance de femme ---
Cordery sentit qu'on lui caressait doucement la joue. Elle ouvrit un œil et découvrit Athéna Mc Gottadeal, tout habillée et maquillée discrètement, avec son large chapeau pointu de sorcière, la directrice élégante et sérieuse qu'elle connaissait, à laquelle elle avait toujours été habituée, qui, assise sur le bord du lit, lui souriait d'un air maternel qui la troubla :
— Bonjour ma chérie, murmura-t-elle, il est l'heure de se lever et de te préparer. J’espère que tu as bien dormi… Je descends pour m'occuper de la sortie d'aujourd'hui…
Mc Gottadeal se leva, lissa sa robe. Elle se tenait bien droit, impeccable image de l'autorité qu'elle incarnait dans l'école, et ajouta d'une voix claire :
— Je vous annonce, Miss Grenier, qu'il n'y a eu aucune visite indésirable cette nuit dans le dortoir. Ma présence peut-être, je ne sais pas. En tout état de cause, et nous pouvons nous en féliciter, il ne s'est rien passé cette nuit.
Cordery comprit immédiatement le sous-entendu de la si belle femme qui avait partagé son lit et ses jouissances, et répondit de la même voix claire :
— Oui, Madame, je peux d'ailleurs en attester : il ne s'est rien, absolument rien passé cette nuit, et j'en suis… la première soulagée ! Sans doute l'effet de votre présence à mes côtés. Moi, j'en suis persuadée, et je vous en remercie.
La directrice retint son rire ; elle lui rendit un regard chaleureux, et conclut avant de sortir de la chambre :
— À tout à l'heure Miss…
La jeune fille retomba sur ses oreillers, un sourire sur sa jolie bouche, heureuse et étourdie par tout ce qui lui était arrivé et tout ce qu'elle avait découvert en seulement quelques heures.
À dix-huit ans, il était temps : elle avait du retard dans ce genre de chose, mais là… elle en savait sans doute plus, et avait sans doute été bien plus loin que les jeunes de son âge, et même la plupart des femmes tout au long de leur vie… en seulement quelques heures.
Puis elle prit son courage à deux mains, rabattit sa couette et se leva. Elle sentit qu'elle avait des petites courbatures dans les cuisses, dans les hanches, en bas du dos. Elle découvrait aussi que faire l'amour était une activité physique à part entière, et songea, émue, que la directrice, qui devait bien avoir une cinquantaine d'années, avait sans doute ressenti en se levant ces courbatures amoureuses dans ses longues jambes, son corps souple et magnifique.
Bon ! Il fallait arrêter de rêvasser et se préparer : elle avait une enquête à poursuivre avec ses amis !
Pendant ce temps justement, dans le dortoir de Youri, les garçons se levaient plus ou moins facilement et se préparaient eux aussi. Run avait un sourire immense au souvenir des ébats de la veille avec Cordery, mais à cause de Melville dans les parages, il se retenait sans arrêt, ça se voyait, d'en parler à Youri.
Celui-ci, au contraire, se réveilla soucieux, troublé, inquiet, ne partageant pas l'enthousiasme béat et simpliste de son ami. Il s'enferma dans la salle de bain et prit sa douche.
Les événements de la veille, lui, le préoccupaient.
Cette annonce. Ce sort qui le concernait à propos de sa semence prétendument sacrée était inquiétant, et c'était d'ailleurs plutôt une malédiction ! Il se demandait ce que cela pouvait bien signifier et impliquer, mis à part que cela lui interdisait de se masturber tranquillement, comme devaient sans doute le faire – il en était maintenant persuadé – Run et la plupart des étudiants de l'école, garçons et filles, mais plutôt surtout les garçons. Enfin, il n'en savait rien… Il n'aurait pas toujours sous la main une Cordery accueillante et prévenante qui se précipitait pour avaler ses éjaculations…
Cette évocation commença à le faire bander tandis qu'il s'essuyait. Il chercha à penser à autre chose, à se reprendre la tête, à redevenir au plus vite soucieux et pessimiste, ce qu'il réussit plutôt bien en s'habillant. Sa bite dégonfla.
Les garçons descendirent les escaliers pivotants pour gagner la salle à manger. Toute l'école résonnait du bruissement de l'excitation des élèves, qui se faisaient tous une joie de faire cette sortie annoncée au village de Courtyard-Bakon et d'y dépenser leur argent juste avant Noël, car les vacances approchaient à grands pas.
Tout le monde semblait avoir oublié l'étrange épisode des visites nocturnes de ce dortoir des filles, et mises à part les intéressées, nul ne repensait à ce fait divers angoissant.
Mc Gottadeal et DoublePorte pouvaient s'en féliciter ; la simple annonce de cette sortie avait rempli son objectif : l'attention était détournée et l'événement n'occupait plus le devant de la scène…
Le cœur battant, Run retrouva Cordery qui arrivait dans la salle à manger où les tables s'étaient dressées toutes seules. Le chocolat chaud attendait dans les grands pichets d'argent, au milieu des fruits et des brioches : c'était un petit déjeuner de fête qu'avait prévu l'école.
La jeune fille sourit à ses deux amis, et vit immédiatement que si Run semblait flotter sur un petit nuage, Youri en revanche avait l'air sombre et torturé. Elle lui demanda gentiment si ça allait.
— Non, avoua le jeune homme, ce texte que tu as découvert me concernant… c'est… une malédiction, et je ne sais pas au juste ce qui se cache derrière…
Youri avait retourné cela dans sa tête, et sans l'avouer à ses amis il craignait plus tard de ne jamais pouvoir avoir d'enfant, ou d'engendrer peut-être… des monstres.
L'idée pouvait paraître ridicule, mais personne n'en savait rien. Qui était capable de le dire ? Sa semence était-elle enchantée ou ensorcelée ? Était-elle un miracle ou un poison ?
Ces questions le taraudaient et le touchaient au cœur : à peine découvrait-il les plaisirs possibles de la sexualité qu'une terrible éventualité se faisait jour, qu'une prédiction mystérieuse en forme d'avertissement pesait sur lui.
Cordery lui sourit gentiment tandis que Run commençait à faire la tête, mais les trois amis se changèrent les idées en se mettant à table devant le généreux petit déjeuner gourmand pour parler d'autre chose. Cordery dévorait sa brioche, affamée, et se garda bien d'avouer aux garçons les raisons de ce féroce appétit : la nuit avait été sensuelle et mouvementée !
À la fin du repas, la directrice des Morhonpionsse, justement, arriva dans la salle, tout sourire… Son regard glissa sur Cordery sans s'y arrêter ni rien laisser paraître, et la jeune fille se demanda soudain combien d'élèves, filles ou garçons, avaient déjà partagé son lit et ses plaisirs, et la question la troubla.
Mc Gottadeal réclama le silence et expliqua à tous les modalités de la sortie au village avant de leur donner rendez-vous dans le hall d'entrée. Les élèves s'éparpillèrent alors en riant et discutant, et les trois amis restèrent ensemble. Mc Gottadeal vint vers eux.
— Bonjour à tous, dit-elle à voix basse. Je vous donne cette clef : elle vous ouvrira les portes de l'école, toute l'école, comme promis. Mais je vous recommande d'éviter au maximum de vous rendre dans les bureaux des enseignants : cela nous mettrait, vous le comprenez bien, dans une situation délicate. Et je vous prie également – surtout, même – de ne pas vous faire remarquer par Méfior, le concierge, ni par sa sale bête de chat. Vu le caractère du personnage, nous n'en finirions pas d'entendre parler de cette autorisation secrète et exceptionnelle que le directeur vous accorde. C'est totalement inédit et très risqué, comme vous le devinez…
— Mais, Madame… bredouilla Cordery, intriguée.
— Qu'y a t-il ?
— Vous ne nous donnez aucune clef ? s'étonnèrent ensemble Run et Youri.
— Je viens d'ensorceler vos baguettes et d'en faire des passe-partout, sourit la directrice devant la stupéfaction de ses élèves.
— Oh !
Ils rirent et saluèrent la directrice qui leur répondit d'un joyeux « Bonne journée ! » avant de tourner les talons dans une envolée de robe verte qui fit brièvement rêver Cordery de ce qu'elle cachait.
Les trois amis attendirent le rassemblement des élèves, avec l'appel qui dura longtemps, tant il y avait de monde.
Seule une poignée d'élèves ne participait pas à la sortie, en général parce qu'ils ne le pouvaient pas pour des questions d'autorisation parentale, comme Youri, même d'ailleurs s'ils étaient majeurs : le règlement de l'école était inflexible, clair et net.
Ils notèrent au cours de l'appel, étonnés et inquiets, que leur ennemi de toujours à Bootbakon, Vlado Loris, et ses deux compères Krott et Grav ne participaient pas à la sortie du jour ; c'était d'ailleurs les seuls de la Maison des Sorvenin à ne pas y aller.
Au milieu de la foule des étudiants, ils avaient l'air, comme d'habitude, méprisants et triomphants, et les trois amis échangèrent un coup d'œil préoccupé. Pourquoi restaient-ils ?
Youri découvrit également que Choho Qu, qui lui faisait les yeux doux depuis des mois, ne partait pas non plus avec les autres, et il croisa son regard et son sourire lumineux qui emballèrent son cœur.
Mais la priorité n'était pas là, il le savait. Il fallait résoudre le mystère qui menaçait l'école !
Lentement, les élèves chaudement vêtus rejoignirent et s'installèrent dans les diligences sans chevaux qui les attendaient sur l'esplanade de la grande cour de Bootbakon.
Le temps était magnifique malgré le froid mordant. Le ciel, d'un bleu éclatant, paraissait immense, et le soleil faisait resplendir les paysages enneigés autour de l'école.
Le directeur leur adressa de loin un sourire et un signe de tête et reprit le chemin de son bureau, tandis que les rares élèves à être restés rejoignaient leur salle commune ou la bibliothèque.
Run, Youri et Cordery remontèrent à l'étage dans la salle des Morhonpionsse déserte et chaleureuse – un bon feu crépitait dans l'immense cheminée – pour élaborer un plan de bataille : il fallait rendre visite à Areed dans sa cabane.
— Je vais aller prendre ma cape, déclara Youri. Nous pouvons avoir besoin de nous rendre invisibles.
— Bonne idée ! s'exclama Cordery. Et il nous faut réfléchir à ce que nous allons dire à Areed…
— Oui, dit Run en fronçant les sourcils, nous ne pouvons pas débarquer en l'accusant d'être le gros dégueulasse du dortoir. Il risque de ne pas apprécier !
— Effectivement. Et mine de rien, ajouta Youri en riant, il a beau être très sympa, c'est un peu pénible quand il s'énerve ! On devrait peut-être lui dire qu'on enquête sur cette histoire et lui demander tout simplement ce qu'il en pense ?
— Pas mal, Youri, approuva Run. S'il a quelque chose à se reprocher, comme on le pense, il ne fera pas illusion très longtemps : c'est sans doute le pire menteur que je connaisse !
— Il sera sans doute très gêné, ajouta Cordery d'une voix triste. Il faut garder à l'esprit qu'il est sans doute manipulé, dans cette histoire. Même s’il a fait des choses… dégradantes.
Le silence s'installa. Chacun, au fond de lui-même, n'avait pas envie que cette histoire porte préjudice à Areed : le demi-géant était leur ami depuis si longtemps, et Youri gardait la souvenir de la première fois qu'il l'avait vu, avec son énorme moto. Jamais jusqu'alors il n'avait entendu parler de ce monde de la magie dans lequel sa vie avait depuis basculée !
Ils regardaient le feu dans le foyer, et chacun des trois avait une pensée secrète qu'il n'osait exprimer, une prière : que tout cela soit un malentendu, que leur gigantesque ami ne soit pas le visiteur clandestin, le jouisseur du dortoir ! Peut-être y avait-il une autre possibilité, une explication qui puisse l'épargner ?
— Bon, décréta soudain Youri en se secouant, il n'est que 8 h 30. La journée est encore longue, mais il faut y aller. Préparons-nous, et allons voir Areed !
Tandis que les deux autres allaient mettre des vêtements chauds, il se rendit dans son dortoir, y prit sa cape qu'il avait cachée dans ses affaires (elle s'y cachait d'ailleurs toute seule !), enfila un gros pull et retrouva ses amis dans le vaste hall, désert.
Ils étaient tous préoccupés par ce qu'ils allaient peut-être apprendre. Ils s'emmitouflèrent et sortirent dans le froid aveuglé de soleil. Le temps était vraiment splendide, et l'expédition aurait pu être une belle promenade s'il ne s'était agi d'un inquiétant mystère.
Ils prirent la route.
Ils étaient en train de longer une haute galerie extérieure qui faisait le tour de la cour, où s'engouffrait le vent glacé, quand ils tombèrent sur un autre trio, sinistre et ricanant, constitué de Vlado Loris et ses deux acolytes.
Ils semblaient attendre, adossés à des colonnes de la galerie. Leur chef, Vlado, se mit à rire ouvertement avant d'interpeller à distance Youri, Run et Cordery qui venaient vers eux, d'une voix forte et provocante :
— Ah tiens ? Youri Batar et ses petits camarades ! Vous n'êtes pas partis en promenade comme tout le monde, avec tous les demeurés de l'école ?
Les trois amis se renfrognèrent, approchèrent en silence et surtout sans se presser, sous le regard narquois du petit groupe de Sorvenin, et ce fut Youri qui lança finalement :
— Non, ce ne sont pas les demeurés de l'école qui sont en sortie : impossible, puisque tes copains sont là devant moi !
Après un bref instant de silence, Vlado éclata de rire :
— Bonne répartie, Batar : tu commences à être drôle et à savoir t'exprimer, dis-moi ! C'est bien mon garçon…
Ses copains en question, grimaçants de colère soudaine, ne trouvaient eux pas du tout drôle la réflexion de Youri et ils s'avancèrent, menaçants. Mais c'était leur chef, Vlado, qui menait la conversation : tels des chiens d'attaque à peu près bien dressés, ils obéissaient, se retenaient et attendaient le bon moment en grondant.
Le visage très pâle sous ses cheveux raides, presque blancs, Vlado tourna son regard méchant et incisif sur Cordery, dont il détailla la silhouette :
— Je ne sais pas ce que tu fabriques avec ces sous-hommes constamment dans ton sillage, Grenier. Quand te décideras-tu à savoir ce qu'est un mâle vraiment digne de ce nom ?
La jeune fille fit un pas en arrière, effarée, tandis que Krott et Grav ricanaient grassement en dévisageant Cordery. Run et Youri, sans voix, étaient eux aussi sidérés par la violence de l'attaque verbale sans équivoque que venait de porter Vlado.
— Ah bon, tu t'intéresses aux filles Sang-de-Vase, maintenant ? rétorqua Cordery d'une voix blanche et tranchante. Les femelles au sang pur sont dégénérées à ce point-là que même toi, ça te fait honte ?
Le visage de Vlado se crispa, ses yeux flamboyaient. Il lança :
— Ma pauvre chérie, tu ne m'intéresses pas, rassure-toi, parce que oui, effectivement, tu manques de race. Mais comme tu commences à ressembler à autre chose qu'à une petite fille, je m'inquiétais simplement que tu connaisses un jour autre chose que ces deux gamins débiles qui te suivent partout. Ils risquent pas de te faire du mal, c'est sûr, mais pas du bien non plus. Alors si ça te dit… ajouta-t-il en ricanant de façon éloquente.
Le silence qui suivit était plein de tensions électriques et lourd de menaces soudaines.
Run, Cordery et Youri étaient sous le choc, et les deux garçons n'avaient qu'une envie : sauter à la gorge de Vlado. Cordery avala difficilement sa salive ; c'était à elle de répondre à l'affront détestable qu'elle venait d'essuyer. Elle planta donc son regard dans celui du jeune homme pâle, rassembla son courage et déclara d'une voix lente :
— Je préfère me branler jusqu'à la fin de mes jours avec ma baguette magique que de simplement supposer que tu puisses poser tes sales pattes de porc sur moi, espèce de psychopathe puant !
Vlado blêmit encore plus, si c'était possible, et la bouche tordue par la haine il murmura distinctement, l'index pointé sur elle :
— Salope ! Un jour tu me demanderas pardon à genoux pour ce que tu viens de dire !
C'en était trop : Run bondit, mais Cordery le retint à deux mains par le bras tandis que Krott et Grav, un sourire mauvais aux lèvres, s'apprêtaient à passer à l'attaque.
— Dans tes rêves ! s'exclama-t-elle. Continuez tous les trois à vous toucher en pensant à moi dans vos petits lits cradingues, ça vous calmera avant de dormir. Bon, allez, on se casse, on n'a pas de temps à perdre avec ces tarés !
Furieuse et déterminée, elle reprit son chemin sous le regard implacable de Vlado et sous celui, agressif, de ses deux copains qui espéraient que leur chef allait les laisser passer à l'attaque et se défouler enfin.
Run et Youri, qui voulaient eux aussi en découdre, hésitèrent un très bref instant avant de suivre la jeune fille, à contrecœur et sans lâcher les trois Sorvenin des yeux. Mais à leur grande surprise, ils restèrent immobiles et ils purent s'éloigner sans subir autre chose que des ricanements méprisants. Sans doute pour garder une contenance après la joute verbale que grâce à la répartie de Cordery, Vlado avait perdue.
— Je ne sais pas pourquoi vous êtes restés à l'école aujourd'hui, lança t-il brusquement alors que Youri, Cordery et Run était à une vingtaine de mètres. Vous devez préparer un mauvais coup. Mais nous allons vous surveiller, vous empêcher de nuire : on va vous coller au train toute la journée, promis !
Il éclata de rire et les trois amis se jetèrent un regard stupéfait.
— Quoi ? Ils vont nous suivre ? s'exclama à mi-voix Run en regardant le groupe de Vlado et ses lieutenants.
Effectivement ceux-ci se mettaient paresseusement en route dans leur sillage.
— Impossible d'aller voir Areed pour l'instant. Quelle merde ! soupira Cordery à la grande surprise de ses deux amis (mais ils allaient de surprise en surprise la concernant). Ils sont complètement tarés, des vrais malades !
— Tu as sacrément bien répondu, en tout cas, tout à l'heure… Bon, il faut les semer, décida Youri en souriant. On se sépare : vous restez ensemble, je bifurque. Je vais sans doute récupérer Vlado à ma suite, mais j'ai ma cape, on va rigoler… Vous allez hériter des deux abrutis ; à vous de vous en défaire…
— Je les assassinerais volontiers, grogna Run, mais le règlement de l'école ne permet pas le meurtre violent d'autres élèves, même s'ils le méritent. Je l'ai lu quelque part.
— On se retrouve dans notre salle commune, reprit Youri en riant, et on reprendra l'expédition prévue, d'accord ?
— OK, Youri, sourit Cordery. Bon courage !
— Bon courage à vous, et à tout à l'heure… répondit Youri.
Il prit la direction de l'aile ouest de l'école, marchant vivement dans l'air froid, tandis que ses amis obliquaient de l'autre côté pour faire demi-tour en contournant l'esplanade sous la galerie.
Observant le groupe de Sorvenin du coin de l'œil, Run et Cordery virent qu'ils hésitaient. Il y eut un flottement dans le groupe, puis Vlado glissa un mot à voix basse à ses acolytes d'un air menaçant. Il fut approuvé immédiatement et partit à la poursuite de Youri, suivi des yeux par ses copains, sans doute pas rassurés d'être lâchés par leur chef de bande.
Run et Cordery accélérèrent le pas. La jeune fille se blottit contre son ami qui entoura ses épaules de son bras protecteur, et elle lui murmura :
— Je vais me venger d'eux…
— C'est-à-dire ?
— J'ai appris un sort, hier dans la bibliothèque au cours de nos recherches, quelque chose de simple et d'efficace qui serait parfait pour leur donner une bonne leçon… Tu verras.
Ils entrèrent dans le bâtiment principal et prirent le grand escalier sans accorder d'attention aux deux suiveurs qui, ils le savaient, étaient à leurs basques.
C'était Cordery qui ouvrait la route, avec une idée derrière la tête. Run se demandait où elle voulait aller et ce qu'elle prévoyait de faire, mais il gardait le silence en attendant de comprendre. Ils prirent le couloir haut de plafond qui menait à la salle commune des Morhonpionsse et dépassèrent la grande porte, continuèrent le corridor jusqu'à une haute fenêtre en ogive aux carreaux de vitrail colorés.
Il y avait là un petit salon de lecture, peu fréquenté d'ordinaire, dans un recoin sur la gauche, à l'abri des regards de ceux qui sortaient de la salle commune et qui, de toute façon, prenaient la direction inverse dès qu'ils eurent passé la porte.
L'endroit était confortable, avec une banquette de velours rouge foncé, deux larges fauteuils, une table basse et des tapis épais.
Cordery expliqua précipitamment à Run, à voix basse :
— Ça va être un peu difficile. Pour que le sort fonctionne, il faut que ces deux connards veuillent s'en prendre à moi physiquement : c'est un sort de défense contre les agressions sexuelles. Mais il ne faut pas que je les aie attirés volontairement, que je les provoque, tu comprends ?
— Euh… oui, bredouilla Run, pas si sûr que cela d'avoir effectivement compris les intentions de son amie. Tu attends quoi de moi ?
— Que tu me baises, jusqu'à ce qu'ils veuillent en profiter. C'est dangereux, mais on n'a pas le choix !
— Oh Seigneur, si tu rates ton coup… C'est terriblement risqué !
— Tais-toi et embrasse-moi !
Grav et Krott ralentirent quand ils virent disparaître le rouquin et la gonzesse au bout du couloir.
Ils étaient à la hauteur de la porte de la salle commune des Morhonpionsse, mais en fait ils n'avaient rien à faire là : l'école avait beau être à peu près déserte, leur présence ici était difficile à justifier.
Ils hésitèrent, mal à l'aise. Si Vlado avait été là, il aurait su quoi faire, quoi dire, et surtout quoi penser, ce qui n'était pas vraiment leur fort.
Ils hésitèrent encore un peu, mais il fallait agir, et vite : ils devaient ne PAS perdre le couple de vue, c'était l'instruction principale de Vlado !
Alors en jetant des regards inquiets autour d'eux, ils avancèrent dans le couloir jusqu'à approcher la fenêtre. Ce qu'ils découvrirent les stupéfia en même temps que cela les emplit aussitôt d'une joie mauvaise : le rouquin et la fille s'embrassaient à pleine bouche en se caressant, comme s'ils étaient seuls au monde !
Bêtement, parce qu'ils ne craignaient pas grand monde sur ce terrain, ils imaginèrent que les deux amoureux ne les avaient pas vus. Ils se tinrent instinctivement en retrait, en se rinçant l'œil.
Et quand Run commença à remonter la jupe plissée de Cordery, leur respiration s'accéléra…
Morceau de choix, la jeune fille avait de jolies jambes, et le baiser passionné qu'ils échangeaient comme des affamés était carrément torride. Le cœur battant, ils scrutaient les replis de la jupe ; ils aperçurent enfin le cul de la fille que le mec avait pris à pleines mains.
Ils bandaient tous les deux, et quand Run ouvrit le chemisier de Cordery et dévoila sa poitrine, qu'il massa doucement à travers la dentelle du soutien-gorge, Krott et Grav, sans se concerter ni même se regarder, descendirent leur braguette et exhibèrent leur sexe dressé.
Cordery, sans prêter la moindre attention aux deux mateurs, se tourna pour s'appuyer sur le dossier du fauteuil où elle venait de s'agenouiller. Son amant troussa sa jupe au-dessus de ses fesses et descendit sa petite culotte. Il sortit lui aussi sa queue bien raide et la glissa dans la fente, tandis qu'elle étouffait un cri.
Les deux Sorvenin, rendus comme fous, échangèrent alors à peine un regard, et la bite au vent, bondirent sur le couple en train de faire l'amour.
Grav s'empara du bras de Run et le rejeta violemment en arrière, et son copain plaqua sa main avide sur les fesses de Cordery et…
…et elle se retourna aussitôt face aux deux agresseurs, sa baguette à la main et la poitrine offerte. Elle hurla, pleine de rage : « PUNIS PENIS PRIAPIS INFERNO ! » en abattant vers eux sa baguette d'où fusa une lumière aveuglante qui s'enroula en un éclair autour des phallus érigés de Krott et Grav.
Ils se mirent à hurler en reculant précipitamment. La lumière s'évanouit en une sorte de fumée, et Run et Cordery, ébahis, virent s’allonger bien au-delà d’une taille normale les verges des deux Sorvenin, et devenir cramoisies au milieu des cris d'effroi et de douleur. De panique, Grav et Krott tombèrent à la renverse, se tortillant par terre, et quand ils tentaient de toucher leur membre congestionné, la souffrance semblait intolérable !
Au cas où de rares élèves auraient pu débarquer, alertés par les cris, Cordery se rhabilla quelque peu, referma son chemisier et s'approcha en souriant de Krott et de Grav qui se trémoussaient au sol en grimaçant, râlant leur douleur :
— Alors, mes petits porcs, on pense avec sa bite ? Eh bien là, vous ne penserez plus à autre chose !
Elle décocha un coup de pied aux deux garçons, dans les flancs.
— Je vous souhaite bon courage, surtout pour aller expliquer cela à Mlle Sorbett Poar, à l'infirmerie. Le sort est connu : il est réservé aux violeurs malchanceux. Et à mon avis, à l'infirmerie, elle va vous laisser souffrir dans cet état au moins jusqu'après Noël. Vous allez passer – c'est sûr – de TRÈS bonnes vacances… Et de très longs réveillons. Aussi longs que vos misérables bites de porcs ! Cassez-vous, s'exclama-t-elle d'un ton cassant, je veux plus voir vos sales gueules, ou bien je vous change en gorets !
Elle brandit sa baguette et aussitôt, pris de panique – d'une apothéose de panique plutôt – les deux garçons cramoisis et en larmes se relevèrent tant bien que mal en titubant, et le sexe rouge vif toujours dressé ils prirent la fuite comme s'ils couraient sur la coursive d'un bateau en train de sombrer.
Cordery, très pâle, soupira longuement. Le silence retomba tandis que les cris s'éloignaient. Elle ferma les yeux avant d'oser enfin sourire quand elle put dépasser la peur et la colère mêlées qui avaient envahi son corps et son esprit.
Run la prit dans ses bras et lui murmura qu'il était fier d'elle, de son cran, du courage qu'elle avait eu. Elle se blottit, soulagée, à l'abri, et ils s'embrassèrent longuement, encore sous le choc mais débarrassés enfin de l'angoisse qui les tenait depuis qu'ils avaient croisés le chemin de Vlado et de ses chiens de garde ou d'attaque.
Cordery se détendit, et eut un petit rire avant de murmurer à Run :
— Toi aussi tu as été courageux, de bander aussi fort devant un tel public !
— Bander pour toi, ça ne me posera jamais aucun problème, répondit le jeune homme avant de doucement plonger sa langue entre les lèvres entrouvertes de Cordery, qui interrompit peu après leur baiser pour chuchoter :
— On continue ce qu'on avait commencé ? J'ai envie de toi, envie de jouir.
Elle reprit leur baiser en déboutonnant fébrilement son chemisier tandis que Run, fourrageant sous sa jupe, faisait rouler sa culotte sur le haut de ses cuisses avant qu'elle ne tombe d'elle-même et que Cordery ne l'enjambe, et tout alla très vite : elle posa ses fesses sur l'accoudoir du canapé, tendit instinctivement le bassin en avant et, soulevant ses cuisses ouvertes, le jeune homme s'approcha.
Impatiente, Cordery chercha alors à l'aveuglette à se saisir de sa queue bien raide, et l'ayant attrapée, elle la positionna à l'entrée mouillée de sa vulve. Il poussa en creusant les reins, et elle gémit en sentant à nouveau son gland se frayer un chemin en elle.
Elle adorait cela, cette sensation profonde de la pénétration, qui bouleversait son corps, comme la jouissance un peu plus tard bouleverserait sa tête.
« C'est délicieux… » grogna Run en achevant sa course au fond de son sexe. Le souffle désordonné, Cordery eut un petit rire extasié et répondit « Oui, c'est… délicieux. Vas-y fort… J'ai besoin que… tu me prennes bien comme il faut ! »
Affermissant sa prise, il releva les cuisses de la jeune fille, les posant sur ses avant-bras et, se retirant à demi, replongea sans hésiter en elle. Elle salua cette rudesse avec un petit cri ravi qui l'excita, et à la suite, il balança plus fort des hanches, faisant vibrer le vénérable canapé rouge qui supportait leurs ébats.
Elle était accrochée à son cou et accompagnait le rythme de son bassin, retenant comme elle pouvait ses cris de joie, car si l'école était à peu près déserte, elle gardait tout de même à l'esprit (un peu plus que son amant, qui s'en moquait complètement en cet instant) qu'elle était en train de faire l'amour dans un couloir de l'école, à quelques mètres de la porte de la salle commune d'une des quatre Maisons de Bootbakon !
Elle sentit bientôt une hésitation chez son amant, qui devait être en train de perdre les pédales, et qui sans doute n'allait pas tarder à jouir. Elle libéra alors son esprit, se laissa envahir complètement par le désir de jouir avec lui, et ressentit la chaleur qui s'infiltrait dans son esprit, comme une vague lente et inexorable… Quand Run balbutia « Je vais… Cordery, je vais… », elle donna elle-même le coup de reins qui unit les sexes avec force, et poussa une sorte de sanglot en sentant le sexe de son amant gonfler, s'arquer en elle. Tout son corps se crispa brusquement. Run eut un sursaut et éjacula longuement tandis qu'elle-même jouissait avec une sorte de férocité lumineuse.
Terrassés et immobiles, les deux amants restèrent ainsi de longues minutes, puis revinrent un peu sur Terre, se rendant pleinement compte du risque insensé qu'il avait pris à baiser ainsi à cet endroit.
Maladroitement, le corps encore tétanisé par le plaisir, ils se lâchèrent l'un l'autre, la jeune fille reposa les pieds par terre et Run retira lentement son sexe encore gros. Tous deux regardèrent passionnément son gland luisant sortir des plis gluants du sexe de Cordery. Elle vit une grosse larme de sperme translucide, blanchâtre, couler de ses lèvres encore épanouies et tomber lourdement sur le tapis au pied du canapé.
Elle aurait pu trouver cela affreusement sale, vulgaire, d'une crudité organique intolérable ; elle aurait pu être submergée par le dégoût, la honte… mais non, elle trouva cela magnifique : son sexe de femme inondé de plaisir, comme une fleur saturée de pluie, de parfums.
« Je suis faite pour aimer, se dit-elle tendrement, pour jouir, pour être aimée et jouir, et faire jouir. J'adore ça ! »
Son amant remit tant bien que mal son sexe dans son slip avant de refermer son pantalon sur une bosse sans équivoque, et elle remonta sa culotte contre son sexe trempé.
— Bien : il ne reste plus qu'à attendre Youri, dit Run en souriant, en espérant qu'il aura su se débarrasser de son psychopathe aussi efficacement que nous de nos deux gorets !
Auteur : Riga
Lisez la suite
J'ai commencé à lire votre chapitre cela m'a beaucoup plus, je crois que je vais m'avaler les 5 autres ! :) Merci à vous j'aime beaucoup votre plume :)
RépondreSupprimerAmicalement
Merci beaucoup de ce commentaire, en forme d'encouragement, vraiment !
SupprimerÀ bientôt, il faut encore que je termine cette histoire parodique… Au milieu de tout un tas de priorités !