samedi 6 décembre 2014

Youri Batar et la Liqueur Sacrée (4)

 Lisez le chapitre 3
--- Chapitre 4 : La bibliothèque ---


Cordery, Run et Youri arrivèrent en haut des escaliers du bureau – très haut de plafond – de Mc Gottadeal, sur la coursive, et grimpèrent encore une sorte d'échelle pour arriver dans des combles un peu poussiéreux. Finalement, Cordery, regardant de tous côtés, poussa un cri : « Là ! » en désignant une petite porte carrée dans un recoin du plafond, comme une trappe, en bois foncé d'un aspect qui leur parut curieux quand, courbés en deux, ils furent arrivés devant.
La jeune fille, nerveuse, regarda ses amis et chuchota :
— On y va ?
— On y va ! répondirent les garçons d'une seule voix.

Elle prit sa respiration, s'empara de la poignée en métal noir et, l'ayant tournée, poussa la porte, qui s'ouvrit.
Derrière, c'était l'obscurité. Elle jeta un coup d'œil à l'intérieur, et sans consulter personne Youri prit sur lui de s'engager le premier. Cordery suivit, et Run ferma la marche et la porte derrière lui.

Leurs yeux s'habituèrent à l'obscurité, puis la lumière sembla augmenter graduellement.
Ils étaient debout dans une pièce aussi haute de plafond, plus même, sans doute, que le bureau de la directrice. Une pièce ample, haute et chaleureuse, couverte de rayonnages de bois sombre sur plusieurs niveaux. Le cuivre doré de rambardes, d'éléments d'escaliers, luisait à la lumière douce et rougeoyante de jolies lampes à huile réparties régulièrement dans cet espace confortable.
D'épais tapis couvraient le sol, et comme indiqué précédemment par le tableau du comte, des divans rouges qui semblaient très moelleux entouraient l'espace central occupé par une grande table avec des piles de livres posées dessus.
Ce lieu hors de l'espace intelligible était reposant ; le silence y régnait et tout donnait envie de parler à voix basse.
Quand ils s'approchèrent de cette longue table recouverte de cuir grenat qui trônait devant eux, c'est une voix comme transparente, immatérielle, qui retentit dans une sorte de murmure chaleureux : « Bienvenue dans ma bibliothèque, mes jeunes amis ! »

Ils virent alors apparaître le fantôme du comte Gabriel de Clift, élégant avec sa tenue carmin, son épée luisante aux décors dorés, et sa fraise de gentilhomme. Ses yeux brillaient et, nuageux, il se déplaçait avec grâce, venant vers eux, en souriant.
— Bienvenue dans une bibliothèque qui réunit une collection tout à fait appréciable, et unique, d'ouvrages choisis de tous ordres consacrés à ce que d'aucuns appellent pudiquement "la chose", c'est-à-dire le sexe, à travers différents genres : l'Histoire, la sociologie, la médecine, le crime, et bien sûr les romans et les essais usant de l'érotisme, la pornographie.

Le comte fit une révérence à Cordery (il ne semblait regarder qu'elle) et poursuivit :
— Vous trouverez ici ce que vous cherchez mais aussi, plus important, instructif et excitant, ce que vous ignorez et ne supposez même pas, ce que vous frémirez de découvrir avoir été publié. Vous trouverez de l'amusant, du scandaleux, du troublant, du dégénéré, de quoi émoustiller, violemment exciter ou dégoûter aussi, bien que ces réactions soient fonction de votre état d'esprit du moment : il faut en venant ici être ouvert, curieux et gourmand…

Les yeux ronds et visiblement charmée, Cordery observait le décor confortable et feutré, les rayonnages, tandis que Run et Youri regardaient plutôt le fantôme. Il y avait chez Run une indéniable méfiance, dont il ne cherchait pas à se cacher.

— Comment se présentent les collections ? Quel est votre système de classement ? demanda la jeune fille.
— Je vais vous expliquer, chère Demoiselle, comment s'organisent les lieux. Mais auparavant, permettez-moi de vous dire que jamais à ma connaissance – et je fréquente les lieux depuis des siècles et préside à chaque visite – jamais n'est venue en ces lieux de si jolie et charmante jeune femme, ou même femme, tout simplement…
— Oh, je commence à vous connaître, sourit Cordery, même si j'ai rencontré vos représentations depuis seulement quelques minutes : je suis certaine que vous faites ce compliment à chaque visiteuse, pour la flatter… ou quand vous étiez vivant, pour arriver à vos fins, fameux séducteur que vous êtes. Rassurez-moi, ajouta-t-elle en fronçant légèrement les sourcils : vous êtes actuellement inoffensif ?

Le fantôme éclata d'un grand rire ; il paraissait beaucoup s'amuser.
— Hélas, Mademoiselle, répondit-il quand son rire se fut calmé, trois fois hélas, vous pouvez être rassurée : je suis effectivement inoffensif depuis mon décès, et mon statut de fantôme vous met à l'abri d'un hommage trop appuyé de ma part. Croyez bien que j'en suis désolé – pour ne pas dire mortifié – malgré la bonne humeur que vous suscitez : vous êtes charmante, Mademoiselle, en plus d'être jolie. Et comme disent les Modernes, vraiment sexy. Je peux d'ailleurs vous certifier que mon compliment est absolument authentique. Il y a bien eu quelques étudiantes fort appétissantes qui ont fréquenté cette bibliothèque au fil des siècles, invitées par des professeurs dont la plupart avaient, comme l'on dit, des idées derrière la tête – idées bien présentes au creux du pantalon – mais aucune ne valait, je vous l'assure, le charme dont vous faites preuve.
— Bon, ça va aller ? lâcha Run, la mine sombre.
— Oh, je vois poindre de la jalousie. Ne soyez pas possessif, mon jeune ami, surtout que je ne suis qu'un ectoplasme…
— Bavard, l'ectoplasme ! répondit Run en ricanant

Le fantôme approuva en riant avant de reprendre en s'adressant à Cordery :
— Dooonc, chère amie, la collection de la bibliothèque se présente sur trois niveaux : au rez-de-chaussée où nous sommes, les ouvrages légers, évocateurs, humoristiques, incitateurs, joliment grivois, et les recueils de poèmes qui ne sont pas assez explicites pour figurer au premier niveau, lequel regroupe les ouvrages traitant sur différents registres de la sexualité de façon claire et non-elliptique ; ce secteur peut aller jusqu'à la pornographie, mais les choses les plus crues, violentes, désespérées, perverses et franchement dérangeantes se trouvent au dernier niveau. À ce niveau, en haut de l'enfer, sont les ouvrages dont les auteurs, pour la plupart, ont payé de leur vie la publication – souvent clandestine – de leurs obsessions les plus marquées. La société, qu'elle soit mougle ou celle des sorciers, ne supporte pas ce genre de débordements, surtout lorsque l'on souhaite les partager… Les plus habiles ont su rester anonymes, mais souvent ils moururent de leurs passions malmenées, et objectivement insupportable par le système. Et donc… Où en étais-je ? Ah oui : j'allais vous expliquer le classement, triple et multiplié par deux.
— Comment cela ? questionna Cordery, intriguée, d'autant qu'elle était très connaisseuse de l'univers des bibliothèques.
— Triple parce qu'à chaque niveau, trois parties et classements différents : par auteur, par titre et par spécialité sexuelle. Ainsi, un ouvrage traitant par exemple de liens, ou "bondage", comme on dit maintenant, et de sodomie, sera présent dans les deux sous-sections "Bondage-liens" et "Sodomie", et également dans la partie par auteur et dans celle par titre.
— Trois entrées, donc, comme on dit.
— Exactement, chère amie, s'exclama le comte, ou ce qu'il en restait de vivace. Et multiplié par deux, car le classement triple concerne d'un côté les ouvrages mougles d'auteur tels que le marquis de Sade, bien entendu, mais également Henry Miller ou la Française Catherine Millet – amusant d'ailleurs comme leur nom de famille sont proches ! – et de l'autre les ouvrages de sorciers, avec des ouvrages de Wallace Vertanus, Soucy Vitenbar ou Calmos Sementz. Mais la section de ces derniers est moins fournie, hélas. Un vieux fond de pudeur, sans doute, un puritanisme de la robe et du balai. Voilà, vous savez tout. Je vous laisse regarder, et si vous cherchez quelque chose…
— Merci de vos explications, salua Cordery d'un hochement de tête en souriant. Nous allons jeter un coup d'œil par nous-mêmes, et vous nous aiderez sans doute si nous ne trouvons pas ce que nous cherchons…

Run, lui, aurait volontiers écourté la visite en demandant directement au fantôme les ouvrages traitant des créatures magiques, ce qu'avait vainement cherché Cordery dans la bibliothèque officielle de l'école. Mais cette dernière, c'était évident, était folle d'impatience de découvrir l'endroit et tous ces livres, plus sans doute parce que c'était une bibliothèque inconnue que parce que cette collection sentait le soufre.

Les trois amis partirent donc à la découverte des rayonnages, et allèrent au hasard de leur curiosité de surprises en découvertes, poussant parfois des exclamations, le plus souvent muets de stupeur et de trouble devant ce qu'ils lisaient.
Au fur et à mesure qu'ils montaient dans les niveaux supérieurs, ils devenaient tout rouges, et au dernier niveau ils pâlirent parfois en lisant des passages sadiens ultra-violents, des ouvrages de magie noire appliquée au plaisir extrême, ou les excentricités morbides de l'Anglais dans son château fermé.

Ils redescendirent, très perturbés. Ils avaient chaud, Cordery avait le regard vague et les garçons avaient une érection irrépressible. L'état de trouble avancé des trois visiteurs sembla combler d'aise le gardien translucide de l'infernale bibliothèque, qui glissa à Run qui descendait l'escalier, à voix très basse :
— Mon jeune ami, ce serait peut-être le moment de te détendre un peu en compagnie de cette délicieuse jeune fille, sur l'un de nos sofas… Elle semble toute chamboulée par ses lectures…
— Oui c'est vrai… je… bafouilla Run tout rouge, mais un regard impérieux et mécontent de Cordery, qui de loin avait compris de quoi il était question, le dissuada de poursuivre.
— Monsieur le Comte, lança-t-elle, nous recherchons des ouvrages, ou au moins un ouvrage de référence, sur… la sexualité des créatures magiques.
— Oh, mais bien évidemment, j'ai cela, Miss. Très intéressant sujet. En préférez-vous une vision légendaire et ancienne, ou bien une approche moderne ? J'ai un très intéressant manuscrit, plein de visions poétiques débridées, datant de la Table Ronde, rien de moins, et un traité didactique récent, exhaustif et tout aussi passionnant.
— Le traité didactique : nous cherchons un renseignement précis sur… une éjaculation.

Le fantôme lui jeta un regard surpris et intéressé et fit un geste vers le premier niveau, sur la droite de la pièce. Un ouvrage de grande dimension quitta alors les rayonnages, flotta en travers de l'espace et vint doucement se poser sur la grande table de bois sombre, face à Cordery émerveillée.

— « Les créatures magiques : plaisir, fantasmes et pulsions » lut-elle, par Banderillo Vulva, Docteur en Sexologie magique à l'Université Parallèle du Sussex.
— Une sommité ! commenta, ravi, le comte de Clift.

La jeune fille ouvrit l'ouvrage, consulta l'index, puis feuilleta les pages. Les illustrations magiques, photos ou gravures, étaient animées, et l'effet était plus que troublant.

— Oooh ! s'exclama soudain Run, vous avez vu ?

Les trois amis, stupéfaits, parcoururent des yeux la double page traitant de la sexualité des sirènes.

— Écoutez cela, murmura Cordery, avant de lire un passage du texte d'une voix qu'elle s'évertua à rendre calme et posée malgré son trouble :
« Les sirènes sont très douées pour l'amour et le plaisir, et présentent ce trait physique particulier qu'elles n'ont pas de vagin, mais une fente discrète sous leurs fesses qui sont, comme chacun le sait, d'aspect humain mais couvertes d'écailles, et sans pli fessier.
Elles se servent de cette fente quasiment indétectable pour pondre leurs œufs, sans avoir reçu au préalable de semence de leur équivalent masculin puisqu'il n'existe pas : c'est une société de femmes-poissons qui s'auto-reproduit à raison de dix petites sirènes par siècle.
Mais le plaisir, donc, les sirènes connaissent : sans sexe au sens humain ou animal du terme, elles sont en revanche très sensibles au niveau des seins, et sont capables d'orgasme par ce biais si on les caresse ou si elles-mêmes se caressent, ce qui est très fréquent car elles pratiquent beaucoup le plaisir solitaire. Avec les marins perdus qu'elles ont attirés par leurs chants et leurs appâts physiques irrésistibles, elles ont une habitude émouvante et hélas assez peu connue du grand public, y compris non-mougle : par leur pouvoir magique très rare, elles stoppent le temps avant que les malheureux ne se noient, et leur offrent une dernière jouissance entre deux eaux le plus souvent, mais aussi dans le chaos des épaves de navires fracassés sur les rochers, dans la tempête qu'elles suspendent. Avec la bouche, elles sucent ces hommes comme jamais aucun, c'est certain, ne le fut : ce sont des expertes de la fellation, et pour les plus inspirées d'entre elles, entre leurs seins, ce qui permet aux victimes condamnées des délices inouïes avant que le temps ne reprenne son cours et que la mort ne les emporte. Cette façon de faire, même si on n'en connaît que rarement ce détail, a beaucoup fait pour la réputation effrayante et éminemment sexuelle des sirènes.
Il est à noter que j'ai personnellement, au cours de mes recherches sur la question, eu de nombreux rapports sexuels de ce type avec des sirènes : n'étant ni marin, ni surtout mougle, j'ai pu survivre à ces ébats passionnés, car la sirène est une amoureuse hors-pair. Et j'ai même été jusqu'à tenter une pratique inédite : à l'aide de graisse de phoque, j'ai pu pénétrer avec d'infinies précautions la fente postérieure de plusieurs sirènes, qui est extensible et dont les sirènes elles-mêmes ignoraient jusque-là le caractère érogène. Cette pratique inédite, dont le lecteur me permettra de me féliciter de la découverte, leur a tellement plu qu'elles l'ont adoptée avec les marins, car elle permet à ces malheureux de saisir la sirène aux hanches, par les cheveux – qu'elles ont très longs – ou, pour les plus délicats, en leur caressant les seins, ce qu'elles adorent, je peux en témoigner. »

On voyait une gravure animée de l'auteur, sans doute, un bel homme musclé, en train de prendre par derrière, d'un mouvement lent mais ample, une somptueuse sirène blonde dont la chevelure flottait harmonieusement dans l'eau autour d'eux. Il lui malaxait tendrement les seins, et elle était d'évidence au comble de l'extase.
Cordery avala sa salive. Les garçons, eux, n'avaient plus de salive.
Elle continua à lire pour elle, très concentrée sur les pages. Run, sans bruit, vint derrière son amie et se colla contre elle.
Youri s'attendait à ce qu'elle réagisse et l'envoie promener, mais non seulement elle n'eut pas de réaction hostile, mais encore tendit-elle imperceptiblement ses fesses. Rougissant, le souffle court, le jeune homme osa alors passer ses mains de chaque côté de son torse et toucher ses deux seins, un dans chaque main à travers le chemisier brodé. Youri, éberlué, la vit fermer un instant les yeux, et Run commença à masser lentement sa poitrine.

Le fantôme n'en perdait pas une miette tandis que Cordery feuilletait lentement le grand livre, que Youri ne regardait plus. Run, lui, souriait et se frottait contre les fesses de la jeune fille en lui pelotant généreusement la poitrine, au point qu'elle perdit pied et cessa de lire pour se pencher en avant. Run comprit alors : il voulut bien lâcher les seins, se recula un peu et troussa la sage jupe à carreaux.
Les fesses de Cordery étaient magnifiques ! Les mains un peu tremblantes, il s'empara de l'élastique de la culotte blanche et la fit rouler sous son cul tout rond. Il resta un instant en contemplation du spectacle puis se reprit, et fébrilement il défit son pantalon, sortit un sexe tressautant d'impatience et le dirigea entre les cuisses de la jeune fille offerte qui poussa un gémissement quand la pointe arrondie et surexcitée toucha les plis de son sexe, tout mouillés.
Le gland en place, il prit les hanches entre ses mains, eut une grimace concentrée, et poussa lentement. Youri vit disparaître peu à peu le phallus tout raide, et Cordery poussa un cri délicieux au début de cette pénétration, qui se transforma en plainte ravie.

Pour Youri, c'en était trop : la tête en feu, le cœur battant, il fit demi-tour sous le regard narquois du fantôme qui eut cependant l'élégance de ne rien dire, tant le jeune homme était furieux : jalousie, frustration, inéluctable conscience que Cordery Grenier, si attirante, n'était pas pour lui.
Plein de rage et de dépit, il voulut sortir de la bibliothèque, mais se trouva alors surpris devant une série de portes. Il découvrit qu'elles portaient chacune une petite plaque. Celle par laquelle ils étaient entrés indiquait d'un joli caractère : « Madame la Directrice de la Maison Morhonpionsse, Athéna GOTTADEAL ».

Il eut alors une idée, tandis que les gémissements de plaisir de Run et Cordery emplissaient l'espace et son cœur. Il chercha et trouva une porte qui indiquait : « Monsieur le Directeur de la Maison Sorvenin, Synistrus MORG ».
Sans hésiter ni penser au danger de son geste, et surtout pour échapper aux bruits du plaisir que prenaient ses amis, il tira la porte et la franchit. Une fois refermée, la porte ne laissait passer aucun son de la joyeuse partie de jambes en l'air qui se déroulait dans la bibliothèque du comte.

Dans son plan général, le bureau de Morg, plongé dans la pénombre, ressemblait beaucoup à celui de Mc Gottadeal qu'ils venaient de quitter. Encore remué par la colère et la jalousie, Youri s'obligea à reprendre ses esprits. Alors seulement il se pencha pour regarder la pièce depuis les combles. Il y avait une haute fenêtre en ogive, et le bureau était éclairé par la lune et sa réverbération sur la neige au dehors : la nuit était dégagée de nuages, d'un bleu profond.
Sans bruit, Youri descendit, espérant que le professeur Morg n'ait pas mis en place de sort de détection des intrus… Il y en avait sûrement un, mais peut-être concernait-il uniquement la porte ?

Il se promena, fureta, et se décida à allumer sa baguette magique pour y voir plus clair, d'autant que le décor était sinistre : bocaux contenant des restes non identifiés, crânes de toutes tailles, trophées étranges, animaux bizarres empaillés…
Il examina plus avant, n'osant pas malgré tout tenter d'ouvrir les tiroirs.

Des dossiers sur le bureau, sous un galet de marbre, attirèrent son attention. Avec une grande prudence, il déplaça la pierre très lourde et ouvrit un à un les dossiers. C'était des dossiers d'élèves pour la plupart, et aussi des notes pour des cours, également des feuilles couvertes d'inscription incompréhensibles. Il y avait un carnet sans grand intérêt (Youri ne pouvait prendre le temps de l'examiner en détail). Le dernier dossier, rebondi, refusa de s'ouvrir.
Intrigué, Youri tendit sa baguette et tenta un sort d'ouverture, qui ne fonctionna pas. Il réfléchit rapidement et eut soudain une idée : « AntiCanis Orci ! » murmura t-il.
Le dossier eut un frémissement et s'ouvrit.

Son contenu dérouta complètement Youri, qui n'en crut pas ses yeux : c'était des photos magiques, animées… du dortoir. La première nuit ! Ainsi c'était le professeur qui avait pris ces photos ! Sous ses yeux ahuris, il vit les trois filles.
Sur les premiers clichés, elles se déshabillaient, l'air absent, et puis d'autres photos : les filles nues se rejoignaient sur un des lits défait et prenaient des poses… très troublantes. À quatre pattes, ou bien cuisses largement ouvertes face à l'objectif…
Fébrilement, le jeune homme étala sur le bureau les dernières photos, sur lesquelles les trois filles se caressaient mutuellement, et tête-bêche se léchaient.
Pris de vertiges, Youri ne pouvait détacher les yeux de ces images, que le mouvement des personnages rendait intensément excitantes.
Il défit sa braguette, sortit son sexe durci, et commença à se branler en regardant les photos.

Dans la bibliothèque, le fantôme se régalait : Cordery était prise contre la table par Run avec une force croissante, et ponctuait chacune de ses pénétrations rapides d’un cri étranglé. Elle avait les yeux grand ouverts, écarquillés dans le vide, et fut saisie de surprise quand le grand livre qu'elle avait commencé à feuilleter tourna ses pages de lui-même jusqu'à une double page consacrée… aux demi-géants.
Elle tenta de retrouver un minimum de concentration tandis que Run s'excitait comme un diable en l'enfilant à qui mieux-mieux, et réussit à lire un extrait qui disait que le demi-géant avait des orgasmes de grande amplitude, et que ses litres de sperme avait une forte odeur de marécage particulièrement écœurante.
Une odeur de marécage ! Mais oui !
AREED !
Le jardinier de l'école, leur ami qui donnait des cours de soins vétérinaires aux créatures magiques !
Elle cria de surprise en comprenant que c'était lui qui les avait observées et s'était masturbé, la nuit, jusqu'à jouir partout dans le dortoir ! Seigneur… !

Son cri ne troubla nullement Run qui allait bientôt en finir et se répandre lui aussi. Il donna des coups plus forts. La lourde table trembla sur ses pieds, et une pile de livres en équilibre au coin de celle-ci s'écroula devant Cordery, qui poussa un autre cri, effrayé celui-là : un des livres s'était ouvert devant ses yeux, et elle avait lu une phrase écrite en rouge sombre sur les deux pages :

LA LIQUEUR DE Y. EST SACRÉE.
Toi, la femme ouverte qui sait lire les livres, ne la laisse pas fuir et se perdre pour rien. Vite !
Son plaisir doit combler, NON se gâcher. VITE !
LA LIQUEUR DE Y. EST SACRÉE.


Stupéfaite, Cordery relut rapidement les phrases du livre qui venait de s'offrir à ses yeux, porteur d'un message impératif dont elle comprit aussitôt la portée.
Brusquement elle se dégagea de l'étreinte mouvementée de Run, qui hurla de surprise et resta figé, le sexe vibrant dans l'air, tandis que la jeune fille se précipitait vers l'entrée de la bibliothèque en tentant de remonter sa culotte. Elle stoppa alors, stupéfaite.
— IL EST PARTI PAR OÙ ? cria-t-elle au fantôme en désignant, paniquée, les nombreuses portes contre le mur de l'entrée.

Le comte de Clift lança alors :
— Le bureau de Morg !

La jeune fille bondit, ouvrit la porte à la volée et y disparut.

Une fois passée la porte, elle se retrouva dans la pénombre et chercha fébrilement son chemin dans les combles, pour finalement déboucher à l'aplomb du bureau. À six mètres sous elle, elle aperçut Youri debout face au bureau du professeur Morg, en train de se masturber frénétiquement.
Stupéfaite, elle reconnut le sujet des nombreuses photos étalées devant lui… Mais elle n'eut pas le temps de réfléchir et dévala à toute allure les escaliers au risque de se rompre le cou.
Youri, brusquement alerté par le bruit au milieu du tourbillon de ses fantasmes masturbatoires, crut instinctivement que c'était le propriétaire de lieux, le professeur Morg, qui le surprenait, et ne comprit pas pourquoi Cordery se précipitait ainsi sur lui !
Elle se jeta brusquement à ses pieds et il se figea de stupeur quand la jeune fille engloutit son sexe dressé dans sa bouche et aspira fortement… Il eut alors un petit cri bref, et soudain se mit à jouir, submergé par le plaisir et la surprise. Il ne sut que faire pour ne pas jouir dans la bouche de Cordery qui venait inexplicablement de surgir pour lui gober le sexe, et il ne fit rien d'ailleurs… sinon tenir la tête de son amie tandis qu'il se déversait furieusement entre ses lèvres.

Run, abandonné brutalement par sa maîtresse alors qu'il était tout près d'éjaculer, la vit foncer vers l'entrée de la bibliothèque sans pouvoir la retenir ni dire quoi que ce soit, tellement cette fuite avait été soudaine et totalement imprévue.

— IL EST PARTI PAR OÙ ?
— Le bureau de Morg !

Il regarda le fantôme qui venait de crier, et vit disparaître Cordery par une des portes.
Toujours ahuri et le sexe à l'air, Run vit alors le livre ouvert et lut ce qui y était écrit en rouge. Il comprit instantanément le départ plus que précipité de son amante et… ce qu'elle était partie faire. Criant de rage, il se précipita à son tour en essayant de ranger sa bite dressée dans son slip.
Il déboula dans les combles, courut, et en arrivant face à la rambarde il vit alors… Cordery à genoux face à Youri qui, grimaçant, était en train de jouir comme un fou dans la bouche de sa maîtresse à lui, Run.

Il se sentit aussitôt glacé de désespoir total, alors que quelques secondes auparavant il nageait dans le bonheur le plus complet tandis qu'il prenait Cordery en levrette : voilà que cette garce l'avait laissé tomber en un instant pour courir aller bouffer le sperme de ce connard, tout simplement parce qu'un putain de bouquin moisi le lui avait ordonné !
Il pâlit, crut qu'il allait s'évanouir, ou mourir, ou vomir.

Cordery aspira soigneusement la queue de Youri pour en avaler les dernières gouttes, cette liqueur sacrée, toute salée, qui avait jailli si fort dans sa bouche qu'elle avait failli s'étrangler. Elle avait dû faire un effort pour continuer d'aspirer et d'avaler précipitamment les flots tout chauds qui lui fouettaient la gorge.
Elle était étourdie par cette conclusion inattendue et violente de cette première fois avec un garçon : elle avait été obligée de changer de garçon !
Elle se releva, et regardant Youri qui, très pâle, regardait en l'air, elle découvrit Run. Son cœur se serra en découvrant son visage défait par la trahison et l'abandon.
— Run, descends, s'il te plaît… dit-elle d'une voix douce, la bouche encore un peu engluée de sperme.

Run était un vrai zombie, mais il obéit.

— Je suis désolée, tu sais, ce livre m'est apparu et…
— Je sais, j'ai lu cela. Je suis… si triste.

Les larmes coulaient sur ses joues pâles.
Alors la jeune fille s'accroupit et prit en bouche son sexe à lui aussi. Il avait dégonflé, trahi qu'il était, mais elle le branla vivement en le tétant avec force et il ne tarda pas à se durcir. Run n'eut pas le temps de l'envoyer balader en la traitant de garce : il se contenta de gémir en cadence, et quand elle se releva, baissa sa culotte elle-même et se pencha au-dessus du bureau de Morg, il n'hésita pas une seconde et l'enfila avec un grand sourire en la tenant bien fort par les hanches afin qu'elle ne s'échappe pas une seconde fois.
Il éjacula assez rapidement, en criant un peu, et resta immobile en elle, tout au fond, tandis que Cordery, dans un vertige de plaisir, se disait que la même journée elle avait découvert la masturbation, la fellation et le coït, et qu’elle adorait cela !

Le trio d'amis reprit un peu ses esprits. Cordery remonta sa culotte sur son sexe dégoulinant et rabattit sa jupe. Les garçons remisèrent leur engin dans leur pantalon, et ils regardèrent attentivement les photos avant que Youri ne les range avec soin, puis il remit en place les dossiers dans le bon ordre, le galet de marbre, et ils remontèrent silencieusement après avoir vérifié qu'aucune tache de sperme de Run n'avait débordé sur le tapis ou le bureau.
Ils furent soulagés de retrouver la porte, et en entrant dans la bibliothèque ils eurent un rire de relâchement après ces événements incroyables… Faire des cochonneries dans le bureau du professeur Morg, si un jour on leur avait dit cela !

Les trois amis découvrirent un service à thé sur une table basse. La théière était fumante, et il y avait une assiette de biscuits.

— Pour vous remettre de vos émotions, mes jeunes amis… annonça le fantôme du comte de Clift, aux anges, avant d'ajouter sur un ton espiègle …et faire passer à la demoiselle le goût peut-être un peu écœurant de la découverte !
— Merci, cher Monsieur, salua Cordery en rougissant. Ces biscuits ont l'air délicieux… et j'ai toujours aimé le sucré-salé !

Ils burent leur thé, puis la jeune fille se leva, alla chercher le livre et leur montra la page sur les demi-géants, ce qui déclencha la stupeur de ses deux amis.

— Résumons, dit-elle, face aux deux garçons plutôt perplexes et qui pensaient à nouveau, enfin, à autre chose qu'au sexe. Apparemment, la première nuit, c'est Morg qui a pris les photos et utilisé le sort qui nous a étourdies. Les éclairs, c'était le flash.
— Ou bien il a eu ces photos après, les a achetées pour son plaisir personnel à quelqu'un qui les a prises ?
— Je ne sais pas, avoua Cordery, pensive et préoccupée. Mais en revanche, ce qui est clair, c'est qu'Areed est bien celui qui a éjaculé comme un porc dans notre dortoir… Berk ! Il me dégoûte, ce salaud !
— Donc, conclut Run, nous avons Areed présent au moins une des deux nuits, et le professeur Morg au moins impliqué et complice de ce mystère.
— Oui, approuva Youri. Mais je n'imagine pas Areed monter un plan pareil et contourner aussi efficacement pour son propre usage les sortilèges sophistiqués qui devaient protéger le dortoir.
— Tu as raison ! s'exclama Cordery. Areed n'est qu'un pion, un gros pion. On l'utilise – c'est toujours l'hypothèse d'un scandale – et pourquoi pas… pour le virer ?
— En même temps que Mc Gottadeal et DoublePorte, oui… murmura Run. Une machination pour pourrir l'école en la décapitant d'un seul coup !

Cordery se leva :
— Saluons notre ami le comte. Merci pour tout, Monsieur…
— Ce fut un enchantement, chère amie. Si seulement j'avais pu vous baiser moi aussi, vous enculer fortement avec mon vit dressé pour parfaire votre éducation, et vous remplir le cul de mon foutre qui vaut bien, à tout prendre, celui de ces garçons, soyez assurée que je serais actuellement le plus heureux des hommes.
— Je m'en doute, rigola Cordery en rougissant. Mais je reviendrai… vous montrer mon cul, ma chatte et mes nichons dès que possible, et nous baiserons devant vous, c'est promis.

Run ouvrit des yeux ronds. Youri resta figé, et le fantôme lui-même eut un… flottement, puis Cordery envoya un baiser dans le vide et tourna les talons en compagnie de ses hommes.

Arrivée devant la porte, elle leur dit :
— Pas un mot à Mc Gottadeal et à DoublePorte de nos… activités ou de nos découvertes. Laissez-moi parler. Et… il faut que nous rendions très vite une petite visite au jardinier, ce gros goret… Va falloir qu'il s'explique !

Auteur : Riga

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