Avant de sortir, je désigne le grand sapin de
Noël, mais je ne sais exactement comment formuler de façon cohérente ma
question sur sa présence totalement farfelue en cette période de
l’année. Mais elle a un petit rire, elle a bien saisi ma perplexité :
— C’est demain le 25 décembre.
Plutôt que de nier cette absurdité, je perçois soudain le symbole et peut-être ce qu’il cache, ou plutôt révèle.
— On est… on est toujours la veille, c’est ça ? Le jour ne va jamais arriver, le jour des cadeaux à venir. C’est l’attente perpétuelle que… tu aimes ?
— Attendre peut être délicieux, répond-elle en caressant ses bras croisés. Mais pas tout le temps, non. Il va arriver. J’aime les promesses qui se réalisent. Et puis l’excitation des cadeaux, les yeux qui brillent. Viens.
— C’est demain le 25 décembre.
Plutôt que de nier cette absurdité, je perçois soudain le symbole et peut-être ce qu’il cache, ou plutôt révèle.
— On est… on est toujours la veille, c’est ça ? Le jour ne va jamais arriver, le jour des cadeaux à venir. C’est l’attente perpétuelle que… tu aimes ?
— Attendre peut être délicieux, répond-elle en caressant ses bras croisés. Mais pas tout le temps, non. Il va arriver. J’aime les promesses qui se réalisent. Et puis l’excitation des cadeaux, les yeux qui brillent. Viens.
Je la suis. Elle m’entraîne vers la porte de
la salle à manger et je retrouve le hall d’entrée de la maison. Je n’ai
aucune idée de l’heure qu’il est, mais peu m’importe. C’est la nuit, un
territoire qui échappe au temps, à la morale, aux explications. Et le
temps, en cela, est suspendu et élastique, il navigue avec moi mollement
dans cet espace sans doute onirique qui nourrit mes sensations
bienheureuses.
Le grand escalier, que la femme monte, tiens,
m’évoque celui du Titanic, mais je m’amuse de cette idée quand elle
survient. J’admire le mouvement lent de ces jambes, de ces hanches, le
balancement de ce cul. Elle me jette un œil un peu moqueur. Roulement,
cadence lente : elle se sait observée, et semble aimer cela.
Nous
montons et l’équivoque aussi – et le trouble – mais nous gardons le
silence. Je regarde le décor de cette maison bourgeoise, ancienne, qui
m’évoque la maison bourguignonne de ma grand-mère, avec une ampleur
étonnante des volumes intérieurs qu’elle n’avait pas : c’est un manoir,
ici.
Je suis mon hôtesse sur la coursive à gauche en haut des
escaliers, cette jolie femme si attirante dont les talons claquent
doucement sur le parquet de chêne. Sa démarche est tranquille, et la
douceur irradie son regard et son petit sourire. Elle est pleine de
tendresse : c’est sa nature, je le sens. Et de tendresse pour moi : mon
cœur qui bat plus fort que d’habitude en sait quelque chose.
Arrivée
au milieu de la coursive, elle pousse une haute porte couleur amande,
aux belles moulures de bois (Empire ? je ne sais pas), et nous nous
retrouvons dans un petit vestibule : le mot « antichambre » s’impose à
mon esprit qui se trouble à l’évocation immédiate de la chambre qui doit
suivre…
Sur la gauche, il y a un fauteuil Voltaire, et sous un
miroir doré, contre le mur tapissé, une console élégante sur laquelle
est posé – de stupeur, mon cœur manque une pulsation – mon précédent
livre. C’est tout à fait incroyable : cet ouvrage date d’il y a dix ans.
Il est épuisé depuis des années, introuvable !
J’ai fait tout un tas
de choses depuis, avant l’ouvrage qui vient de paraître et qui m’a
apporté tout cela : le chèque, la Lancia, le voyage, cette nuit, le
manoir, cette femme, cette console, ce livre… La boucle est bouclée.
J’en ai le vertige : que fait ici, ce soir, ce livre-là ? Bon sang, ce
livre qui a été au cœur d’une période si forte de ma vie passée, révolue
! Je suis submergé d’une émotion inattendue… Je regarde la femme qui
semble un peu surprise de me voir brusquement tellement ému, et qui
m’adresse un sourire de réconfort silencieux.
Je m’approche,
prends le livre, me laisse tomber dans le fauteuil Voltaire, tourne les
pages. Il m’attendait, elle m’attendait. Quelle est cette histoire sur
mon chemin ?
— Tu me feras une dédicace ? demande-t-elle d’un ton léger au bout de quelques minutes.
— Oui. Tout ça… est extraordinaire. Tu es une fée ? Tu as un stylo ?
— Sell ta… Il y en a un sur la console, me répond-elle en s’avançant tandis que je me lève.
Je
saisis sa taille, la pousse doucement, enroulée dans mon bras comme
tout à l’heure, et elle se retrouve contre la console à me regarder dans
les yeux fixement. Je pose mon livre sur le meuble, je sens son souffle
s’accélérer, mes mains se referment sur sa taille, j’appuie mon corps
contre le sien, suave et chaud. Elle redevient inerte et frémissante,
désirable et immobile, tendue d’émotions, et je pose ma bouche sur la
sienne. La Femme.
Sa bouche rouge…
Sa bouche qui reste
entrouverte. Mon baiser insiste, et je sens ses lèvres parfumées réagir
un tout petit peu tandis que ma main droite glisse au creux de son dos.
Sa robe est douce. Elle se cambre, agrippée au plateau de la console
contre laquelle je la maintiens acculée.
Son cul, oui, ses fesses
contre la console, ses fesses que désirent mes mains. Mes doigts
descendent sur le dessus de cet arrondi charnu, tout chaud. Mon autre
main contre sa joue, caresse enveloppante, sa peau est si douce… et sa
bouche laisse passer ma langue prudente.
Elle est toute
essoufflée, et sa respiration chahutée m’excite follement, précipite les
battements anarchiques de mon cœur. Son souffle chaud, ses yeux mi-clos
qui me traversent de leur beauté irréelle... Elle répond à mon baiser, à
ma langue, timidement, mais elle m’embrasse elle aussi ! Merveille.
Ma
main autonome a besoin d’action. Elle glisse le long de sa cuisse et
relève sa robe. Au-dessus de la lisière de ses bas, sa peau. Salive,
peau… Mon érection forte, elle le sait, ses cheveux doux sous mes
doigts, son corps plaqué au mien. Elle s’accroche à cette console comme
une naufragée qui va se noyer.
De sa joue je descends mes doigts à
son cou, à ses seins dont je caresse et enveloppe les rondeurs, sur le
dessus, son grain de beauté dans ma paume. L’émotion et la passion
dansent toutes les deux. Ses seins, son souffle et sa langue me rendent
fou, vraiment fou. Je ne sais au cœur de quel rêve je me trouve enfermé
volontaire, mais je ne souhaite pas en sortir, pas me réveiller : ici
est la réalité. Je suis venu te voir, et tu m’accueilles.
Et
soudain, mais tendrement, elle détache sa bouche souriante de la mienne,
les joues toutes rouges, et le souffle coupé elle murmure :
— Il faut… Il est l’heure…
— L’heure de quoi ? je lui murmure en frémissant d’inquiétude soudaine.
— De reprendre ton chemin.
— Quoi ?
Je
fronce les sourcils : aucune envie de reprendre la route. Le reste du
monde est dans la nuit, est en panne. Ce qui n’est pas elle et dans
cette pièce, je m’en fous, gast, ça n’existe pas !
— Avec moi ! sourit-elle joyeusement pour me rassurer. Ensemble, le chemin.
— Ensemble… Alors oui. Où tu veux.
Elle
se dégage alors, émue et rieuse, et me prend par la main. Elle
m’entraîne devant la porte qu’elle pousse, qu’elle ouvre en grand en
observant ma réaction.
La chambre, le lit, une couette de vichy rouge. La chambre.
Mais
je suis joueur, et ce lit plein de promesses délicieuses semble me dire
que j’ai le temps de prendre mon temps : aussi avant de passer le
seuil, je l’enlace. Elle sourit, et debout face à l’entrée de la
chambre, je l’étreins plus violemment, glisse ma langue dans sa bouche
et passe ma main dans son décolleté. Mon autre main relève sa robe et se
referme sur sa fesse gauche, ronde et chaude, laissée nue par le string
dont j’ai effleuré la dentelle.
Je dégage son téton que je lèche
et suce, j’impose ma bouche, ma langue à ses seins libérés. Elle
caresse mes cheveux, le regard vague, délicieusement excitant d’abandon,
de flottement et d’envies.
Au bout de quelques minutes de pelotage torride, elle murmure de sa voix chantante, enrouée par le désir :
— Tu attends quoi… pour me pousser dans cette chambre ?
Je ne sais pas si c’était dans ma tête ou dans la sienne, si elle a vraiment dit cela, mais… allons-y !
La chambre, le lit.
Éclairage doux, ambiance chaude : notre nid de cette nuit.
Notre
baiser reprend, passionné, fébrile, tandis que près de ce lit elle me
déshabille. J’enlève mes chaussures alors qu’elle fait un sort à mon
sweat-shirt fin. Je l’aide à enlever mon jean. L’impatience allume son
regard d’une belle dose de folie qui m’enflamme, elle caresse ma queue
tendue dans mon slip, mais ne va pas plus loin, m’assied d’autorité sur
le bout du lit, et enlève enfin en un tournemain sa robe rouge qu’elle
jette d’un geste vif sur un autre fauteuil Voltaire près du lit pour
m’apparaître plus sexy et désirable que je n’aurais pu l’imaginer.
Une bombe atomique !
Soutien-gorge
serré de dentelle, joli string, dessous aux petits nœuds de satin, bas
noirs. Elle a viré ses escarpins dans un coin et me dévisage,
frissonnante et triomphante, en train de l’admirer intensément, en train
de bander, de m’enivrer des effluves de son parfum.
Je lui lance alors avec un grand sourire :
— Ah, OK, j’ai mis le temps à piger. Tu es celle qui distribue les coups de foudre, hein ?
Elle éclate de rire.
— Ma cible préférée, c’est le soleil ! Réchauffe-moi…
Elle
vient contre moi qui suis assis sur le bord du lit, et je prends son
bassin entre mes bras. J’embrasse son ventre doux et parfumé tandis
qu’elle caresse mes cheveux. Frémissant sans cesse, plongé dans
l’infinie douceur. Mes mains reviennent sur le devant de son corps pour
s’emparer doucement de ses seins là-haut. Elle tend son ventre, son
bassin, ses seins contre moi de la plus affolante des façons, et mon
cœur bat à tout rompre. Bordel, que c’est bon !
Elle me pousse
alors sur le lit pour que je m’allonge. Elle rit, se penche et descend
mon slip le long de mes cuisses d’un geste vif. Mon sexe libéré jaillit.
Elle le regarde intensément, gourmande et impatiente, et ce regard me
bouleverse et me durcit. Elle me rejoint sur le lit, m’enjambe.
Mais
j’ai envie de rire, de ne pas la laisser faire, et je la fais basculer à
mes côtés en plongeant sur sa bouche, qui me dévore aussitôt. Je masse
ses seins dans la dentelle, ses fesses nues. Elle se tortille sur le lit
en frissonnant, caresse ma queue par moments divins. Nous nous pelotons
avec passion, et… je manque de ruiner toute l’ambiance – voire toutes
mes chances – en échouant lamentablement, comme un ado débile, à
détacher l’accroche de son soutien-gorge.
Satanée putain de foutue attache de soutif !
D’un
seul coup j’ai l’air d’un con, mais son éclat de rire efface toute ma
contrariété par l’impatience brûlante du regard qu’elle me lance en
enlevant son soutien-gorge en une seconde, à l’aveugle, les bras dans le
dos en bombant le torse.
Ses seins sont merveilleux, ils me
passionnent aussitôt, et j’efface à mon tour son rire en les prenant
dans mes mains : elle a une petite grimace de désir, ferme les yeux. Ses
tétons roulent entre mes doigts, sa bouche entrouverte se crispe de
temps à autre quand ma bouche goûte ses seins, je bande comme un dingue,
il fait chaud dans ce nid, sur ce lit hors du monde au fond de la nuit…
Je
renverse alors la belle sur la couette, la domine, me régale de ses
seins. Elle sourit, sa jolie tête dans les oreillers doux, et je
descends lentement sur son ventre. Ses doigts me tirent un peu les
cheveux pour exciter mon désir (qui n’a besoin de rien, mais qui aime
beaucoup cela aussi). J’approche de son pubis, du petit nœud qui décore
le haut de son string de dentelle.
Prenant tout mon temps, je respire son sexe à travers cette dentelle.
Elle
écarte un peu les jambes pour accueillir mon corps, ma bouche qui veut
fondre sur son désir. Je sens ce parfum d’impatience qui rend folle ma
queue qui va devoir attendre : la femme sans visage des coups de foudre,
voilà, je suis à ses pieds, je suis là pour elle.
Je suis l’invité
du manoir, elle m’invite, ouvre un peu plus les cuisses, j’embrasse son
sexe, dentelle mouillée, elle prononce mon prénom à voix basse plusieurs
fois, me colle la chair de poule.
Écartons la dentelle…
Petite
toison étroite, chic et excitante, et ses lèvres toutes jolies sous mes
yeux. Je dépose un baiser sur cette jolie petite chatte luisante
d’envie, entrouverte de désir et de parfums chauds, qui m’attire si
fort.
Ma langue, prudemment.
Ma langue. Je guette ses
frissons, je prends mon temps : ma bouche est pour elle, à elle. Ma
langue en elle, elle écarte maintenant bien ses jambes pour m’inviter
pleinement dans son plaisir à venir, dans le nid le plus intime de notre
nid, dans le trésor secret si adorable au bout de mon chemin. Je la
mange doucement, et les ondulations de son corps sur cette couette en
vichy rouge plongent mes nerfs, mon cerveau et mon sexe dans la
fournaise. Je suis à elle, et elle veut m’apprendre la foudre pour que
je la transperce d’un éclair à mon tour, qu’elle décolle du chemin pour
retomber toute molle et souriante.
Tout est retenu, concentré,
extrême : sa respiration bouleversée comme des vagues qui grossissent et
qui dévalent, les frissons de son corps ondulant dans le désir, et
toutes mes caresses minuscules au cœur du volcan. De l’orage brûlant !
Le plaisir gonfle peu à peu, une danse lente et nerveuse de son corps
sur ce lit rouge et blanc, et la vivacité de ma langue, de mes doigts,
prend aussi de l’ampleur. Elle gémit par instants, de plus en plus, et
je deviens fou !
Crispation forte, un sursaut qui dure, si joli
tremblement, et de là-haut elle me lance un regard flou, me demande à
voix basse :
— Viens…
Je me redresse et viens au-dessus
d’elle lentement, je souris, ma queue est douloureuse de tensions,
d’impatience. Elle la regarde d’un coup d’œil intéressé et me bascule
sur le lit en riant, nos rires se mélangent en un baiser tendre et nous
renversons nos rôles sur ce lit : elle attrape quelque chose sur la
tablette à la tête du lit, derrière le rempart doux des oreillers, et
prestement m’allonge sur le dos pour venir me chevaucher, s’asseoir sur
mes cuisses.
Sa beauté me subjugue. Je la regarde avec des yeux ronds.
Ses
seins me fascinent. Je tends les mains vers eux, mais elle les repousse
en fronçant les sourcils pour de rire : « Nan, laisse-toi faire !
Laisse-moi faire… » et elle déclipse du pouce le couvercle du tube
qu’elle a en main, un tube de gel qu’elle laisse couler dans sa paume.
Je sens le parfum : de la menthe.
Mes mains posées sur ses cuisses caressent le nylon de ses bas noirs.
Elle
pose le tube sur le lit et frotte lentement ses paumes en me
dévisageant d’un air coquin, rêveur, qui me fait bander autant que ses
seins, là sous mes yeux, que je n’ai pas le droit de toucher.
Lorsqu’elle
pose doucement sa main sur mon sexe tendu le long de mon ventre, je
frémis de la sensation de fraîcheur du gel qui nappe ses doigts, sa
paume… Mais la sensation est de courte durée, et la chaleur envahit tout
: mes veines, mes nerfs, mon cerveau !
Elle a un adorable petit
sourire de triomphe en prenant doucement ma queue à pleine main, et je
ne fais rien pour retenir mon gémissement de plaisir, cette sensation
est tout simplement dingue : je tends mon bassin vers elle, bouche
ouverte pour chercher de l’air…
Ses deux mains, très lentement,
me caressent, m’envoient en l’air sans pitié, très haut : le gel
glissant rend irréelle la pression de ses doigts, ses mains sont
brûlantes, et quand assailli de vertiges je la regarde, je vois sa peau
dans la lumière tamisée de la chambre, la courbe affolante de ses seins,
ses yeux de chatte qui ronronne, tout un spectacle privé et secret qui
me conduit plus haut encore.
Je suis à sa merci, elle le sait et s’en amuse, et prend son temps.
Mourir
de désir ? Cette nuit d’avant Noël, je ne veux pas qu’elle finisse, je
ne veux pas arrêter d’avoir faim, ne pas être un beau matin rassasié, je
ne veux pas déchirer le papier cadeau et le carton de l’emballage, et
devenir un enfant gâté : je ne veux pas me réveiller !
Je sens
que ses doigts appuient plus fortement sur ma hampe. Elle serre le poing
et masse avec application ma tige qui durcit sans cesse. Elle me veut
le plus et le mieux bandant possible, et à vrai dire n’a pas de gros
efforts à faire pour cela : je ne suis plus qu’une bite.
Elle tend
alors le bras en se penchant vers la tablette derrière les oreillers.
J’en profite pour attraper ses seins et en happer un avec ma bouche, ce
qui la fait rire et crier un peu, mais elle se rassied. Elle tient un
sachet de préservatif. Me le tend.
Une capote… parfumée à la menthe, c’est marqué sur le sachet.
— Ken pell amzer zo ! murmure ma belle en souriant.
Hein
? Oooh… depuis combien de temps n’ai-je plus utilisé cela ? Mais la
minute, ces secondes-là de cette nuit-là, ne sont pas celles des
questions, des inquiétudes, des doutes. Cette nuit, c’est ma fête, et la
maîtresse de maison m’invite à un festin…
Déchirer l’emballage,
sortir la rondelle glissante de latex, commencer à la dérouler,
m’emparer de ma queue luisante de gel et tendue de désir dingue, poser
la capote et la plaquer sur mon gland congestionné qui mouille tout seul
d’envie pour dérouler soigneusement le latex le long de ma hampe
courbée d’envies vibrantes.
Me voilà, nous voilà, protégés. Tu es une fée moderne, ma chérie.
Elle
reprend la direction des opérations, et les choses, et mon sexe, en
main. Ouiiiii… Je vois dans son regard baissé, concentré, une impatience
qui m’affole, et quand elle écarte la bande étroite de la dentelle de
son string, mon cœur bat à tout rompre. Elle rampe sur moi, me guide en
elle d’une main ferme. Mon gland, elle le frotte un petit peu à l’entrée
de sa chatte, et… le rentre en elle. Je suis en apnée.
Peu à
peu, mais très vite, je me retrouve à la pénétrer. Elle joue de son
bassin, de ses cuisses pour s’asseoir et s’empaler sur moi. Mon corps
allongé sous elle n’est que tensions, je transpire et grimace, et
j’aperçois sa bouche serrée par la concentration. Elle a posé sa main
droite sur mon torse – sa main gauche tient encore la base de ma queue –
et je m’enfonce dans son corps qui se tortille, tout brûlant. C’est un
délire absolu de sensations fortes !
Un petit mouvement de bassin, je crie, je suis en elle !
Son
regard bleu drogué à l’herbe à chat, elle ronronne, et je ne lui
demande pas son avis : je prends ses seins dans mes mains. Elle remonte
un peu ses fesses et je retiens un autre cri quand elle donne un petit
coup de reins avec un sourire de garce attendrie pour me remettre bien
au fond d’elle.
Ondulations, crispations, découverte à la menthe
forte, nos peaux qui apprennent à se connaître, à glisser l’une contre
l’autre, acharnées, charnues. Nous ne nous quittons pas des yeux,
fascinés et amusés par une révélation en cours d’accomplissement,
d’épanouissement : le plaisir que nous pouvons créer tous les deux dans
un lit à carreaux rouge et blanc, c’est ma fête et le réveillon de Noël,
le soleil et la foudre en pleine nuit. Tout se mélange les pinceaux, en
un combat sans violence mais d’une intensité énorme.
Elle veut
me faire jouir, et je résiste, et je pince ses seins, et elle coulisse
par petits coups le long de mon sexe dressé pour me rendre fou, et je
tiens fermement ses hanches pour plonger en elle, en haut, par surprise,
pour la faire crier un peu, et elle me griffe la peau, et j’attrape ses
fesses, et c’est bon, et c’est boooon… !
Son souffle, sa
respiration m’affolent particulièrement, je ne sais pourquoi, mais une
partie de mon cerveau est obsédée par sa respiration : la femme qui me
fait l’amour est animale, sensible, elle est dingue et j’aime cette
vibration qui va et vient et se gonfle et s’allonge, comme un drap dans
le vent.
Sa poitrine ronde, dans mes mains qui jouent avec, c’est
pour nous deux – pour elle je crois bien, pour moi c’est certain – le
cœur du dérapage, ce qui nous fait perdre pied, le contrôle, le trouble
puissant qui me déroute, et pour ma part en tout cas abat peu à peu mes
résistances à laisser le plaisir passer le rempart de ma volonté.
Ma
volonté s’effondre comme du sable devant le bonheur qui dévale : la
vague sur la plage, je crie tout bas, un cri étranglé d’émotions, que je
vais jouir. Mes mains malmènent ses seins, je vais jouir et mon amante
le sait qui me dévisage, elle le sait et roule des hanches, du bassin
pour faire danser plus fort en elle ma tige d’homme qui n’en peut plus…
Ses yeux ont une intensité stupéfiante, son visage se crispe, et tout bascule.
Le
non-retour, et la foudre, comme une vague claquant sur un rocher qui
explose, l’écume blanche et le volcan dans la même seconde ! Je serre
les dents sous la morsure du plaisir et ne peux retenir un grognement
presque douloureux en serrant sa poitrine chaude dans mes paumes en
sueur : je jaillis en elle, et immobile je pars dans les airs. BAM,
encore des éclairs, elle aime bien.
Je jouis très fort, et dans cette
tempête au cœur de son ventre serré, tout le long de cette apothéose
électrique, nous nous dévisageons avec une folle émotion, comme
émerveillés l’un de l’autre… Nous étions des inconnus et nous sommes
réunis. La jouissance se déverse, les ondes se croisent et se mélangent à
la surface de l’eau douce.
Les spasmes diminuent peu à peu, et
je vois son sourire doux éclairer à nouveau son visage. Elle est encore
essoufflée et caresse ma poitrine en sueur, contre laquelle elle plaque
ses seins en m’embrassant. Sa langue joue avec la mienne, mais un vieux
souvenir impératif vient contrer mon envie, mon besoin d’abandon :
retirer ma capote. Elle sait. Elle comprend d’un sourire. Elle devine
tout, ma fée de la nuit.
D’un petit mouvement de ses reins, je ne
suis plus en elle et je retire la pauvre chose fripée-mouillée contenant
ma jouissance. Zou.
Elle vient se coucher contre moi. Nous
sommes brûlants tous les deux. Elle est au creux de mon bras, blottie.
je caresse son dos. Le câlin, une confiance aussi forte et belle sans
doute que le plaisir que nous venons de prendre ensemble, l’amour que
nous venons de faire.
Ensemble : coucher ensemble, couchés ensemble. Qui est cette femme ?
Son
évidence me traverse, chemin de traverse. Le voyage m’a mené sur ce
chemin-là, et elle semblait m’attendre. Elle me fascine et, tournant la
tête, je la regarde dans la pénombre de la chambre : son visage, ses
yeux fermés, son léger sourire abandonné, elle se repose dans mes bras.
Tout simplement belle. Belle dans l’absolu, dans la douceur et la
féminité. Sa bouche, le rouge à lèvres – très jolie bouche – une mèche
de cheveux mouillés.
Soudain elle ouvre les yeux et me voit
l’examiner en silence. Elle sourit, amusée. Je ne vais tout de même pas
lui dire la pensée qui me vient… que je passerais bien mon temps et
toute ma vie à la regarder ? Non, ce serait trop. Pas ma vie à la
regarder : lui dire ça maintenant.
Des fois, ça ne me gêne pas de garder le silence, surtout… si l’on s’embrasse.
Notre
baiser, très lent, juste goûter ses lèvres chaudes. Je me demande
pourquoi. Pourquoi elle est là contre moi, pourquoi moi. La réalité
n’est pas en doute. Sa peau douce, son parfum, ses parfums, sa voix
chantante, le risotto, son sexe et la dentelle de ses bas : tout est
vrai, offert.
Pourquoi, je ne sais pas. Peut-être est-ce cela la clef
qu’il faut trouver ? La raison de tout cela ? Le pourquoi et la raison ?
Je ne crois pas. En l’embrassant lentement je me dis cela : rien n’est
raisonnable, déjà, et la raison n’existe pas quand c’est évident, et
c’est sans doute cela qu’on appelle le coup de foudre, non ?
Et
puis mes pensées se promènent en liberté, je me dis que j’adore la
regarder, et que j’adore ses seins, aussi. Je les caresse avec
tendresse, comme des chats endormis que je ne veux pas réveiller, juste
espérer entendre ronronner. Mais… mais la respiration de ma maîtresse
qui s’accélère… Mais… son souffle me colle des frissons.
La
possibilité de l’excitation. Non, pas la possibilité : elle est déjà en
route, silencieusement, mais je la reconnais dans la lumière des yeux de
ma fée, dans mon sexe qui va bientôt s’allonger et durcir, je le sais :
je le connais, ce petit salaud qui en veut toujours plus !
Je vais peut-être réveiller les chats, finalement.
Auteur : Riga
Lisez la suite
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire