samedi 6 juin 2015

Miami District (10)

Relisez le chapitre 9
CHAPITRE DIX : RÉVÉLATIONS

Je me suis arrêtée de parler en voyant le visage de Jason devenir blafard : il se décomposait à vue d’œil. J’ai cru un instant qu’il allait pleurer, tellement ses yeux hurlaient de douleur. Il s’était recroquevillé sur sa chaise et ressemblait pour la première fois au petit garçon qu’il avait été. Un gamin malheureux, solitaire, perdu. Je n’ai pas su quoi ajouter, me sentant nauséeuse ; je me suis assise en silence et ai tendu la main gauche vers sa droite qui serrait convulsivement le bord de la table et déchiquetait la nappe en papier.

Je me suis penchée un peu pour poser mon autre main sur son poignet et j’ai caressé sa peau douce en cercles concentriques. Il ne bougeait pas, mais au moins il n’a pas retiré sa main ; ses yeux baissés suivaient les mouvements hypnotiques de mes doigts et sa respiration s’apaisait peu à peu. J’ai retenu un gloussement malvenu en voyant le gode de métal fièrement dressé sur la table ; pas assez retenu sans doute car Jason a levé des yeux presque vides vers moi.

— Pardon, Steph. Je te demande pardon. Pour tout. Je suis… impardonnable, je le sais, mais… je ne veux pas te perdre. Pas comme ça, sur une succession de conneries de ma part. Viens, on va rouler, je vais parler, tu m’écouteras. S’il te plaît.
— Après, vous me poserez à l’appartement ?
— Où tu voudras, je te le promets.

Avant de sortir, j’ai subrepticement glissé le plug dans mon sac à main ; je n’allais pas le laisser comme ça, quand même. Nous avons roulé en silence vers le sud-ouest avant que Jason commence à parler, d’une voix blanche, comme détachée de son enveloppe corporelle.

— Bon. J’ai un frère ; j’ai eu un frère en fait, mon aîné de deux ans. Il est mort depuis longtemps. Il était grand, beau, fort, intelligent, et moi j’étais le vilain petit canard. Quand il est mort écrasé par un camion, j’avais onze ans, et je suis resté définitivement le vilain petit canard. Je pouvais travailler et obtenir les meilleurs résultats, ça n’y changeait rien. Alors j’ai choisi de ne rien faire ; avant mes quatorze ans, j’ai fugué, dealé, volé, vécu dans un squat. Puis une nuit, longtemps après, j’ai été violé, battu et laissé pour mort. J’avais quinze ans ; je me suis retrouvée à l’hôpital général entre la vie et la mort, un rein perforé, le foie abîmé, les deux pommettes et le nez fracturés.
Puis, par le plus grand des hasards, mon père a été averti ; il ne savait pas trop quoi faire de moi mais ne voulait pas qu’il soit découvert par la suite qu’il avait laissé crever son fils sans lever le petit doigt ; j’ai été transféré dans une clinique privée et soigné par les meilleurs médecins. J’en suis sorti sans séquelle physique. Pour le reste, j’ai appris à masquer tout sentiment jusqu’au point où je ne les ai quasiment plus ressentis. Quasiment. Tu es la première, Steph.
Je suis devenu une sorte de sociopathe, d’autiste ; mon père est un animal à sang froid, n’aimant personne, sauf peut-être mon frère, et encore rien n’est moins sûr. Il est profondément misogyne, machiste, convaincu de la suprématie des mâles. Depuis que je suis revenu, il me fournit en jeunes filles soumises qu’il recrute dans toute la Floride ; il me laisse jouer avec jusqu’à ce que je me lasse puis il les récupère, joue avec à son tour, les brise et les jette.
Moi, pendant ce temps, j’ai fait des études d’informatique, fait fortune dans des start-up, et passé mon temps à chercher mon âme disparue. Et depuis que tu es arrivée je suis perdu. Je croyais continuer à vivre avec des aventures d’un soir, d’une semaine parfois, avec des filles dont j’oubliais le visage au bout d’une heure. Toi, tu hantes mes nuits. Je ne savais plus quoi faire ; je t’ai humiliée, et je m’insultais en même temps d’oser te faire ça.

Il a soupiré ; ses phalanges blanchies aux articulations témoignaient que le volant des Pacer est solide. J’étais émue par sa confession mais je ne disais rien, je ne bougeais pas un doigt.

— Et quand je te voyais ensuite, si belle, si innocente, mon cœur explosait dans ma poitrine ; mais quelque part j’entendais une voix me dire « Elle est comme les autres : elle vient parce que tu as du fric. Te fais pas avoir, casse-la ». Et je cédais, je te blessais encore et encore ; je voyais bien que mon indifférence, ma froideur, ma morgue, tout ça te blessait. Et en retour je souffrais, seul, comme un con.

Il s’est tu, a soupiré encore puis s’est garé sur le bas-côté ; nous étions sortis de Miami par une petite route rectiligne qui traversait des cultures de coton et de canne, les deux mamelles de la Floride. Il m’a regardé enfin, les yeux brillants de trop de larmes retenues et les traits tirés.

— Ne pars pas, s’il te plaît ; pas comme ça. Laisse-moi une chance : je ne vais pas devenir parfait, mais avec ton aide je peux m’améliorer, devenir plus... humain.
— D’accord, je vais rester ; pour vous. D’ici quinze jours je prendrai une décision.

Je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça. J’étais émue par sa confession, mais suffisamment lucide pour me dire que cette relation était pourrie à la base, que nos chances de former un jour un couple « normal » étaient infimes. Pourtant je n’ai pu me résoudre à couper les ponts ce jour-là. Nous sommes revenus à la Fondation à quinze heures passées sans échanger un seul mot, avec la voix envoûtante de Sade et ses rythmes mélancoliques. Avant d’entrer, Jason a posé doucement sa main sur mon bras et m’a demandé, d’une voix un peu plus maîtrisée :

— Tu seras là tout à l’heure, à dix-huit heures ?
— Oui, je serai là ; je vous l’ai promis. Je vous attendrai.

Un instant, il a retrouvé ce visage suffisant qui me collait de l’urticaire ; un instant seulement, puis il m’a adressé un sourire chaleureux, celui qui fait fondre le cœur des midinettes. Et surtout le mien. À l’heure prévue, quand il a sonné au bas de l’immeuble, je lui ai ouvert et l’ai attendu en haut de l’escalier ; il s’est arrêté de monter en voyant ma tenue, une nuisette vaporeuse que ne cachait rien de mon corps. Il m’a poussée à l’intérieur en soupirant et a refermé la porte sans un mot avant de poser une grande poche en papier glacé sur le guéridon ; je me suis approchée de lui en laissant glisser ma nuisette sur mes épaules puis mes hanches. Nue, je me suis blottie contre lui et ses bras m’ont emprisonnée, me faisant délicieusement frissonner.

— Je vous autorise à me prendre comme vous le souhaitez ; vous avez été honnête avec moi, ce qui mérite une récompense. Je suis toute à vous.
— J’ai envie de ton cul. Tout de suite.

J’ai reculé jusqu’à la chambre en tenant ses hanches ; je l’ai aidé à se déshabiller, caressant sa musculature sans défauts d’un regard émerveillé. Le salaud qu’il était beau ! Mon vagin était trempé ; dommage pour lui, c’était son voisin qui allait accueillir le sceptre triomphal que je convoitais. Je me suis penchée pour l’engloutir et le noyer de salive ; gorgé de sang, il vivait et palpitait sur ma langue agile. Puis je me suis tournée et ai présenté mes fesses en les écartant à deux mains.

— Venez, défoncez-moi.
— Ma jolie chienne, je vais te sodomiser, te démolir ton joli petit cul… Là !

J’ai poussé un cri rauque quand il s’est planté en force, ravageant mon anus dont les muscles ont été rudement distendus ; quelques larmes ont coulé sur mes joues. Et pourtant, j’étais bien, heureuse qu’il me prenne par cette voie et qu’il soit si long, si épais, si dur.

— Tu vas jouir pour moi, quand je te dirai.
— Oui, j’essaierai de vous attendre…

Il claquait mes fesses du plat de la main, tirait ma chevelure pour m’obliger à rester cambrée, offerte, et il plongeait à coups réguliers en moi. Mon anus l’engloutissait jusqu’à la garde, restant béant quand la verge sortait entièrement, prêt à l’accueillir avec impatience. Puis il a accéléré la cadence en poussant de petits gémissements rauques ; quand il s’est vidé, j’ai été submergé par un orgasme dément qui a eu raison de mes dernières forces.

Un voile noir a obscurci ma vision ; je me suis sentie partir en avant, à plat-ventre sur le carrelage, et Jason s’est abattu sur moi, son sexe planté dans mes reins. Nous avons repris notre souffle sans plus bouger ; j’étais délicieusement écrasée par sa masse, j’aurais des douleurs musculaires le lendemain mais je m’en fichais. À cet instant, j’étais trop bien. Au paradis.
Puis Jason s’est soulevé doucement pour ne pas me blesser, et sa verge encore bien épaisse a glissé hors de mon ventre ; il m’a aidée à me relever, et main dans la main nous sommes allés sous la douche.

Il a choisi une jolie robe en soie noire au dos nu, un fourreau qui descendait jusqu’à mes chevilles ; je la passai sans rien dessous, et je m’aperçus que quand je marchais ma poitrine bien pleine roulait voluptueusement sous le fin tissu, laissant deviner mes tétons pointus.

— Nous rejoignons mon père pour un dîner-spectacle au Casino. Reste profil bas avec lui, s’il te plaît. Il ne t’a pas à la bonne, j’ai l’impression.

Le Miami Casino Jai Alai est sur la 37ème rue, tout près de l’aéroport international ; il m’a paru moche et vieillissant mal, sans style, sinon celui d’un entrepôt amélioré sans grâce. Nous avons rejoint Mr Fishburne père dans la grande salle de spectacle, guidés par une charmante hôtesse toute brune et toute souriante en tenue de pom-pom girl. Elle m’a gratifiée d’un clin d’œil ; je pense qu’elle avait deviné que nous avions à peu près le même âge. Mais je voyais aussi qu’elle dévorait Jason des yeux depuis qu’elle l’avait vu, et elle avait marché devant nous en se dandinant exagérément, faisant rouler ses jolies hanches.

Mr Fishburne était assis à une grande table ronde avec une élégante femme noire en robe lamée en argent ; ils se sont levés avec un bel ensemble pour nous accueillir. Mr Fishburne est resté très froid avec moi, me toisant avec morgue ou mépris, je ne sais pas trop, avant de serrer la main de son fils qui avait embrassé affectueusement la femme. Jason a alors pris son père par l’épaule pour le conduire à quelques mètres et entamer une discussion animée. La femme m’a serrée dans ses bras, à ma surprise, pour m’embrasser sur les joues. Tiens, enfin une Fishburne qui n’a pas un balai dans le cul ? Non, Steph, ce doit être une parente par alliance, ou une amie.

— Bonjour. Vous devez être Miss Stephanie LeBlond, la jeune fille qui a ensorcelé Jason. Moi, c’est Callista Fishburne, la tante de Jason. Pour toi, c’est Callie.
— Je suis enchantée ; appelez-moi Steph, je vous en prie.
— Mon Jason s’est ouvert à ton contact, je trouve. C’est un plaisir de le voir sourire, et je peux te dire que depuis ses treize ans, je ne crois pas l’avoir vu sourire une seule fois ; ni pleurer, d’ailleurs.
— J’ai bien vu qu’il se referme sur lui-même pratiquement tout le temps. Mais vu ce qu’il a vécu ado...
— Tu es au courant ? Bon sang, il te fait confiance à ce point !
— Je ne sais pas ; il ne se livre pas facilement, vous savez.
— Oui, ce n’est rien de le dire ! Excuse-moi de te demander ça, mais il n’est pas trop dur, trop exigeant ?
— Mmm... Joker. Disons qu’il n’est pas facile.
— Il tient à toujours maîtriser, se maîtriser et maîtriser les autres. Il ne plie pas au risque de rompre. Il veut dominer tout et tout le monde. Tu arrives à accepter ça ?
— Pas toujours ; je fais des efforts, mais...
— Je peux t’inviter un midi ? On se fait un petit restaurant toutes les deux et on discutera.
— Volontiers, Callie, ce sera avec plaisir ; vous avez mon numéro de portable ?
— Oui, Jason me l’a donné ; parce que je le lui ai demandé. Je tiens à ajouter que tu es une magnifique jeune fille.

Évidemment, comme d’habitude j’ai piqué un fard, ce qui a fait rire Callie ; un rire de gorge, harmonieux et un peu rauque ; elle resplendissait, cette grande et mince femme noire soigneusement maquillée, et je la trouvais éminemment sympathique aussi. Les hommes sont revenus enfin et nous avons pris place ; le spectacle, du music-hall avec crooner et danses d’un ballet new-yorkais d’avant-garde m’a laissée de marbre. Et pourtant je n’avais jamais, au grand jamais, assisté à une quelconque représentation de ce genre ; mais j’étais stressée, dans de mauvaises dispositions. La présence de Mr Fishburne à côté de moi me rendait nerveuse. Bon sang, Steph ! Tiens bon, le spectacle ne va pas durer trois jours, tu vas partir loin de ce connard ; le fils n’est pas facile mais je comprends mieux pourquoi. Il a des excuses, avec un père comme ça.

J’ai bu une coupe de champagne très frais ; à la deuxième coupe j’étais un peu moins crispée. Le repas a été servi lors d’un long entracte ; l’ambiance était plutôt fraîche à table et j’échangeai juste quelques mots avec Callie qui s’efforçait d’alimenter la conversation. Avec des résultats très médiocres, peu en rapport avec les efforts déployés. En repartant, un peu après dix heures, elle m’embrassa sur les deux joues en me chuchotant :

— Courage, Steph ! Et sois patiente avec Jason, il en vaut la peine. Je ne sais pas s’il te mérite, mais laisse-lui une chance de te le prouver.
— Merci, Callie, vous êtes une femme bien.
— Je t’appelle dans la semaine ; lundi, je pense. D’accord ?
— C’est parfait pour moi.

À mon grand désappointement, Jason m’a déposée devant ma porte, mais sans monter ; un peu distant mais poli, il est sorti pour ouvrir ma portière et m’a donné sa main pour m’aider à me lever. En mode gentleman, il m’a embrassée chastement sur les lèvres avant de me souhaiter bonne nuit. Déçue, je suis donc montée seule ; et cette fois, j’ai eu un mal fou à m’endormir, ressassant les événements de la journée, ma rébellion, les aveux de Jason, mon ultimatum, l’attitude de Mr Fishburne senior. Dans mon cerveau en surchauffe, tout se télescopait comme dans un manège fou.
Je me suis réveillée un peu nauséeuse et me suis fait violence pour aller courir une petite heure.

Au travail, ce jeudi, je n’ai vu Jason qu’en fin de matinée ; il était à tomber, comme d’habitude, dans un costume décontracté. Mais maintenant que je le connaissais un peu mieux, je lui trouvai la mine fatiguée ; lui non plus n’avait pas trop bien dormi. Je mourais d’envie d’aller me serrer contre lui, de lui faire sentir combien je mouillais ma culotte, qu’il sache que je portais à nouveau le plug numéro cinq, rien que pour lui. Je me rembrunis en pensant à monsieur Rodriguez et à son fils. Il me faudrait régler ce problème un jour ou l’autre, je ne savais pas comment. Tu ne te complais pas dans la fange, Steph ? Ça ne te plaît pas de te faire attacher et violenter par ces gros porcs ? Tu as joui avec eux, en tout cas ; tu as aimé être traitée comme une pute…

Je secouai la tête, contrariée ; trop de bouleversements dans ma vie, bien trop pour ma pauvre tête ! Il me fallait me décider à agir, et vite : dans moins de quinze jours, je serais fixée sur mon sort au sein de la Fondation. À midi, j’ai eu la joie de voir débarquer Anita dans mon sous-sol. Si elle fut étonnée de me voir me ruer sur elle pour l’enlacer et l’embrasser sur les deux joues, elle ne le montra pas, me serrant dans ses bras à m’en faire mal. Je couinai pour la rappeler à l’ordre, mais j’étais si heureuse d’avoir enfin celle que je considérais comme mon amie !

— Tu sembles contente de me voir, Steph ; je t’ai tant manqué que ça ?
— Plus que ça, tu peux pas savoir… Ça va, toi ? Tu viens, on va manger quelque chose toutes les deux !

Nous sommes parties dans la voiture d’Anita, une Jeep Cherokee noire flambant neuve. Direction notre pizzeria préférée, où nous avons choisi une place tout au fond, à l’abri des regards ; deux petites conspiratrices !

— Alors, Steph, raconte-moi ; Ronnie m’a appelée pour me parler de toi, vaguement inquiète que je sois jalouse et que je la tue.
— Tu ne ferais pas ça ! Elle est adorable, et elle m’a remonté le moral quand j’en avais besoin.
— C’est une excellente thérapeute, je suis d’accord avec toi.
— Anita, ne te fâche pas, je… Tu n’étais pas là, ça n’allait pas trop. J’aurais préféré que ce soit toi qui m’initie, mais…
— Je ne t’en veux pas ; j’en veux un peu à Ronnie, mais elle est si belle, si tendre… je comprends. Mais j’espère que tu m’accepteras dans ton lit : j’ai tellement envie de faire l’amour avec toi, tu ne peux pas savoir…

J’ai posé mes doigts sur les siens, un contact minimum, et j’ai perçu sa tension ; comprenant qu’elle n’oserait rien faire, je me suis soulevée pour l’embrasser sur la bouche. Ses lèvres étaient douces et parfumées au thym, à la tomate… un régal ! Le bout de sa langue a buté contre mes dents et je l’ai acceptée, m’offrant en inclinant la tête pour que nos lèvres se joignent mieux. Nous sommes revenues à la Fondation sans parler, bercées par de vieux bluesmen, en nous souriant sans arrêt. Quand Anita m’a déposée devant la Fondation, elle m’a embrassée fugitivement sur la bouche.

— Je te retrouve chez toi à six heures, d’accord ?
— Je veux te faire mourir de plaisir, Anita !

Je souriais encore béatement en entrant dans le bâtiment ; l’après-midi s’est traînée en longueur, Jason étant courtois mais distant, plongé dans son travail entre téléphone et ordinateur. Je suis arrivée chez moi quelques minutes seulement avant Anita ; elle tenait une bouteille de vin à la main. Décidément, elles ont dû se donner le mot ! Tes copines veulent te faire virer alcoolique, Steph. Méfie-toi, tu vas mal finir !

— Alors, on mange quoi ? J’ai appris que tu cuisines honorablement.
— Tu parles… Je n’ai aucune expérience et je me fie à des recettes relevées au hasard sur le Net. Mais là, je n’ai pas faim. Ou alors un autre genre de faim. Viens !

Anita a une plastique superbe magnifiant son tout petit gabarit ; dotée d’une poitrine king-size qui ne doit rien au bistouri et d’un corps d’athlète sculpté par ses années de Marine, elle est faite pour l’amour. Je me surpris à me lécher les lèvres de convoitise en la contemplant, elle était à moi pour la nuit et mon ventre brûlait de convoitise. Nous avons fait l’amour dans mon lit pendant des heures, nous arrêtant pour grignoter et boire du vin ; je l’ai d’abord fait jouir grâce à ma langue et mes doigts, l’amenant dans des climax de jouissance dont elle ne pouvait plus redescendre.

Vulve épilée et toison noire bouclée sur le pubis, elle possède un gros clitoris très charnu que j’ai tété comme une petite bite ; je ne savais pas qu’il existait des femmes fontaine et j’ai été de prime abord surprise par l’abondance des sucs jaillissant du vagin de la belle brune. J’ai cru à de l’urine, mais le goût suave et peu iodé m’a permis de comprendre que ce jus était de la cyprine ; elle m’en a inondé le visage en jouissant à répétition sous mes caresses inspirées. Epuisée après être redescendue de son petit nuage orgasmique, elle s’étira comme un chatte avant de plonger ses yeux encore un peu troubles dans les miens, un sourire diabolique releva ses délicates lèvres, presque un rictus.

— Toi, tu m’as complètement fait perdre les pédales ; tu es douée, il n’y a pas à dire. Mais quand j’en aurai fini avec toi, tu seras à moitié inconsciente. J’espère que Jason Fishburne t’a bien élargie car j’ai l’intention de te fister la chatte, ma jolie. N’aie pas peur, j’irai doucement.

L’incompréhension devait transparaître sur mes traits ; Anita me présenta sa main droite et referma le poing avant de mimer de manière obscène des mouvements d’aller-retour. Je restai bouché bée ; elle n’avait quand même pas l’intention de… Pas ça ! Elle allait me déchirer, c’est sûr ! Putain, mais c’est quoi ce délire, je tombe que sur des cinglés, ou quoi. Il y a un panneau au-dessus de ma tête avec marqué un truc genre « pute à ne surtout pas ménager, pervers bienvenus » ?

— Anita, tu es sûre que…
— Cool, Steph ! Il n’est pas question que je te fasse du mal ! Si tu ne veux pas, je te respecte trop pour te forcer. Mais j’ai un petite main, tu vois ; et si Jason est aussi bien monté qu’on le dit…

Médusée, je fixai son poing et imaginai la verge de Jason à côté. Bon, vu comme ça, elle était plus épaisse que le poignet d’Anita. Mais son poing, en revanche… Comme en réponse, Anita tendit les doigts en collant le pouce dans la paume ; nettement moins impressionnant, mais quand même ! Je relevai les yeux vers les siens, sombres et amicaux ; je savais qu’elle ne me ferait jamais de mal.

— Je te fais confiance, Anita.
— Merci.

Je ne savais pas que je pouvais connaître autant d’orgasmes, aussi rapprochés, aussi fulgurants, aussi forts. Anita était une experte et elle a joué de mon corps comme Glenn Gould, le génial canadien, jouait du piano. Elle savait agir sur le moindre centimètre de peau, créant des résonances qui affolaient mes sens. Sa langue a exploré mon corps pantelant depuis mes orteils jusqu’à ma nuque, n’oubliant aucun recoin qui devenait soudain une zone érogène ; ses doigts ont exploré mes orifices, déclenchant des salves de jouissance si puissantes qu’à un moment elle me bâillonna en posant sa vulve juteuse sur ma bouche.

Elle eut pitié de moi et ne me glissa pas sa main entière dans le ventre, quatre doigts recourbés ont cependant eu raison de moi, plantés jusqu’à la jointure du pouce alors que ses lèvres avaient happé mon clitoris et semblaient vouloir aspirer jusqu’à mon âme. Plus tard, beaucoup plus tard, je me suis endormie dans ses bras, nos peaux collées l’un à l’autre de sueur, ma vulve gonflée et ruisselante écrasée contre une cuisse musclée. Nuit de rêve, éveil de rêve ; j’émergeai d’un rêve torride en gémissant de plaisir, la tête d’Anita bougeait entre mes cuisses disjointes et sa langue me torturait délicieusement.

Le matin nous avons couru, pris notre douche puis notre petit-déjeuner ensemble. Je l’ai admirée alors qu’elle peignait sa longue chevelure noire, détendue et heureuse. Il faudrait mourir dans des instants comme celui-là.

— Allez, Steph, on y va !
— Oui, chacun sa voiture ?
— Viens avec moi, je te poserai ce soir. Et j’ai vu pour le plug, petite coquine.

Là, j’ai rougi jusqu’à atteindre une teinte particulièrement écarlate à en juger à la chaleur qui embrasait ma nuque et mes oreilles. Putain, Anita ! Tu veux me coller la honte de ma vie, là ! Dire ça avec ce petit sourire en coin, négligent, comme une bonne blague… Aarg !

— Je… Je ne…
— Je te présente mes excuses, Steph ; ça ne me regardait pas, mais je trouve marrant que toi, avec ta mine de jolie collégienne première de classe, tu trompes ton monde à ce point. Tu adores ça, jouer avec Jason au mépris de ton éducation catholique. Je te comprends ; trop de rigueur tue la rigueur.

Auteur : Matt Démon
Lisez la suite

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire