Lisez le chapitre 6
--- Chapitre 7 : Le placard à balais ---
Pendant ce temps…
Youri
traversa l'esplanade et aperçut Vlado qui – comme prévu – se détachait
du groupe, après quelques hésitations, pour se lancer à sa poursuite.
Il
accéléra le pas pour garder de l'avance sur son suiveur. Bien entendu,
Vlado était plus dangereux que ses deux comparses, des brutes stupides,
et Youri essayait d'élaborer un plan efficace pour le contrer : le
simple fait d'avoir sa cape était un atout majeur, mais cela ne
suffisait pas.
Il prit sur la gauche face à l'aile ouest et
remonta rapidement le long de la façade. Il ne sentait pas le froid
glacial, il voulait surtout en finir avec ce malade de Vlado Loris,
retrouver ses amis et aller enfin chez Areed pour continuer l'enquête.
D'ailleurs
il se demandait pour quelle raison Vlado avait choisi le moment précis
où ils se rendaient tous trois chez Areed pour annoncer ouvertement
qu'il allait les suivre, les empêchant ainsi de bouger : juste une
coïncidence ?
Il jeta un regard sur l'immense cour déserte et
repéra soudain quelque chose au loin, au-delà de la haute galerie qui
élevait son élégante structure gothique sur l'arrière-plan enneigé,
quelque chose qui éveilla brusquement son intérêt et lui fit quelque peu
oublier Vlado et les mystères de l'école : une silhouette noire, qu'il
voyait de trois-quarts arrière, qui marchait lentement le long du jardin
à la française tout blanc dans la direction des bassins et du terrain
d'entraînement de Swipich.
Une silhouette emmitouflée dans un
manteau noir court, avec des bottes noires, et de longs cheveux aussi
noirs que les plumes d'un corbeau.
Choho Qu.
Elle se promenait dans le jardin de neige, et le cœur de Youri se mit à battre plus fort.
Aussitôt,
sa détermination à se débarrasser de son poursuivant devint féroce,
ardente : il fallait qu'il puisse rejoindre Choho, c'était le moment
idéal pour lui parler en étant tranquille, sans témoins !
Il
s'engouffra presque en courant dans le bâtiment principal par l'escalier
ouest, et entendit Vlado qui accélérait pour ne pas le perdre.
Vite, bon sang, une idée !
Tout
entier dans l'urgence, Youri réfléchissait à toute vitesse, et en
grimpant les escaliers du petit hall il eut enfin un commencement de
plan : les serres du premier étage !
Donnant sur toute la longueur de
la coursive ouest, ces serres accueillaient et voyaient croître toutes
les plantes servant aux différents cours de l'école, à l'élaboration des
potions, et à l'infirmerie. L'entrée en était formellement interdite
aux étudiants, sauf pendant certains cours de botanique magique, de
potions ou d'herboristerie de défense ou de traitement curatif.
Mais Youri était supposé avoir un passe-partout exceptionnel, et il allait s'en servir !
Certes,
il ne savait pas encore au juste comment, à vrai dire… il n'avait pas
demandé quoi faire exactement face à une porte fermée, mais il allait
expérimenter la chose sur le terrain.
La haute porte de la serre,
vitrée et dont l'intérieur était recouvert de buée, se dressa devant
lui. Il avait déjà sa baguette en main.
Il pensa tout simplement : «
Ouvre-toi… » et faillit même ajouter « s'il te plaît », et quand il
abaissa la poignée, la porte pivota tout naturellement sur ses gonds.
Surpris et ravi, Youri entra, referma rapidement la fameuse porte, et
eut le temps d'apercevoir Vlado qui ne cacha pas sa stupéfaction de voir
Youri entrer ainsi dans un espace interdit sans aucune difficulté.
Youri
se lança dans les allées encadrées d'une végétation luxuriante. Il
régnait ici une douce chaleur très humide et une odeur lourde et
entêtante. Il contourna un angle et, hors de vue de Vlado qui essayait
vainement d'entrer en secouant la poignée, il prit sa cape dans la poche
intérieure de sa pèlerine.
Il s'en recouvrit, et regardant le fond
de la serre sous la haute structure en fer forgé, il eut alors une idée,
ce qui le fit sourire. Il avait la solution, la conclusion possible de
son plan : les Narcœ Parfumis Tenebrosæ.
Invisible sous sa cape, il
pointa sa baguette sur la porte d'entrée : « Ouvre-toi… » et reprit sa
route à pas de loup en direction du fond de la serre.
La porte
s'ouvrit soudain sous la pression de Vlado, qui faillit basculer et se
casser la figure à l'intérieur de la serre. Il poussa un juron, se
redressa et refermant la porte, cria « Batar, espèce d'enculé, tu ne
m'échapperas pas ! »
Tout en continuant sa progression silencieuse,
Youri eut une petite moue sous sa cape : Vlado se lâchait vraiment, il
ne l'avait jamais entendu aussi grossier, agressif et explicite
qu'aujourd'hui !
Il surveillait du coin de l'œil l'avancée de son
poursuivant qui regardait en tous sens, croyant qu'il se cachait parmi
les plantes.
Veillant à ne faire aucun bruit, à ne faire bouger aucun
feuillage qui débordait généreusement dans les allées, Youri vit les
vitres des petites serres individuelles, hermétiques, des Narcœ Parfumis
Tenebrosæ.
Ces plantes vénéneuses aux larges feuilles d'un
magnifique noir velouté dégageaient naturellement un parfum enivrant qui
constituait un puissant soporifique : elles avaient été enfermées à
l'abri de l'air de la serre. Youri prit sa respiration, la bloqua, et
prenant son élan et sa baguette en main, regarda les fermoirs des
couvercles des élégantes petites serres qui contenaient les redoutables
plantes : « Ouvre-toi… ouvre-toi… ouvre-toi… »
L'ouverture se fit, à
peine perceptible, mais suffisante, et Youri courut en silence mais
comme un fou le long de l'allée. Quand il eut ouvert la dernière serre,
il se trouva devant la porte du fond de la serre. « Ouvre-toi… », et il
se glissa à l'extérieur. Il la referma rapidement et reprit sa
respiration.
Alerté par le bruit de la porte, Vlado apparut au fond
de l'allée et se mit à courir. Il chancela soudain et jeta un regard
perplexe autour de lui. Il aperçut alors les petites serres, les
couvercles entrouverts, et il poussa un gémissement de rage en titubant
avant de s'écrouler. Il s'agita, tenta de lutter, de ramper, mais tomba
bientôt inanimé.
Youri poussa un cri de joie : invisible de
l'extérieur, Vlado dormirait aussi longtemps que personne ne le
trouverait, et le parfum ferait tomber quiconque entrerait dans les
serres !
Il ne perdit pas de temps à triompher : maintenant qu'il
était libre, il fonça vers la sortie, sa cape le protégeant toujours des
regards.
Il dévala les escaliers et sortit en trombe, se
dirigeant vers la partie des jardins où il avait aperçu Choho. Il
chercha des yeux sa jolie silhouette, mais il n'y avait que le jardin,
les bâtiments majestueux, la neige, le soleil et le froid. Nulle trace
de celle qu'il espérait rejoindre, à qui il désirait parler. Il courait
maintenant dans les allées du jardin, scrutant partout alentour,
désespéré de la retrouver. Puis il songea au terrain d'entraînement de
Swipich !
Choho faisait partie de l'équipe de Patdoye de Swipich, où
elle était une très habile chopeuse. Elle était peut-être allée
s'entraîner, profitant de la désertion de l'école par la plupart des
élèves.
Il courut plus vite encore, et au loin il vit de la
lumière par une des hautes fenêtres dans la salle d'équipement. Oui,
elle était là ! Youri cessa de courir pour retrouver son souffle, sans
quoi être invisible sous sa cape ne servirait à rien, car il voulait
l'approcher sans qu'elle le sache. L’idée était peut-être idiote mais
excitante.
Ayant retrouvé sa respiration, il arriva à la porte du bâtiment et la poussa doucement.
Il
régnait dans la salle une douce chaleur. La jeune fille avait posé son
manteau noir et examinait les balais d'entraînement accrochés au mur du
fond. Youri la voyait de dos : elle avait une silhouette magnifique, de
longues jambes avec d’élégantes bottes en cuir fin, une jupe assez
courte sur des fesses très jolies de rondeur, une taille cambrée et,
cascadant dans son dos, une superbe chevelure noire et brillante.
Concentrée
sur la lecture d'une fiche technique – une petite plaque de cuivre
vissée sur la paroi à côté de chaque balai – elle ne se rendit pas
compte de l'ouverture de la porte que Youri, retenant son souffle,
referma en silence.
Il s'approcha, le cœur battant si fort qu'il craignit qu'elle ne l'entende.
Elle
était superbe. S'approchant pour l'observer légèrement de côté, il vit
son profil, ses yeux bridés joliment maquillés, sa bouche sensuelle
entrouverte. Mais soudain, elle se retourna, observant la salle, en
alerte. Fronçant les sourcils, elle et s'exclama :
— Il y a quelqu'un ?
Elle
ne regardait pas dans la direction de Youri, mais celui-ci se crispa.
Il n'avait pas fait de bruit, il en était sûr : c'était peut-être le
déplacement de l'air, ou son sixième sens à elle…
Il décida alors
d'arrêter immédiatement de jouer. D'abord parce que la belle avait les
sens aiguisés et qu'il s'avérerait vite difficile de donner longtemps le
change, et surtout parce que ce n'était pas très malin de jouer à
l’espion avec une fille qui semblait vouloir entrer en contact avec
vous… Il redoutait qu'elle ne prenne très mal d'être ainsi observée à la
sauvette : ce n'était pas très honnête ni très intelligent comme
stratégie d'approche !
— C'est moi, Youri, dit-il à voix basse.
Choho
se figea, stupéfaite, regardant attentivement du côté de la voix qui
venait de prononcer cette courte phrase… Les yeux dans le vide, elle
bredouilla :
— Mais… tu… es… Tu es invisible ?
Et puis soudain elle éclata de rire.
— Tu es un coquin, Youri, un petit salaud en fait, mais… prends-le affectueusement ! Ça fait longtemps que tu m'observes ?
—
Non, concéda Youri en se déplaçant silencieusement autour d'elle pour
qu'elle ne repère pas trop vite sa position dans la vaste salle, je
viens d’entrer ici. À peine quelques minutes…
— Ah, tant mieux, répondit-elle en souriant, espiègle. Je me demandais… si tu avais assisté à ma douche ce matin !
— Oh non ! s'exclama aussitôt Youri en rougissant brusquement… sous cape, effrayé qu'elle pût imaginer cela de sa part.
Mais
face au rire attendri qu'elle eut, il comprit qu'il avait réagi avec
naïveté : elle venait en fait d'évoquer une idée… qu’il lui plaisait
d'évoquer.
Perplexe, le jeune homme ne se sentait pas à la hauteur de
cette si jolie fille qui riait avec une ironie gentille, mais… un peu à
ses dépens tout de même. Il retira donc sa cape et lui apparut. Cessant
de rire, Choho Qu le dévisagea avec intensité et un léger sourire
étrange.
Et c’est à voix basse qu’elle lui fit une demande plus étrange encore :
—
Remets ce… cette chose ensorcelée sur toi, Youri, un petit peu. J’aime
bien quand tu m'observes et que je dois… deviner ton regard.
Le
cœur battant fort mais ne sachant au juste ce qui l'affolait dans ce
qu'elle venait de dire, il s'exécuta et disparut à nouveau.
Choho se
rendit alors à la porte. Il ne comprit pas pourquoi et craignit qu'elle
ne veuille partir, mais au contraire elle fit jouer le gros verrou, les
enfermant dans la salle. Et elle éteignit la lumière en tendant sa
baguette magique vers le gigantesque lustre baroque qui empesait une
grande poutre coupant la salle en deux à une hauteur formidable.
Une
pénombre douce envahit les lieux ; seules les étroites fenêtres – elles
aussi très hautes – diffusaient la lumière généreuse du soleil d'hiver.
Il faisait chaud.
Youri contempla à loisir son visage si féminin,
au dessin volontaire mais empreint de délicatesse, sa bouche qui était
une promesse de sensualité, ses yeux vifs qui fouillaient la pièce à la
recherche d'indices pour le localiser.
— Tu me regardes ?
— Je ne fais que cela. Que faire d'autre quand tu es là ? murmura Youri en souriant.
— C'est gentil… Tu regardes… quoi de moi ?
Youri
garda le silence quelques secondes, envahi de trac et de frissons,
saisissant immédiatement cette fois-ci ce que sous-entendait cette
question toute simple : il devait prendre l'initiative verbale et ne pas
se tromper, ne pas aller trop vite trop loin, laisser l'échange diriger
l'imprévisible vers… ce qu'il y avait de meilleur !
— Je regarde tes yeux… Ils sont beaux, pleins d'ironie et de gentillesse…
— L'ironie… est un style que je me donne… tu sais ? répliqua-t-elle avec une curieuse petite voix.
—
Je regarde tes cheveux, continua Youri qui avait glissé sans bruit de
l'autre côté, et elle jeta un œil amusé vers lui. Ils sont merveilleux
d'éclat, de reflets, on dirait… une étoffe irréelle.
— Ils sont doux, j'en prends grand soin… Veux-tu… les… les toucher, les caresser ?
Elle
resta immobile, rougissante. Youri s'approcha d’elle par derrière,
sortit une main de sous la cape et, très ému, il risqua une caresse
toute retenue : sa chevelure noire était soyeuse, d'une infinie douceur,
et en appuyant ses caresses lentes, bouleversé d'émotion érotique, il
fut troublé par le fait qu'en caressant ses cheveux il caressait le dos
derrière l'impeccable rideau de cheveux de jais.
Choho ne bougeait pas, bouleversée elle aussi.
Il
cessa sa caresse et choisit de se rendre à nouveau invisible, de se
mettre à nouveau à distance, devant elle, et d'une voix mal assurée qui
trahissait son trouble, il reprit :
— Je regarde… ta bouche. Elle me fait rêver.
— Elle rêve de toi, déclara doucement la jeune fille. Et que regardes… que regardes-tu d'autre ?
— Ton cou adorable. Et je regarde tes seins.
Choho
semblait retenir son souffle… Ses mains tremblèrent un peu quand au
bout de quelques secondes elle les ramena à hauteur de sa poitrine et
entreprit de déboutonner lentement son chemisier.
Youri, le souffle
court et des picotements sous la peau, ne bougeait pas, dévorant des
yeux le spectacle intime, trésor qui lui était réservé, à lui seul, à
jamais inoubliable, de la fille de son cœur qui se déshabillait pour
lui.
Il vit apparaître le renflement tendre de ses seins au-dessus de
la dentelle noire de son soutien-gorge. Sa peau était délicatement
hâlée d'une teinte subtile ; ses origines chinoises lui avaient apporté
une peau ravissante et, au-delà, une beauté renversante.
Elle
continua d'égrainer les boutons de son chemisier blanc si sage, puis le
fit glisser le long de ses bras, de son dos, et il tomba au sol.
— Je regarde toujours tes seins à travers la dentelle : ils sont ravissants, somptueux. Je voudrais…
Il se tut.
— Tu voudrais… quoi ?
— … les caresser, je voudrais les prendre dans mes mains, les soupeser, oui : les caresser… les…
Tandis
qu'il parlait, la jeune fille, les joues roses, faisait cela à la place
de son homme invisible : ses belles et longues mains s'étaient
refermées sur l'arrondi de sa poitrine. Elles caressèrent, soupesèrent,
malaxèrent doucement… Youri avait un mal fou à continuer !
Mais le
jeu l'exigeait, le jeu, source de plaisir imprévu, un plaisir qui
s'épanouissait en liberté dans les mots murmurés, dans les tensions
subtiles et fortes qui se créaient dans l'air vibrant de la salle où ils
s'offraient l'un à l'autre à distance, visible et invisible, masqué et
exhibée…
— Je voudrais les prendre entre mes lèvres, promener ma bouche dessus… Les sucer, en sucer le bout, les mordiller…
— Tu m'affoles, Youri, chuchota la jeune fille en se massant doucement les seins.
—
J'ai envie de te regarder encore… Admirer ton ventre… nerveux et
tendre, magnifique… et regarder ta taille… rêver d'y poser mes mains… et
te tourner autour… et regarder ton dos cambré derrière ta chevelure si
belle, et tomber sous le charme de tes fesses…
Clairement
hésitante tant elle était troublée, Choho descendit ses mains le long de
son ventre, s'arrêta, frémissante, et remonta finalement avec une
lenteur infinie sa jupe noire plissée.
C'était une torture pour
Youri, une folie des yeux, des nerfs, un enfer de se retenir immobile,
silencieux… mais un délice étourdissant qui faisait brûler son désir.
Ses
fesses apparurent finalement, joliment moulées dans le coton fin d'une
petite culotte noire au-dessus de laquelle, au creux de ses reins, la
jeune fille retint sa jupe troussée.
Le pli… Mon Dieu… Le pli sous
ses fesses ! Il n'y avait rien de plus totalement délicieux que ce pli
délicat et affolant sous chacune de ses fesses rondes !
Il
s'approcha, tendit un main invisible sous sa cape, et plaça tout
légèrement, timidement, une main fiévreuse contre ce creux, le creux, le
pli au bout de ses doigts, à l'amorce de la fente verticale de ses
fesses, à quelques millimètres de l'entrée du trésor, petite grotte
intime, l'arrondi qui plonge vers son sexe, le sexe de Choho à l'abri
fragile, comme déjà offert, entre ses cuisses.
Quand elle sentit le
toucher très délicat de cette main invisible (pouvait-on imaginer plus
respectueuse main au cul ?), la jeune fille gémit en sourdine.
Youri
retira sa main doucement, le cœur battant la chamade. Il avait un coup
de chaleur sous sa cape, avec son gros pull et sa pèlerine !
Elle
laissa retomber sa jupe, fit glisser la fermeture Éclair, et la jupe
tomba par terre. Youri se recula lentement et l'admira.
— Tu es sublime, et totalement désirable. J’en ai le vertige…
—
Ça rend fou, ce qu'on fait, murmura Choho, les yeux rêveurs et
fiévreux. Mais c'est un délice… incroyable… Et c'est tellement beau,
Youri, de… de s'aimer ainsi avant… de s'aimer. Je suis folle de désir…
— Je regarde… ton sexe.
Choho posa ses doigts – juste le bout de ses doigts – contre son pubis, contre sa culotte.
—
Il brûle, il est… il est mouillé, tu sais ? Oh mon Dieu, jamais… je
n'aurais pensé parler ainsi de moi… devant… quiconque, amant ou pas…
C'est dingue, Youri, le… le plaisir que je prends à te dire ces mots :
mon sexe est tout mouillé !
— J'ai trop chaud. Ferme les yeux, je vais enlever ce pull et ma pèlerine, sinon je vais mourir !
— Oh non, pitié Youri, ne meurs pas, implora Choho en éclatant de rire.
Elle
ferma les yeux, heureuse qu'il ait changé un peu de sujet, juste un
moment, car elle ne savait plus quoi penser de sa pudeur malmenée par le
désir éclatant né de leur jeu, des mots et des images mentales.
Youri enleva pèlerine, pull et cravate, déboutonna le haut de sa chemise. Il se sentit mieux… Puis il reposa sur lui la cape :
— Voilà, Choho…
Elle ouvrit les yeux, vit les vêtements par terre, mais aucune trace de Youri.
Elle eut alors un petit rire :
— J'adore cette partie de cache-cache amoureux… Parle-moi de toi…
Il
tourna autour d'elle qui s'offrait à son regard, admirant ses courbes,
ses jambes longues dans ses bottes, l'arrondi de sa poitrine, et ces
plis diaboliques, le lissé noir de ses cheveux longs qui semblaient une
sculpture.
— Moi ? Je continue à ne faire que cela : te regarder,
comme jamais je n'ai regardé une femme ni même regardé quelqu'un. Je te
regarde, magnifique, sous mes yeux, et je bande, je bande terriblement,
sans que tu puisses le voir…
— Oui, parle-moi… encore… de ça, murmura-t-elle tout bas.
— Mon sexe, je le libère… Il est raide, dressé, entre mes doigts… Mais il est trop impatient : je veux attendre…
— Attendre ? s'étonna Choho en souriant. Oooh… attendre, oui, c'est terrible… mais je veux bien attendre… encore.
Youri avait eu une idée qui l'excitait. Il tendit la main vers le mur du fond et se concentra.
Son
balai d'exercice, un Woodystorm RX-S, se détacha lentement de son
râtelier et traversa doucement la pièce, perpendiculairement. La jeune
fille se mit à rire en découvrant le balai qui flottait vers elle…
— Que me proposes-tu, Youri ?
— Un petit vol d'exercice en salle, répondit le jeune homme. J'ai envie de te voir chevaucher mon balai, ma belle…
Il
maîtrisait parfaitement le balai à distance : sa concentration était
parfaite parce que ses nerfs étaient totalement sous tension. Le désir
sexuel intense lui permettait d'avoir un contrôle total, presque inédit,
sur son balai.
Choho, toujours souriante, attendit que le balai
soit à portée de main et empoigna doucement le manche. Elle l'enjamba,
et pour Youri ce fut une vision intensément désirable que de contempler
Choho en sous-vêtements noirs, avec ses longs cheveux noirs, ses bottes
noires, et sa peau tendrement veloutée, à cheval sur son balai.
Légèrement
derrière elle, il voyait ses fesses qu'elle bombait un peu, et le
manche entre ses jambes serrées : c'était affolant !
Elle ne
tenta pas de prendre le contrôle du Woodystorm. Youri le sentit, et il
la fit s'élever lentement. Elle quitta le sol, ses jambes se replièrent
un peu. Elle avait un grand sourire, cherchant des yeux alentour où
pouvait bien se trouver le jeune homme qui lui offrait cette ascension
très particulière.
Alors Youri se concentra un peu plus et tenta
quelque chose qu'il savait possible, mais qu'il n'avait jamais essayé :
les nerfs vrillés, il crispa les muscles de son bras pointé en direction
du balai et fit trembler sa main, juste par tension musculaire et
nerveuse.
Choho poussa un cri.
À cinq mètres du sol, entre ses cuisses serrées, le balai venait de vibrer sur toute sa longueur !
Affolée, elle crut qu'il allait tomber et elle avec, pensant que le Woodystorm avait des ratés.
Mais
elle jeta un coup d'œil inquiet vers le sol et découvrit Youri : il
avait enlevé sa cape, il était beau avec sa chemise blanche ouverte et
son pantalon noir, et il la regardait en l'air avec un sourire éclatant.
Elle aperçut sa main tendue vers elle et il y eut encore une longue
vibration qui la fit crier à nouveau.
Elle comprit alors son petit jeu, et en fut très troublée :
— Youri ! cria-t-elle en riant, tu es complètement fou !
Il
eut lui aussi un rire joyeux et envoya dans le balai une autre
vibration, plus sourde, qui dura quelques secondes et qui procura à
Choho une onde de plaisir qui n'était pas vraiment inédite, car depuis
qu'elle pratiquait le Swipich, comme toutes les filles elle avait déjà
ressenti une délicieuse excitation à se frotter contre le manche de son
balai, surtout lors des descentes en piqué ou sur un virage serré, quand
toutes les sensations extrêmes se réunissent dans une vertigineuse
accélération. Elle avait même souvent recherché cela… Toutes les
pratiquantes du Swipich connaissaient cette excitation, mais personne
n'en parlait : ça ne se faisait pas, sujet intime et tabou, mais elle
avait connu la jouissance en l'air, et même des jouissances répétées,
par frottement de son clitoris sur le manche.
Il y avait d'ailleurs
une expression très équivoque parmi les filles après un match
particulièrement intense : dire que son balai était « brillant ». Oui :
brillant de mouille !
Mais là, c'était nouveau, inattendu, et
terriblement troublant : le mec qu'elle désirait faisait vibrer le balai
qu'elle chevauchait !
Et encore mieux : le Woodystorm se mit à
voler doucement en avant dans les hauteurs de la grande salle. C’était
merveilleux… Elle se laissa aller, détendit ses cuisses et ferma les
yeux, étourdie de sensations étranges. Un autre frisson traversa le
manche ; il dura longtemps, et elle le sentit s'infiltrer en elle, collé
à son clitoris qui se raidissait à travers sa culotte… Ça la fit gémir,
et grimacer un sourire : quel diabolique et délicieux manège !
Au
sol, suivant des yeux l'attelage provocant et excitant de Choho sur son
balai, Youri maîtrisait de mieux en mieux l'envoi des vibrations : il
ne crispait plus son bras tout entier dans une tétanie épuisante, mais
agitait simplement la main en un petit tremblement souple, qui devint
continu car la jeune fille, c'était évident, semblait apprécier de plus
en plus l'utilisation détournée qu'il orchestrait de son balai
d'exercice !
Choho, à six ou sept mètres du sol, perdait pied, la
tête envahie de plaisir : bouche ouverte en un cri silencieux
terriblement suggestif, elle se laissait pénétrer par les vibrations du
manche… mais cependant… mais cependant… ce qu'elle voulait, c'était la
queue de Youri, pas un manche en bois, même magique, même de compétition
!
— Youri ! s'exclama-t-elle, je t'en prie, fais-moi descendre, fais-moi l'amour, j'ai envie de toi, affreusement envie de toi !
Le
jeune homme, du coup moins concentré, cessa ses vibrations mais parvint
à maîtriser la descente du Woodystorm et de son excitante passagère au
bord de la jouissance.
Celle-ci lâcha son balai coquin et roula sur
le dos au milieu de la salle. Sans aucune retenue, elle descendit sa
culotte imbibée de désir et tendit son sexe, cuisses largement ouvertes,
vers Youri, lequel fut très perturbé par cette pose terriblement
excitante.
Offerte comme jamais elle ne l'avait été pour les deux
garçons qui avaient eu la chance de coucher avec elle, elle le regarda
les yeux mi-clos et le supplia de la prendre.
Le jeune homme fondit
sur elle, le sexe à la main, se mit à genoux et posa son gland entre les
lèvres luisantes de la chatte de celle dont il n'avait rêvé jusqu'à
présent… que d'échanger un baiser avec elle !
Elle cria, il
poussa, elle cria encore, s'empara soudain de ses hanches et le bascula
sur elle avec force, cria encore quand il l'enfila d'un coup !
Les
bras de Youri en appui au sol de chaque côté de ses épaules maintenaient
relevées ses cuisses ; de son bassin, elle accompagna le rythme des
coups de queue, ponctués de geignements de plaisir : enfin ils faisaient
l'amour, comme des fous, après leur si long, patient et inventif
préliminaire !
Place aux muscles, aux sexes affamés, à la sueur du
désir, à la peau des amants qui frotte et se brûle… Elle sentait
l'irritation de son clitoris à chaque assaut qui claquait sa vulve
écartelée contre le pubis masculin ; l’orgasme la submergea sans
prévenir et elle poussa un cri étranglé. Dans son délire, elle profita
des coups de pilon de son amant pour aller le plus loin possible dans la
jouissance. Son amant accélérait de plus en plus. Elle serra les dents,
suffoquée.
Les vagues traversaient sa tête, et elle partit si bien
qu'elle se rendit compte avec un peu de retard que Youri allait
exploser. Elle lui agrippa alors le dos à pleines mains pour précipiter
ses dernières allées et venues, et dans un cri d'abandon, il
s'immobilisa, glissa fort une dernière fois jusqu'au fond de son ventre
et se mit à éjaculer.
Ce fut si fort que Choho en resta bouche
bée, terrassée par l'explosion jouissive de son amant ! Rien à voir avec
les petites giclées satisfaites de ses deux ex, l'an dernier et il y
avait quelques mois : la puissance de son orgasme la combla, dans un
volcan intérieur qui se déversa avec rage. Elle sentait sa queue se
gonfler, se raidir, et la chaleur brûlante du sperme qui jaillissait :
c'était stupéfiant, une expérience unique qui la fit jouir à nouveau par
surprise. Elle ferma les yeux de toutes ses forces et secoua la tête en
tout sens.
Quand elle ressortit avec lui de la salle
d'entraînement, dans la lumière aveuglante de la neige, elle était à
bout de forces. Il la soutenait amoureusement, mais ne valait guère
mieux qu'elle : une démarche prudente de petits vieux, ils avaient les
jambes en chiffon, tenaient à peine debout…
Il n'avait aucune envie
de rejoindre ses deux amis Run et Cordery et de mener une quelconque
enquête, il voulait juste quelques trucs super-simples : dormir avec
Choho, puis quitter l'école avec elle en fin de journée, l'épouser,
avoir dix enfants, et puis mourir très vieux.
C'était le seul programme intéressant pour lui.
Un
quart d'heure plus tard, il pénétrait dans la salle commune des
Morhonpionsse, un pâle sourire sur son visage exténué. Cordery se mit à
rigoler en le voyant et s'exclama joyeusement :
— Eh ben alors ? Ça fait une heure qu'on t'attendait ! Qu'est-ce tu foutais ?!
Auteur : Riga
Lisez la suite
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire