CHAPITRE 4 : Rêves
—
Tiens Margot, j’ai un truc à faire rapidement. Peux-tu t’occuper
d’envoyer le mail à ton père ? J’ai déjà mis la pièce jointe, mais
vérifie si je n’ai pas fait d’erreur.
— Euh, d’accord.
Je
sors de mon bureau et attends quelques instants derrière la porte. Le
couloir est plongé dans le noir ; c’est inhabituel. Les portes des
bureaux de mes collègues sont ouvertes et ne laissent pas paraître de
signe de vie. On dirait que je suis seul avec Margot dans l’entreprise.
Où sont passés les autres ? J’hésite à partir à leur recherche.
L’obscurité m’attire, mais m’effraie à la fois. J’ai l’impression que
quelqu’un ou quelque chose m’observe de l’autre côté. Je suis pris d’un
étrange malaise que je chasse en me souvenant de Margot.
J’imagine
déjà la tête qu’elle doit afficher en découvrant la pièce jointe. Bon,
rien ne sert d’attendre plus, je lui ai laissé suffisamment de temps.
J’entre.
Je ne suis pas déçu, son visage est blême. Elle n’ose regarder dans ma direction.
— Co… comment ? balbutie-t-elle.
— Comment quoi ? fais-je, l’air faussement innocent.
— Comment avez-vous eu cette vidéo ?
— Ah ça ! Peu importe comment je l’ai eue. L’as-tu envoyée à ton père comme je te l’ai demandé ?
— Bien sûr que non ! Vous êtes cinglé. Si mon père voit ça…
—
Je suis sûr qu’il sera très intéressé, la coupé-je. Ce n’est pas tous
les jours qu’on apprend que sa fille entre dans un hôtel aux bras d’un
homme plus âgé qu’elle. La fille à papa se révèle être une gentille
salope...
Margot semble abasourdie et complètement paniquée. Elle
cherche ses mots, bredouille des excuses incompréhensibles. Je
l’observe chercher un moyen de se tirer de ce mauvais pas. Elle est
vraiment magnifique : visage d’ange, yeux bleus, lèvres pulpeuses,
cheveux noirs… Elle ressemble comme deux gouttes d’eau à Émilie. Tiens…
d’ailleurs, c’est le visage d’Émilie. Margot ne ressemblait pas à ça
dans mes souvenirs. Pourquoi a-t-elle le même visage qu’Émilie ? Suis-je
encore dans un rêve ?
— Mais vous ne comprenez-pas, tente-t-elle de se justifier, nous nous aimons tous les deux.
— Tiens donc ! Et je suis sûr que ton père sera ravi de l’apprendre, ironisé-je.
—
Non, vous ne pouvez pas lui dire, implore-t-elle. Il n’aurait plus le
droit d’enseigner si notre relation venait à se savoir, et mon père me
tuerait.
— Tu veux dire que ce vieillard est l’un de tes profs ?
— Oui, avoue-t-elle. Pitié… fond-elle en larmes. Ne dites rien, je vous en supplie.
Je
la regarde sans dire un mot et en affichant un sourire narquois. Elle
tente d’accrocher mon regard afin de m’apitoyer en affichant toute la
détresse qui l’anime. Je n’ai aucune réaction. Elle sait que c’est peine
perdue. Il ne lui reste plus trop de choix. Elle hésite plusieurs
secondes…
— Je… je ferai tous ce que vous voudrez, lâche-t-elle enfin.
Hé
hé ! Je savais que la suivre dans la rue avec une caméra finirait par
payer. La voilà à ma merci, la jeune garce. Je m’approche d’elle, pose
une main sur sa joue pour essuyer ses larmes. Mon autre main est occupée
à défaire mon pantalon et à extirper mon sexe.
— Voyons ce que ton prof t’a appris….
Je me réveille d’un bond. « Putain ! Encore ce mal de crâne. Décidément, il ne veut pas me lâcher. »
Je mets quelques secondes à repérer où je suis, puis les images de mon
rêve se mettent en ordre dans ma tête. Drôle de rêve. Dans mes
souvenirs, ma relation avec Margot ne commençait pas de cette façon.
Pourtant, ce rêve m’avait l’air très réel. Tout se mélange ; je ne
parviens plus à savoir ce qui s’est vraiment passé ce jour-là.
J’abandonne
finalement l’idée d’éclairer ces événements. Ils remontent à trop loin,
et ce n’est pas vraiment ce qui m’importe aujourd’hui. Il me faut
retrouver cette Émilie. Par où continuer mon enquête ? Chantal m’en a
appris un peu plus sur ma nymphette hier soir, mais ça ne m’a pas
apporté de piste supplémentaire. Je vais donc tenter de retrouver son
appartement. Les vidéos m’ont montré le début du chemin qu’empruntait
Émilie quand elle rentrait chez elle en quittant son boulot. Je vais
donc suivre ce chemin jusqu’au bout et explorer ensuite la ville. Je
retrouverai peut-être l’hôtel d’où j’ai filmé ses ébats avec son fiancé.
Je me mets donc en route. J’atteins L’Interlude
et commence à suivre le chemin. Je retrouve la poste, puis la banque
pour enfin atteindre la ruelle où elle m’a offert la fellation. C’est à
partir de là que je vais explorer.
Cela fait déjà une bonne
dizaine de minutes que je tourne en rond pour trouver le chemin qu’elle
emprunte quand finalement je me décide à demander des renseignements à
une vieille dame.
— Excusez-moi, pourriez-vous m’indiquer s’il y a un hôtel dans le coin ?
— Euh, oui, il y a l’Hôtel Pressman pas loin. Allez tout droit jusqu’au prochain feu rouge. Ce sera ensuite à gauche, puis seconde à droite.
Je
repars sans me donner la peine de la remercier. Je suis les indications
et j’atteins enfin l’objectif. Un hôtel est bien là, et en face je
reconnais la façade de l’immeuble d’Émilie. D’après mes souvenirs de la
première vidéo, elle devrait résider au troisième étage. J’entre dans
l’immeuble. « Voyons les boîtes aux lettres : G. Quentin, B. Bloizon,
C. Denisot, E. Auchere… Ah ! C’est peut-être ça. Appartement 3C, donc
au troisième étage. » Je grimpe promptement et nerveusement les
escaliers pour me retrouver devant la fameuse porte. Vais-je pouvoir
mettre éclairer la zone d’ombre de ma mémoire ? Vais-je enfin retrouver
la femme qui m’obsède ? Mon cœur bat la chamade et mes mains tremblent.
Je frappe et attends…
Aucune réaction ; on ne m’a peut-être pas entendu. Je frappe plus fort… Toujours rien. « Putain, ce n’est pas possible, il faut qu’elle soit là ! »
Je tambourine à la porte. Cette fois, impossible qu’elle ne m’entende
pas. J’insiste au cas où. Toujours pas de réponse ; la colère me prend. «
Est-elle vraiment absente, ou y a-t-il une autre explication ?
Chercherait-elle à m’éviter, par hasard ? Comment la garce oserait me
faire ça ? » Je tambourine maintenant comme un dément sur cette
porte. Je laisse échapper toute ma frustration accumulée depuis mon
réveil. La rage m’est montée à la tête, et mon atroce migraine se
réveille. Mon vacarme attire soudain la voisine qui affiche une mine
agacée.
— C’n’est pas bientôt fini, ce boucan ?
— Désolé, réponds-je sur un ton froid, je cherche à joindre Émilie. Habite-t-elle bien ici ?
— Si ça n’répond pas, c’est qu’elle n’est pas là ! grogne-t-elle. C’n’est pourtant pas compliqué à comprendre.
— Je dois à tout prix la joindre, c’est une urgence. Sauriez-vous où je pourrais la trouver ?
— Euh… se montre-t-elle plus hésitante, il y a plusieurs jours que je n’l’ai pas vue. Elle doit être chez son fiancé.
— Savez-vous où il habite ?
— Non, pas la moindre idée.
— Avez-vous au moins un nom à me donner ?
— Non plus. Je sais seulement qu’il est friqué et plutôt bel homme.
Je
m’en retourne, agacé. J’ai retrouvé son appartement, mais la garce
n’est pas là et ne s’y est pas présentée récemment. Cette piste ne mène
pour l’instant nulle part. Je pourrais essayer de retrouver le fiancé ;
mais sans nom et sans adresse, c’est quasiment mission impossible.
Je remonte dans ma voiture pour réfléchir. De là, j’ai une vue sur l’entrée de l’immeuble. « Et si j’attendais un peu ? Avec un peu de chance, Émilie se montrera. »
J’écoute
la radio pour me changer les idées. Je zappe les stations – toutes plus
inintéressantes les unes que les autres – pour finir par tomber sur une
obscure émission où un invité illuminé parle d’apocalypse et
d’absolution. Je laisse ce programme sans vraiment l’écouter. Mon mal de
crâne continue de se faire ressentir. Je glisse peu à peu dans mes
pensées, de plus en plus confuses. Je rêve presque éveillé. Tout se
mélange, mon enfance, mes études, ma carrière…
— Matthieu !
Une
voix me fait soudain remonter à la surface. Je regarde tout autour de
moi, mais il n’y a personne. Ai-je rêvé ? Était-ce mon imagination ou
était-ce la radio ? Je ne crois pas : la voix est féminine, et aucune
femme n’a l’air d’être à l’antenne. Je ne peux qu’avoir imaginé.
Pourtant elle m’a parue si réelle... Je ne sais pas pourquoi, mais une
tension nerveuse engourdit mes membres.
Mon cœur fait un bond
quand soudain je la vois. Émilie est là, à l’autre bout de la rue en
train de s’éloigner de moi en marchant. Je reconnais sa silhouette et
ses cheveux noirs. Je sors rapidement du véhicule et hurle son prénom
pour attirer son attention, mais la garce ne réagit pas. Je me mets à
courir tout en continuant de l’appeler. Arrivé à son niveau, je lui
attrape violemment le bras et la fais se retourner.
— Non mais, ça n’va pas ou quoi ! Qu’est-ce qui vous prend ?
Je
suis pris de stupeur : ce n’est pas Émilie. À vrai dire, elle n’a même
pas les cheveux noirs. Non, elle est blonde ! Comment ai-je pu la
confondre avec Émilie ? Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Je ne comprends plus
rien. J’étais pourtant sûr de l’avoir vue.
— Euh… excusez-moi, je vous ai confondue avec quelqu’un d’autre, bredouillé-je.
— Sale cinglé ! peste-t-elle en s’éloignant.
Je
retourne lentement vers ma voiture en essayant de comprendre ce qui
vient de se passer. Je suis confus. J’ai l’impression de devenir dingue !
Mais non, je ne suis pas fou : j’avais pourtant bien vu des cheveux
noirs !
— Matthieu !
Encore cette voix ! Je me retourne,
regarde tout autour de moi pour voir si je reconnais quelqu’un. Les
seules personnes qui me scrutent me jettent des regards interrogatifs et
perplexes. Un rire – cette même voix – résonne dans ma tête. Elle
semble bien réelle, mais visiblement elle ne l’est pas.
Depuis
que je me suis réveillé en trouvant mon appartement saccagé, j’ai
l’impression de perdre pied. Je dois comprendre pourquoi et éclaircir ce
qu’il m’est arrivé avant mon réveil. Il faut que je retrouve Émilie.
Elle aura les réponses. J’en ai besoin. Je ferai tout pour la retrouver.
En attendant, j’ai besoin de faire une pause et de me changer les
idées. Je ne connais qu’une seule solution : je reprends donc la
direction de L’Interlude.
Me voilà quelques instants plus
tard de retour dans ce bar, assis à la même place que la veille. Comme
hier je pose ma mallette, avec la caméra à l’intérieur, sur le bord de
la table. Chantal m’aperçoit, me lance un petit sourire et me fait un
signe de la main. J’attends quelques secondes avant qu’elle vienne me
voir à table.
— Qu’est-ce que je vous sers, Monsieur ? joue-t-elle, rieuse.
— La même chose qu’hier.
— Un café noir sans sucre ; c’est bien ça ?
— Oui, et une fellation.
— Ah… Par contre, pour la fellation, il faudra attendre, Monsieur. Mon service ne finit que dans trois heures.
Elle
s’éloigne en souriant et prépare mon café tout en surveillant du regard
que j’ai bien mes yeux posés sur elle. Elle revient avec une tasse et
me la tend.
— On pourrait aller faire vite fait un tour aux toilettes ? proposé-je. Pourquoi attendre la fin de ton service ?
— Tu es fou ! Si je me fais choper, c’est la porte pour moi.
— Mais c’est maintenant que j’ai besoin de tes services.
— Non, désolée, je ne peux pas. Ce soir, promet-elle.
Je
n’insiste pas plus et sirote mon café en observant ses allées et venues
à travers la porte réservée au personnel. Il n’y a pas beaucoup de
clients aujourd’hui, si bien qu’à part elle, il n’y a que le patron et
un autre employé pour faire le service. Le premier est derrière le bar,
en pleine discussion avec deux clientes charmantes. Des clients sortent,
la salle se vide un peu plus ; l’autre serveur en profite pour faire
une pause clope. Le patron est toujours occupé avec ses deux gazelles.
J’hésite un peu et pénètre à mon tour par la porte des employés en
emportant ma mallette. J’emprunte un petit couloir qui débouche sur une
cuisine où je retrouve Chantal occupée avec un peu de vaisselle. Je
m’approche doucement d’elle – elle ne m’a pas vu – et lui mets une main
au cul. Elle sursaute, se retourne et tente une gifle précipitée.
J’évite le coup.
— Oh, c’est toi ? fait-elle, surprise. Qu’est-ce que tu fais là ? Tu es fou ! Si mon patron te surprend ici, il va être furieux.
— Tu sais très bien ce que je suis venu faire.
— Je t’ai dit ce soir, soupire-t-elle. Je risque ma place si on nous surprend.
— Tu pourras toujours jouer la pute à plein temps ; tu sembles être faite pour ça, ironisé-je.
Ce
coup-ci, je ne suis pas assez rapide pour éviter la gifle. Elle est
violente et me surprend. Je jette un regard noir de colère sur Chantal
mais résiste à la tentation de lui rendre son coup. À la place, je lui
agrippe le poignet.
— Je ne suis pas une pute, proteste-t-elle.
— Ah oui ? Rappelle-moi pourquoi je t’ai payée hier soir.
—
Je veux dire… Je n’ai pas eu le choix, je ne voulais pas. Je veux
garder un vrai métier. Lâche-moi s’il-te-plaît et sors d’ici.
— Je ne partirai pas avant d’avoir eu ce que je voulais. Agenouille-toi.
— Pas maintenant… Pas ici… Je ne peux pas.
— Ici et maintenant, insisté-je.
Qu’elle
ne vienne pas me faire croire qu’elle n’a pas choisi de faire la pute :
je ne l’ai absolument pas forcée, hier soir. Elle hésite, fuit mon
regard puis baisse les yeux. Je la sens sur le point de céder. Je me
sens fort, je la domine. Elle est à ma merci. Je sors mon sexe de mon
pantalon et la force à s’agenouiller. Vaincue, elle ne proteste pas et
attrape d’une main hésitante ma virilité fièrement dressée. Je savais
que cette coquine ne résisterait pas. Elles sont toutes les mêmes !
J’impose le contact entre mon gland et ses lèvres et ouvre le passage. « Oh oui, comme c’est bon... »
Au début incertaine, sa langue gagne en assurance le long de ma tige.
Chantal s’est vraiment décidée à me faire jouir, et rapidement
semble-t-il. Elle s’applique de son mieux. Je sors ma caméra pour
marquer l’instant, comme c’est devenu mon habitude, et la pose sur une
table de manière à nous avoir tous les deux dans le cadre. Chantal
poursuit la fellation. Je grogne de plaisir. Cette catin sait y faire !
— Relève-toi ! ordonné-je.
Elle
m’obéit, surprise. Je l’embrasse. Elle a un mouvement de recul, mais
finalement répond à mon baiser. Nos langues s’enroulent. Mes mains
ouvrent sa chemise, arrachant presque les boutons. Les voilà maintenant à
l’assaut de son soutien-gorge qui ne résiste pas longtemps. Ma bouche
vient en renfort à mes mains sur sa poitrine. Malgré elle, Chantal
siffle de plaisir. Le désir a envahi chaque parcelle de mon corps. Je ne
me contrôle plus. C’est comme si c’était une autre personne aux
commandes. Je pousse Chantal sur la table, lui remonte la jupe et lui
arrache sa petite culotte de dentelle. Je la pénètre violemment pour
combler mon besoin de jouir. Malgré ses réticences de tout à l’heure, ma
serveuse est bien humide. Va-t-elle encore prétendre qu’elle n’aime pas
jouer les putes ?
Je la besogne de toutes mes forces en
poussant des grognements animaux. Chantal retient ses cris au prix de
laborieux efforts. Elle semble suffoquer. Son corps ondule sous mes
assauts. C’est si beau de voir ce corps réagir à ma virilité qui la
pilonne... Les mains fermement agrippées à ses cuisses, je lui assène
des coups de boutoir de plus en plus puissants, puisant l’énergie
nécessaire au plus profond de moi. Elle lutte pour ne pas hurler ; je
souris orgueilleusement. Mon cerveau jouit de posséder cette femme. J’en
profite avant de remettre la main sur ma nymphette portée disparue. « Elle aussi je la posséderai, me promets-je, encore et encore ! » Je ne la laisserai pas une seconde fois m’échapper. En attendant, voilà que l’orgasme m’emporte.
Nous
remettons de l’ordre à notre tenue et je lui tends une liasse de
billets qu’elle prend honteusement. Soudain, des bruits de pas venant du
couloir se font entendre. Chantal, paniquée, m’indique de sortir par la
fenêtre. Je m’exécute et atterris dans un buisson. Il est temps de
rentrer ; il se fait tard.
***
Je
suis dans la petite rue où j’ai reçu la fellation. Je ne me souviens
pas comment je suis arrivé là. D’ailleurs je m’en moque. Je me dirige
vers la voiture sur laquelle Émilie avait déposé sa culotte. Je suis
déçu de ne rien y trouver. Soudain un rire moqueur se fait entendre
derrière. Je me retourne, et mon cœur se serre devant la silhouette
d’Émilie toute souriante.
— Mais où étais-tu passée ? lui demandé-je.
— Il me poursuit, dit-elle mystérieusement.
— Qui ça ? interrogé-je, surpris.
— T’es vraiment qu’un imbécile, se moque-t-elle.
— Quoi ?
— Attrape-moi ! ordonne-t-elle.
— Je ne comprends rien.
— Attrape-moi, imbécile. Si tu me veux, c’est simple : viens me chercher.
Et
elle se met à galoper rapidement. Je me jette à sa poursuite, mais très
vite je remarque que quelque chose cloche. Plus je cours, plus je
peine. Mes jambes deviennent aussi lourdes que du plomb, et Émilie
s’éloigne fatalement. La rage me gagne. Elle va encore m’échapper, et je
ne peux rien y faire. Bientôt je ne fais plus que du sur-place. Je
hurle de colère. Le rire d’Émilie retentit. Une voix sombre et
gutturale, semblant sortir des bâtiments mêmes, lui fait écho. Je me
retrouve soudain projeté en arrière et atterris à mon point de départ.
Je suis à terre et j’ai du mal à me relever. J’entends des pas arriver.
— Tu me dégoûtes ! lâche la voix d’Émilie. Tu es immonde ! Une bête !
— Ce n’est pas vrai.
—
D’après toi, pourquoi crois-tu que j’ai disparu ? Je ne te supportais
plus. Tu n’es pas digne de moi. Tu ne mérites pas les cadeaux que je
t’ai offerts.
« Non, qu’elle se taise. Elle va me rendre dingue. J’ai besoin d’elle. Ce n’est pas possible. Je ne peux supporter cela. »
La rage monte en moi. Je la sens prendre le dessus. Elle envahit chaque
cellule de mon corps. Je retrouve la force de me relever et pose un
regard noir sur Émilie. Elle semble soudain terrifiée et recule d’un
pas. C’est alors que je prends conscience que quelque chose cloche.
L’atmosphère a soudain changé. Elle est lourde. La rue est plus sombre.
On ne distingue plus les détails. Bientôt, seule Émilie est encore
visible. Quelque chose est là ! Je le sens. Une présence malfaisante se
terre dans les ténèbres. Tout cela m’est familier. J’ai l’impression
d’avoir déjà vécu cette scène.
Soudain, deux bras humanoïdes
faits d’ombre s’enroulent autour d’Émilie et la tirent en arrière. Elle
pousse un cri de terreur avant de disparaître dans le néant. La panique
me gagne. Je me retrouve seul dans l’obscurité. Il est là, prêt à
surgir.
— Tu te souviens de qui je suis ? retentit une voix grave venant de tous les côtés à la fois.
Et
une main griffue m’attrape le poignet et me tire. Je tente de me
débattre, mais il est trop fort. Je ne peux pas lui résister, je suis
trop faible. Je hurle et me réveille d’un bond dans mon lit.
« Putain, quel horrible cauchemar ! » J’en suis tout retourné. Mon mal de crâne est toujours là, une nausée l’accompagne. Je me précipite aux toilettes et vomis. « Qu’est-ce que tout ça veut dire ? »
Auteur : Nathan Kari
Lisez la suite bientôt
Histoire très bien menée , on veut toujours en savoir plus , il y a de l'érotisme
RépondreSupprimerHistoire bien menée , realité fantasmes cauchemars sont mélangés , envie de connaître la suite , justesse des mots , bien .
RépondreSupprimerRavi que cette histoire vous ait plu. J'espère que la fin ne vous a pas déçu.
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