SIXIÈME OPÉRATION – 3/3
Fættenfjord, Norvège, 11 novembre 1944, 8 h
Uriel Blanke (Franck)
Cela
fait maintenant plus d’une heure que je suis à bord ; impossible
d’approcher des soutes où sont entreposées les munitions de cette
forteresse. Trop de personnel et de soldats. Au détour d’un couloir,
j’aperçois une jeune femme blonde aux cheveux ondulés qui porte un
uniforme de la SS ; je pense alors à ma colonelle préférée, mais en
m’approchant je prends conscience de mon erreur : la jeune femme n’est
pas mademoiselle Thorp, mais elle est tout aussi jolie et avenante. Je
la salue comme je le dois face à un officier, et elle me regarde avec
insistance :
— Matelot, je ne vous connais pas. J’ai pourtant rencontré tous les membres de cet équipage ; présentez vous !
Je m’immobilise instantanément et lui lance :
— Matelot Blanke, affecté au premier pont, tourelle B. Arrivé hier de Berlin.
— Matelot, je ne vous connais pas. J’ai pourtant rencontré tous les membres de cet équipage ; présentez vous !
Je m’immobilise instantanément et lui lance :
— Matelot Blanke, affecté au premier pont, tourelle B. Arrivé hier de Berlin.
Elle tourne autour de moi, semblant chercher une faille.
— Je suis Kristina Goer, officier de propagande du bord. Vous devez impérativement venir me voir à mon bureau avant de prendre votre quart : je n’ai pas reçu de rapport sur vous.
Je prends un air penaud pour lui donner un semblant d’explication :
— Madame, je pense que le rapport a pu se perdre ; vous savez, Berlin est vraiment malmenée par l’alliance anti-allemande.
Une pirouette crédible, mais elle a toujours son air méfiant et tourne autour de moi comme un lion autour de sa proie.
— Dans mon bureau, au pas de course ! Pont 4, section 8.
Je pars immédiatement dans la direction indiquée, même si je m’éloigne de mon objectif ; mais j’ai un peu de temps, et il ne faudrait pas qu’elle me fasse arrêter. J’arrive rapidement à l’endroit indiqué et me poste au garde-à-vous devant la porte du bureau décorée de la croix gammée, attendant cet officier. Alors que je patiente, un très jeune marin arrive en courant jusqu'à moi.
— Un message urgent pour l’officier Goer !
Il me prend pour le planton de garde. Sans avoir l’air étonné, je lui dis :
— Donnez-le-moi ; je le lui transmets dès son retour.
Il me tend une feuille simplement pliée en deux, arrivée du PC transmission et repart aussitôt en courant. Je déplie le document et lis : Visite général von Vrykolakas confirmée ce jour 11 h 00 à votre bord / Portez fièrement les couleurs du parti / Sécurité renforcée / Grand-Amiral Dönitz.
La chance me sourirait-elle enfin ? Je range le papier dans la poche de mon pantalon, et cette fois-ci c’est le sourire de l’officier Goer qui me fait face.
— Entrez, matelot.
Je pousse la porte, me recule pour lui laisser le passage. J’en profite pour remarquer ses formes parfaites, puis j’entre à sa suite. Je referme la porte du carré, et passant son bras au-dessus de mon épaule, la femme ferme le loquet. Son visage est à quelques centimètres du mien, son parfum m’envahit les narines. Je vois sa lèvre rouge se pincer, puis elle se recule d’un mouvement vif et vient s’asseoir derrière son bureau.
Toujours debout, droit comme un I, le regard lointain, je ne bouge pas, attendant ses ordres.
— Repos, matelot, repos…
D’un coup elle semble lasse.
— Dans quel état est Berlin ?
Je lui réponds franchement (comme si j’en venais) :
— En ruines, bombardée chaque jour et chaque nuit, mais les Berlinois et le peuple allemand tiennent bon. Nous sommes forts et nous allons gagner cette bataille.
Elle baisse la tête, puis se redressant elle me fixe droit dans les yeux.
— C’est bien, vous avez le bon discours… Pourquoi êtes-vous ici ?
— Mon sous-marin a été coulé ; j’ai été réaffecté ici.
Son regard a perdu de son éclat. Elle se lève, me contourne, et une fois dans mon dos elle me murmure :
— Je n’ai plus la foi, plus le moral ; j’ai besoin de réconfort. Vous me semblez pouvoir répondre à ce désir.
Elle plaque une main sur mon torse, la seconde sur mon entrejambe.
Fættenfjord, Norvège, 11 novembre 1944, 11 h
Colonelle Thorp, Elisabeth, Ralph et Simone
La consigne est simple : on n’abandonne personne de vivant sur les lieux d’opération. Ce n’est pas une question d’honneur ou d’humanité, mais simplement une manière de s’assurer que personne ne parlera en cas de capture.
Les marins que Ralph et Simone ont débarqués de force sur le trajet qui les menait vers le Tirpitz risquaient d’être repêchés par des marins qui les auraient vus. Donc Ralph ne savait pas combien de temps ils avaient pour retrouver les deux « visiteuses » et Franck. Encore fallait-il être sûr que Franck avait pu monter à bord et mener sa propre part de l’action. Pourquoi donc Simone avait foutu ces matelots par-dessus bord ? Pour prendre possession du petit bateau qui faisait la navette entre la côte et le cuirassier ? Ou simplement parce qu’elle était folle ?
Arrivé au niveau de l’échelle de coupe, Ralph remarque que les deux femmes qu’ils attendent sont en train de descendre pour les rejoindre. Pas d’autres passagers qu’elles deux. Elles ont reconnu Ralph, qui remet les moteurs en route pour quitter la zone au plus vite. Simone, cachée près de Ralph dans la cabine, se lève et file rejoindre ses deux comparses.
— Vous avez vu Franck ?
La colonelle lui répond :
— Non, mais le navire est tellement grand que nous avions peu de chance de le croiser. Nous avons fait ce que nous devions : dans une heure le système de communications du Tirpitz sera HS.
Et Elisabeth d’ajouter :
— Et le feu devrait se déclencher au même moment dans la soute à obus. Ça va foutre une sacrée pagaille !
Simone sourit et renchérit :
— Et nous avons un bateau pour aller déclencher les explosifs près des filets anti sous-marins et récupérer Franck vers 11 h 30 à la poupe de ce foutu bateau.
— À la poupe du Tirpitz ? demande Ralph.
Toute fière d’elle, la blonde précise :
— Oui, j’ai tout prévu. S’il n’est pas là, c’est qu’il est mort. Et nous aurons d’autres problèmes à gérer si tel est le cas.
Son air mystérieux intrigue ses trois compagnons.
— J’ai mis en place un plan de sauvetage pour Franck : un beau marin que j’ai un peu « retourné » doit l’aider à quitter le navire. Si j’ai bien fait mon boulot, il l’aidera… sinon il me balancera : Franck sera arrêté, et nous devrons faire au plus vite pour prendre le large.
Mademoiselle Thorp fronce son joli nez : le plan lui semble un peu bancal, mais elle n’a pas le temps d’en mettre un autre au point.
La vedette file maintenant à vive allure vers la zone nord du fjord, dont l’entrée est barrée par des filets empêchant les sous-marins alliés d’y pénétrer. Il leur faut se rapprocher pour que leur petit émetteur puisse être efficace et actionner les explosifs posés par Ralph et Simone pendant la nuit. Il faudra le faire à 15 heures précisément, heure du début de l’attaque alliée.
Ralph approche l’embarcation de la pointe de la côte pour y déposer au moins deux de ses passagères ; elles mettront en route l’émetteur depuis la terre ; lui, il retournera près du Tirpitz pour récupérer son acolyte.
Simone et la colonelle descendent du petit bateau, faisant signe à Ralph de reprendre le large. Elles partent se cacher immédiatement dans la forêt qui recouvre la côte. S’enfonçant sous les frondaisons, elles sont ainsi hors de vue d’un éventuel bateau de pêche ou de surveillance. Fatiguées par ces péripéties matinales, elles trouvent rapidement un endroit pour se poser et souffler enfin quelques heures.
Simone, toujours hyperactive, ne sait pas rester sans rien faire et ne cesse de parler à la colonelle, qui se lève d’un bond de la souche sur laquelle elle était assise, saisit Simone aux épaules et plaque sa bouche sur la sienne. Simone ouvre de grands yeux surpris, mais comme le baiser dure elle commence à le rendre avec fougue. Cette fois, c’est mademoiselle Thorp qui est surprise ; essayant de se défaire de l’emprise de la blonde vorace, elle recule, trébuche et s’affale sur le sol couvert de mousse, entraînant avec elle sa nouvelle partenaire.
Toute deux rient de bon cœur, puis les regards se croisent de nouveau et Simone prend cette fois-ci l’initiative et plonge vers le visage de son officier. Leurs langues se cherchent, se trouvent et se caressent. Les deux femmes semblent ne plus avoir cure de la réalité et commencent à se caresser mutuellement, se découvrant des désirs cachés.
Fættenfjord, Norvège, 11 novembre 1944, 10 h
Uriel Blanke (Franck)
Après m’avoir à moitié déshabillé, et toujours assis sur la chaise en face de son bureau, Kristina – l’officier de propagande – m’a longuement sucé la queue, lui donnant la dureté souhaitée, puis elle a retroussé sa jupe et sans plus de préliminaires s’est installé à califourchon sur moi et a commencé à me chevaucher. J’ai à peine eu le temps de prendre conscience qu’elle s’empalait, pas eu le temps de la saisir aux hanches que déjà elle s’est mise à jouir en râlant.
Même pas le temps de commencer à jouer avec son corps, qui sous l’uniforme me semble parfait, que déjà elle se redresse elle réajuste sa jupe qu’elle avait retroussée, passe sa main dans ses cheveux pour en vérifier la parfaite tenue et reprend son rôle d’officier de propagande. Elle doit avoir pas mal de plaisir à rattraper pour jouir aussi vite !
Je me redresse pour remettre mon pantalon, me tourne une seconde vers la porte pour me reboutonner, et lorsque je me rassois elle me met un pistolet sous le nez et en riant me dit :
— Je vous arrête, Lieutenant Franck Salomon !
Pas le temps de réagir. Comment a-t-elle su ? Au même moment entrent dans le petit bureau deux soldats armés de fusils-mitrailleurs. Impossible de lui échapper ; je suis fait comme un rat. On me menotte et on me traîne dans le couloir où, sans surprise, je me retrouve nez à nez avec le général von Vrykolakas. Il me salue poliment, puis en secouant la tête comme par dépit et avec un sourire il me dit simplement :
— Encore une fois, Lieutenant. Mais cette fois je tiens toute votre équipe.
Fættenfjord, Norvège, 11 novembre 1944, 11 h 15
Colonelle Thorp et Simone
Les deux femmes s’amusent ; leurs bouches se dévorent, se découvrent, et leurs langues s’emmêlent. Les mains parcourent les corps, les seins sont palpés, les fesses pressées et les sexes explorés, mais cela ne dure pas bien longtemps. Les deux femmes allongées dans la mousse ont à peine le temps d’entendre un bruit de branches cassées que les commandos allemands les entourent. Armes automatiques à la main, sourire aux lèvres, les hommes se régalent de l’instant. Ils font se relever les deux femmes échevelées et à moitié dénudées.
L’officier leur annonce alors :
— Nous vous arrêtons pour espionnage, attentat contre le Reich, et comme vous portez des uniformes de notre prestigieuse armée, vous serez considérées comme des civils et non comme des soldats. Mesdames, veuillez nous suivre.
La dernière phrase fait froid dans le dos de la colonelle : en effet, être fait prisonnier en tant que civil autorise le régime nazi à tous les traitements possibles, les soldats étant un peu plus « protégés »… juste un peu.
Les soldats embarquent les deux femmes sans leur laisser le temps de se redonner une apparence digne, et c’est sous les rires gras et les commentaires graveleux qu’elles montent à bord d’une vedette rapide qui vient d’arriver.
— Votre petit plan semble avoir foiré, glisse la colonelle à l’oreille de sa complice.
Simone ne répond pas ; elle sait qu’elle a été naïve et que son plan n’était pas solide. Du coup, toute son équipe va être prise par sa faute, et elle s’en veut terriblement.
L’un des hommes du commando s’approche d’elle, cigarette au bec et un sourire narquois au coin des lèvres.
— Alors les filles, on s’amusait ? Vous ne saviez pas quoi faire en nous attendant ?
Ni l’une ni l’autre ne relève la remarque graveleuse, et elles baissent la tête. Mais l’homme ne veut pas en rester là : il avance sa main vers le sein dénudé de mademoiselle Thorp qui l’arrête d’une tape violente sur les doigts. La réponse de l’homme est instantanée : il lui balance une gifle qui la fait tomber de son banc. Simone se lève pour s’interposer, mais un autre soldat la saisit par le bras pour la faire asseoir. Le premier tend la main à la femme au sol et l’aide à reprendre sa place.
— Elle a du caractère, la petite pute !
Simone fulmine et va pour répondre quand son officier, posant sa main sur sa cuisse, la retient et dit :
— Je ne suis pas une pute, mais officier de l’armée britannique. Veuillez vous comporter en gentlemen !
— Gentlemen ? Mon cul ! On vient de passer deux ans à Stalingrad et crois-moi, on en a baisées de plus rebelles que toi !
Sur ces mots il traîne sans ménagement son interlocutrice par le bras vers l’arrière du bateau.
Simone, toujours prompte à réagir, se lève et tente de s’interposer ; mais l’homme qui l’avait déjà retenue se lève à son tour et la gifle fortement.
— Si tu ne veux pas crever maintenant, tu te calmes. On tient votre complice sur le Tirpitz et on sait qu’il y en a encore deux autres. On a besoin de vous vivantes pour les attraper, alors tu t’assois et tu laisses faire.
Frottant sa joue, elle se relève et s’assoit. Vivantes : ils ont besoin de les interroger, et ils vont les tenir en vie encore un moment. Mademoiselle Thorp va subir un viol, on va sûrement les battre, les torturer, mais pour l’instant les Chleuhs les gardent vivantes.
Les cris qui lui parviennent de l’arrière du bateau, derrière le poste de pilotage, lui confirment que l’homme abuse de mademoiselle Thorp ; mais ce que ne sait pas encore Simone, c’est que les cris en question ne sont pas ceux d’une femme violée.
Fættenfjord, Norvège, 11 novembre 1944, 11 h 45
Ralph et Elisabeth
Ralph fait avancer l’embarcation au plus près de la forteresse nautique allemande. Pas trop cependant, pour ne pas attirer l’attention. Au moment où il va couper le moteur de l’embarcation, un choc contre la coque le surprend.
— Tu as entendu ? lui lance Elisabeth.
Pas le temps de lui répondre que Ralph se retrouve avec un couteau de combat sous la gorge alors qu’il voit des hommes, en tenue de plongée, qui montent à bord de son petit bateau.
Des « marsouins » français : Ralph en reconnaît l’uniforme. Elisabeth aussi, et elle leur crie :
— Nous sommes des Britanniques !
Celui qui semble être l’officier arrête alors tout mouvement de ses hommes par un geste de la main. Il s’approche de la jolie brune et lui demande des codes d’identification afin de prouver que nous sommes bien ce qu’elle prétend.
Après quelques minutes d’une attente interminable – surtout pour Ralph dont la gorge est toujours menacée par une lame – l’officier les relâche enfin. Il explique alors que l’opération est avancée et que ses hommes sont pour la plupart sur la côte, à l’endroit précis où sont cachées les deux autres officiers britanniques.
Ralph, à son tour, explique leur mission. Il faut maintenant conjuguer leurs forces pour récupérer Franck, faire sauter les mines sous-marines pour détruire les filets, activer les brouillages et permettre ainsi l’assaut des sous-marins et des avions.
Les quatre hommes-grenouilles se cachent dans la petite cabine du bateau. Le colonel Vayda, l’officier français commandant ce petit détachement, appelle alors le reste de sa troupe restée à terre. Sans résultat. Ralph navigue lentement au large du monstre d’acier, cherchant du regard le moindre signe de vie de son ami. L’officier français lui dit alors :
— Restez à distance ; nous allons tenter de nous approcher du Tirpitz pour provoquer une diversion. Vous viendrez nous récupérer à la bordée quand tout aura pété ; votre ami en profitera sûrement.
— Je l’espère sincèrement, ajoute Elisabeth.
Les quatre soldats replongent dans les eaux froides de la mer du Nord et disparaissent rapidement.
Ralph et Elisabeth ne peuvent rien faire de plus pour le moment.
Fættenfjord, Norvège, 11 novembre 1944, 12 h
Uriel Blanke (Franck)
Me voici bien pris ! Impossible de quitter les lieux, et je n’ai pas eu le temps d’activer le système de brouillage que ma comparse a discrètement mis en place. Nous avons été découverts, et j’ai bien peur que cette fois nous soyons dans une posture définitivement mortelle. Quoi qu’il arrive, dans quelques minutes, l’enfer va s’abattre sur ce bâtiment et ses occupants, moi y compris.
L’opération Tungsten du mois d’avril a échoué ; celle-ci doit aboutir coûte que coûte ! Et l’aviation va mettre le paquet : des bombes Tallboy, ce qui se fait de plus gros, et Dönitz sera bien forcer de constater que son navire n’est pas indestructible !
Pour le moment j’ai été enfermé dans un cachot à fond de cale et j’attends la visite de mon tortionnaire improbable. Ce général est décidément très difficile à tuer ; peut-être que si je parviens à le retenir assez longtemps dans les tréfonds du navire, il mourra avec moi sous les bombes anglaises. Mais pour le moment il doit être occupé à retrouver mes camarades qui, je l’espère, auront de leur côté réussi leur part de la mission.
Quand la porte de ma cellule s’ouvre, je me suis préparé à toutes les éventualités, mais pas à celle-ci ! En effet, ce ne sont ni mes camarades attrapés par les commandos allemands, ni même ce général fort étrange : non, ce sont des hommes en tenue de plongée qui ouvrent ma cellule.
Après un échange rapide sur qui fait quoi, je les suis vers une incroyable issue. En effet, le Tirpitz possède sous sa ligne de flottaison un accès pour les plongeurs. Le commando de marins français l’a emprunté ; ils n’ont rencontré qu’une personne, avec le concours involontaire de laquelle ils m’ont assez facilement retrouvé. L’infortuné marin a pris ma place dans la cellule. Il faut dire que le plus gros de l’équipage du Tirpitz est à terre ; ne restent à bord que les artilleurs et le personnel nécessaire au fonctionnement minimum de la forteresse. Les fonds de cale sont donc des zones quasi désertes.
Portant toujours l’uniforme de la Kriegsmarine, je devance les marsouins, leur ouvrant le passage.
— Je vais activer tous les systèmes que mes camarades et moi avons mis sur ce bateau. Assurez-vous que nous pourrons nous échapper.
Le colonel Vayda me tend un pistolet Lüger pris, semble-t-il, au marin. Les quatre soldats d’élite filent préparer leur matériel et me dégotter de quoi les suivre. Il me faut juste éviter de croiser Kristina, l’officier de propagande nymphomane du bord, et surtout le général von Vrykolakas, même si je rêve de m’en débarrasser une bonne fois pour toutes.
Je remonte sur les ponts supérieurs et active les bombes et autres brouilleurs que nous avons positionnés. Ce n’est pas simple : je ne dois croiser aucun des hommes qui m’ont attrapé, aucun officier informé de ma présence à bord, tout en déambulant à des niveaux où j’ai toutes les chances d’être en leur présence. Mais après quelques minutes de contorsions entre portes et coursives, les Français m’offrent une belle opportunité : en effet, une explosion qui me semble arriver de la poupe sème la panique à bord. Les marsouins ont dû provoquer une explosion dans la salle des moteurs car je croise de nombreux marins qui se dirigent vers cette zone.
Je profite donc de ce moment de confusion pour œuvrer. Une fois tous les systèmes activés, je me mets en chasse de ma cible préférée depuis quelque temps… et c’est en arrivant devant la cabine de l’officier Kristina Goer qu’enfin une opportunité se présente : la porte du bureau est fermée, mais les bruits qui proviennent de l’intérieur ne laissent aucun doute sur ce qui s’y passe.
Je pousse doucement la roue de métal qui fait office de loquet et passe la tête dans l’entrebâillement.
À genoux sur la couchette, la belle Kristina, la jupe relevée sur la taille et les seins à l’air, s’offre au général. Elle est comme je l’avais imaginée : fort bien faite. De beaux seins blancs, un cul bien rond, et des hanches qui donnent envie de s’y cramponner, ce que fait actuellement le général, sa queue ayant pris possession de sa féminité, en levrette. La jeune femme semble jouir pleinement de cette pénétration, fort active, de son supérieur.
J’entre alors dans la pièce, l’arme à la main.
— Cette fois, c’est moi qui suis navré pour vous, général.
Il sourit, se retire de sa compagne et se met debout près de la couche où il œuvrait. Il est presque nu. Son pantalon en tirebouchon sur ses bottes de cavalerie, le sexe toujours bien dressé, il ne semble pas affecté par l’humiliation que je lui inflige. Kristina, quant à elle, est rouge cramoisi. Au moment où elle se relève, sa jupe tombe à ses pieds, et son chemisier grand ouvert m’offre ses deux beaux seins en pâture.
Je me saisis alors des liens qui étaient précédemment les miens et attache le général aux pieds du bureau ; ce meuble étant fixé au sol, il ne pourra s’en défaire. J’hésite entre l’abattre froidement et le laisser là, mourir sous les bombes alliées. Quant à Kristina, elle semble avoir retrouvé son aplomb malgré la situation et me regarde droit dans les yeux, froidement.
— Qu’allez-vous faire de moi ? me lance-t-elle ; vous n’irez pas loin, vous êtes en territoire hostile !
— T’inquiète, cocotte, je sais exactement ce que j’ai envie de faire.
Sous la menace de mon arme, je lui fais signe de reprendre la position qu’elle occupait quelques instants auparavant sur la couchette. Elle obtempère mollement.
— Je n’ai pas eu le temps de m’occuper dignement de vous tout à l’heure. Le temps me manque encore une fois, mais je vais vous offrir un moment sympathique.
Je passe un corde derrière ses genoux et, la forçant à les plier, les ramène presque contre sa poitrine. Je lie ensuite les mains de la belle Kristina, et la soulevant légèrement du sol, la suspends à la couchette supérieure qui jusque-là était repliée. Pour finir ma mise en scène, je brise la chaise de bois de son bureau et me saisis de l’un de ses pieds. Sans ménagement, je l’enfile dans son sexe encore dégoulinant de son activité avec l’officier allemand. Le godemichet improvisé se loge profondément en elle. Elle geint, plus de douleur que de plaisir. Je la bâillonne en lui fourrant sa propre culotte dans la bouche.
La scène me plaît. Elle ne peut se défaire du jouet que je lui ai imposé, suspendue qu’elle est à quelques centimètres du sol. Je pose alors sur sa tête la casquette de son général et la laisse ainsi. Quant à cet homme, ma décision est prise : je pose mon arme contre sa tempe et appuie sur la queue de détente. Il s’effondre sans un bruit.
Une seconde explosion vient interrompre ma mise en scène : c’est la soute à bombes qui vient d’être détruite. Il semblerait que nos préparatifs commencent à mettre la forteresse en péril ; il est temps pour moi de quitter les lieux. Je salue la dame d’un sourire et quitte la cabine en direction du pont principal.
Fættenfjord, Norvège, 11 novembre 1944, 12 h
Simone et la colonelle Thorp
Silencieusement, l’homme arrive derrière le soldat qui tient la jolie blonde. Elle l’a aperçu mais n’a pas cessé de se débattre contre l’homme qui veut la violer. L’éclair d’une lame, et l’Allemand s’effondre avec un drôle de cri aigu. La colonelle Thorp sourit à son sauveur : un marsouin français, elle en a reconnu l’uniforme. Il pose un doigt sur ses lèvres pour lui demander de garder le silence. Deux autres soldats montent alors par le banc arrière de la vedette sur laquelle le commando allemand les ont fait embarquer.
Elle se recule et constate, en regardant par-dessus bord, que c’est un groupe d’une quinzaine d’hommes qui étaient accrochés derrière le bateau qui est en train d’envahir les lieux. Tous montent silencieusement et avancent vers la proue. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, les Allemands se retrouvent prisonniers sur leur propre vedette. En quelques minutes, les Français ont ligoté leurs prisonniers et se sont rendus maîtres de l’embarcation. La vedette fait alors demi-tour pour revenir là où les deux jeunes femmes devaient patienter et finalement actionner l’émetteur qui activerait les bombes sous-marines.
Un lieutenant français annonce alors à la colonelle Thorp :
— Nous avons tout vu ; nous vous attendions un peu plus loin. Quand les Allemands vous ont fait prisonnières, nous étions là pour vous aider et avancer l’heure du début. Il faut détruire les filets immédiatement : nos sous-marins attendent pour attaquer le Tirpitz. Les bombardements commencent dans quelques minutes.
— Déposez-nous sur la pointe, nous allons faire ce qu’il faut.
Puis, se remémorant les mots du beau lieutenant, la jolie blonde rosit et lui dit :
— Vous avez « tout » vu ?
— Oui, Madame, tout. Et j’avoue que je serais curieux d’en voir plus…
Il arbore alors un large sourire en direction des deux femmes, puis leur lance un clin d’œil avant de reprendre un sérieux de mise.
— Simone ira déclencher l’émetteur avec deux de mes gars : j’ai ordre de vous garder près de moi.
Arrivés à la pointe du fjord, Simone et les deux soldats quittent le bord et filent vers leur cible.
— Nous viendrons les récupérer cette nuit, après l’attaque : à cet endroit ils sont en sécurité, il y a une heure, nous avons bousillé l’artillerie qui était installée là.
— Mais que vont-ils faire jusqu’à cette nuit ?
Le ténébreux lieutenant répond alors avec un immense sourire :
— Ils sont assez grands pour s’occuper sans nous. Et puis votre copine semble avoir un vrai appétit !
— Pff ! répond alors la belle officière avec un demi-sourire.
Fættenfjord, Norvège, 11 novembre 1944, 12 h 15
Ralph et Elisabeth
Ralph a entendu la première explosion. Il a scruté la bordée, mais aucune trace de Franck ni des Français. Puis la deuxième a retenti, et Elisabeth a pris les jumelles pour essayer d’apercevoir son ami parmi le fourmillement d’activité sur le pont principal. Mais toujours rien. Ils ont ensuite entendu le grondement des bombardiers en approche de leur cible. Elisabeth a commencé à s’énerver et à tourner en rond sur le petit bateau.
Cette fois, pas de petit choc contre la coque ; ou s’il y en a eu un, le vacarme des sirènes Tirpitz mêlé aux cris et ordres lancés depuis le « château » l’ont couvert. Cela n’a pas empêché les commandos de marine français de monter à bord. Les quatre mêmes hommes en tenue de caoutchouc se sont hissés sur la vedette que barre Ralph.
Elisabeth, toujours les jumelles sur les yeux, continue de scruter le pont où s’enchaînent maintenant les explosions. Toujours pas de Franck en vue. D’un coup, elle sursaute : deux bras l’ont ceinturée fermement et une voix grave lui glisse à l’oreille :
— Tu cherches qui sur ce foutu bateau ?
Elle sourit et se détend. Franck est là contre elle. Elle lui offre son plus joli sourire, puis une vue sur son cul alors qu’elle fait demi-tour pour se rendre près de Ralph pour l’informer de la fin de cette épuisante mission.
Quelques minutes plus tard, l’enfer s’est déchaîné sur le Tirpitz, qui contrairement à ce que disait l’amiral Dönitz, n’as pas résisté. Non seulement il a été mis hors de combat, mais il s’est renversé sur le côté et non posé à plat sur les hauts-fonds.
L’Oberbefehlshaber Dönitz est bien devenu le successeur d’Adolphe Hitler, pendant 24 heures.
Le corps du général von Vrykolakas n’a jamais été retrouvé.
L’équipe, au complet, est retournée à Londres. Pour de nouvelles missions… mais c’est une autre histoire.
— Je suis Kristina Goer, officier de propagande du bord. Vous devez impérativement venir me voir à mon bureau avant de prendre votre quart : je n’ai pas reçu de rapport sur vous.
Je prends un air penaud pour lui donner un semblant d’explication :
— Madame, je pense que le rapport a pu se perdre ; vous savez, Berlin est vraiment malmenée par l’alliance anti-allemande.
Une pirouette crédible, mais elle a toujours son air méfiant et tourne autour de moi comme un lion autour de sa proie.
— Dans mon bureau, au pas de course ! Pont 4, section 8.
Je pars immédiatement dans la direction indiquée, même si je m’éloigne de mon objectif ; mais j’ai un peu de temps, et il ne faudrait pas qu’elle me fasse arrêter. J’arrive rapidement à l’endroit indiqué et me poste au garde-à-vous devant la porte du bureau décorée de la croix gammée, attendant cet officier. Alors que je patiente, un très jeune marin arrive en courant jusqu'à moi.
— Un message urgent pour l’officier Goer !
Il me prend pour le planton de garde. Sans avoir l’air étonné, je lui dis :
— Donnez-le-moi ; je le lui transmets dès son retour.
Il me tend une feuille simplement pliée en deux, arrivée du PC transmission et repart aussitôt en courant. Je déplie le document et lis : Visite général von Vrykolakas confirmée ce jour 11 h 00 à votre bord / Portez fièrement les couleurs du parti / Sécurité renforcée / Grand-Amiral Dönitz.
La chance me sourirait-elle enfin ? Je range le papier dans la poche de mon pantalon, et cette fois-ci c’est le sourire de l’officier Goer qui me fait face.
— Entrez, matelot.
Je pousse la porte, me recule pour lui laisser le passage. J’en profite pour remarquer ses formes parfaites, puis j’entre à sa suite. Je referme la porte du carré, et passant son bras au-dessus de mon épaule, la femme ferme le loquet. Son visage est à quelques centimètres du mien, son parfum m’envahit les narines. Je vois sa lèvre rouge se pincer, puis elle se recule d’un mouvement vif et vient s’asseoir derrière son bureau.
Toujours debout, droit comme un I, le regard lointain, je ne bouge pas, attendant ses ordres.
— Repos, matelot, repos…
D’un coup elle semble lasse.
— Dans quel état est Berlin ?
Je lui réponds franchement (comme si j’en venais) :
— En ruines, bombardée chaque jour et chaque nuit, mais les Berlinois et le peuple allemand tiennent bon. Nous sommes forts et nous allons gagner cette bataille.
Elle baisse la tête, puis se redressant elle me fixe droit dans les yeux.
— C’est bien, vous avez le bon discours… Pourquoi êtes-vous ici ?
— Mon sous-marin a été coulé ; j’ai été réaffecté ici.
Son regard a perdu de son éclat. Elle se lève, me contourne, et une fois dans mon dos elle me murmure :
— Je n’ai plus la foi, plus le moral ; j’ai besoin de réconfort. Vous me semblez pouvoir répondre à ce désir.
Elle plaque une main sur mon torse, la seconde sur mon entrejambe.
Fættenfjord, Norvège, 11 novembre 1944, 11 h
Colonelle Thorp, Elisabeth, Ralph et Simone
La consigne est simple : on n’abandonne personne de vivant sur les lieux d’opération. Ce n’est pas une question d’honneur ou d’humanité, mais simplement une manière de s’assurer que personne ne parlera en cas de capture.
Les marins que Ralph et Simone ont débarqués de force sur le trajet qui les menait vers le Tirpitz risquaient d’être repêchés par des marins qui les auraient vus. Donc Ralph ne savait pas combien de temps ils avaient pour retrouver les deux « visiteuses » et Franck. Encore fallait-il être sûr que Franck avait pu monter à bord et mener sa propre part de l’action. Pourquoi donc Simone avait foutu ces matelots par-dessus bord ? Pour prendre possession du petit bateau qui faisait la navette entre la côte et le cuirassier ? Ou simplement parce qu’elle était folle ?
Arrivé au niveau de l’échelle de coupe, Ralph remarque que les deux femmes qu’ils attendent sont en train de descendre pour les rejoindre. Pas d’autres passagers qu’elles deux. Elles ont reconnu Ralph, qui remet les moteurs en route pour quitter la zone au plus vite. Simone, cachée près de Ralph dans la cabine, se lève et file rejoindre ses deux comparses.
— Vous avez vu Franck ?
La colonelle lui répond :
— Non, mais le navire est tellement grand que nous avions peu de chance de le croiser. Nous avons fait ce que nous devions : dans une heure le système de communications du Tirpitz sera HS.
Et Elisabeth d’ajouter :
— Et le feu devrait se déclencher au même moment dans la soute à obus. Ça va foutre une sacrée pagaille !
Simone sourit et renchérit :
— Et nous avons un bateau pour aller déclencher les explosifs près des filets anti sous-marins et récupérer Franck vers 11 h 30 à la poupe de ce foutu bateau.
— À la poupe du Tirpitz ? demande Ralph.
Toute fière d’elle, la blonde précise :
— Oui, j’ai tout prévu. S’il n’est pas là, c’est qu’il est mort. Et nous aurons d’autres problèmes à gérer si tel est le cas.
Son air mystérieux intrigue ses trois compagnons.
— J’ai mis en place un plan de sauvetage pour Franck : un beau marin que j’ai un peu « retourné » doit l’aider à quitter le navire. Si j’ai bien fait mon boulot, il l’aidera… sinon il me balancera : Franck sera arrêté, et nous devrons faire au plus vite pour prendre le large.
Mademoiselle Thorp fronce son joli nez : le plan lui semble un peu bancal, mais elle n’a pas le temps d’en mettre un autre au point.
La vedette file maintenant à vive allure vers la zone nord du fjord, dont l’entrée est barrée par des filets empêchant les sous-marins alliés d’y pénétrer. Il leur faut se rapprocher pour que leur petit émetteur puisse être efficace et actionner les explosifs posés par Ralph et Simone pendant la nuit. Il faudra le faire à 15 heures précisément, heure du début de l’attaque alliée.
Ralph approche l’embarcation de la pointe de la côte pour y déposer au moins deux de ses passagères ; elles mettront en route l’émetteur depuis la terre ; lui, il retournera près du Tirpitz pour récupérer son acolyte.
Simone et la colonelle descendent du petit bateau, faisant signe à Ralph de reprendre le large. Elles partent se cacher immédiatement dans la forêt qui recouvre la côte. S’enfonçant sous les frondaisons, elles sont ainsi hors de vue d’un éventuel bateau de pêche ou de surveillance. Fatiguées par ces péripéties matinales, elles trouvent rapidement un endroit pour se poser et souffler enfin quelques heures.
Simone, toujours hyperactive, ne sait pas rester sans rien faire et ne cesse de parler à la colonelle, qui se lève d’un bond de la souche sur laquelle elle était assise, saisit Simone aux épaules et plaque sa bouche sur la sienne. Simone ouvre de grands yeux surpris, mais comme le baiser dure elle commence à le rendre avec fougue. Cette fois, c’est mademoiselle Thorp qui est surprise ; essayant de se défaire de l’emprise de la blonde vorace, elle recule, trébuche et s’affale sur le sol couvert de mousse, entraînant avec elle sa nouvelle partenaire.
Toute deux rient de bon cœur, puis les regards se croisent de nouveau et Simone prend cette fois-ci l’initiative et plonge vers le visage de son officier. Leurs langues se cherchent, se trouvent et se caressent. Les deux femmes semblent ne plus avoir cure de la réalité et commencent à se caresser mutuellement, se découvrant des désirs cachés.
Fættenfjord, Norvège, 11 novembre 1944, 10 h
Uriel Blanke (Franck)
Après m’avoir à moitié déshabillé, et toujours assis sur la chaise en face de son bureau, Kristina – l’officier de propagande – m’a longuement sucé la queue, lui donnant la dureté souhaitée, puis elle a retroussé sa jupe et sans plus de préliminaires s’est installé à califourchon sur moi et a commencé à me chevaucher. J’ai à peine eu le temps de prendre conscience qu’elle s’empalait, pas eu le temps de la saisir aux hanches que déjà elle s’est mise à jouir en râlant.
Même pas le temps de commencer à jouer avec son corps, qui sous l’uniforme me semble parfait, que déjà elle se redresse elle réajuste sa jupe qu’elle avait retroussée, passe sa main dans ses cheveux pour en vérifier la parfaite tenue et reprend son rôle d’officier de propagande. Elle doit avoir pas mal de plaisir à rattraper pour jouir aussi vite !
Je me redresse pour remettre mon pantalon, me tourne une seconde vers la porte pour me reboutonner, et lorsque je me rassois elle me met un pistolet sous le nez et en riant me dit :
— Je vous arrête, Lieutenant Franck Salomon !
Pas le temps de réagir. Comment a-t-elle su ? Au même moment entrent dans le petit bureau deux soldats armés de fusils-mitrailleurs. Impossible de lui échapper ; je suis fait comme un rat. On me menotte et on me traîne dans le couloir où, sans surprise, je me retrouve nez à nez avec le général von Vrykolakas. Il me salue poliment, puis en secouant la tête comme par dépit et avec un sourire il me dit simplement :
— Encore une fois, Lieutenant. Mais cette fois je tiens toute votre équipe.
Fættenfjord, Norvège, 11 novembre 1944, 11 h 15
Colonelle Thorp et Simone
Les deux femmes s’amusent ; leurs bouches se dévorent, se découvrent, et leurs langues s’emmêlent. Les mains parcourent les corps, les seins sont palpés, les fesses pressées et les sexes explorés, mais cela ne dure pas bien longtemps. Les deux femmes allongées dans la mousse ont à peine le temps d’entendre un bruit de branches cassées que les commandos allemands les entourent. Armes automatiques à la main, sourire aux lèvres, les hommes se régalent de l’instant. Ils font se relever les deux femmes échevelées et à moitié dénudées.
L’officier leur annonce alors :
— Nous vous arrêtons pour espionnage, attentat contre le Reich, et comme vous portez des uniformes de notre prestigieuse armée, vous serez considérées comme des civils et non comme des soldats. Mesdames, veuillez nous suivre.
La dernière phrase fait froid dans le dos de la colonelle : en effet, être fait prisonnier en tant que civil autorise le régime nazi à tous les traitements possibles, les soldats étant un peu plus « protégés »… juste un peu.
Les soldats embarquent les deux femmes sans leur laisser le temps de se redonner une apparence digne, et c’est sous les rires gras et les commentaires graveleux qu’elles montent à bord d’une vedette rapide qui vient d’arriver.
— Votre petit plan semble avoir foiré, glisse la colonelle à l’oreille de sa complice.
Simone ne répond pas ; elle sait qu’elle a été naïve et que son plan n’était pas solide. Du coup, toute son équipe va être prise par sa faute, et elle s’en veut terriblement.
L’un des hommes du commando s’approche d’elle, cigarette au bec et un sourire narquois au coin des lèvres.
— Alors les filles, on s’amusait ? Vous ne saviez pas quoi faire en nous attendant ?
Ni l’une ni l’autre ne relève la remarque graveleuse, et elles baissent la tête. Mais l’homme ne veut pas en rester là : il avance sa main vers le sein dénudé de mademoiselle Thorp qui l’arrête d’une tape violente sur les doigts. La réponse de l’homme est instantanée : il lui balance une gifle qui la fait tomber de son banc. Simone se lève pour s’interposer, mais un autre soldat la saisit par le bras pour la faire asseoir. Le premier tend la main à la femme au sol et l’aide à reprendre sa place.
— Elle a du caractère, la petite pute !
Simone fulmine et va pour répondre quand son officier, posant sa main sur sa cuisse, la retient et dit :
— Je ne suis pas une pute, mais officier de l’armée britannique. Veuillez vous comporter en gentlemen !
— Gentlemen ? Mon cul ! On vient de passer deux ans à Stalingrad et crois-moi, on en a baisées de plus rebelles que toi !
Sur ces mots il traîne sans ménagement son interlocutrice par le bras vers l’arrière du bateau.
Simone, toujours prompte à réagir, se lève et tente de s’interposer ; mais l’homme qui l’avait déjà retenue se lève à son tour et la gifle fortement.
— Si tu ne veux pas crever maintenant, tu te calmes. On tient votre complice sur le Tirpitz et on sait qu’il y en a encore deux autres. On a besoin de vous vivantes pour les attraper, alors tu t’assois et tu laisses faire.
Frottant sa joue, elle se relève et s’assoit. Vivantes : ils ont besoin de les interroger, et ils vont les tenir en vie encore un moment. Mademoiselle Thorp va subir un viol, on va sûrement les battre, les torturer, mais pour l’instant les Chleuhs les gardent vivantes.
Les cris qui lui parviennent de l’arrière du bateau, derrière le poste de pilotage, lui confirment que l’homme abuse de mademoiselle Thorp ; mais ce que ne sait pas encore Simone, c’est que les cris en question ne sont pas ceux d’une femme violée.
Fættenfjord, Norvège, 11 novembre 1944, 11 h 45
Ralph et Elisabeth
Ralph fait avancer l’embarcation au plus près de la forteresse nautique allemande. Pas trop cependant, pour ne pas attirer l’attention. Au moment où il va couper le moteur de l’embarcation, un choc contre la coque le surprend.
— Tu as entendu ? lui lance Elisabeth.
Pas le temps de lui répondre que Ralph se retrouve avec un couteau de combat sous la gorge alors qu’il voit des hommes, en tenue de plongée, qui montent à bord de son petit bateau.
Des « marsouins » français : Ralph en reconnaît l’uniforme. Elisabeth aussi, et elle leur crie :
— Nous sommes des Britanniques !
Celui qui semble être l’officier arrête alors tout mouvement de ses hommes par un geste de la main. Il s’approche de la jolie brune et lui demande des codes d’identification afin de prouver que nous sommes bien ce qu’elle prétend.
Après quelques minutes d’une attente interminable – surtout pour Ralph dont la gorge est toujours menacée par une lame – l’officier les relâche enfin. Il explique alors que l’opération est avancée et que ses hommes sont pour la plupart sur la côte, à l’endroit précis où sont cachées les deux autres officiers britanniques.
Ralph, à son tour, explique leur mission. Il faut maintenant conjuguer leurs forces pour récupérer Franck, faire sauter les mines sous-marines pour détruire les filets, activer les brouillages et permettre ainsi l’assaut des sous-marins et des avions.
Les quatre hommes-grenouilles se cachent dans la petite cabine du bateau. Le colonel Vayda, l’officier français commandant ce petit détachement, appelle alors le reste de sa troupe restée à terre. Sans résultat. Ralph navigue lentement au large du monstre d’acier, cherchant du regard le moindre signe de vie de son ami. L’officier français lui dit alors :
— Restez à distance ; nous allons tenter de nous approcher du Tirpitz pour provoquer une diversion. Vous viendrez nous récupérer à la bordée quand tout aura pété ; votre ami en profitera sûrement.
— Je l’espère sincèrement, ajoute Elisabeth.
Les quatre soldats replongent dans les eaux froides de la mer du Nord et disparaissent rapidement.
Ralph et Elisabeth ne peuvent rien faire de plus pour le moment.
Fættenfjord, Norvège, 11 novembre 1944, 12 h
Uriel Blanke (Franck)
Me voici bien pris ! Impossible de quitter les lieux, et je n’ai pas eu le temps d’activer le système de brouillage que ma comparse a discrètement mis en place. Nous avons été découverts, et j’ai bien peur que cette fois nous soyons dans une posture définitivement mortelle. Quoi qu’il arrive, dans quelques minutes, l’enfer va s’abattre sur ce bâtiment et ses occupants, moi y compris.
L’opération Tungsten du mois d’avril a échoué ; celle-ci doit aboutir coûte que coûte ! Et l’aviation va mettre le paquet : des bombes Tallboy, ce qui se fait de plus gros, et Dönitz sera bien forcer de constater que son navire n’est pas indestructible !
Pour le moment j’ai été enfermé dans un cachot à fond de cale et j’attends la visite de mon tortionnaire improbable. Ce général est décidément très difficile à tuer ; peut-être que si je parviens à le retenir assez longtemps dans les tréfonds du navire, il mourra avec moi sous les bombes anglaises. Mais pour le moment il doit être occupé à retrouver mes camarades qui, je l’espère, auront de leur côté réussi leur part de la mission.
Quand la porte de ma cellule s’ouvre, je me suis préparé à toutes les éventualités, mais pas à celle-ci ! En effet, ce ne sont ni mes camarades attrapés par les commandos allemands, ni même ce général fort étrange : non, ce sont des hommes en tenue de plongée qui ouvrent ma cellule.
Après un échange rapide sur qui fait quoi, je les suis vers une incroyable issue. En effet, le Tirpitz possède sous sa ligne de flottaison un accès pour les plongeurs. Le commando de marins français l’a emprunté ; ils n’ont rencontré qu’une personne, avec le concours involontaire de laquelle ils m’ont assez facilement retrouvé. L’infortuné marin a pris ma place dans la cellule. Il faut dire que le plus gros de l’équipage du Tirpitz est à terre ; ne restent à bord que les artilleurs et le personnel nécessaire au fonctionnement minimum de la forteresse. Les fonds de cale sont donc des zones quasi désertes.
Portant toujours l’uniforme de la Kriegsmarine, je devance les marsouins, leur ouvrant le passage.
— Je vais activer tous les systèmes que mes camarades et moi avons mis sur ce bateau. Assurez-vous que nous pourrons nous échapper.
Le colonel Vayda me tend un pistolet Lüger pris, semble-t-il, au marin. Les quatre soldats d’élite filent préparer leur matériel et me dégotter de quoi les suivre. Il me faut juste éviter de croiser Kristina, l’officier de propagande nymphomane du bord, et surtout le général von Vrykolakas, même si je rêve de m’en débarrasser une bonne fois pour toutes.
Je remonte sur les ponts supérieurs et active les bombes et autres brouilleurs que nous avons positionnés. Ce n’est pas simple : je ne dois croiser aucun des hommes qui m’ont attrapé, aucun officier informé de ma présence à bord, tout en déambulant à des niveaux où j’ai toutes les chances d’être en leur présence. Mais après quelques minutes de contorsions entre portes et coursives, les Français m’offrent une belle opportunité : en effet, une explosion qui me semble arriver de la poupe sème la panique à bord. Les marsouins ont dû provoquer une explosion dans la salle des moteurs car je croise de nombreux marins qui se dirigent vers cette zone.
Je profite donc de ce moment de confusion pour œuvrer. Une fois tous les systèmes activés, je me mets en chasse de ma cible préférée depuis quelque temps… et c’est en arrivant devant la cabine de l’officier Kristina Goer qu’enfin une opportunité se présente : la porte du bureau est fermée, mais les bruits qui proviennent de l’intérieur ne laissent aucun doute sur ce qui s’y passe.
Je pousse doucement la roue de métal qui fait office de loquet et passe la tête dans l’entrebâillement.
À genoux sur la couchette, la belle Kristina, la jupe relevée sur la taille et les seins à l’air, s’offre au général. Elle est comme je l’avais imaginée : fort bien faite. De beaux seins blancs, un cul bien rond, et des hanches qui donnent envie de s’y cramponner, ce que fait actuellement le général, sa queue ayant pris possession de sa féminité, en levrette. La jeune femme semble jouir pleinement de cette pénétration, fort active, de son supérieur.
J’entre alors dans la pièce, l’arme à la main.
— Cette fois, c’est moi qui suis navré pour vous, général.
Il sourit, se retire de sa compagne et se met debout près de la couche où il œuvrait. Il est presque nu. Son pantalon en tirebouchon sur ses bottes de cavalerie, le sexe toujours bien dressé, il ne semble pas affecté par l’humiliation que je lui inflige. Kristina, quant à elle, est rouge cramoisi. Au moment où elle se relève, sa jupe tombe à ses pieds, et son chemisier grand ouvert m’offre ses deux beaux seins en pâture.
Je me saisis alors des liens qui étaient précédemment les miens et attache le général aux pieds du bureau ; ce meuble étant fixé au sol, il ne pourra s’en défaire. J’hésite entre l’abattre froidement et le laisser là, mourir sous les bombes alliées. Quant à Kristina, elle semble avoir retrouvé son aplomb malgré la situation et me regarde droit dans les yeux, froidement.
— Qu’allez-vous faire de moi ? me lance-t-elle ; vous n’irez pas loin, vous êtes en territoire hostile !
— T’inquiète, cocotte, je sais exactement ce que j’ai envie de faire.
Sous la menace de mon arme, je lui fais signe de reprendre la position qu’elle occupait quelques instants auparavant sur la couchette. Elle obtempère mollement.
— Je n’ai pas eu le temps de m’occuper dignement de vous tout à l’heure. Le temps me manque encore une fois, mais je vais vous offrir un moment sympathique.
Je passe un corde derrière ses genoux et, la forçant à les plier, les ramène presque contre sa poitrine. Je lie ensuite les mains de la belle Kristina, et la soulevant légèrement du sol, la suspends à la couchette supérieure qui jusque-là était repliée. Pour finir ma mise en scène, je brise la chaise de bois de son bureau et me saisis de l’un de ses pieds. Sans ménagement, je l’enfile dans son sexe encore dégoulinant de son activité avec l’officier allemand. Le godemichet improvisé se loge profondément en elle. Elle geint, plus de douleur que de plaisir. Je la bâillonne en lui fourrant sa propre culotte dans la bouche.
La scène me plaît. Elle ne peut se défaire du jouet que je lui ai imposé, suspendue qu’elle est à quelques centimètres du sol. Je pose alors sur sa tête la casquette de son général et la laisse ainsi. Quant à cet homme, ma décision est prise : je pose mon arme contre sa tempe et appuie sur la queue de détente. Il s’effondre sans un bruit.
Une seconde explosion vient interrompre ma mise en scène : c’est la soute à bombes qui vient d’être détruite. Il semblerait que nos préparatifs commencent à mettre la forteresse en péril ; il est temps pour moi de quitter les lieux. Je salue la dame d’un sourire et quitte la cabine en direction du pont principal.
Fættenfjord, Norvège, 11 novembre 1944, 12 h
Simone et la colonelle Thorp
Silencieusement, l’homme arrive derrière le soldat qui tient la jolie blonde. Elle l’a aperçu mais n’a pas cessé de se débattre contre l’homme qui veut la violer. L’éclair d’une lame, et l’Allemand s’effondre avec un drôle de cri aigu. La colonelle Thorp sourit à son sauveur : un marsouin français, elle en a reconnu l’uniforme. Il pose un doigt sur ses lèvres pour lui demander de garder le silence. Deux autres soldats montent alors par le banc arrière de la vedette sur laquelle le commando allemand les ont fait embarquer.
Elle se recule et constate, en regardant par-dessus bord, que c’est un groupe d’une quinzaine d’hommes qui étaient accrochés derrière le bateau qui est en train d’envahir les lieux. Tous montent silencieusement et avancent vers la proue. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, les Allemands se retrouvent prisonniers sur leur propre vedette. En quelques minutes, les Français ont ligoté leurs prisonniers et se sont rendus maîtres de l’embarcation. La vedette fait alors demi-tour pour revenir là où les deux jeunes femmes devaient patienter et finalement actionner l’émetteur qui activerait les bombes sous-marines.
Un lieutenant français annonce alors à la colonelle Thorp :
— Nous avons tout vu ; nous vous attendions un peu plus loin. Quand les Allemands vous ont fait prisonnières, nous étions là pour vous aider et avancer l’heure du début. Il faut détruire les filets immédiatement : nos sous-marins attendent pour attaquer le Tirpitz. Les bombardements commencent dans quelques minutes.
— Déposez-nous sur la pointe, nous allons faire ce qu’il faut.
Puis, se remémorant les mots du beau lieutenant, la jolie blonde rosit et lui dit :
— Vous avez « tout » vu ?
— Oui, Madame, tout. Et j’avoue que je serais curieux d’en voir plus…
Il arbore alors un large sourire en direction des deux femmes, puis leur lance un clin d’œil avant de reprendre un sérieux de mise.
— Simone ira déclencher l’émetteur avec deux de mes gars : j’ai ordre de vous garder près de moi.
Arrivés à la pointe du fjord, Simone et les deux soldats quittent le bord et filent vers leur cible.
— Nous viendrons les récupérer cette nuit, après l’attaque : à cet endroit ils sont en sécurité, il y a une heure, nous avons bousillé l’artillerie qui était installée là.
— Mais que vont-ils faire jusqu’à cette nuit ?
Le ténébreux lieutenant répond alors avec un immense sourire :
— Ils sont assez grands pour s’occuper sans nous. Et puis votre copine semble avoir un vrai appétit !
— Pff ! répond alors la belle officière avec un demi-sourire.
Fættenfjord, Norvège, 11 novembre 1944, 12 h 15
Ralph et Elisabeth
Ralph a entendu la première explosion. Il a scruté la bordée, mais aucune trace de Franck ni des Français. Puis la deuxième a retenti, et Elisabeth a pris les jumelles pour essayer d’apercevoir son ami parmi le fourmillement d’activité sur le pont principal. Mais toujours rien. Ils ont ensuite entendu le grondement des bombardiers en approche de leur cible. Elisabeth a commencé à s’énerver et à tourner en rond sur le petit bateau.
Cette fois, pas de petit choc contre la coque ; ou s’il y en a eu un, le vacarme des sirènes Tirpitz mêlé aux cris et ordres lancés depuis le « château » l’ont couvert. Cela n’a pas empêché les commandos de marine français de monter à bord. Les quatre mêmes hommes en tenue de caoutchouc se sont hissés sur la vedette que barre Ralph.
Elisabeth, toujours les jumelles sur les yeux, continue de scruter le pont où s’enchaînent maintenant les explosions. Toujours pas de Franck en vue. D’un coup, elle sursaute : deux bras l’ont ceinturée fermement et une voix grave lui glisse à l’oreille :
— Tu cherches qui sur ce foutu bateau ?
Elle sourit et se détend. Franck est là contre elle. Elle lui offre son plus joli sourire, puis une vue sur son cul alors qu’elle fait demi-tour pour se rendre près de Ralph pour l’informer de la fin de cette épuisante mission.
Quelques minutes plus tard, l’enfer s’est déchaîné sur le Tirpitz, qui contrairement à ce que disait l’amiral Dönitz, n’as pas résisté. Non seulement il a été mis hors de combat, mais il s’est renversé sur le côté et non posé à plat sur les hauts-fonds.
L’Oberbefehlshaber Dönitz est bien devenu le successeur d’Adolphe Hitler, pendant 24 heures.
Le corps du général von Vrykolakas n’a jamais été retrouvé.
L’équipe, au complet, est retournée à Londres. Pour de nouvelles missions… mais c’est une autre histoire.
FIN
Auteur : Oshmonek
__________________________
Notes
Le Tirpitz était protégé dans le Fættenfjord par des filets anti sous-marins et des écrans de fumée. Plusieurs tentatives infructueuses eurent lieu pour le détruire, en commençant par un bombardement (27 avril 1942) puis il fut finalement positionné au-dessus d'un haut-fond aplani pour la circonstance : ainsi, si le bâtiment était gravement touché, il irait simplement se poser sur le fond sans chavirer et demeurerait la forteresse qu'il était devenu.
Le Royal Air Force Bomber Command, après les bombardements de l'opération Tungsten du 3 avril 1944, eut raison du Tirpitz le 12 novembre 1944 par une attaque avec des bombes Tallboy perforantes de six tonnes. Contrairement aux espoirs de l'amiral Dönitz, le navire, touché dans une réserve de munitions, chavira. L'absence d'équipage autre que les artilleurs et les techniciens indispensables à l'alimentation du navire réduisit les pertes humaines. Bon nombre de marins, coincés à l’intérieur la coque retournée, furent sauvés grâce à la découpe de celle-ci, restée émergée du fait de la faible profondeur. On dénombra néanmoins 971 morts.
Le Tirpitz était protégé dans le Fættenfjord par des filets anti sous-marins et des écrans de fumée. Plusieurs tentatives infructueuses eurent lieu pour le détruire, en commençant par un bombardement (27 avril 1942) puis il fut finalement positionné au-dessus d'un haut-fond aplani pour la circonstance : ainsi, si le bâtiment était gravement touché, il irait simplement se poser sur le fond sans chavirer et demeurerait la forteresse qu'il était devenu.
Le Royal Air Force Bomber Command, après les bombardements de l'opération Tungsten du 3 avril 1944, eut raison du Tirpitz le 12 novembre 1944 par une attaque avec des bombes Tallboy perforantes de six tonnes. Contrairement aux espoirs de l'amiral Dönitz, le navire, touché dans une réserve de munitions, chavira. L'absence d'équipage autre que les artilleurs et les techniciens indispensables à l'alimentation du navire réduisit les pertes humaines. Bon nombre de marins, coincés à l’intérieur la coque retournée, furent sauvés grâce à la découpe de celle-ci, restée émergée du fait de la faible profondeur. On dénombra néanmoins 971 morts.
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