Rédemption
Les
jours qui suivirent ces retrouvailles quelque peu gâchées furent
moroses. J’ignore dans quel état d’esprit était celui dont j’avais si
brusquement repoussé les avances ; pour ma part, j’étais littéralement
anéantie. Consciente d’avoir brisé la douce harmonie qui s’installait
entre Philippe et moi, je m’interrogeais sur ma conduite et la façon de
réparer cette regrettable gaucherie. Je ressassais journellement ma
maladresse, m’en voulant de ne pas avoir laissé cette liaison naissante
se poursuivre de manière naturelle et spontanée. Cette rencontre,
pourtant si chèrement souhaitée, ne pourrait plus se reproduire ;
c’était désormais une cruelle évidence.
Le soir, en larmes, je ne
pus éviter de repenser à ces sensations inédites qui avaient alimenté
mes pensées une année durant. Je revivais ces moments troublants,
furtifs, mais si prometteurs. Alors que se présentait la possibilité de
prolonger cette histoire excitante et inattendue, je ne parvenais
étonnamment pas à m’en saisir.
Comprenant qu’il me serait
impossible de me soustraire indéfiniment à ces étreintes que nous
appelions tous deux de nos vœux, je décidai d’adopter dorénavant une
attitude plus conciliante dans notre relation. Forte de cette décision
mûrement réfléchie, je me préparais psychologiquement à le retrouver,
mais il me faudrait cette fois-ci faire fi de mon inexpérience et
abandonner mes appréhensions si je voulais enfin découvrir ces plaisirs
imprécis.
C’est avec l’esprit empreint de cette ferme résolution
que je me retrouvai à parcourir ce bout de plage familier, mon loyal
Granite piaffant d’impatience devant le peu d’intérêt que je portais à
partager son jeu habituel.
Parvenue face à l’accès qu’une nature
malicieuse se plaisait à cacher aux « profanes », je rappelai mon chien
et scrutai le déplacement des rares promeneurs qui fréquentaient ce banc
sableux isolé. Après moult hésitations, je ne parvenais pas à
m’engouffrer dans cette brèche qui me donnait la possibilité immédiate
de retrouver Philippe, dont j’ignorais s’il partageait l’envie de se
revoir.
Un groupe de baigneurs s’était rapproché, je me mis à
craindre que mon comportement n’attire l’attention. Me rappelant le
chemin qui débouchait sur la route de sa demeure, je décidai de
l’emprunter… en espérant que la providence me vienne à nouveau en aide !
Cette fois, elle ne me fut d’aucun secours.
En
longeant sa résidence, je me rendis compte qu’il était
incontestablement impossible d’en déceler l’existence depuis la rue. Un
haut mur de pierres, que surmontait l’écran naturel d’imposants
feuillus, rendait vaine toute possibilité d’exploration vers
l’intérieur.
Ne me berçant plus d’illusions sur une hypothétique
rencontre, je finis par en oublier l’invraisemblable éventualité et,
n’osant actionner le timbre de l’entrée, me résolus à partir sans
révéler ma présence.
Alors que l’horizon s’obscurcissait sous des
nuages annonciateurs de pluie, l’esprit tout aussi rembruni, je
m’accordai un léger détour pour une petite balade consolatrice. Tandis
que mon chien me manifestait sa joie de pouvoir enfin se dégourdir les
pattes, je maugréais intérieurement sur cette conception bien singulière
de la sécurité pour s’enfermer ainsi derrière un semblant de forteresse
dont les remparts étaient si fragiles par ailleurs…
□□□
Un violent orage s’invita en première moitié de nuit en apportant d’intermittentes précipitations.
De
fortes bourrasques se prolongèrent plusieurs jours, éloignant un peu
plus mon rêve d’une possible réconciliation. Ma tourmente intérieure se
calma au rythme de la tempête qui sévissait au-dehors.
Enfin une
belle accalmie se présenta et, craignant qu’elle soit de courte durée,
je ressentis le besoin de me distraire en extérieur avec Granite. Ainsi,
faisant fi d’un astre du jour convalescent, je me portai tout
naturellement vers notre aire de jeu favorite pour partager ces moments
de complicité avec mon chien. La crique, d’ordinaire déjà peu
fréquentée, était totalement déserte en cette fin de matinée plutôt
fraîche pour la saison. Une véritable aubaine pour deux comparses en
manque de défoulement.
Arrivée sur la grève, au calme à peine
troublé par le lancinant bourdonnement d’une tondeuse, je pensais
naturellement à l’être, si proche et devenu inaccessible, qui accaparait
autant mon imagination et mes rêveries. Ne voulant plus me laisser
submerger par l’abattement de ces derniers jours, je voulus chasser
toute forme de tristesse ; nos amusements habituels se succédèrent, de
lancers de bâton en courses effrénées.
Exténuée, les joues en
feu, je dus m’asseoir sur un rocher pour retrouver mon souffle. Devant
mon inanition, Granite se posta à mes pieds et se mit à creuser dans le
sable détrempé, relevant la tête régulièrement comme pour quémander mon
approbation, reprenant de plus belle la fouille sous mes encouragements.
Je me divertissais de son infatigable activité lorsqu’il se figea, le
museau enfoui dans le creux déjà bien formé.
Comme il se mit à
japper avec insistance, je m’agenouillai pour comprendre l’origine de
son excitation : il venait de débusquer un jeune tourteau ensablé.
Prenant mon remuant quadrupède dans les bras, détournant son attention
pour recouvrir le crabe du sable remué, je le câlinai afin de le calmer
et lui faire taire ses stridents aboiements qui perturbaient la quiétude
de ce recoin oublié du monde. Mon chien, apaisé par mes caresses,
semblait tout aussi ravi que moi de cette escapade et me faisait part de
sa gratitude par de vigoureux lèchements que je ne parvenais pas à
esquiver.
C’est sous une atmosphère qui se réchauffait sous un
ciel à présent totalement dégagé que je décidai de rentrer. Tonifiée par
l’air iodé, je me sentais revivre et ne ressentais plus la moindre
affliction.
Comme j’empruntais à contresens le sentier menant à
la plage, j’eus une fugace vision. Mon inconscient me jouait-il un tour
en me donnant cette subite apparition ? J’eus l’illusion du portrait de
Philippe m’apparaissant entre deux bosquets de noisetiers bordant le
chemin.
— Bonjour, chère demoiselle ! s’exclama une voix au timbre familier.
Il
ne pouvait s’agir d’une hallucination : ce ton si caractéristique était
bien le sien. Interloquée, presque craintive, je ne parvenais plus à
discerner la forme imprécise face au soleil aveuglant. La main en
visière pour contrer l’éblouissement, je tentais vainement de
reconnaître l’intrus. Granite, que je tenais serré contre moi, émit
quelques glapissements en gesticulant d’une façon particulière que je
savais interpréter : il connaissait cette personne. Reprenant avec peine
mes esprits et un peu de vision, je vis l’homme dévaler prestement le
talus qui nous séparait. Revêtu d’une tenue kaki, le crâne enfoncé dans
une casquette assortie, Philippe m’apparut enfin distinctement, le
visage hilare.
— Alors jeune fille, on n’me reconnaît plus ? Décidément, je vais devoir me faire à cette idée !
— J’avais un doute, c’est que je ne m’attendais pas à vous voir ici, tentai-je de me justifier.
— Tss… tss… Tu me tutoies… c’est un ordre !
Comme je restais pantoise, il se reprit aussitôt :
— Je plaisante ! Mais c’était notre convention et, pour ma part, ça le reste.
S’approchant, il caressa le museau de Granite qui se trémoussait de joie sous ses cajoleries.
— Lui me reconnaît… et on a plutôt l’air d’être copains tous les deux.
Devant mon mutisme persistant, il jugea bon de poursuivre :
— Bon,
je me dois de te fournir un minimum d’explications… au cas où tu
penserais que je passe mon temps à t’espionner. Mes voisins sont partis
pour une quinzaine de jours ; je surveille la propriété pendant leur
absence et m’occupe également un peu du jardin. Je terminais justement
de tondre quand j’ai entendu un aboiement qui ne me semblait pas
totalement inconnu. Sachant qu’une charmante personne accompagne
ordinairement ledit chien, je ne pouvais que venir à sa rencontre. Mes
éclaircissements te conviennent-ils ?
Je dus me mordre les lèvres
pour ne pas succomber à la tentation d’éclater de rire. Ainsi, au
moment même où je pensais l’avoir définitivement chassé de ma mémoire,
le destin ― ou était-ce autre chose ? ― me le ramenait sans crier gare.
— Que dirais-tu de nous revoir, ma petite Justine, me demanda-t-il. Serais-tu libre après déjeuner ?
Malgré mes efforts pour amorcer une discussion, je ne parvenais pas à articuler un seul mot. Il s’empressa d’ajouter :
— Je te promets de ne plus te contrarier. Promis.
Plus
me contrarier ? Que voulait-il exprimer exactement ? Je me sentais
tellement coupable de m’être refusée à ce rapprochement et,
curieusement, j’appréhendais un nouveau face-à-face. Pourtant, je
désirais tant revivre ces sensations tout juste perçues et que je
pressentais agréables. Un conflit intérieur, que je pensais avoir
définitivement réglé, resurgissait.
Devant tant de questions, et mue par une curiosité croissante, je cédai à la tentation de le revoir…
□□□
En
milieu d’après-midi, alors que je cheminais une fois de plus sur ce
sentier coutumier, j’hésitai encore une fois sur ma conduite à tenir.
Plus je m’approchais de lui, plus je doutais de moi. Quelques audacieux
baigneurs, heureux de profiter du retour du beau temps, osaient défier
la fraîcheur de quelques déferlantes. Absorbés par leurs réjouissances,
ils ne me virent pas me faufiler discrètement par la « voie cachée ».
Je
fus chaleureusement accueillie par le maître des lieux, comme s’il ne
m’avait pas vue dans la matinée. Me pressant contre lui, il me caressa
amicalement les cheveux, releva mon menton d’un geste qui lui était
propre pour m’obliger à croiser son regard. Penaude, je replongeai dans
ses yeux couleur noisette. Je sus à cet instant que je ne pourrais plus
rien lui refuser, à commencer par mes lèvres qu’il s’empressa de
recouvrer avec la même appétence. L’étreinte fut brève, mais tout aussi
passionnée.
— Veux-tu que nous allions à l’intérieur ? Je crois
que j’ai pris un petit coup de soleil sur la margoulette. Les joies du
jardinage n’ont pas que des avantages, se plaignit-il en se frottant le
sommet du crâne.
Effectivement, j’observai que son nez avait pris
une couleur qui virait à la tomate et que son front était écarlate, ses
cheveux coupés court n’avaient pas dû le protéger outre mesure.
— Pourtant, il me semble que tu portais une casquette ce matin ? lui fis-je remarquer.
— Oh,
la casquette, je l’ai seulement remise quand j’ai entendu ton chien sur
la plage ; je l’avais accrochée en passant sous une branche. Granite
n’est pas avec toi ?
— Il dormait sagement dans son panier ; j’ai préféré le laisser tranquille, il s’est suffisamment défoulé ce matin.
Nous
entrâmes directement dans la pièce de réception par la porte-fenêtre
grande ouverte. Mes yeux, pas encore habitués à la pénombre, mirent
quelques secondes pour distinguer le désordre ambiant : des vêtements et
des magazines étaient jetés sur le canapé et à même le sol. J’en fus
extrêmement étonnée : mes précédentes visites m’avaient laissée sur une
impression contraire, tant discipline et rigueur semblaient être
l’apanage du maître de céans.
Se voyant pris en défaut, affectant
un air dépité, il se mit à mettre un semblant d’ordre. Les revues
prirent prestement place dans un casier sous la table basse. Tout aussi
vivement, sans s’excuser, il quitta la pièce les bras chargés des effets
épars.
Restée seule, j’en profitai pour mieux appréhender les
lieux. Je fus surprise de distinguer la silhouette d’un piano d’étude
dans un recoin plus sombre de l’immense séjour ; je ne l’avais pas
remarqué lors de mes précédents passages.
Philippe réapparut et
vint se poster face à moi. Il enserra mes menottes. Le faciès marqué
d’une inhabituelle fatigue, il m’annonça :
— Désolé de te recevoir dans un tel désordre, mais ces derniers temps je n’avais plus goût à rien.
Le ton me sembla empreint de reproche, aussi je m’enquis sur-le-champ :
— Ce n’est pas à cause de moi, j’espère ?
— Un peu… Mais il y a prescription, surtout maintenant que tu es là, répondit-il, la mine grave.
Je
ne savais comment interpréter sa réplique. Me sentant fautive de son
abattement, je ne cherchai nullement à en réfuter la cause et préférai
garder le silence. Gardant mes mains captives, il poursuivit :
— Je vais être franc, je n’ai cessé de penser à toi ces derniers jours.
Devant son inhabituelle apathie, d’une innocence mal feinte, je tentai de minimiser cette affliction :
— Comment ça ? Tu as pensé à moi ?
— Pensé, rêvé, appelle ça comme tu veux. Être privé de ta présence m’est devenu insupportable.
Perturbée,
profondément affectée par cette poignante révélation, mais n’en voulant
rien laisser paraître, je me dirigeai vers le piano, le choisissant
comme prétexte pour fuir cette peine exprimée sans pudeur. Je ne pus
résister à la tentation de prendre place devant l’instrument de belle
facture. Une partition ouverte sur le pupitre affichait une sonate de
Chopin ; j’effleurai le clavier, entamant le premier mouvement.
Discrètement,
Philippe s’assit à mon côté sur un bout de la banquette, visiblement
subjugué par ma pourtant modeste prestation. Le regard figé sur le
ballet de mes doigts gourds, ses traits se détendirent peu à peu,
faisant place au petit sourire malicieux que j’affectionnais tant. À
regret, les poignets devenus douloureux par manque d’exercice, je dus
vite abandonner mon jeu.
— Tu ne te débrouilles pas si mal, se plut-il à remarquer, plein d’indulgence.
— J’ai
peu pratiqué, au grand dam de mes parents mais pour le bien-être des
tympans de ma prof… et de mes voisins. Tu en joues régulièrement ?
— Rarement… en fait, c’est celui de mon épouse.
— Tu es marié ? m’enquis-je, stupéfaite.
— Je l’ai été… plusieurs années. Mais ma vie, me tenant souvent éloigné, a fini par nous désunir pour de bon.
Il soupira et poursuivit :
— Je ne me suis jamais résolu à me séparer du seul objet qui me reste d’elle. Elle pouvait y passer des heures…
À
sa voix imperceptiblement chevrotante, je devinai un trouble intérieur
qu’il peinait à masquer. La chaleur de sa paume sur mon poignet me fit
relever la tête. De fines larmes perlaient de ses yeux rougis par
l’émotion. Prenant conscience de son bouleversement, je me sentis
envahie d’une sensation étrange.
Étais-je coupable de cette
tristesse qu’il affichait sans fard ? Avais-je réveillé un souvenir
enfoui ? Avivé un sentiment d’amertume ? La carapace sous laquelle il se
protégeait n’était qu’une fragile armure perméable aux sentiments. Sous
une apparence froide et austère, je devinais un homme d’une extrême
sensibilité, apanage qui était loin de me laisser indifférente.
Sa
main tremblotante remonta vers mon épaule, se posa sur ma nuque,
m’attirant vers ses lèvres goulues qui me dévorèrent avec une passion
intacte. Sous l’agitation de sa langue experte, mêlant nos salives avec
une volupté dévorante, je n’esquissai cette fois aucun geste de recul
envers cette dextre hardie qui se glissa sous ma jupette, laissant ses
doigts effleurer la peau délicate à l’intérieur de mes cuisses.
Ce
contact avait d’emblée créé une véritable effervescence au plus profond
de mon ventre, libérant des sécrétions intimes dont je ressentais déjà
les épanchements humidifier mes vaporeuses dentelles. Fondant
littéralement sous ses attouchements, anxieuse et impatiente, je n’en
espérais plus que l’aboutissement.
La banquette du piano
s’avérant peu accueillante pour nos tendres effusions, il se releva avec
calme tout en m’invitant à le suivre vers la zone salon. Il me guida
vers le canapé et m’y coucha avec une délectable attention, me déposant
comme un objet précieux au fond de son écrin. Se penchant sur moi, il
chercha à prolonger la fusion de nos bouches encore avides de doucereux
mélanges.
Je m’abandonnai entièrement à ses fougueuses
embrassades, partageant la même voluptueuse frénésie. Tout mon être
était assailli de doux frissons ; le moindre de ses touchers affolait
mes sens en éveil. Languissante sous le poids de son torse, je le sentis
s’aventurer sous mon tee-shirt à la découverte de mes formes juvéniles.
Fermant les yeux – non par pudeur, mais pour mieux goûter à ses
fureteuses palpations – je le laissais m’emporter bien au-delà des rêves
que je m’étais forgés durant cette longue année peuplée de souhaits et
d’espérances.
Sans que j’en aie pleinement conscience, débardeur
et bustier passèrent le cap de mes épaules, laissant les lèvres affamées
de mon bienheureux assaillant virevolter sur ma chair indécente.
D’abord hésitant, il profita de l’égarement dans lequel me plongeaient
ces délices encore inconnus pour palper les monticules de mes seins à
tour de rôle, les malaxer, les pétrir, prenant un malin plaisir à en
pincer les pointes durcies par l’exaltante perspective à laquelle je
m’étais promis de ne plus me refuser.
Ayant abandonné toute
réserve, je permis à Philippe de me téter goulûment tandis que ses
doigts se perdaient dans les plis désordonnés de ma jupe. Respiration
bloquée, enivrée d’un bien-être à peine reconnu, je le laissai me
délester de ma fine étoffe sans résistance. Les jambes soutenues par
l’une de ses épaules, comme dans une scène irréelle, je vis ma légère
soierie glisser le long de mes chevilles et s’envoler hors de mon champ
de vision.
Je me sentis tirée vers le rebord du canapé, les
fesses relevées sur l’un des accoudoirs. Sans autre ménagement, Philippe
ouvrit le compas de mes jambes, retenant mes genoux repliés contre ma
poitrine. La hardiesse de son geste provoqua un délicieux frisson qui se
propagea dans tout mon corps ; pour la première fois je me dévoilais
pleinement à la vue d’un homme.
En découvrant mon sexe uniquement
paré de son flavescent duvet, ses yeux s’embrasèrent, comme électrisés
par une vive exaltation. À ce moment précis je compris l’influence de la
stimulation engendrée par la vision de ma féminité sur son désir
d’homme. Nullement offensée d’être ainsi vulgairement troussée, je lui
exposai avec une lubricité encore inconnue la preuve de ma nature qu’il
contemplait, la mâchoire pendante, avec un ravissement non feint.
Ses
doigts séparèrent délicatement les lobes de ma virginale corolle ; la
chaleur de son souffle sur mes pétales déployés attisa le feu de mon
bas-ventre. Sa langue se mit à explorer l’intérieur de mes replis
charnus, en fouilla l’évasure et je tombai en pâmoison sous ses exquis
lapements. Même dans mes plus frénétiques stimulations nocturnes, je
n’avais jamais ressenti de telles palpitations au cœur de ma vertu.
En
me faisant tourmenter le minuscule bourgeon niché sous le mont de
Vénus, je découvrais que l’organe de la parole disposait d’une autre
forme d’expression et qu’une certaine volubilité pouvait se conter
autrement que par des mots. La fulgurance d’une onde de volupté me fit
lâcher un profond soupir de ravissement. Dans un geste réflexe, je
refermai mes jambes, tenant involontairement prisonnière la tête de mon
divin bourreau qui, ne voulant en rien céder la place, s’empressait à
aspirer la sève suintant de mes muqueuses. Le visage enfoui entre les
ourlets de ma fleur épanouie, il me tenait de la manière la plus
favorable à ses polissonneries et se livra à un examen poussé du
voisinage avec la même ivresse. Acceptant une fouille qui m’aurait parue
fort humiliante en d’autres circonstances, je me délectai de sa
privauté et le laissai se repaître de mon fessier jusqu’à satiété.
D’un
bond rapide, il se déroba. Je n’eus qu’à peine le temps de
l’entrapercevoir, titubant presque, le bas-ventre serré dans les mains,
vers ce qui me sembla être la salle de bains. Sa fuite m’incommoda sur
l’instant, par son incompréhension et par le fait qu’elle marquait la
fin des ravissements auxquels je ne souhaitais nullement me soustraire.
Son
absence se prolongeant, devant l’incongruité du désordre où elle me
laissait, je me mis à la recherche de mes vêtements. Un bruit d’eau qui
coule me parvenait de la pièce où Philippe s’était réfugié, stimulant
mon imagination : la « bosse » avait de nouveau manifesté sa réalité… et
exigeait cette fois une exclusive attention !
Au retour de mon
bienfaiteur, égayée par cette licencieuse pensée, je revêtais ma soyeuse
parure retrouvée suspendue comme un trophée à l’oreille d’une chaise.
Philippe vint se placer dans mon dos pour m’étreindre avec tendresse.
Tout en me mordillant
chaleureusement le cou, il glissa une main
dans ma culotte pour englober le renflement de ma motte. Il parvint à me
questionner :
— Tu as apprécié que je te taquine la fraise ?
Tentant
vainement de fuir ses chatouilles d’un mouvement d’épaule, je n’osai
lui révéler que j’étais encore désireuse de ses lutineries, qu’il
pouvait m’utiliser de tout son soûl pour étancher sa soif de volupté. À
présent, je savais qu’il était devenu inutile d’en exprimer le souhait :
nos prochaines rencontres ne pourraient être autres que charnelles…
Auteure : Inanna
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