mardi 3 novembre 2015

Texte à la menthe (5)

Relisez le chapitre 4

Les chats ronronnent, bien heureux de l’attention que je leur porte : des caresses, pincements, et petites léchouilles, tandis que leur maîtresse me couve du regard, un petit sourire aux lèvres, et puis elle tourne la tête et soupire, je m’occupe d’elle, elle aime ça. Son abandon me fait bander, et je deviens vorace : ses seins me passionnent !

Je mordille ces tétons durcis, m’en donne à cœur-joie, comme un monomaniaque, à masser les rondeurs souples et douces de ces nichons de rêve. C’est ma nuit, j’aspire et suce, et j’aime ses joues rouges, son air surpris et enchanté, un peu dépassé, quand elle me dévisage en se tortillant sur le lit.

Ma main gauche, sur son ventre qui ondule, descend et va se nicher au chaud. Elle ferme les yeux, bouche ouverte, alors que j’explore le mouillé en dégustant ses seins en tous sens.
Cuisses ouvertes elle appuie son bassin contre ma paume. Poitrine en avant, elle l’offre toute entière à ma bouche, à mon autre main.
Elle se vrille et se cabre, j’ai la main toute humide, et un doigt en elle qui frotte et se vrille.
Soudain elle s’empare de ma queue tendue pour elle : combat électrique, nos peaux chauffent et se frottent, bouches ouvertes nous cherchons de l’air. Montée en puissance désordonnée, où nos regards avides et affamés se croisent dans les vagues du désir… Que c’est beau, que c’est dingue ! La tension de son corps est intense, elle se cambre et, comme un serpent s’agite, avec des petits cris, des spasmes de frissons, je n’en peux plus… !

Essoufflée, elle murmure :

— Mes seins… Tu veux mes seins ?

Je ne réponds pas mais la regarde droit dans les yeux, et elle se redresse. Ma main doit quitter la fente trempée de son sexe. Elle se redresse et, face à moi, s’assied entre mes jambes ouvertes, et là…
Elle fait descendre sa poitrine, qu’elle serre doucement entre ses mains jusqu’à mon sexe tendu comme un fou, qu’elle saisit fermement en me souriant de sa si belle bouche rouge, en souriant de ses yeux bleus. Le tube de gel à la menthe d’une main, elle me branle lentement de l’autre : le froid… et puis la chaleur. Branle doux, lent, à nouveau elle me rend fou. Mais ce n’est rien encore.

Ses seins ronds… Elle place ma queue entre les globes chauds de sa poitrine, qu’elle resserre autour… et là, c’est la folie. Folie d’une douceur infernale, les seins de l’amante, maternelle et torride. Je vois sa main par devant refermer le piège de tendresse : ma queue est tendue entre ses seins serrés, et elle la fait coulisser dans ce fourreau qui tue. Lentement. En me souriant, elle me regarde grimacer de délice, de délice fou !

Des minutes incroyables, où je fais des loopings dans ma tête, face à son regard attentif, qui guette sans doute l’avancée de mon plaisir qui enfle, comme durcit mon sexe dans cette vallée des merveilles, ce trésor.
Et je n’en peux plus. Je lui demande de me branler.

— Regarde-moi jouir.

Petit sourire intéressé, regard intense, et elle libère mon sexe des oreillers de ses nichons de rêve pour le prendre dans sa main. Mon sexe glissant de gel dans sa paume ferme, qui monte et descend : elle me branle, elle m’astique, elle est douce et déterminée, elle me tue à nouveau. La foudre de ses doigts après le nuage brûlant de ses seins.
Branle-moi, ma fée, je gémis de désir fou. Elle décalotte mon gland gonflé, elle va et vient de son poing serré. Accélère. Mon bassin décolle du lit. Elle sourit, concentrée à son travail de branleuse. Mon cerveau est un orage électrique incontrôlable, un réacteur qui déconne, qui va exploser. Je regarde ses seins, son grain de beauté, sa bouche, ses yeux : je veux jouir sous ses yeux.

— Contiiiiinue !

Elle accélère encore, je vois se tendre les muscles de son bras qui pistonne de plus en plus vite, qui masturbe follement ma bite serrée de plus en plus fort dans cette main aux ongles rouges. Je grimace, je vais jouir… jouiiiiir ! Je me cambre brusquement sur le lit, et sauvagement j’éjacule sous ses yeux ! Est-ce que je crie ? J’ai l’impression de crier mon plaisir fou ! La lave jaillit par saccades, mon sperme est libéré par ses caresses puissantes, par la vision de son corps, cette merveille. Elle continue son branle et je me déverse en tremblant de bonheur ! Oooooh, mes poumons se vident de l’air brûlant.
Le tournis. L’apaisement. Elle m’observe…

En riant, encore un peu sous le choc du plaisir, je lui demande où se trouve la salle de bain.

— Sur la droite, la coursive… Huhu, méfie-toi de la petite bonne si tu y vas tout nu !

Je ris, me penche pour l’embrasser. Ses lèvres sont si douces...

— Dépêche-toi, murmure-t-elle, ne prends pas froid, je t’attends sous la couette.

Le cœur enivré de ces mots de tendresse, je l’embrasse à nouveau, prends mes lunettes et sors de la chambre.
Pas de bonniche perverse qui attend les voyageurs égarés pour les coincer dans les recoins de la grande maison. Effectivement, il ne fait pas chaud. Je me presse, à poil, avec sur mon ventre mon sperme qui colle, qui sèche déjà. Par-dessus la rambarde, j’aperçois le hall, les fenêtres : il fait toujours nuit, je ne sais pas quelle heure il est. La nuit finira-t-elle ?

La salle de bain dont je pousse la porte est une hybridation charmante d’ancien et de moderne.
Carreaux de ciment aux jolis motifs, baignoire-sabot associée avec goût à une douche italienne, robinetterie design mais couleur cuivre, de jolies serviettes, et un éclairage mêlant sur le même mix très réussi des pastilles lumineuses halogènes et des abat-jours de verre art nouveau.
On se sent bien ici. Je rigole in petto en me disant que je demanderais bien à la propriétaire des lieux l’hospitalité permanente dans ce manoir. La nuit finira-t-elle ?

Je fais couler l’eau de la douche.
L’irréalité de cette aventure est un vrai mystère : mes pieds nus sur les grandes dalles ressentent le froid, ma main sous l’eau sent la température monter. Quand je regarde une seconde de trop le spot halogène, je suis ébloui et détourne le regard. Et le parfum de cette femme, la douceur de la couette, la dentelle qui accroche un peu la peau, le goût de son sexe... Oui : mes sens dans tous les sens sont invités à une fête qui n’a rien d’immatériel, d’abstrait.
Sous le jet de la douche, je prononce son prénom. Plusieurs fois.

Je réfléchis en me savonnant. Le bien-être sorti de nulle part, et pour rire je lèche la mousse et l’avale. C’est dégueulasse. Je crache en rigolant après ce test idiot qui m’a évité de me pincer.
Et puis je m’enroule dans le bonheur d’une serviette chaude prise sur le sèche-serviette, je me regarde dans la glace, et la porte s’ouvre derrière moi. Dans le miroir, je la vois me sourire.

— Toc-toc, demande-t-elle, je peux entrer ?

Elle est nue, avec ses bas noirs et des bottes à talons sorties de je ne sais où, diablement sexy.
Elle vient à mes côtés et se lave les mains : il y a mon sperme sur ses doigts, mais elle a quand même enfilé ses bottes : ça me fait rire. Après quoi elle se remet les cheveux en ordre devant le miroir en rigolant et en me disant que ça, c’est sa coiffure post-baise. Puis elle fait un truc inattendu : elle sort d’un placard une boîte de fard à paupières, et commence… à se maquiller.
En pleine nuit ? Pour être belle, sexy, pour moi.
Je la regarde sans mot dire, fasciné par ses gestes précis, évidents, soigneux. Elle est magnifique, bon sang !

Dans le miroir, je vois ses seins nus qui me rendent dingue, idiot, joyeux. Elle jette un œil narquois sur ma queue qui commence à se gonfler de nouveau, et je lui demande :

— C’est quoi, ce feu d’artifice ?
— Pen ar bed eo amañ ! me répond-elle en souriant.

Et je reconnais aux sonorités l’inscription de la pierre le long de la route. Devant mon incompréhension (ma perception du breton se fait en courant alternatif, apparemment), elle ajoute :

— Quelque chose qui ressemble au bout du monde…
— Finistère ?
— Oh toi, tu as à nouveau des idées un peu morbides, je le sens, et ça ne te ressemble pas…

Stupéfait je m’esclaffe et lui rétorque :

— Tu me connais à ce point ?
— Tu m’as tellement raconté de toi…

Perplexe, je reste silencieux. Quand ça ? C’est quoi, ces énigmes ? Il me faut trier les clefs, et pour cela poser des questions. Pour avoir les réponses dont l’homme sur la route a été le premier à parler. Pas de problèmes, OK : chercher, continuer à essayer de deviner, réunir le puzzle. En plus, j’adore sa voix, c’est si suave, tellement agréable…

— J’ai des idées morbides ? Moi ?
— Oui, répond-elle en s’interrompant quelques secondes pour peindre le contour de sa bouche, lèvre supérieure à droite (je l’examine, ça la fait sourire). Finistère… Tu t’imagines être mort, c’est ça ? Que tu as eu un accident ? Tu t’imagines roeñvat war gornôg, c’est ça ?… En route pour le Tir na og ?

Je la dévisage, blêmis, et bredouille son prénom, interrogatif.

— Oui mon chou ?
— Pourquoi…
— Oui ? répète-t-elle en rectifiant sa coiffure devant le miroir.
— … quand tu me dis des choses comme ça, parfois je comprends ? Le Tir na og, c’est le Paradis des Celtes, mais avant de prendre cette route, cet après-midi, putain… avant de voir le gaillard sur la route avec son costume, sans doute un fantôme, non ?… Et puis ce gendarme, aussi, sans doute… Avant cela, avant toi, je n’avais jamais entendu parler de ce Tir na og.

Je la regarde, et elle se marre gentiment, désarmante et furieusement attirante.

— Alors après cela, je poursuis pour aller au fond de mon désarroi. Si tu ajoutes un cimetière et un pont qui ne veut pas que je le traverse, des éclairs partout qui m’envoient en l’air, il est assez naturel – on va dire, et un peu légitime – d’avoir des doutes et de considérer l’éventualité d’être en fait coincé dans la carcasse d’une Lancia en bouillie fumante au pied de la falaise, ou bien chais pas, moi… Les œufs au plat de la chambre d’hôtes de la nuit dernière étaient avariés, et je suis tranquillement installé dans un tiroir frigorifique de la morgue du CHU de Rennes ?

Elle éclate de rire, pivote, et d’un pas de côté se colle à moi, dans mes bras, toute parfumée et maquillée. J’enserre sa taille, mon cœur fait des bonds et mon sexe est en émoi.

— Il est où, le frigo ? murmure-t-elle tendrement. Tu crois que l’Ankou t’a cueilli dans son grand Labour noz ? J’ai l’air d’un ectoplasme ? Je suis pleine de vie, et toi aussi. Et on se comprend, tout naturellement, voilà. On est au bout du monde… Viens : on retourne au lit.

Et elle me prend par la main pour regagner la chambre, joyeuse et fraîche, et rieuse comme une petite fille… une petite fille la veille de Noël ?

La chambre toute chaude nous accueille, et elle s’assied sur le lit avant de me lancer un regard… brûlant. Sa bouche toute maquillée, avec soin, se promène sur mon sexe qu’elle caresse très lentement de ses mains. Oooh… J’aperçois ses seins, j’admire le mouvement de ses doigts autour de ma tige toute durcie, vite dressée par les promesses de jouir, et de jouir si intensément, si joliment, par la volonté d’une si belle femme tombée du ciel, d’un ciel d’orage, tombée avec moi dans un nid caché au bout du monde.

Sa bouche tendre et savante, parfois un coup d’œil de chatte ronronnante… Oui : je suis à sa merci, je pourrais dire impuissant, mais pas du tout au contraire ! Un jouet tout chaud pour elle, qu’elle caresse, masse, lèche et suce, nappe de sa salive chaude, qu’elle excite et avale, et tous mes nerfs vibrent et s’échauffent. Je n’ose bien sûr caresser ses cheveux qu’elle a coiffés, alors je serre les poings, mes muscles se tendent et se durcissent, j’ai chaud, et je croise ses regards approbateurs. Je suis à elle, elle fait de moi ce qu’elle veut.

Oui, mais non. Finalement, non.
Danse de salon : le vieux code du cavalier qui dirige le mouvement : j’ai envie d’être l’homme, pas le jouet de sa gourmandise narquoise qui me raconte des trucs en breton.

Ma main passe dans ses cheveux, saisit sa nuque. Elle doit penser que je vais attirer sa tête pour qu’elle avale toute la longueur de ma queue tendue à mort, mais non : je me retire au contraire de sa bouche, et sans un mot, en souriant, l’invite à se relever et la pousse sur le lit.
Je lis dans ses yeux qu’elle aime ça : je reprends l’initiative, j’ai envie – elle le voit – de dominer le jeu auquel dans l’absolu je ne comprends pas grand-chose : je suis l’invité.
Mais te prendre, ça je comprends et je sais comment faire, et c’est bon : tu me fais bander.

Toujours sans un mot, je déchire un sachet de préservatif à la menthe, la rejoins sur le lit de vichy rouge. Elle a gardé ses bottes à talons : elle m’excite follement !

Ses yeux foudroyants plantés dans les miens, elle m’attire. Elle m’attend, elle est offerte… Vibrations dans tous les sens, elle est un cadeau sublime dont je n’aurais pu rêver, même –putain ! – en associant tous les produits les plus forts dans des proportions déraisonnables !
Mordiller ses seins, ne pas perdre de temps, ce n’est pas la douceur de l’abandon que nous avons à tisser lentement ensemble, mais une confrontation sensuelle, une lutte sexuelle, je le veux, elle aussi !

Je la pénètre. Sans hésiter. Elle grogne, elle devient un fauve, m’agrippe, m’attire, me fait basculer au fond d’elle avec un « oh ! » muet. J’accompagne le mouvement de mon bassin, je la cloue au lit !
Nous faisons l’amour, fortement, sans tergiverser. Ce n’est que peaux, que mon poids sur elle, ma poussée en elle, ses doigts qui m’agrippent…Nous mangeons des yeux les grimaces de l’autre quand je m’élance encore et encore au fond de son vagin.

Ses seins remuent, ça me rend dingue… Ils brillent de sueur, et la belle se tortille comme un serpent sur le lit, sous moi, sa bouche rouge entrouverte, mobile, sensuelle, gémit et cherche de l’air. Elle est décoiffée, mais toujours impeccablement maquillée. Et c’est délirant comme c’est bon, fort, essentiel. Je suis au cœur du réacteur, miel en fusion, et feu d’artifice en cours : on glisse vers le bouquet final, comme des enragés gonflés de désirs, du bonheur nouveau d’être ensemble à baiser sans retenue !

Coup de reins ponctués de ses « VIENS, VIENS ! » affolés et affolants. Elle me griffe, me fait mal en empoignant mes bras, secoue la tête. C’est trop : trop fort, trop excitant, trop brûlant… Elle serre tellement ma queue sauvage en elle, c’est TROOOOOP !
Elle le sait, elle me regarde : la jouissance monte, mur du son, un frisson qui enfle et traverse mon corps, mon dos, mes nerfs. Plus de barrières : ça dévale de partout et mon ventre se durcit. Je me plante, la sabre. Dernière plongée au fond d’elle qui pousse le cri qui me libère de tout ce flot de plaisir ! Elle me serre les bras, les épaules, à me faire mal entre ses doigts crispés, et je sursaute : l’arc électrique me bousille le cerveau et me vide le sexe. J’explose, courbé sur son corps offert, son corps épanoui, écarté, sur le lit en vrac.
En elle.

Bon sang… Ce regard qu’elle me lance quand nous reprenons notre souffle et que je quitte la douceur d’orage mouillé de son ventre ! Tendresse, abandon, confiance, complicité d’amants des cavernes : une forme d’amour, mais je ne veux pas prononcer le mot : elle devine tout.
Nous nous glissons sous la couette. Je suis encore mouillé de sueur, mais elle vient se lover dans mes bras après avoir éteint une des deux lampes de chevet. Il fait presque noir dans cette chambre surchauffée qui sent le sexe et le latex, et la menthe.
En glissant mon pied contre sa jambe j'ai une seconde de stupéfaction et j'éclate de rire :

— Tu as gardé tes bottes sous la couette ?
— Oui. C’est grave ? demande-t-elle en rigolant.

Et elle rejette la couette, enlève ses bottes, ses bas, et me rejoint, toute nue, toute chaude.
Un pur délice.

Surpris, j’entends vibrer quelques minutes plus tard un mobile sans doute, mais pas le mien, qui est dans la poche de mon jean à l’autre bout de la chambre. Il y a du réseau, ici ?
Elle murmure à mon oreille :

— Ça doit venir de l’autre côté de la porte…

Je souris, et en tournant la tête, sur la tablette en tête de lit qui fait office de table de nuit, j’aperçois un mobile noir allumé dans la pénombre. Il vibre. Elle le regarde mais ne le prend pas. Elle dit « Tout va bien. » et le mobile se coupe comme si elle venait de lui parler, de le rassurer.
Et elle se blottit à nouveau dans mes bras. J’entends son souffle et son sourire. Je ferme les yeux et elle me susurre à voix très basse :

— Dooors, je te regarde dormir…

Que puis-je faire d’autre, au bout du monde, contre la douceur parfumée d’une fée protectrice, mais qui m’a tant foudroyé avec tellement de joie ? Je dors.

Un sommeil noir, sans rêves (le rêve, c’était la réalité avant le sommeil), un sommeil parfait, mais j’en surgis en pleine nuit, un peu stupéfait. Un sursaut de lucidité, mais je ne sais pas où je suis : je me redresse dans le lit dans la pénombre, cherche d’une main sur une table de chevet qui n’existe pas dans cette chambre mon téléphone qui n’est pas là, et puis je me souviens… Le manoir, le voyage, la danseuse cuisinière, cette nuit, l’amante, la menthe…
Si je me réveille ici, ce n’était pas un rêve, alors ? Ça continue ?

Merde, ça me dépasse… Il fait toujours nuit, je suis fatigué, la femme à mes côtés dort dans le noir. Je me rallonge sur l’oreiller moelleux… et pousse un petit cri de surprise et d’émotion : elle vient de se précipiter dans le creux de mon bras pour se coller à moi, se blottir, et cet élan de tendresse absolue me fait fondre… complètement !
Je peux alors glisser à nouveau dans le sommeil, le cœur battant pourtant trop fort.

Quand je me réveille, c’est le matin. Sauf que non : il fait nuit, encore nuit. Bon sang ! Je sais pourtant que j’ai dormi tout ce qu’il fallait, tout ce dont j’avais besoin après cette nuit de sexe. C’est incompréhensible…
La femme dans mes bras me regarde quand j’ouvre les yeux : elle était réveillée, et elle a un sourire tranquille.

Après une ou deux secondes de réflexions un peu confuses, je renonce à lui demander pourquoi par la fenêtre on ne voit pas le jour, le lendemain. J’y renonce parce qu’elle aura sans doute une réponse qui n’en sera pas une, mais un nouveau délicieux mystère à double-fond, et puis aussi, surtout parce qu’elle est plus que charmante, et que… en fait… je ne suis pas en danger.
Je suis au lit avec une pin-up définitive avec des nichons brûlants, sous une couette douce, à l’abri de tout, elle me sourit, elle sent bon… et dehors, il fait nuit. La belle affaire !
Et non, je ne pense pas que la fin du monde des Incas ou de Nostradamus ait envahi le monde de ses Ténèbres glacées (avec l’appui des Mangemorts), ou bien… merde, si c’est le cas, la fin du monde est le plus beau cadeau de Noël qui puisse être offert aux hommes !

— Coucou, toi ! lance-t-elle. Tu as bien dormi ?
— Merveilleusement…
— On se lève ? Tu as faim ?
— Je meurs de faim !

Je me lève tranquillement, remets mes lunettes. Son mobile n’est plus sur la tablette… Je ne lui demande pas l’heure et décide de ne pas m’en faire pour le moment : la vie a pris un tournant surprenant, magique, sucré et jouissif, et il se trouve seulement, apparemment, que ce virage se négocie de lui-même dans la nuit perpétuelle. Je m’angoisserai plus tard.
Je traverse l’antichambre, retourne dans la salle de bain, nu. Le manoir est silencieux.

Je commence ma douche, et elle entre dans la salle de bain, La Femme, et me rejoint sous la douche. Je la savonne tendrement. Les rires deviennent des gémissements : la mousse, l’eau, ma langue… Une jouissance énervée contre le carrelage sous la pluie chaude de l’eau, mais on n’a pas de capotes sous la douche, alors elle s’accroupit et me suce.
Complètement, à fond, me laisse sans force, ébloui, et se relève. On a gâché plein d’eau.

Une serviette autour de la taille, je reviens avant elle dans la chambre et me rhabille en rêvassant. Mais ce mystère de la nuit infinie revient finalement se poser à mon cerveau cartésien, à moitié sonné depuis hier après-midi… Là, il frise le coma.
Mon iPhone. L’heure, la date ! Batterie à plat. Putain de tas de ferraille de luxe !
Et dans mon autre poche : la clef. Je suis en train de l’examiner quand La Femme revient, en peignoir. Je la lui montre avec un sourire ironique :

— Toi qui connais bien la maison, tu as une idée ?
— Prends le temps d’y réfléchir encore… me répond-elle en enlevant son peignoir, ce qui m’enlève des raisons de continuer à réfléchir à cela, justement, ou à quoi que ce soit d’autre.

En silence je l’observe s’habiller, enfiler ses bas, son soutien-gorge. C’est charmant, excitant, délicieux. Ça illumine la nuit qui entoure la maison, ça donne faim, le sourire. Au diable, la clef ! C’est ça, la clef : ça console de tout.
J’ai un frisson inexplicable, et puis elle se retourne et me demande gentiment :

— Oh… Tu n’oublieras pas que je veux une dédicace ?

Ça console de tout. Mon bouquin, la dédicace. La console, à côté. Le tiroir. Fermé à clef.
Je bondis, sors de la chambre !

Auteur : Riga

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