mercredi 2 mars 2016

Anne-Isabelle et ses prétendants (8)

Relisez le chapitre 7

Chapitre 8


Cela fait maintenant plusieurs semaines que je vis auprès de mon démon de mari. La propriété que nous occupons dans le Kent est merveilleuse : un parc immense, une demeure divine, du personnel de maison dévoué et une vie sociale et mondaine divertissante.

J’ai enfin compris les explications de mon époux sur notre mode de vie. En fait, c’est simple : nous sommes immortels tant que des gens croient en l’existence de créatures telles que mon maître. Pour s’en assurer, ce dernier a un groupe d’esclaves, parqués dans nos caves, à qui il prouve qu’il est bien réel : ces derniers n’ont d’autre choix que de croire en lui et de le maintenir, ainsi, en vie. Son apparence peut changer en fonction des croyances de son entourage ; il a donc rajeuni quand il m’a semblé qu’il était à chacune de nos rencontres plus jeune.

Il n’est… nous ne sommes pas à proprement parler des Vampyrs, mais nous n’aimons guère la lumière du soleil, et nous avons quelques facultés… disons « supplémentaires ».
Nous avons en permanence une cour de « familiers » qui sont proches de nous pour diverses raisons et nous servent au mieux. Mais le baron m’a dit de me méfier d’eux : leurs intentions sont souvent plus que douteuses. En fait, ils rêvent de devenir immortels à leur tour, et c’est pour cela qu’ils restent à notre service, espérant la « faveur ultime ».

Comme il m’y a autorisée, j’ai choisi parmi nos familiers et serviteurs quelques personnes pour mon propre service. Je les appelle « mes prétendants » ; je trouve cela fort amusant.  Jean – cela va de soi – est mon favori, mais j’aime bien aussi M’Bala (un grand homme de couleur au sexe… mais je vous en ai déjà parlé).

Le baron ne me sollicite que très peu sexuellement ; je suis avant tout son épouse, et je crois que, petit à petit, je deviens sa complice, son amie et confidente. J’ai découvert un homme qui a traversé le temps, a rencontré nombre d’illustres personnages et vécu plus d’existences différentes que l’on peut en imaginer. Il cherchait compagne, non pour meubler sa vie (il a pour cela deux concubines soumises, madame de Suisse et la fille d’un amiral britannique, mademoiselle Nelson) mais pour l’accompagner dans la vie de noble qu’il se doit d’avoir.

Aujourd’hui – ce soir plus précisément – nous recevons la visite de la petite aristocratie londonienne, curieuse de rencontrer le baron et son épouse, mais aussi intriguée par les bruits qui nous entourent pour en vérifier le fondement. Nous allons leur offrir ce qu’ils attendent… et peut-être un peu plus.

Ce soir, nous organisons dans notre domaine une soirée masquée. Nos invités (comme notre reine de France Marie-Antoinette) aiment à porter cet artifice. Il permet aussi à chacun de se jouer de ses interlocuteurs et permet (et là, c’est mon époux qui l’affirme) toutes les folies.
J’ai l’intention, ce soir, de m’amuser ; cela fait si longtemps que je n’en ai eu l’opportunité !
Pour ce faire, je me suis faite belle. Je porte une grande robe jaune et or en hommage à notre bon roi Louis, dans la tourmente ces derniers temps. Une perruque poudrée où se mêlent fleurs et oiseaux, et un masque emplumé de couleur or.

Mon époux, lui, porte l’habit noir et rouge et un masque de loup. Nous voici prêts, l’un à côté de l’autre. Jean, en tenue de laquais, qui porte mes couleurs, attend au pied du grand escalier de la cour pour accueillir nos invités. Toute la bonne société londonienne est venue, sûrement plus par curiosité que par réelle amitié.

Le repas est servi à table ; les convives rient et s’amusent tout en découvrant les nombreux mets venus du monde entier. M’Bala porte de lourds plateaux décorés d’animaux exotiques, de grande bêtes à cornes ou de plumes géantes, de préparations venues d’Afrique. Je vois également deux des serviteurs de mon mari qui portent des toques de fourrure apporter des assiettes de produits venus de Prusse Orientale. Deux femmes vêtues comme des danseuses de l’Orient (c'est-à-dire presque rien, si ce n’est quelques voiles) apportent des plats des pourtours de la Méditerranée… Bref, nous régalons les yeux et les papilles de nos convives avec des saveurs du monde. Mon mari a même eu le bon ton, après ce repas, d’allumer sa pipe afin de partager l’âpre odeur de ce tabac que l’on fume maintenant.

Nous ouvrons maintenant le bal, le baron et moi. L’orchestre nous fait lentement tourbillonner au milieu de la pièce et de ses lumières vives. Les Anglais, petit à petit, nous rejoignent et tournent avec nous.

Tout au long de la soirée, on m’a beaucoup questionnée : des interrogations simples sur notre fuite de la France, d’autres plus « incongrues » sur notre appétit pour le sang… (je n’en ai d’ailleurs pas compris le sens). L’amusant de ces conversations, c’est que je ne sais qui m’a parlé, tout ce beau monde portant masque.

Il est plus de minuit, et la grande majorité de nos invités a quitté les lieux, restant pour beaucoup d’entre eux sur leurs interrogations, mais avec de belles images plein la tête.
Il ne reste là qu’une vingtaine de personnes, visiblement plus intimes avec le baron.

Il tape dans ses mains : le décor change, on ferme portes et volets, on éteint nombre de bougies, et les valets redisposent le mobilier de la pièce, créant au milieu avec quelques tables une scène ou montent les deux Orientales. Orientales, je n’en sais rien, vu que leur visage est voilé, plus d’ailleurs que le reste de leur corps. Toutes deux ne portent que peu de vêtements. Une sorte de bandeau sur les seins, un genre de culotte à peine cachée derrière une ceinture de voile. L’une me semble blonde et l’autre brune. L’une est un peu plus généreuse que l’autre.
Tout le monde s’est approché de la scène improvisée où les deux femmes dansent lascivement. Mon mari monte alors à leurs côtés et lance :

— Voici mes deux maîtresses soumises ; je vais vous les présenter.

À ces mots, les deux femmes se prosternent à ses pieds et restent à genoux près de lui.

— Voici mademoiselle N., fille d’un amiral de votre flotte, et mademoiselle E. qui nous arrive d’Helvétie.

L’une et l’autre se redressent pour se tenir à genoux, retirant un voile qu’elles portaient en écharpe et dévoilant ainsi un collier de cuir.

— Je vais vous montrer comme mes deux chiennes sont bien dressées.

Alors qu’il fixe des laisses aux colliers, je me rends compte que la physionomie de l’assistance a changé. En effet, certains convives ont pris la même position que les « chiennes » de mon mari, au pied de leurs « maîtres ».

Je suis la seule à ne pas être ainsi accompagnée ; je cherche du regard dans l’assistance si quelqu’un d’autre se trouve, comme moi, seul, mais sans succès. Je me tourne alors de nouveau vers la scène où je vois mon mari qui me fait signe de le rejoindre. Alors que je m’avance vers lui, un valet vient se jeter à genoux devant mes pieds, faisant de son dos une marche pour me permettre de me hisser sur les tables. Étrange situation… Je me sers cependant de lui pour grimper, saisissant la main de mon époux qui m’aide ainsi à me placer à ses côtés. Il me tend alors la laisse de la brune et, s’adressant à moi et à l’assistance, déclare :

— Mon épouse, je vous offre votre première esclave, une chienne divinement dressée par madame de Pougy, qui vous donnera tout ce que vous souhaitez. Mes amis et invités, amusez-vous, profitez, et surtout honorez comme il se doit celle qui est maintenant ma femme et mon égale.

À ma grande surprise, l’ensemble de l’assistance m’offre une obséquieuse révérence.
Je me penche à l’oreille du baron et lui glisse :

— Sont-ce tous des esclaves ?
— Non, ma mie : ce sont tous des envieux, des curieux, des profiteurs, mais nous le savons et nous en jouerons. Mais pour le moment, l’heure est à nos jeux.

Il fait alors se redresser sa « chienne », et la maintenant sur les genoux, lui ordonne :

— Sucez ma queue, pendant que l’on vous fouette !

La jeune femme ne semble pas plus surprise par l’ordre donné que par le premier coup de fouet qui lui est administré par le valet situé derrière elle, le même qui s’était jeté à mes pieds pour me servir de marchepied. Elle défroque mon mari et sort le bel engin bien dressé. Sans même réfléchir, elle embouche le mandrin et l’enfonce profondément dans sa gorge. Chaque coup sur ses fesses ou ses cuisses laisse une marque rougie, mais elle ne se plaint pas et continue sa fellation.

Très surprise par la situation et les mots de mon baron de mari, je m’assois dans un fauteuil installé sur la scène. Je prends alors conscience que je tiens la brune en laisse depuis quelques minutes ; je tire un peu sur celle-ci, et la jeune femme, sans même être surprise, avance vers moi à quatre pattes.

Mon regard se promène sur l’assistance ; tous nos invités dominants n’ont d’yeux que pour ce qui se passe au centre de cette pièce : mon mari et sa blonde chienne, et les coups de fouet généreusement distribués à celle-ci.

D’un coup je reprends pied dans ma réalité : l’esclave que m’a donnée mon mari vient de retrousser ma robe d’or et caresse mon sexe. Je ne porte aucun sous-vêtement et n’ai pas prêté jusque-là attention à ses gestes. Elle est douée, la diablesse ! Entraînée par l’ambiance générale, je me laisse caresser. Après ses mains qui ont entrouvert mes cuisses, elle avance maintenant son visage vers mon sexe. J’ouvre plus largement les jambes et, tirant sur sa laisse, je lui dis :

— Lèche, mais ne me fais pas jouir : je veux un homme, là !

Sans un mot elle s’exécute. Elle est douée, la gourgandine ; je m’abandonne à ses caresses tout en ne quittant pas mon homme des yeux. Celui-ci en a maintenant assez de la bouche de la brune. Il en a sorti sa belle queue et joue maintenant avec ses seins généreux, les palpant, les empoignant, les maltraitant à volonté. Il en pince les tétons, caresse l’aréole du bout de son gland, y laissant une trace humide, puis il pousse sur la tête de la blonde pour qu’elle se remette à genoux.

Il caresse maintenant son dos, puis ses fesses. Faisant comme avec sa poitrine, il maltraite les deux globes pendant un moment, puis ses mains deviennent plus exploratrices et je vois ses doigts visiter le sexe dégoulinant de la soumise. Elle geint doucement sous les caresses, certes un peu brutes, mais sûrement jouissives aussi. Enfin le baron caresse avec insistance le petit orifice caché entre les globes fessiers, l’enduit de mouille, et sans plus de préparation y enfonce son énorme queue. La jeune femme râle sous la pénétration mais ne bouge pas. Il la prend jusqu'à la garde.

Moi, je me laisse doucement aller au plaisir de cette bouche experte qui m’explore, le regard planté dans celui du baron qui honore avec fougue mademoiselle E. qui se laisse aller à la jouissance sur ordre de son cavalier qui décharge sa semence en elle au même instant.

J’assiste alors à la suite de cette scène torride : mon mari se saisit alors de la laisse de mademoiselle N. qui jusque-là me liquéfiait le maljoint, lui présente sa queue pour qu’elle nettoie de sa langue toute trace de ce premier rodéo, puis la pousse vers le cul dilaté de sa monture pour qu’elle y recueille les restes de sa semence.

À cette instant, je remarque que la brune, qui jusque-là s’occupait de moi, a un moment d’hésitation, bien vite abrégé par mon homme qui, la prenant par les cheveux, lui colle la bouche sur l’anus distendu de sa complice. La blonde semble jouir de nouveau de cette caresse, et la brune s’applique plus que de raison à lui dévorer le trou.
Mon baron de mari me regarde alors et dit :

— Et vous, ma mie ? Quel plaisir souhaitez-vous vous offrir ?

Le regard de mon démoniaque époux, les mots utilisés et l’ambiance, fort étrange, qui règne maintenant dans la pièce me font un peu tourner la tête. Autour de nous les couples se sont mis à copuler, fouetter, gémir, et ce climat orgiaque s’amplifie de minute en minute. Des idées étranges envahissent mon esprit ; est ce normal ? Est-ce parce que j’ai bu le sang du baron ? Mais plus  les minutes passent, plus je ressens des envies violentes.

— Pour commencer, je veux fouetter cette chienne que vous avez baisée devant moi. Qu’on l’attache au fauteuil !
— Bien, ma douce épouse ; que votre volonté soit faite.

À ces mots, deux valets viennent ficeler la blonde soumise, mademoiselle E. Je m’empare d’une cravache et commence à lui fouetter les fesses et les cuisses. Elle gémit à chaque coup ; des zébrures roses commencent à décorer son corps, mais ce n’est pas assez. Mon esprit s’envole vers de sauvages envies.

— M’Bala ?

J’appelle mon serviteur noir. Il vient en courant jusqu'à moi ; je vois son sexe énorme déformer son haut-de-chausse.

— Prenez cette chienne. Prenez-la sans attendre, et sans douceur !

L’homme s’exécute volontiers ; il sort une queue de presque 25 centimètres de long et très large, et en présente le mufle à l’entrée de la chatte de mademoiselle E. Il me regarde, attendant mon ordre.

— Allez, prenez-la. Punissez-la d’avoir pris du plaisir sans autorisation.

Je me détourne de la scène alors que mon serviteur embroche la jolie blonde qui râle son plaisir.

— Ne la faites pas jouir : si elle prend trop de plaisir, enculez-la ! Jean ?

Mon jeune prétendant se précipite à mes côtés.

— Baisez cette soumise, mademoiselle N. Baisez-la bien : son maître l’abandonne, et je ne peux lui donner le plaisir qu’elle mérite. Faites-la jouir sans discontinuer jusqu’au matin ; je veux qu’elle ne puisse plus s’asseoir pendant trois jours.

Le baron s’est assis dans un autre fauteuil et m’observe diriger les opérations. Il sourit en me regardant. Je l’interroge du regard « Puis-je aller encore plus loin ? » Il acquiesce d’un simple mouvement de tête.

Je descends alors de l’estrade et commence à parcourir la salle transformée en lupanar. Je m’approche d’un premier trio, un homme et ses deux soumises. Elles sont en train de le sucer, chacune à leur tour, se partageant un sexe de taille plus que moyenne et douteusement mou. Je saisis l’une d’elles par les cheveux et la traîne derrière son maître défroqué jusqu’aux genoux. Elle est nue et porte un masque de loup ; sur son épaule un tatouage rouge représente une chauve-souris. Lui est debout ; l’autre soumise peut à loisir lui dévorer le pal. Je colle la bouche de la seconde entre les fesses de son maître, l’incitant à lui lécher l’anus. Elle se plie à ma demande ; l’homme me sourit, et sa queue prend une nouvelle vigueur.

Bien.
Je m’amuse enfin dans cette soirée : elle devient ma soirée.

Je m’approche d’un couple qui semble être déjà passé à l’étape suivante : l’homme, un soumis, est attaché à une chaise et sa maîtresse le chevauche, mais elle tempête contre sa mollesse. Les traces de sperme qui décorent les cheveux de la maîtresse attestent qu’il vient de décharger il y a peu et que sa dureté va revenir, mais plus tard… Je cherche alors du regard dans la pièce et trouve l’objet adéquat : une quille de bois, telle que celle qu’utilisait ma nonne préceptrice pour calmer mon hystérie.

Je m’empare de l’objet, et poussant doucement la domina en colère, je glisse la quille de bois entre les cuisses du soumis. L’objet ainsi calé permet de remplacer avantageusement le sexe défaillant de l’homme, et quand ce dernier aura retrouvé sa vigueur, la dame pourra s’offrir une double pénétration. Elle me sourit et reprend sa place, chevauchant à nouveau l’homme et la quille.

Bien.

Un autre trio attire mon regard : un homme tient en laisse deux esclaves, un mâle et une femelle. Tous deux copulent sous le regard dur de leur maître. Les deux soumis sont marqués eux aussi à l’épaule de cette chauve-souris rouge, et ils semblent prendre beaucoup de plaisir ensemble. Leur maître leur donne des ordres mais ne participe pas. Il est assis, et sa culotte n’est même pas déformée. Je m’avance pour observer quand l’homme en habit bleu me lance un regard mauvais. Je fais cependant un pas de plus. Il me dit alors :

— Éloignez vous, sorcière, démon ! Je ne viens là que pour assouvir mon plaisir ; je ne veux aucun contact avec votre engeance.

Les mots sont violents, je les ai parfaitement entendus. Le baron également, bien qu’il soit assez loin dans la pièce ; je le vois dans ses yeux, son regard est devenu glacial. « Engeance, démon... » Je vais lui faire ravaler ses mots ! Mais le regard de mon époux me retient : il me fait signe de poursuivre notre jeu ailleurs.

Rapidement je constate que – hormis quelques familiers, comme les premiers « couples » avec lesquels je me suis amusée, en bonne maîtresse des lieux – les autres ne sont que des inconnus venus là pour profiter du lieu et de son maître, mais qui ne sont en rien aimables ou même amusants. Je l’ai vite compris, et petit à petit je fais tout pour que les vrais proches se regroupent autour de moi. Grand bien leur fait, car le reste de l’assemblée m’écœure par sa petitesse. De nobles gens, mais de petites personnes.
Mon mari s’approche de moi, menant ses chiennes par la laisse.

— Prenez ces soumises et nos amis, et quittez promptement les lieux, ma mie.

À son regard mauvais, je sais qu’il ne va pas faire bon rester ici. Aussi je demande aux « couples » de nos amis, toujours en train de jouer, de rejoindre mes appartements au premier étage.

Sur un signe de la main, le baron demande à l’orchestre de jouer plus fort. D’un autre mouvement, il fait signe à nos serviteurs de finir de fermer portes et volets. Il vérifie encore une fois que les personnes dignes de son intérêt ont bien quittés les lieux. Enfin il monte sur la scène improvisée. Pour ma part, j’ai conduit le petit groupe vers mes salons où je leur ai fait servir du champagne et leur ai demandé de continuer de jouer en toute intimité. Mais je suis curieuse, et je reviens sur mes pas pour atteindre le haut de l’escalier et observer la colère de mon mari et maître.

Il est debout sur la table ; je trouve qu’il a vieilli de nouveau : toujours aussi fier, mais avec les traits d’un homme plus âgé. Serait-ce parce qu’il n’est entouré que de personnes qui ne croient pas vraiment en son pouvoir démoniaque ? Je ne saurais le dire, mais il me semble plus vieux, plus homme aussi. M’apercevant, il me fait signe de le rejoindre, me fait asseoir dans le fauteuil toujours dans le coin de la scène et s’adresse à moi :

— Avant de retourner à nos jeux et à votre plaisir, vous serait-il agréable de me voir châtier ces mécréants ?

Je me sens excitée au possible ; mon sexe s’humidifie juste en l’entendant prononcer ces mots.

— Oh oui, mon ami, punissez ces mauvaises gens !

Mes mains se sont posées naturellement sur mon abricot trempé, et je commence à me caresser doucement en regardant le maître de cérémonie officier. Je ne me reconnais plus, mais c’est si jouissif, ce nouveau pouvoir…

— Mesdames et Messieurs, je ne serais pas un hôte digne de ce nom si je ne vous offrais pas, en plus du spectacle de mes chiennes, celui de mes chiens.

Sur ces mots, la porte du grand salon s’ouvre à la volée, poussée par deux hommes en habit noir. Ils tiennent en laisse deux… deux quoi, en fait ? Je ne saurais le dire : ce sont des humains à n’en point douter, mais ils sont livides, blafards, bavant et grognant comme de vulgaires chiens. Leurs vêtements sont en lambeaux, et j’aperçois sur l’épaule de l’un d’eux le même signe, tatoué, de chauve-souris.

Ils tirent sur leurs chaînes, retenus avec peine par les hommes en noir. Ils commencent à grogner plus fort en apercevant les « invités » et essaient de se défaire de leurs liens. Les invités en disgrâce crient de peur en voyant arriver les « chiens » de mon baron. Une femme s’effondre en larmes, un autre perd connaissance.

— Amusez-vous, mes chiens !

À ces mots, les deux laquais libèrent les bêtes qui fondent immédiatement sur les groupes d’humains. Ils taillent en pièce hommes et femmes sans plus de manière. Je trouve cela affreux, mais en même temps je me sens au bord d’une jouissance inconnue.

— Épargnez-moi celui-là.

Mon mari désigne l’homme qui s’est montré désagréable à mon égard, et alors que je jouis intensément de ma masturbation frénétique, il me glisse à l’oreille :

— Il sera pour vous, ma douce. Vous me surprenez agréablement, et j’ai envie de vous faire ce présent.

Nous assistons donc à la mise à mort de la petite aristocratie londonienne tout en échangeant quelques mots et en partageant une jouissance. Oui, car non heureuse de me faire jouir seule, j’en ai profité pour me saisir du membre de mon époux et lui offrir une branlette digne de ce nom. Nous jouissons de concert en nous réjouissant de ce massacre.

« Que suis-je devenue ? Une démone, pour sûr ; mais c’est si… si… si bon. Oui, divinement bon ! »

L’homme épargné m’est amené enchaîné sur un brancard. Ne sachant trop quoi en faire, je me tourne vers le baron qui me suggère alors :

— Amusez-vous-en un moment, car je le sais fort bien membré ; et puis la peur que nous lui inspirons le rendra docile, maintenant. Puis je vous montrerai comment l’on peut en faire « autre chose ».



Épilogue


J’ai joué pendant des heures avec le membre de cet homme. Je l’ai utilisé, maltraité, offert à mes amies, puis je me suis déchaînée sur lui avec des cravaches et des fouets. Je l’ai enchaîné, ligoté, bâillonné, et même torturé. Et, il me faut l’avouer, j’y ai pris un méchant plaisir. J’ai compris la vraie nature de mon maître, devenue mienne maintenant : nous sommes des démons, nous prenons du plaisir à faire mal. Pour nous divertir, pour passer le temps et l’éternité.

Ce méchant homme avait raison : nous sommes de la pire engeance qui soit. Mais j’adore ce nouvel état qui est le mien, délicieusement pervers, souvent violent, mais si romanesque...

Nous avons fait de cet humain irrespectueux l’un de nos chiens. Il m’a suffi de le mordre à la gorge, boire un peu de son sang, mais pas jusqu’à la lie : non, juste assez pour en faire une bête immortelle, mais assoiffée de sang. Puis nous l’avons enfermé dans nos geôles, enchaîné, et laissé quelques jours sans nourriture, eau ou sang. Ce traitement l’a rendu rageur, hargneux, et prêt à mordre quiconque s’en approcherait. Un de nos chiens.

Après cette soirée – qui fut la première pour moi – nous avons quitté le Kent pour rejoindre la Prusse, où mon mari a encore quelques biens et terres. Accompagnés de nos familiers, que je préfère nommer « mes prétendants », nos chiens et nos esclaves, nous avons emménagé dans une superbe datcha.

J’ai compris l’ampleur de son univers : depuis le temps qu’il arpente notre monde, il a acquis  terres et titres un peu partout. Il est – que dis-je ? – nous sommes très riches, et rien ne nous est impossible : nous avons l’argent et le temps pour tout réaliser.

Partout où nous allons, nous suscitons la curiosité, l’envie, puis la peur et la rancœur.
Dès que nous en avons l’occasion, nous organisons des soirées, comme celle du Kent, pour notre plus grand plaisir. Pour jouir encore, de concert, du délicieux parfum de sexe et de peur, si spécifique à notre univers. Puis nous quittons ce pays pour un autre.
Partout nous laissons un étrange souvenir : un peu de désolation, quelques disparitions, et une indescriptible et malsaine curiosité.

Nous parcourons le monde et les époques, sans trop nous attarder dans l’une ou l’autre.

FIN

Auteur : Oshmonek

2 commentaires:

  1. Trop morbide pr moi , surtout la fin , cela fait penser aux écrits du marquis de Sade .

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    1. Il en faut pour tous les goûts, et il y en a pour presque tous les goûts au Café d'Aphrodite.
      En tous cas, merci pour la lecture et le commentaire !

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