jeudi 31 décembre 2015

Indécences - Itinéraire d'une dévergondée (6)

Relire le chapitre 5


Coitus reservatus



Au lendemain d’une nuit récupératrice, je me réveillai singulièrement détendue et pleine d’entrain. Ce nouvel excès de dynamisme ne manqua pas d’attirer l’attention de ma génitrice qui s’interrogeait plus que jamais sur ces incessants changements d’humeur, me voyant d’un jour à l’autre passer de l’abattement à la jovialité avec une facilité déconcertante. En parente attentive, elle augura l’existence d’une amourette de vacances. Elle ne commit pas l’indélicatesse d’insister devant mes réponses évasives, se contentant de me notifier avec vigueur : « Il va falloir que l’on se parle toutes affaires cessantes, entre femmes ! »

Le petit déjeuner promptement englouti, c’est à regret que j’effaçai sous la douche les secrets effluves qui sacralisaient mon envers. Après une audacieuse contemplation de ma nudité, je me contentai de ne revêtir qu’un simple slip pour m’étendre voluptueusement sur mon lit.
Le vivace souvenir de la liqueur génésique ruisselant sur mon postérieur ne s’était pas estompé. Faisant nullement preuve de contrition, je n’aspirais qu’à renouer au plus vite avec cette chaude sensation. Si mes fesses gardaient en mémoire le contact de ce qui avait émané de lui, j’éprouvais cependant de l’amertume : je ne l’avais pas vu répandre sa jouissance.

Toutefois, la ferme énonciation de ma mère me rendait à nouveau circonspecte. Je savais que j’outrepassais largement ce qu’elle ne m’aurait nullement autorisé avec un garçon de mon âge ; je n’osais imaginer sa réaction si elle apprenait que mon « petit ami » avait trois fois mon âge. Sans cesse tiraillée entre la volonté de rester fidèle aux préceptes qu’elle m’avait inculqués et mon inéluctable dessein, un autre désir venait tourmenter l’éveil de mon ventre : faire l’amour avec Philippe, unir nos corps dans une même exaltation.

Je connaissais parfaitement le risque encouru, mais je savais – certes, de manière imprécise – qu’il existait quelques parades et que faire l’amour n’impliquait pas obligatoirement d’être enceinte ; de plus, je me sentais particulièrement en confiance avec l’homme qui me procurait tant de frissons.

Si l’anatomie masculine aiguisait de plus en plus ma curiosité, la mienne n’était pas en reste, et c’est avec un intérêt redoublé que je considérais ma féminité. Dans l’intimité de ma chambre, je me focalisai, plus que tout, sur l’examen de ma vulve. Assise au bord du lit, tenant un miroir à main devant mes cuisses éhontément ouvertes, j’inspectai méticuleusement les méandres de cette ouverture par l’entrebâillement de ma culotte.

Plus d’une fois j’avais été émerveillé par la vision du pénis de Philippe s’abrogeant des lois de la pesanteur sous l’effet – dont je n’étais pas peu fière ! – que lui procurait l’envie de me posséder, et à mon tour je crevais d’envie de me donner entièrement à lui. Mes grandes lèvres bien étirées, ouvrant la cavité de mon vagin de mes doigts écartés, je m’inquiétais de savoir si le passage était suffisant pour me permettre de le recevoir en moi.

Certaines copines du lycée s’étaient ouvertement vantées de « l’avoir fait » et, bien que le doute fût permis pour la plupart, il me plaisait de savoir qu’elles n’en avaient nullement souffert. Bien au contraire, selon leurs propres dires c’était « trop génial ! » Alors…

Si la journée fut maussade, mon horizon devenait de plus en plus radieux. Je savais que je le retrouverais sous peu, et l’idée de cette courte attente m’était moins insupportable. Je me sentais enfin libérée de mes dernières réticences et prête à goûter avec Philippe à l’émotion encore inconnue de l’accouplement. Somme toute, même si une certaine appréhension subsistait, l’envie de percer les ultimes secrets de la sexualité fut la plus forte, et je me retrouvai dès le lendemain, impatiente et pleine de vitalité, au flanc de sa résidence.

□□□

Ayant une fois de plus accédé à sa demeure par le sentier connu de nous seuls – sans m’y égarer à présent ! – je dus frapper vigoureusement à la porte-fenêtre du salon pour attirer l’attention de son occupant qui somnolait sur le canapé, un magazine grand ouvert sur le visage. Émergeant avec peine de son assoupissement, dissimulant difficilement un bâillement derrière une paume, il chercha ses mules et vint me libérer de mon enfermement extérieur.

À peine dans ses bras, il me serra contre son corps encore alangui et me frotta amicalement le dos. Il ne put réprimer un profond soupir, puis, sortant de sa léthargie, me déclara :

— Je ne m’attendais pas à ce que tu viennes aujourd’hui ; je suis bienheureux de te voir.

Frappée de stupeur, je m’en étonnai. Il tenta une réponse maladroite :

— Je ne sais pas, disons que je pensais que tu allais attendre que le ciel redevienne plus limpide.
— Il ne fait pas mauvais, juste un peu de vent !
— Juste un peu de vent ? Ça souffle autant sur la Méditerranée, pour confondre brise et bourrasque ?
— Oui, il y a le mistral, et surtout la tramontane.
— Hum, c’est vrai ! Mais au moins ils ont le mérite de vous chasser les nuages, eux !
— C’est joli la Bretagne, même avec des nuages.
— Tu as certainement raison, mais l’herbe est toujours plus verte dans le pré du voisin, c’est bien connu. Bah, arrêtons d’ergoter sur la pluie et le beau temps ; souhaites-tu prendre quelque chose : thé, café, jus de fruit ?
— Pour une fois, je prendrais bien un café.
— À la bonne heure ! Suis-moi à la cantine, on le boira là-bas, si ça ne te dérange pas.

Je le suivis donc dans sa cuisine, que je visitais pour la première fois. Certes, j’avais pu l’admirer en partie, mais seulement depuis le salon, et je ne m’attendais pas à une surprise sur son agencement. Comme pour les autres pièces, le côté sobre et fonctionnel, dans un style contemporain assez audacieux, était de mise. Tout y respirait la netteté, depuis la clarté des murs jusqu’au moindre ustensile ; à se demander si le lieu était réellement utilisé. Seule manquait la petite touche de personnalisation qui aurait apporté une atmosphère moins austère.

Le temps de me faire ces réflexions internes, Philippe posa sur la table deux expressos fumants dont le puissant arôme emplissait la pièce. Faisant coulisser une tablette qui recouvrait en partie l’îlot central, il la transforma en un tournemain en console apte à recevoir quatre personnes. Me désignant l’un des hauts tabourets placés devant, il m’ordonna :

— Assieds-toi, ce sera plus confortable.

Je me hissai sur le siège, de manière un peu gauche, car la manœuvre n’était pas facilitée par l’étroitesse de ma jupette. Soufflant chacun sur sa boisson chaude, nous nous regardions, sans entamer une conversation. J’avais parfois quelques difficultés à soutenir son regard, et c’est avec soulagement que j’entendis sa question :

— Alors, petite Justine, comment as-tu vécu notre dernière rencontre ?

Reposant calmement ma tasse, je pris le temps de réfléchir à une réponse sensée, mais je ne trouvai rien de mieux à prononcer qu’un banal :

— Bien !
— Tu as réellement aimé ? Je parle bien entendu de cet « échange » d’un genre un peu particulier que nous avons eu à la fin de notre relation !

Puis, prenant son petit air malicieux, il ajouta :

— Tu n’as pas eu trop de difficultés pour t’en défaire ?

Je ne pus réprimer un sourire qui, face à son aspect goguenard, se transforma aussitôt en une crise de fous rires difficile à contenir. S’amusant de ma mine enjouée, voulant profiter de l’effet de relâchement dû à sa farce, il s’approcha de moi, me caressa tendrement une joue et, sans détour, me demanda :

— Tu n’aurais pas envie de recommencer ?

Mes gloussements s’arrêtèrent sur le champ. En guise de réponse, je me laissai glisser de mon tabouret et me blottis contre lui. Chancelante sous un rythme cardiaque arythmique, je me cramponnai à sa taille. Perdant l’emprise de ma pensée, fruit d’une vérité trop longuement contenue, ma phrase fusa avec une sincérité convaincante :

— J’aimerais faire l’amour avec toi !

Un long silence, interminable, s’ensuivit…

Toujours pelotonnée contre son ventre, j’entendis sa respiration se bloquer. Avec une voix qui trahissait son ébranlement, il balbutia :

— Faire l’amour… avec moi… mais enfin… tu n’y penses pas sérieusement ?

Sur un ton plaintif, je le suppliai presque :

— Je veux découvrir cette expérience avec toi !
— Je veux… Je veux… Comprends-tu tout ce que ça implique ?

Non, je ne comprenais pas vraiment « tout », mais seule mon envie du moment l’emportait, faisant fi du reste. Devant mon manque de réponse, Philippe s’inquiéta :

— Tu m’avais dit ne pas prendre un contraceptif. De mon côté, je n’ai pas de préservatif, je n’en ai jamais mis d’ailleurs…
— On peut le faire sans.
— On peut, on peut… tu en as de bonnes ! C’est quand même risqué, ma petite Justine.
— Tu as de l’expérience, toi, tu saurais le faire… enfin… pas tout…
— Pas tout ? bougonna-t-il, les dents serrées. Tu veux dire sans aller jusqu’à… Oh, et puis la barbe, tu es assez grande pour entendre les vrais mots !

Je ne pus masquer ma cruelle déception. Je m’étais fait une telle joie de découvrir cet acte encore mystérieux de la copulation... Je doutais à présent de poursuivre avec lui mon apprentissage de la sexualité. Puis, ébranlé par mes pupilles subitement brouillées de larmes et qui semblaient l’implorer, il sembla amollir sa position et me convia à m’asseoir sur le canapé.
S’installant à mon côté, magnanime, il m’enveloppa d’un bras secourable et tenta de me consoler.

— Si je comprends bien – et je crois bien comprendre – Mademoiselle voudrait connaître le grand frisson… mais sans toutefois prendre le risque d’une pollinisation ? Mademoiselle a-t-elle vraiment bien appréhendé les risques d’une union avec le sieur Philippe ? Ou Mademoiselle porte en si forte estime son maître et néanmoins ami qu’elle le pense suffisamment aguerri au jeu de la séduction ?

Cette énumération de reproches aurait pu passer pour une vigoureuse réprimande ou une vive désapprobation d’une forme d’inconscience si un sourire de connivence ne s’était pas affiché sur le visage de l’homme qui m’adressait cette admonestation. L’auteur de la pseudo-gronderie me taquina gentiment le menton, comme il avait coutume de le faire, et approcha sa bouche de mes lèvres ardentes. Le chaste baiser se transforma en une vive embrassade.

Le souffle court, dans le tumulte du duel de nos langues et du choc de nos dents, nos contacts se firent virulents. Mon amant – car il faut bien appeler les choses par leur nom ! – déboutonna ma chemisette, remonta ma brassière au-dessus des seins qu’il se mit en joie de triturer, mordiller, suçoter…

Couchée sur le divan, je me laissai déguster dans une vorace étreinte et me mis à le cajoler à mon tour. Mes doigts osèrent s’immiscer sous son polo, trouvant sous leurs caresses le torse velu aux muscles saillants contre lequel j’avais déjà aimé me blottir.

Une main, impatiente de retrouver la tendre chair de mon entrejambe, remonta le long de ma cuisse. Philippe se laissa glisser contre mon ventre, releva ma jupe, attrapa l’élastique de mon « micro-shorty » entre les dents et tenta de m’en défaire. Le délicat vêtement résista bien mieux qu’il ne s’y attendait à cette nouvelle gloutonnerie. Seule la naissance du repli de mon sexe lui fut révélée.

Se relevant soudainement, il me prit dans ses bras et me porta jusqu’à sa chambre pour me placer debout devant sa couche. S’agenouillant entre mes cuisses, il fit tomber mon cotillon sur les chevilles et fixa son regard sur la culotte minimaliste qui cachait mal mon désir. Son index flatta le renflement de ma motte, s’attardant à l’endroit où elle se divise en deux. Ce petit jeu dura jusqu’à ce qu’il juge ma frêle parure totalement superflue et mette à nu ce qui fait la différenciation de mon sexe.

Me basculant avec précaution sur sa couche, il fit chavirer mon esprit vagabond qui se projetait au-devant des délices à venir. Se traînant comme un rôdeur entre mes gambettes écarquillées, il fouilla du nez et de la langue ma fleur parfaitement éclose.
Il me butina longtemps… intensément… adroitement… m’arrachant soupirs et cris au gré de ses célestes câlineries. Il se releva, le museau luisant du miel volé à la ruche.

Impudiquement étalée sur le lit, chemise ouverte et poitrine déballée, je lui permis d’admirer l’objet de l’offrande. Il se dévêtit prestement, faisant jaillir de son écrin le précieux joyau qu’il m’exposa avec la même indécence, puis me rejoignit pour m’aider à me débarrasser des restes de mon ridicule accoutrement. Il vint se coucher sur moi, m’englobant dans sa douce chaleur, et aussitôt nos bouches insatiables fusionnèrent dans un même élan. Je ressentis contre mon ventre les tressaillements de son pénis qui se rapprocha peu à peu de mon ouverture, me transmettant ses fébriles tremblements.

S’étant partiellement repu de mon nectar, me jugeant suffisamment préparée pour l’ultime sacrifice, il braqua son dard à l’entrée de ma virginité et entreprit un lent glissement dans l’anfractuosité humide. Les yeux clos pour mieux goûter chaque seconde de cet instant tant souhaité, je sentis la pointe de sa flèche se frayer un passage dans l’étroit canal qui nous mènerait tous deux à l’extase.

Je m’ouvris peu à peu sous les petits coups de boutoir qu’il me donnait avec délicatesse. Malgré toute la maestria de sa gestuelle, l’organe ne progressait guère entre mes lèvres distendues. Je m’arquai encore davantage, présentant instinctivement mon orifice sous un angle plus propice à la pénétration, ressentant l’avancée de l’aiguillon avec une relative quiétude qui contrastait étrangement avec l’excitation du moment.

Alors qu’une bonne partie de son sexe s’était déjà logée dans ma fente, il le ressortit entièrement pour frotter l’extrémité entièrement découverte de son pénis entre mes tendres muqueuses. Après avoir agacé mon clitoris dégagé de sa gangue, il replongea sa verge dans ma vulve bouillonnante. Ses coups de reins se firent plus pressants, augmentant sa progression dans le couloir de mon intimité.
Un à-coup plus appuyé m’occasionna une sensation de brûlure, m’arrachant un petit cri.

— Je t’ai fait mal ? s’inquiéta mon pourfendeur.
— Hum… un peu… continue, haletai-je.

Mes petits grognements de douleur furent bientôt étouffés par la langue de Philippe qui s’aventura aussi plus loin entre mes lèvres horizontales. Les mouvements de son bassin se firent plus amples, le phallus devint plus cajoleur, sortant presque entièrement du fourreau et coulissant à nouveau avec dextérité dans la gaine parfaitement lubrifiée.

J’étais enfin accouplée à l’homme que je désirais tant. Un bien-être m’avait envahi jusqu’au plus profond de mon ventre continuellement fouillé. Ses gestes s’arrêtèrent ; il s’extirpa de ma vulve, me montrant sa tige à l’extrémité rouge enduite de ma cyprine, et me demanda presque timidement :

— Tu veux bien te mettre à quatre pattes ? Tu aimerais que l’on essaie la levrette ?

Bien qu’ignorante de ce que « levrette » signifiait, je m’agenouillai en lui tendant mes fesses pour qu’il me pourfende d’un coup bien ajusté. Appuyant d’une main sur mes reins, il me força à me cambrer et son organe frétillant se glissa dans l’ouverture offerte.

La novice que j’étais appréciait d’être un simple jouet entre les mains d’un homme exercé aux jeux de l’amour, et c’est avec une délectation toujours accrue que je le laissais me manœuvrer à sa guise. Les clapotis de nos sexes parfaitement emboîtés nous transportèrent au comble de l’excitation.

Les poignets serrés sur la couverture du lit, je dus me mordre les lèvres pour résister à la tentation de crier sous les doux glissements humides de sa chair ferme sur la paroi de mon vagin. À ce moment, me remémorant la fugace vision d’une jument montée par un étalon lors d’une sortie à la campagne, je me sentis incroyablement femelle et me délectai de cette saillie que je souhaitais interminable ; j’aurais tant voulu être moi aussi débordante de la semence de mon mâle !

Philippe s’arracha une nouvelle fois de mon ventre et, prenant ma croupe à pleines mains, glissa son nez dans le sillon de mon fondement. Sa langue vint lécher mon entrecuisse, furetant dans le moindre recoin de mon ouverture ; ses lèvres embrassèrent mes fesses avec une appétence qui me comblait.
Se glissant entre mes jambes, il me supplia :

— Pose ton chaton sur ma bouche, j’ai une folle envie de te le manger !

Le laissant s’allonger confortablement entre mes cuisses écartées, je me plaçai sur lui, lui présentant l’objet de son adoration pour une caresse buccale qui me transporta vite aux abords de la jouissance. Encore sous l’emprise de sa séance de papouilles bien ciblées, il se retira de sa position pour se replacer contre mes fesses. Son sexe toujours aussi raide se fraya un chemin dans ma vulve liquéfiée. La pénétration fut plus rapide et plus profonde.

Soudainement mon corps tout entier fut victime de spasmes sous ses balancements du bassin. Au paroxysme de ma jouissance, je le sentis se retirer une nouvelle fois avec un bruit d’aspiration. Nous nous écroulâmes sur le lit douillet, collés l’un à l’autre, son pénis enduit de ma liqueur intime logé dans le sillon transpirant de mes fesses.
Le souffle court, il me mâchouilla le lobe de l’oreille et me murmura :

— Alors, ma petite Justine, as-tu aimé sentir Philippe se glisser en toi ? Tu es presque une femme maintenant !

Alanguie sous l’emprise de ma voluptueuse satisfaction, je n’eus pas assez de force pour lui répondre distinctement, me contentant d’esquisser un vague signe d’approbation accompagné d’une languissante expiration.
Enfin, un peu de lucidité me revint pour lui faire remarquer :

— Mais toi, tu… tu n’as pas eu de plaisir !
— Si… celui de te prendre, et c’était merveilleux, crois-moi !

Le retour d’une certaine vigueur aidant, l’envie de le voir jouir à son tour devint mon unique attrait et j’étais plus que jamais décidée à tout connaître des délices de son sexe. Aussi je me risquai à lui soumettre mon brûlant désir :

— Tu veux bien encore couler sur moi, comme…

Ma phrase s’étouffa au fil des mots pour s’éteindre, comme si mon accès de convoitise m’avait rendue aphone.

— Justine rime vraiment avec coquine ! Tu voudrais encore avoir tes petites fesses décorées ?

M’éclaircissant la voix, je lui confiai sans ambages :

— J’ai envie de voir…
— Voir ?
— Oui, j’ai envie de voir comment ça fait.
— Petite polissonne, tu veux vraiment voir ma… mon… « kiki » cracher sa semence ?

Les yeux pétillants de bonheur, j’acquiesçai pleinement en témoignant ma sincérité de vigoureux balancements de tête :

— Oui, j’aimerais voir comment ça fait… pour un homme… et tout avoir sur moi.

Bien que la seconde partie de ma phrase fût exprimée sur un ton plus craintif, il sembla abasourdi par tant de hardiesse et quelque peu décontenancé devant mon insistance à recevoir sa jouissance. Puis, semblant admettre que ma demande était naturelle pour une fille cherchant à connaître les ravissements d’une sexualité pleinement assumée, il s’enquit :

— Comment ça ? Tu voudrais que je me… me masturbe sur toi… ou plutôt le faire toi-même ?

Je n’avais nullement songé à cette dernière éventualité, mais elle était loin de me déplaire.

— Je ne sais pas si je saurais le faire !
— Je vais t’apprendre ; tu vas voir que c’est facile, et j’avoue que dans ta main ce sera plus agréable… pour nous deux !

Je me laissai tenter par sa proposition qui, je l’avoue, m’excitait bien plus que je n’osai le montrer. Enfin j’allais comprendre un peu mieux cette étrange mécanique du sexe masculin, et admirer de près ce moment privilégié et encore énigmatique de la jouissance d’un homme.

S’agenouillant près de moi, Philippe me prit délicatement un poignet, guida ma main frissonnante jusqu’à sa hampe orgueilleusement dressée que je saisis maladroitement. Reprenant ma dextre qui manquait encore d’aisance dans le maniement de l’aiguillon d’amour, il me fit ouvrir ma paume dans laquelle il reposa sa verge et entreprit de me faire connaître les bons gestes qui mènent le mâle à la suprême félicité.

M’asseyant face à lui, en élève bien appliquée, je compris en accéléré la bonne manière d’opérer, et c’est la gorge nouée par l’émotion que je disposais enfin pleinement de l’objet de mes rêves les plus indécents. Les yeux rivés sur la brûlante tige de chair, je m’émerveillais du spectacle de cette peau si douce qui coulissait avec tant d’aisance, découvrant la tête écarlate du gland distendu et son méat qui s’ouvrait sous la légère pression de mes doigts.

— Caresse mes boules en même temps, me demanda Philippe, positionnant ma main libre sur son scrotum qui se balançait joyeusement au gré de mes enthousiastes manipulations.

Émerveillée, je m’appliquais pleinement à ce plaisant délassement, massant et pétrissant ses parties génitales avec une dextérité toute nouvelle. Le contact direct de la peau soyeuse de son pénis turgescent entre mes doigts alertes était savoureux et contrastait étrangement avec le toucher plus granuleux de l’enveloppe de ses gonades.
Fascinée par ce charmant spectacle, je ne me rendis pas immédiatement compte de l’effet que procuraient mes attouchements sur ce corps masculin que je manipulais avec une grande attention et qui fut soudainement pris d’étranges spasmes.

— Ah ! Tu vas me faire jouir ! parvint à s’exclamer Philippe, tout en portant vivement son bassin vers l’avant.

Sa verge embrasée, gonflée au point qu’elle semblait prête à éclater, eut quelques contractions. Sentant la délivrance imminente, je pointai l’embouchure de son pénis vers ma poitrine haletante et contemplai bouche bée cette minuscule ouverture d’où jaillirait le fruit de la jouissance qui viendrait me souiller.

Un premier jet, dont je sentis le passage du contenu entre mes doigts qui l’enserraient, fusa hors de la verge distendue et s’étala juste entre mes seins. Entièrement à l’admiration de cette semence s’écoulant sur moi, je dus braquer un peu trop haut le membre cracheur ; une seconde giclée, aussi abondante, vint retomber sur mon front et une joue. Le chaud contact me procura une indescriptible délectation.
Cet agrément me fit connaître une autre satisfaction lorsqu’une goutte de ce liquide eut la bonne idée de perler sur le bout de ma langue, me faisant ainsi goûter par inadvertance à la liqueur séminale. La saveur suave ne me dissuada nullement de résister à mon penchant : j’embouchai le bel organe et goûtai aux dernières gouttes du divin breuvage.

La verge ramollissante toujours en bouche, je me comportais en catin expérimentée et ne lâchais nullement ma prise, bien que la source se fût tarie. Enserrant le membre qui ne bandait plus entre mes lèvres obstinément affamées, je mignardai en effleurant les bourses de mon donneur, espérant encore en extraire un peu de cette liqueur de vie dont je venais juste de découvrir le sel.
S’évadant de la volupté où l’avaient transporté mes sévices de débutante, Philippe flatta mon ego en me confiant après une profonde inspiration :

— Oh, Justine ! Qu’est-ce que tu m’as fait là !

Ce n’était pas une interrogation, mais bel et bien la vibrante approbation de ma nouvelle dextérité. L’hommage me combla de fierté ; j’étais doublement comblée : donner la jouissance à un homme et en apprécier le piquant.

Rassasiés et exténués par l’exultation des sens, nous recherchâmes plus de modération à la suite de cet impromptu débordement. Philippe m’enlaça tendrement, chercha ma bouche pour y déposer ses lèvres et me fit basculer avec lui sur le lit.

— Justine… tu viens de me faire connaître un pur moment de bonheur.
— Pour moi aussi c’était bien !
— Dommage que tu me quittes bientôt.
— Il ne me reste plus que trois jours, mais je peux revenir demain. Les jours suivants je ne le pourrai plus…
— On se revoit demain alors ? Nous pourrions passer un peu plus de temps ensemble… et emmène ton chien, il se plaît si bien ici !
— Je vais faire de mon mieux… j’aimerais également te revoir.

Ma timidité naturelle avait disparue et, même si je n’osais pas encore aborder ouvertement certains aspects de la sexualité, je n’éprouvais plus cette sensation de malaise qui me contraignait auparavant.

Tendrement enlacés, nous récupérâmes de nos élans de passion dans un assoupissement partagé, ou « sieste crapuleuse » suivant un vocabulaire plus adapté…

Auteure : Inanna

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