Les mains de la jeune femme serrent entre leurs
doigts longs et fins une sorte de clé, puis lentement elle tourne
celle-ci. Le bruit du mécanisme se fait entendre dans cette pièce toute
simple. Un lit, une table, une chaise – belle, certes – mais juste une
chaise sur laquelle la brune est assise. Puis, quand elle estime qu’elle
a assez remonté le ressort intérieur, invisible dans sa boîte de bois
verni, elle ouvre délicatement le couvercle. Au fur et à mesure de
l’ouverture de cette salle de spectacle miniature, la danseuse, elle,
monte vers l’air libre, la main au-dessus de sa tête.
Soudain,
dans la chambre, la musique qui rythme les tours de la demoiselle en
tutu, la musique emplit totalement l’espace de la jeune femme. C’est
toujours avec ravissement qu’elle écoute, dans le silence de son antre,
la mélodie qui fait revenir tellement de souvenirs… C’est souvent ainsi
qu’elle voyage, dans son univers de femme solitaire ; elle s’invente
parfois des histoires, des contes de fées pour petite bourgeoise, des
instants fabuleux où elle crée elle-même son destin. Alors que le petit
rat tourne et tourne encore sur lui-même, les notes emportent l’esprit
de Claude vers un autre jour.
Un jour qu’elle a vécu ? Un jour
qu’elle s’invente ? Allez savoir, avec les idées qu’elle a dans la
tête…. Une soirée bien, l’autre moins ; mais c’est le lot de toutes les
personnes solitaires comme elle.
La musique qui s’échappe de la
boîte arrive au cerveau de cette ravissante jeune femme, et la voici
plongée dans des souvenirs qui n’appartiennent qu’à elle. Enfin,
presque, puisqu’elle pense que ce sont vraiment des moments partagés par
tant d’autres qu’elle se plaît à se rappeler.
— oooOOooo —
Soudain,
alors que bien installée sur son siège, la voilà debout près d’une
piste de danse à faire tapisserie. La toilette qu’elle porte – une
petite jupe qui lui arrive juste au-dessus des genoux, de couleur noire –
lui va à ravir. Le chemisier qui couvre le haut de son corps est tendu
par une poitrine ferme et arrogante constituée de deux seins bien ronds
qui donnent envie à bien des garçons. Sur le parquet du bal, les couples
qui dansent sont en parfaite harmonie avec l’orchestre qui donne ce
soir le meilleur de lui-même. Le jeune homme qui s’approche d’elle
semble timide mais il se lance, et poliment il baisse sa bouche vers son
oreille et lui murmure dans le bruit musical de cette nuit quelques
mots qui la font sourire :
— M’accorderez-vous cette danse,
Mademoiselle ? Et les prochaines, sont-elles réservées ? Parce que si ce
n’est pas le cas, pourriez-vous m’inscrire sur votre carnet pour toutes
celles de cette soirée ?
Elle regarde ce jeune homme qui
maintenant lui tient la main et qui, le geste plus assuré, l’emmène vers
le milieu de cette piste où les autres suivent la vague des accords
d’un pianiste nostalgique. Le garçon, sans effort apparent, pose sa main
sur son épaule, et l’autre dans laquelle il tient un mouchoir blanc
vient lentement sur la taille de la jeune femme. Les voici qui dansent,
qui tournent sur un parquet qui les laisse glisser sans heurts, seuls au
monde parmi tellement d’autres couples qui eux aussi vivent leur propre
histoire. La valse entraîne Claude au bras de cet homme qui lui semble
charmant et, cerise sur le gâteau, il s’avère être un excellent danseur.
À la dérobée, sans rien montrer, elle détaille cet homme qui la
serre doucement contre lui. À peine plus grand qu’elle – peut-être un
mètre quatre-vingts – svelte, fin et agile. Le couple qu’ils forment
depuis quelques minutes attire les regards des autres danseurs : ils
semblent voler sur la surface lisse de la piste. Les autres s’écartent
doucement pour laisser ces deux-là virevolter ensemble, pareils à deux
elfes tout droit sortis d’une image d’Épinal. Elle se laisse aller
contre cette épaule large, et son visage d’ange reste calé là,
appréciant l’enivrante ronde de la valse.
Qu’il est doux de poser
son minois sur ce puissant garçon qui l’entraîne dans une si belle
envolée ! Après bien des danses, il entraîne Claude vers le bar pour
qu’elle se désaltère et que, pendant quelques minutes, elle reprenne
quelques forces. Lui, il se prénomme Michel, mais elle ne le sait pas
encore. Il la regarde également comme si elle était le Messie. Comme
elle est belle avec sa chevelure ondulée d’une longueur qui lui fait
penser à une cascade sur ses épaules ! Il se coule dans ses yeux verts
et cherche dans son regard un assentiment à la continuité de cette
soirée qui se déroule sous les meilleurs auspices.
Elle n’attend
rien d’autre que sa demande ; quelle aubaine de l’avoir rencontré… Elle
prierait presque pour qu’il ne veuille pas changer de cavalière. Leurs
mains se sont emmêlées en prenant les verres qu’il a commandés. Une
limonade pour elle et une autre mixture pour lui. Ils ne se quittent
plus d’une semelle, plus d’un regard ; ils se sentent attirés l’un vers
l’autre. Quelle douce alchimie permet et prépare cette communion qu’ils
rencontrent ce soir ?
Les voici dans le hall de la salle de bal,
et enfin elle écoute sa voix. Il a une sorte d’accent qui ne vient pas
de cette Auvergne d’où elle est originaire. Ils se présentent :
— Michel.
— Claude.
Rien
d’autre. Pas besoin parfois de mots inutiles. Ils sortent sur les
marches. Lui, il voudrait se donner une contenance en fumant une
cigarette. Il sort de sa poche un paquet de Marlboro, et comme il ne
connaît d’elle que les quelques pas qu’elle vient de faire en mesure
avec lui, il lui tend le paquet ouvert.
— Non, merci. Je n’ai
jamais fumé de ma vie ; je n’ai même jamais tenté de le faire, mais j’en
prendrai une bouffée, si vous le permettez, quand la vôtre sera
allumée.
La gorge sèche, il tire sur le bout rougeoyant du petit
cylindre allumé. La volute de fumée monte et se disperse dans l’air
frais de la nuit vosgienne, puis il tend la cigarette allumée à la jeune
fille.
— Aspirez doucement et pas trop longtemps. Vous allez
connaître mes pensées en fumant ma cigarette, mais c’est réciproque : je
saurai ce que vous pensez quand je la reprendrai !
Elle n’hésite
pas, prend entre ses doigts la tige qui se consume, la porte à ses
lèvres et tire doucement sur le filtre. La fumée entre instantanément
dans ses poumons et elle part dans une quinte de toux qui lui paraît ne
jamais vouloir s’arrêter. Il la regarde avec un sourire ; riant de
toutes ses dents, il ose lui tapoter le dos comme on le ferait à un
enfant qui s’étouffe.
— oooOOooo —
Sur
la table, le tutu s’est presque essoufflé ; Claude remonte à nouveau le
ressort, et ses idées repartent vers cette soirée fabuleuse. Elle veut
la revivre jusqu’à la fin des temps, juste pour en garder la tendre
ivresse.
— oooOOooo —
La
main qui essaie d’enrayer sa toux lui est – ou lui paraît – bien douce
dans son dos. Elle frissonne un peu ; elle n’a pas vraiment froid, mais
elle tremble de sentir ces doigts qui touchent son chemisier. Lui aussi
se sent un peu électrique à deviner sous ses doigts cette peau qui
frémit… Elle frissonne, et il le sait : elle a sûrement un peu froid.
Claude assure à Michel que tout va pour le mieux maintenant que sa
quinte s’en est allée. Lui, si proche, a écrasé son mégot et il lui jure
que c’est fini, qu’il ne cherchera plus jamais à lui faire du mal avec
une cigarette.
Ses propos badins, ses mots la charment ; elle
aime la douceur de sa voix. Pourquoi se sent-elle tellement attirée par
cet homme ? Elle devrait se méfier, se souvenir des paroles protectrices
de sa mère, juste avant le bal ; des recommandations qu’elle ne
respecte plus depuis quelques minutes, puisque là, dehors, elle se prend
à espérer qu’il la prenne dans ses bras. Mais manque d’audace, ou pas
l’idée, il ne fait rien qui puisse mettre en péril l’accord parfait de
cette nuit merveilleuse. Ils repartent tous deux sur la piste, et les
pas succèdent aux pas, les mesures changent, mais la danse reste.
Il
a sa main qui touche cette épaule, son mouchoir sous ses doigts juste
pour empêcher de lui tacher son chemisier de soie par une sueur qu’il
sent arriver. Elle fait tout pour se lover contre ce torse fort dans
lequel elle imagine battre un cœur gros comme ses deux poings. Ils ont
tous deux les yeux clos, et Claude voudrait que la musique ne s’arrête
plus jamais ; elle voudrait se fondre, se couler en lui. Pourquoi
est-elle aussi bien ce soir ? Sans doute parce qu’il est rassurant, cet
homme-là.
Mais toute chose a une fin, et les sanglots d’un
dernier accord viennent mourir dans son esprit, arrachant les cavalières
aux danseurs qui les guidaient de si belle manière.
Juste le temps
de prendre un verre, puis c’est déjà le déchirement d’une séparation que
Claude recule le plus possible. Michel a réglé les consommations ; il
prend la main de Claude, lui demande si elle a aimé danser avec lui,
puis ils se dirigent ensemble vers la sortie. Il voudrait bien la garder
encore un peu pour lui tout seul, mais les personnes qui, elles aussi,
quittent le bal sont bruyantes, et ses mots se perdent dans le brouhaha
impensable qu’ils font tous.
Le jeune homme se dirige vers sa
voiture ; elle est toujours à ses côtés. Il réalise soudain qu’il ne
sait pas même son nom, qu’il ne connaît d’elle qu’un prénom et qu’il a
surtout une immense envie de la revoir. En montrant du doigt une autre
travée où une petite automobile sombre est garée, elle lui explique que
c’est sa propre voiture et qu’elle doit le quitter ici. Michel se penche
vers elle, plongeant son regard au fond des yeux de la demoiselle ; il
se jette à l’eau et lui demande s’il a une chance de la revoir.
— Cela ne tient qu’à vous : si vous en avez envie, ce sera avec plaisir, bien sûr.
Alors
il lui prend la main, l’attire vers lui, et sa bouche cherche la
sienne. Le premier baiser a lieu là, sur un parking à six heures du
matin ; une fin de bal bien étrange. Les lèvres se soudent pour ne
former qu’une seule bouche, les langues qui viennent flirter tendrement
et un intense moment d’émotion pour ce couple qui se forme là, sous un
ciel encore étoilé, sont un prélude à déjà d’autres jeux. Ils
s’embrassent. Elle aime cette manière bien douce de prendre sa bouche ;
elle ne respire plus que par lui. Quelque chose vient de s’ouvrir au
fond d’elle, comme une immense libération. Cette attente qu’elle
appréhendait tant… Ce premier baiser a un goût de « reviens-y ».
Quand
il se détache d’elle, c’est avec regret qu’elle le voit s’éloigner,
mais il a son adresse et son numéro de téléphone dans la main. Michel
remonte dans son véhicule, et l’air frais du petit matin lui donne un
véritable coup de fouet. Il n’avait aucune envie de laisser cette
merveilleuse plante qu’il a embrassée ; une vraie bombe, et il est
conscient qu’il s’est passé quelque chose entre elle et lui. Ses baisers
avaient une saveur incomparable, et il aurait bien continué encore et
encore à la bécoter. Elle lui a donné une adresse et un numéro de
téléphone qu’il s’est empressé de noter : il est bien décidé à la
revoir, le plus rapidement possible.
— oooOOooo —
La
danseuse tourne plus lentement sur elle-même. Son bras toujours levé,
elle suit les notes qui commencent à ralentir. Claude redonne quelques
tours de clé et voilà la ronde qui repart, plus fière et plus émouvante
que jamais. Ses souvenirs sont bien réels aussi, et elle pourrait
presque les toucher du bout des doigts, juste en tendant la main.
— oooOOooo —
Elle
remonte dans sa petite berline noire. Sur le chemin du retour, elle
revoit quelques images de ce premier bal. Finalement, elle n’a dansé
qu’avec un seul homme, et elle est satisfaite de cette situation. Les
baisers qu’ils ont échangés sont encore sur ses lèvres, brûlures douces à
son petit cœur qui bat. Elle se demande s’il osera la revoir, s’il
viendra au-devant de cet émoi qu’il a suscité en elle. Elle se pose
mille questions sur cette envie étrange qui lui caresse l’esprit.
Pourquoi cette nuit était-elle aussi réceptive, presque captive de ces
sentiments qui lui chauffaient les sens ?
Elle aurait voulu qu’il
s’aventure davantage, qu’il ose ; elle aurait laissé faire, mais il ne
l’a pas fait. Maintenant, elle est chez elle dans cette chambre au
papier rose, au lit à baldaquin qui semble se moquer de ses dix-huit
ans, qui se fiche de ses états d’âme. Elle s’endort avec des rêves de
sexe plein la tête. Incroyable : sous ses aspects sages sommeille une
parfaite petite salope ! Enfin, c’est ce qu’elle pense…
Elle
sombre dans l’oubli d’un engourdissement ensommeillé, mais ce sont des
phallus qu’elle compte, pas des moutons ! La dernière pensée qu’elle a,
juste avant que Morphée ne l’étreigne totalement de ses nimbes blancs,
c’est « J’aurais dû essayer de le toucher pour voir, pour savoir… »
Michel
aussi pense qu’il aurait pu oser. Après le baiser, il aurait aimé
laisser ses mains errer un peu. Découvrir, juste en le touchant, ce
corps superbe ; mais pourquoi n’a-t-il pas essayé ? Il se promet bien
que la prochaine fois – enfin, si prochaine fois il y a – qu’il sera
plus hardi et que ses mains feront ce qu’elles désirent… Il s’endort
aussi avec des rêves érotiques qui lui tendent le sexe, et c’est la
poitrine de cette fille qui lui donne cette érection qu’il ne maîtrise
pas.
C’est la mère de Claude qui la tire de ce sommeil dans
lequel elle veut rester cachée. Elle lui parle, mais Claude n’entend
rien ou ne veut pas entendre, quand enfin un mot frappe son esprit :
— Téléphone pour toi !
Vite, le drap est repoussé, elle saute sur ses pieds, le cœur battant. « Pourvu que ce soit lui… Mon Dieu, faites que ce soit Michel ! »
—
Allô ! Alors, paresseuse, encore au lit à midi ? Nous aurions pu
profiter des derniers rayons de soleil avant que l’automne ne s’installe
; qu’en dis-tu ?
Cette voix, elle est tout bonnement magnifique,
magique. Elle dit oui à tout ; peu importe ce qu’il dit : elle est
d’accord pour tout, pourvu qu’elle le voie, qu’elle le revoie. « Viens vite me chercher, j’ai déjà tellement besoin de toi… »
Quatorze
heures. Après que ses parents et elle aient déjeuné – mais qu’ont-ils
mangé ? Aucun souvenir, tant elle est absorbée par l’attente du garçon.
Sa mère lui a parlé, son père également ; elle a répondu d’instinct aux
questions sur le bal, mais c’était plus machinal que réfléchi.
Devant
la maison, la voiture rouge est arrivée. Le garçon qui s’approche de la
porte, qui pose son doigt sur la sonnette, elle l’attend, et il lui
semble que c’est depuis des années qu’il doit venir. Sa mère ouvre et
elle les entend qui se parlent ; Claude vole vers eux. Alors que sa mère
la regarde, elle se jette presque dans les bras de cet homme. Comme il
est beau, bien mis ! Un pantalon avec un pli impeccable, un pull
assorti, et un long manteau qui lui va à ravir. Elle est sûre qu’il fait
bonne impression sur sa mère. Pour son père, elle sait déjà qu’il se
ralliera au jugement de son épouse.
Michel a le cœur qui bat,
mais son index ne tremble pas quand il appuie sur le bouton de la
sonnette. À la dame qui ouvre, il se présente tranquillement :
— Michel, un ami de Claude.
La dame en face détaille l’arrivant, et elle a enfin un léger, un imperceptible sourire. Le voilà rassuré.
—
Je viens chercher votre fille pour que nous allions nous promener,
profiter des derniers beaux instants de cet été qui va mourir. Je vous
promets de vous la ramener à l’heure que vous m’indiquerez.
Mais
cette dame n’a pas le temps de dire quoi que ce soit : un feu follet, un
lutin sort de la pièce et se jette sur Michel. Claude est belle, encore
plus que cette nuit, celle de ses souvenirs pourtant tous frais. Voilà,
ils sont tous les deux dans la voiture et elle démarre rapidement.
Claude regarde le garçon de manière plus qu’effrontée. Elle jauge, elle
soupèse les muscles, le port de tête. Enfin, elle se décide à parler :
—
Tu m’as manqué ; c’est pas croyable comme j’avais envie de te revoir.
Serais-tu un sorcier, m’aurais-tu hypnotisée ? Tu es encore plus beau
que l’image que j’ai gardée toute la nuit avec moi.
Son petit rire éclate comme un gloussement et file dans l’habitacle pour s’insinuer dans les oreilles de Michel.
— Alors, où m’emmènes-tu ? Que vas-tu faire de moi ?
Elle
continue à le railler un peu sur un ton plaisant, et lui a bien une
petite idée, là au fond de son crâne. Il jette un coup d’œil sur le
vide-poche de sa portière, juste pour s’assurer que l’objet auquel il
pense s’y trouve. Pas de mauvaise surprise : la clé est bel et bien en
place.
Alors avec un sourire il appuie sur l’accélérateur en disant :
— C’est une surprise !
La
route se fait plus sinueuse au fur et à mesure que celle-ci monte vers
les cimes de la montagne. L’air est doux en ce jour d’octobre rayonnant.
De loin, on distingue, comme accroché aux flancs du massif des Vosges,
un chalet qui se cache juste au milieu des sapins majestueux. Les
derniers mètres d’un chemin forestier qui y mène sont chaotiques pour le
petit cabriolet. Les deux jeunes sont maintenant devant l’entrée de
cette étrange demeure perdue entre le ciel bleu et la marée verte des
sapins que le vent balance doucement.
D’une main qui ne tremble
pas, Michel lui tend une clé et lui demande d’ouvrir portes et fenêtres
de cette oasis paumée dans ce massif, cet écrin de verdure. Pendant
qu’elle débloque les ouvertures, lui va chercher du bois. Dans la pièce
où ils viennent de pénétrer se trouve une cheminée, quelques canapés, un
téléviseur ; enfin, c’est un salon qui semble les attendre. Michel
prépare et allume le feu dans l’âtre. C’est rapide, et les flammes
commencent à réchauffer l’endroit assez frais que Claude étudie avec
soin.
— C’est ici que tu amènes tes conquêtes ?
Le garçon lui sourit et répond sans honte :
—
Si tu considères que tu es ma conquête, alors oui : c’est ici que je
t’amènerai chaque fois que tu le voudras. Enfin, tant que l’état de la
route le permettra, parce que tu as bien dû voir qu’ici, l’hiver, c’est
un peu enneigé.
Ils se sont assis côte à côte sur l’immense
divan qui fait face à la cheminée, et le feu commence à les réchauffer.
Mais la douceur du bois qui brûle n’est qu’un prétexte sans doute. Ils
se serrent l’un contre l’autre, et les lèvres de Michel viennent à la
rencontre de celles de Claude qui n’attendent que cela. Le baiser est
aussi ardent, aussi fougueux que celui dont elle se souvient. Les
langues de nouveau sont emmêlées, s’enlacent et se délacent, tournent et
retournent pour se découvrir. Les souffles sont plus accélérés
maintenant, chacun appréciant que l’autre aime cet échange.
Lequel
fait ensuite ce premier geste pour découvrir l’autre ? Est-ce elle, lui
? Où encore le font-ils ensemble, de manière simultanée ? Peu importe :
la seule chose qui compte à leurs yeux, c’est qu’ils sont seuls au
monde désormais. Les mains de Michel sont comme des papillons qui vont
et viennent sur le corps de la jeune femme. Les doigts de Claude, eux,
sont des explorateurs attentifs à la découverte de paradis inconnus. Au
début, les vêtements de Claude sont autant d’obstacles à surmonter pour
le garçon, et ceux de Michel de barrières à franchir pour la jeune
fille.
Mais un à un les interdits sont repoussés, les limites
reculent pour que la liberté de se trouver soit enfin la seule étape qui
ait une valeur à leurs yeux. Il est venu à bout de la jupe puis de la
chemise, et ensuite les sous-vêtements ont eux aussi dévoilé le corps
somptueux de Claude aux yeux agrandis de Michel. Elle a ouvert sans
fausse pudeur les attaches du pantalon juste après avoir trouvé le moyen
de défaire la ceinture de celui-ci. Ensuite c’est le torse du garçon
qu’elle s’est évertuée à mettre à nu.
Devant les flammes qui
dansent dans la cheminée, leurs deux corps sont sans artifice, comme au
jour de leur naissance. Chacun désormais peut du regard contempler
l’autre, et c’est elle qui pose la première sa main sur le visage de
Michel. Elle en dessine les contours doucement, allant des oreilles au
nez et de celui-là au menton. Lui apprécie cette découverte en restant
inerte, juste chatouillé par ces doigts qui parcourent ces sentiers
qu’elle est la première à emprunter. Il soupire gentiment en la laissant
venir, à sa guise, au-devant de cette peau, de ce corps qu’elle explore
à son rythme, sans à-coups.
Puis elle passe du visage au cou,
autre paysage encore, qui montre le chemin vers des zones qu’elle ne
demande qu’à découvrir, là devant des flammes qui crépitent dans la
cheminée.
Elle perçoit tant de choses du bout des doigts : cet homme
nu, aussi lisse qu’elle l’est ; juste un petit buisson de poils noirs
là-bas, tout au fond du ventre. Mais elle n’en est pas encore au point
de toucher cette forêt qui pourtant l’attire comme un aimant. Lui semble
être figé, totalement aux sensations que lui procurent les deux mains
qu’elle fait courir partout sur lui.
Il semble aimer, puisqu’il
glousse presque tendrement sous ses caresses ; elle est encouragée à
persister puisqu’il ne dit rien. Alors elle ose ; mais n’est-elle pas
ici aussi pour le plaisir de savoir, de comprendre ? Elle pose ses
lèvres à nouveau sur les siennes. Elle ne réclame pas : elle se sert,
sans autre formalité. Ce baiser-là est moins doux, plus fougueux, plus
passionné, plus hargneux. Il répond en mordillant la jeune femme ; il
n’en peut plus d’être trop sage. Son calme n’est qu’apparent : il veut
juste qu’elle avance dans sa vie, toute seule, qu’elle trouve les
réponses à ses questions, et tant mieux si c’est son corps à lui qui lui
offre des solutions.
— oooOOooo —
Encore
trois petits tours de cette manivelle qui remet la danseuse en position
de tourner. Claude a besoin de cette musique et de voir le tutu qui
crève l’espace. Elle veut que ses souvenirs remontent, que sa mémoire
revienne. Cette danseuse, est-ce que c’était elle ? Et son Michel, où
est-il ? Pourquoi est-elle dans cette pièce sordide ? La mélopée qui
accompagne la sarabande de sa poupée en dentelles la renvoie vers un
jadis si présent.
— oooOOooo —
Elle
se lâche, de peur que le garçon ne sache pas lui montrer ce qu’elle
attend. Maintenant, ses lèvres quittent cette bouche qui la pince, la
mord aussi. Sa langue ne rentre pas dans son habitat naturel, elle suit
le chemin de ses doigts. Les contours du visage du garçon sont explorés
par la salive de Claude, et c’est sur la poitrine qu’elle cherche de
nouvelles pistes. Elle ressent par la langue ces senteurs, fragrance de
son parfum, mais aussi mélange de sa peur et de sa transpiration. Elle
se dit que ça sent bien bon, un homme ! Et elle déniche sur le poitrail
deux marques plus sombres que sa langue enroule une à une. Chacun des
tétons de l’homme est visité par cette fouineuse inexpérimentée mais
terriblement efficace.
Michel en tressaille d’aise alors que la
femme persiste dans ses découvertes du corps du mâle. Il frissonne de
bien-être et se raidit sous ses caresses. Puisque les mains sont en
mission sur lui, sa langue les suit. Elles vont vers un endroit qui se
révèle être encore plus énigmatique pour cette petite vierge qui cherche
sa bonne fortune. Il n’y a pas un mot de dit dans cette pièce où la
chaleur ne vient plus totalement du feu de bois. Les doigts sont venus
effleurer le renflement conséquent qu’ils ont trouvé au bas du ventre,
juste sous le buisson sauvage aux poils luisants.
La langue
hésite quand même à les suivre, y renonce pour un temps. Elle les
abandonne à leur trouvaille, attendant que ceux-ci sachent s’il ya
danger. Les doigts fins se sont crispés sur cet objet qu’ils touchent
pour la première fois. L’impression d’avoir quelque chose de chaud, de
vivant qui vibre doucement entre les phalanges fermées de la jeune femme
lui semble être une aventure hors du commun. Elle se trouve hardie
d’avoir osé ainsi empoigner cette bite gonflée, mais elle est encore
plus médusée de voir que Michel se cabre sous ses doigts. Lui
aurait-elle fait mal sans le vouloir ? Puis elle réagit : elle comprend
qu’en fait c’est de plaisir qu’il geint, et elle repart à l’assaut de la
bête.
Elle presse, tâte, caresse, et pour finir elle tente un
mouvement du haut vers le bas. Elle voit alors que la tête libérée de
son capuchon laisse apparaître un dôme bien lisse, tout rose, et elle ne
résiste pas à l’envie de passer l’index sur cette étrange calotte.
C’est d’une incroyable douceur, et alors seulement à ce moment-là elle
décide de goûter ceci aussi avec sa langue. Alors qu’elle tient l’engin
raide et tendu dans sa main, elle ne sait pas trop comment s’y prendre
pour venir poser ses lèvres dessus sans écraser son propriétaire. Puis
au bout de quelques secondes, elle arrive à trouver une position qui lui
permet de faire ce qu’elle a décidé, et sa bouche vient doucement se
poser sur sa proie.
Telle une abeille, elle se met en devoir de
butiner cet énorme pistil masculin. Elle jette un regard vers son
partenaire, mais lui a les yeux clos : il savoure la caresse malhabile
de la jeune fille. Michel a l’air d’aimer cela, alors elle se prend au
jeu : elle accélère son mouvement, avale plus encore ce mât qui ne fond
pas dans la bouche. Le gland est totalement découvert, et elle entend le
jeune homme qui râle et dont le bassin commence à donner des petits
coups de reins. Il pose aussi ses mains sur les cheveux de Claude qui,
tout à son festin, laisse faire et se retrouve avec ce sexe qui se
cabre, qui avance ou recule, mais pas forcément au même rythme que ses
lèvres.
Elle pense alors que c’est mieux de les laisser suivre
les mouvements que Michel veut lui imprimer : il doit savoir comment
prendre son plaisir. Et voilà quelque chose qu’elle n’attendait pas,
quelque chose qui la surprend par sa venue impromptue : la queue se
raidit de plus en plus et semble encore prendre du volume
supplémentaire, puis elle se cabre dans sa bouche et une sorte de
liquide épais gicle dans sa gorge. Elle veut faire sortir la bite, mais
les mains du garçon qui jouit sans retenue sont crispées sur sa tête et
elle doit attendre la fin des jets gluants pour essayer de se dégager.
Il y a une telle quantité de liquide qu’elle ne peut tout contenir dans
sa bouche ; par la force des choses, pour ne pas s’étrangler, elle est
dans l’obligation de déglutir. Ce sperme est un peu poivré, un peu
spécial aussi ; elle ferme les yeux pour avaler cette mixture qui ne la
ravit pas outre mesure.
Le haut-le-cœur qu’elle a finit par
faire lâcher prise à Michel, tout étonné d’avoir ainsi éjaculé dans
cette bouche qu’il a envie pourtant d’embrasser. Maintenant, elle est
sur le dos. Ses yeux fixent le plafond où les flammes dessinent des
fantômes énigmatiques, des ombres mouvantes, et il commence
l’exploration savante de ce corps de femme.
— oooOOooo —
La
cadence retombe alors que Claude est encore sur son petit nuage. Mais
elle revient des yeux sur cette miniature qui finit sa course folle, et
juste avant que son mouvement ne cesse, machinalement elle tourne la
clé. La musique revient, et la demoiselle au bras levé repart dans sa
farandole solitaire. Claude, elle, également retourne loin ; là-bas,
dans un monde où elle aime si fortement, dans ce monde où elle vit
encore.
— oooOOooo —
Michel
s’est mis à genoux aux pieds de sa belle. Dans un geste tendre, il a
pris son petit peton et caresse lentement les orteils de cette jolie
plante qui ne bronche pas. Alors qu’il caresse tranquillement, il sent
cette texture douce, cette incroyable matière chaude des pieds de
Claude. De là où il se trouve, il la voit qui a les yeux clos, et sa
poitrine se soulève, régulière, sans aucune précipitation. Il continue
longuement ses massages, puis il lui plie les jambes entre lesquelles il
est toujours agenouillé.
Ses mains remontent d’abord sur les
mollets, les tâtant sans arrêt, puis il vient suivre la même démarche
sur les cuisses fines de la demoiselle. Elle, de son côté, laisse
l’homme la toucher sans bouger, appréciant sans remords les
attouchements tendres du garçon. Ses regards à lui semblent hypnotisés
par cette fourche au milieu de laquelle il entrevoit cette source encore
inconnue, encore inexplorée. L’envie est grande pour lui d’aller
fourrager avec ses doigts dans cet antre attirant, mais il ne veut pas
gâcher ce plaisir qui monte en lui, qui naît en elle, par une
précipitation de mauvais aloi.
Sous ses yeux il devine, cachée
par une toison brune brillante, la longue ligne plus sombre de ce sexe
fermé pour le moment. Il voit ce renflement du pubis et ces lèvres
encore serrées l’une à l’autre. La respiration de Claude a changé de
rythme aussi, il l’entend, et voit que ses bras bougent maintenant
imperceptiblement, signe que ses câlins lui font quelque effet. La tête
aussi de la jeune femme est bercée par des mouvements légers de gauche à
droite alors qu’elle laisse échapper des soupirs de plus en plus
appuyés. Il se penche un peu, curieux, pour regarder de plus près cette
fleur qui attire, qui attise son envie. Mais il le fait avec des gestes
tout en délicatesse, juste de peur qu’un mouvement trop brusque n’arrête
le charme et qu’elle s’enfuie.
Il jette juste un coup d’œil vers
son visage qui se trouve posé sur le côté ; et dans la ligne de mire de
son regard, les seins, comme deux collines roses, semblent l’appeler de
tout leur éclat. Une main quitte la cuisse de Claude et vient survoler
cette montagne ferme, ce pic d’amour qui n’attendait que sa venue. La
pointe plus sombre du téton immédiatement se dresse, jaillit du sein, et
la jeune fille tremble sous l’effet de cette intruse qui la touche. Le
soupir aussi est plus accentué, et la respiration plus courte fait
monter la poitrine vers cette main qui n’hésite plus, qui frôle une
pointe, puis l’autre, alors que sa jumelle, elle, est enfin parvenue sur
la corolle nichée entre les deux cuisses de Claude.
Alors que
d’un index mal assuré Michel pince doucement, juste pour connaître le
délice de cette matière vivante dont est fait le sein de Claude, il
passe en même temps un doigt sur sa faille attirante. Elle a un étrange
soubresaut ; elle se cabre un peu sous l’effet de cet attouchement
qu’elle attend autant qu’elle l’appréhende. Lui pense qu’elle se refuse à
lui, et il s’arrête dans son mouvement ; mais avec ses mains qui
viennent sur la sienne, il comprend que c’était juste un sursaut de
cette arrivée sur son sexe qui a fait réagir la jeune femme de cette
façon. Il quitte le sein accueillant et se consacre tout entier à la
visite de ce lieu espéré ; il n’a plus d’attentions que pour ce
sanctuaire qui l’attire.
Il entrouvre enfin ces lèvres, et le
rose vif du coquillage féminin lui dévoile enfin quelques-uns de ses
mystères. Ses yeux n’en peuvent plus de regarder cette grotte à laquelle
les hommes donnent une telle importance. Il sait aussi qu’il est le
premier à parcourir les rivages vierges de cet endroit qui, pense-t-il,
est un paradis que les femmes offrent sur cette Terre. Il n’a jamais
rien vu de tel, et il ne sait pas trop comment faire pour donner un peu
de plaisir à Claude, mais il veut être un élève studieux et apprendre
vite. Mon Dieu, qu’elle est belle cette Claude ainsi ouverte, ainsi
offerte à ses regards de mâle ! Comme soudain il s’aperçoit de cette
envie qui lui taraude le bas du ventre et comme il a une érection
d’enfer !
Cette envie d’elle est là, traduite explicitement par
une bandaison hors du commun, par cet émoi qui lui chauffe le sang.
Elle, elle se laisse aller à des cris qui lui donnent encore plus
d’envie de plaisir, et surtout une impatience grandissante. Il est
revenu avec son visage au niveau de celui de Claude, et sous ces yeux
clos il voit les paupières qui tremblent à toute vitesse. Il pose ses
lèvres sur celles de cette femme à qui il veut crier son amour, de cette
femme qu’il désire plus que tout, qu’il espère aussi avec une
insistance particulière. Pour l’embrasser il s’est avancé, et son corps
tout entier recouvre maintenant celui de la jeune fille. Sa chaleur
entre en lui ; elle a une peau si douce, si tendrement accueillante
quand il baise le fruit juteux de sa bouche entrouverte…
Son
aiguillon à lui touche aussi la fourche des cuisses entre lesquelles il a
tout naturellement pris place, sans rien forcer. Elle semble ne plus
vouloir respirer, comme en attente d’une pénétration qu’il ne voudrait
pas immédiate, juste pour goûter encore – mais avec sa langue – à la
source encore vierge de Claude. Après ce baiser tendre qu’ils viennent
de consommer, il se laisse basculer en arrière et revient avec calme
vers cet endroit délicieusement tentant. Il dépose un premier baiser
pour goûter au minou d’une Claude complètement en transe, une Claude qui
n’en peut plus d’attendre. Et sa langue maintenant entre en action,
longeant le sillon qui sépare les deux lèvres déjà tellement humides.
Il
la fait monter puis redescendre, sans heurts, tranquillement, alors que
pourtant au fond de lui il bout d’une impatience qu’il dissimule le
mieux du monde. Il n’en faut pas plus pour que la jeune femme se remette
à crier de nouveau, emplissant la pièce de ses plaintes qui accentuent
l’érection du jeune mâle. Lui a enfin trouvé à la jointure des deux
grandes lèvres ce petit point qui se dresse comme un mini-pénis, et en
écartant celles-ci il n’arrête plus de le caresser. Le résultat est
spectaculaire ; le clitoris est lui aussi dressé vers cette langue qui
revient sans cesse le taquiner. Claude roule des hanches, berce sa tête
en gémissant, mais elle n’a mal nulle part : c’est juste bon, trop bon…
Elle en veut plus, que cela n’ait jamais de fin.
Son ventre
laisse monter cette envie qu’elle ne canalise plus. Elle serre ses
poings sur les cheveux de Michel, et sa chatte avance d’elle-même
au-devant de cette langue qui la fouille. Maintenant elle hurle,
soupire, crie, l’adjure de continuer, se frotte contre son visage au
rythme de cette jouissance qui la surprend, qui la submerge, qui
l’ensevelit sous des frissons ininterrompus. Elle sent que de son sexe
coule quelque chose, ce liquide que quelques fois elle a réussi à faire
venir en se masturbant, seule dans sa chambre la nuit. Mais elle le sent
qui coule cette fois en abondance ; il lui mouille les fesses en
s’insinuant entre elles par la raie étroite qui touche le sol. Elle
s’arque en deux en soulevant son corps, elle n’a plus que les épaules et
les talons qui touchent.
Ce faisant, elle offre une bien
meilleure position à Michel, qui a cette ouverture féminine juste à la
hauteur de sa bouche ; il fait donc moins d’efforts pour lécher cette
vulve qui le ravit. Mais cette fois, de voir, d’entendre, de sentir
Claude qui jouit de cette manière incroyable, il a lui aussi beaucoup de
mal à retenir la sève qui ne demande qu’à s’échapper de sa verge trop
longtemps mise à rude épreuve. Il stoppe ses caresses alors qu’anéantie,
la jeune fille se laisse aller au sol, roule en boule sur ce tapis qui
les reçoit tous les deux. Elle prend la posture d’un fœtus et continue
de gémir doucement alors que Michel, lui, voit avec plaisir sa queue se
calmer. Cependant, il ne laisse pas la jeune fille seule à attendre. Ses
deux mains restent sur elle, sur des parties qu’il peut encore
atteindre. Les fesses de Claude sont juste là pour accueillir les deux
pattes masculines en mal de câlins.
Lentement, il faut à Claude
quelques minutes pour que les frissons qui la parcourent finissent et
qu’enfin elle reprenne possession de son esprit. Elle croit avoir perdu
son âme à jouir ainsi. Mais comme elle est bien, comme elle aime ce qui
vient de se passer, comme elle désire que cela revienne vite ! Elle
murmure à l’oreille de Michel, de façon presque inaudible :
— Merci, merci… Je t’aime, je t’aime déjà !
— oooOOooo —
Elle
aime cette petite chose de plastique rose et blanc qui lui permet de
repartir à cette soirée-là. Mais pourquoi Michel n’est-il pas là pour
lui tenir la main ? Elle l’appelle, et sa demande claque comme un cri
dans cette chambre. « Pourquoi suis-je ici ? Pourquoi je ne reconnais rien de ce que j’ai vécu ? »
Elle a, au fond du cœur, une certaine rage de ne pas comprendre, de ne
pas savoir comment elle est arrivée là. Pourquoi cette poupée est-elle
si importante, et pourquoi sa musique la ramène-t-elle à ce moment dont
elle a un si net souvenir ? Elle se demande aussi ce qu’elle a mangé ce
matin. Et puis, c’est bien le matin, ou non ? Alors pour échapper à ce
délire, cette perte d’elle-même, elle donne de nouveaux tours de clé à
la petite danseuse, juste pour revenir à ces moments si beaux, si bons.
— oooOOooo —
Ils
sont allongés l’un contre l’autre, sans bouger. Michel a remis deux
belles bûches dans l’âtre, et le feu les lèche de sa chaleur
persistante. Comme Claude se sent bien, alors que couchée contre lui,
toute la moitié arrière de son corps et en contact avec celui du jeune
homme… Lui, il a mis ses mains en travers d’elle, comme pour la tenir
bien serrée contre sa poitrine, et ses doigts pressent légèrement ses
seins. Contre ses fesses, elle sent cette bête qui relève la tête ; elle
comprend que son envie à lui ressurgit de cette position qu’ils ont
adoptée. Elle glisse une de ses menottes entre leurs deux corps ;
celle-là vient entourer de ses petits doigts l’objet qui a pris une
ampleur impressionnante.
Michel lui souffle dans le cou, toujours
sans dire un mot. Et alors qu’il se met à bouger lascivement le bas de
son corps contre les fesses de Claude, elle sent que la bite durcie
vient d’entrer en contact avec sa chatte encore ouverte et humide des
caresses de tout à l’heure. Puis, au fur et à mesure des mouvements du
bassin du jeune homme, la tête de la queue se trouve devant l’entrée du
paradis que Michel convoite. Il est doux, précautionneux, mais le sexe
commence lentement à se frayer un passage en elle. Elle a un peu peur de
cette première intromission que pourtant Michel veut la plus douce
possible. Le gland est entré de quelques centimètres dans son minou, et
le reste commence aussi une lente reptation pour ouvrir cette dernière
porte close.
Elle est étirée de l’intérieur. Il lui semble que
tout s’écarte sous cette chose qui veut absolument entrer. Alors qu’elle
retient son souffle, Michel d’un coup de reins plus appuyé que les
autres, vient de la déchirer. Elle lâche un cri que le garçon confond
avec un de ceux du plaisir. C’est trop tard. Elle reste tendue quelques
minutes, essayant de le garder inactif au fond d’elle, juste un peu,
pour que cette sensation de brûlure s’estompe quelque peu. Lui n’a rien
vu, rien compris, et maintenant il tente – malgré ses efforts pour l’en
empêcher – de reprendre des ondulations qui finissent de la déchirer.
Alors elle respire plus vite, plus fort, et laisse tous ses muscles se
relâcher. Et soudain une douce chaleur monte en elle. Elle l’envahit de
partout alors que la douleur recule et que les frissons recommencent à
la parcourir.
Claude a maintenant envie que le garçon la prenne
plus vite, plus fortement, qu’il accélère ses mouvements, qu’il fasse
rejaillir ce plaisir qu’elle sent poindre au bas de son ventre. Lui
s’accroche à ses seins et les malaxe en compressant la chair élastique
des deux globes après lesquels ses mains sont fermement arrimées. Les
soupirs les enivrent, les cris de Claude se mélangent aux gémissements
de Michel qui tente pour sa part de résister à une éjaculation
imminente. Il essaie de ralentir les mouvements de sa queue alors
qu’elle, au contraire, les désire plus violents, plus ardents. Il
s’efforce de ne penser qu’à son sourire, qu’à sa beauté et détourne,
juste pour quelques secondes, la montée de cette sève, non pas qu’il
veuille la garder en lui, mais parce qu’il aimerait que cette première
fois dure encore longtemps.
Emporté par cette vague qui lui vient
du fond des tripes, il est complètement dépassé par la seconde arrivée
de ce flot de sperme qui jaillit soudain alors que, dans un dernier
effort, il s’est retiré du nid douillet d’une Claude qui en pleurerait
de dépit. Elle s’accroche à ses hanches en hurlant pour qu’il reste,
pour qu’il ne la quitte pas, comme si le vide créé par la sortie de la
queue du garçon lui arrachait le ventre. Un jet de semence inonde les
fesses de la jeune fille, et pourtant la bite reste encore tendue, comme
si elle voulait encore sa part de bonheur, en attente de renouveler
cette prise de possession de la femme. Claude empoigne des deux mains le
mât qui reste figé et, ivre d’envie, ivre de désir, elle se penche pour
à nouveau prendre en bouche la bête qui laisse encore couler son venin.
Elle
lape à petits coups de langue les dernières gouttes blanches qui
suintent sur la tige raide, juste à l’extrémité du gland sorti de son
fourreau de chair. Elle tressaille de partout. Bacchante infernale à
l’envie démesurée qui veut que le festin dure encore, elle veut se gaver
de ce premier plaisir, elle réclame d’autres orgasmes ; puisque
maintenant il a eu sa fleur, autant qu’elle y gagne un maximum de
plaisir. Elle se déchaîne, et Michel n’en peut bientôt plus de ses
assauts répétés. Sa bite retrouve encore le chemin de sa chatte et les
deux sont en fusion ; le charme opère encore une fois, puis deux, puis
combien de fois…
Ils sont repus. Elle a joui violemment, il a
joui à n’en plus pouvoir, et enlacés ils s’endorment devant la cheminée
où les bûches assurent encore quelque chaleur à leurs deux corps
alanguis.
Quand ils se réveillent, le froid est là, qui gagne du
terrain. La nuit aussi est tombée sur la montagne vosgienne. Alors,
pour se réchauffer, ils font de nouveau l’amour, tendrement, lentement,
pour renouer avec cette sensation de première fois qu’ils n’oublieront
plus jamais.
— oooOOooo —
La
petite sirène qui tourne, emplissant l’espace de rose et de blanc,
mélange les notes et les souvenirs en Claude. Pourquoi la musique et la
danse lui donnent-elles cette sensation de vivre ? Son esprit est vide
des choses d’aujourd’hui, mais garde intacts les moments de magie
d’antan ! Elle donne un dernier tour au mécanisme qui ramène à la vie
cette étoile en tutu. Elle fouille dans sa mémoire pour savoir ce
qu’elle fait là, où est Michel, pourquoi cette chambre sordide, mais
elle n’a pour toute réponse que la grande absence de son cerveau.
Elle reconnaît ses souvenirs lointains, mais son présent est en vacances prolongées. Et dans cette chambre… qui sont ces deux demoiselles tout de blanc vêtues qui viennent d’entrer avec un plateau ?
— Michel, mon Michel, où es-tu ?
Il n’y aura plus jamais de réponse à cette question.
Elle reconnaît ses souvenirs lointains, mais son présent est en vacances prolongées. Et dans cette chambre… qui sont ces deux demoiselles tout de blanc vêtues qui viennent d’entrer avec un plateau ?
— Michel, mon Michel, où es-tu ?
Il n’y aura plus jamais de réponse à cette question.
Auteure : Charline88
Tout en délicatesse, nostalgie, très belle histoire.
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